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Laurent Fabius persiste et s’en prend à Ségolène Royal.

Publie le samedi 1er juillet 2006 par Open-Publishing
3 commentaires

Parti socialiste . Le candidat à l’investiture s’attribue le contenu de gauche du projet adopté par les militants.

de Dominique Bègles, Grand-Quevilly (Seine-Maritime), envoyé spécial.

« C’est quand le bonheur ? » interroge Cali dans une de ses chansons : c’est sur celle-ci que Laurent Fabius avait choisi, samedi soir, de faire son entrée au deuxième « banquet de l’amitié », à Grand-Quevilly (Seine-Maritime). Devant 2 200 personnes acquises au candidat à l’investiture, entouré de sa garde rapprochée ainsi que de Jean-Luc Mélenchon ou de Marie-Noëlle Lienemann, il avait décidé de s’adresser tout à la fois aux militants socialistes et aux Français, dans la tentative de refaire une partie de son handicap mesuré par les sondages face à Ségolène Royal.

Il n’ignore pas qu’il y a du pain sur la planche et, si la première édition de ce banquet l’an dernier avait été marquée par l’enthousiasme qui suivait la victoire du « non » au référendum sur la constitution européenne, il était alors sans doute loin de s’imaginer qu’un an plus tard la présidente de Poitou-Charentes aurait effectué une telle percée politico-médiatique qui lui bloque, pour l’instant, tout décollage. Contraint de ce côté-là, Laurent Fabius l’est aussi par le contenu du projet socialiste qu’il juge être « un projet de gauche pour une stratégie de gauche » et dont il revendique la paternité de ses éléments les plus forts.

Difficile exercice dans ces conditions que de se présenter comme le plus fidèle candidat à l’esprit et à la lettre de ce projet et de faire entendre une mise en musique personnelle et originale. Sauf à insinuer qu’il serait le meilleur garant de son application grâce à son « expérience » sur laquelle il s’est longuement attardé et sur une capacité à évoluer que de nombreux socialistes, il le sait, ont du mal à prendre pour argent comptant : « Je tire les leçons de l’expérience et je tiens compte des mutations autour de nous (...). Nous avons accompli de grandes choses, mais aussi commis des erreurs. J’assume tout cela dans un discours de vérité. »

Candidat « des mesures concrètes », il propose d’augmenter le SMIC dès l’été 2007 de 6 %, soit « plus du double de ce que serait son évolution normale ». Tout en dressant un réquisitoire contre Nicolas Sarkozy en particulier (« L’homme du Karcher et du charter rebaptisé candidat du dialogue », « M. Sarkozy est d’abord M. Surpercherie ») et contre la droite en général avec « ses trois idées simples et mauvaises » (« le libéralisme économique sans limites », « le communautarisme » et « l’atlantisme », auxquelles il oppose « la solidarité durable », « la laïcité républicaine » et « la volonté européenne »), il a surtout émaillé son intervention de petites phrases assassines à l’encontre de Ségolène Royal, qu’il n’a toutefois jamais nommée.

Exemples : « Les Français ne sont pas des parts de marché, le suffrage universel n’est pas l’Audimat » ; « un discours en zigzag ajoutant selon les moments et les endroits des mots de droite à des adjectifs de gauche et inversement » ; « un ancrage à gauche et non une aventure vers l’extrême centre » ; « le scolaire n’est pas le militaire » ; « ne mélangeons pas notre gauche et notre droite » ; puis dans un dos-à-dos Sarkozy-Royal, « la société du Karcher ou du martinet ». Pour finir par l’évocation de son propre chemin de croix : « Je tiens bon parce qu’à la fin des fins, c’est la détermination qui fait la différence. » En attendant, il a prévu un été des plus actifs. C’est quand le bonheur ?

* Projet socialiste. Les amis d’Arnaud Montebourg (« Rénover maintenant ») et ceux de Marc Dolez et Gérard Filoche (« Démocratie et socialisme ») ont mis l’accent sur la « très faible participation » des militants socialistes au vote du projet qu’ils jugent insuffisamment mobilisateur. Il a été adopté à 85 % par 47 % d’entre eux.

http://www.humanite.fr/journal/2006-06-26/2006-06-26-832322

Messages

  • A la vraie gauche de la gauche, toutes ces querelles laissent franchement indifférents.

    • c’est quoi la vraie Gauche, ceux qui refuse le pouvoir ? ou ceux qui préfèrent la droite pour continuer à exister dans l’opposition structurelle ?
      YG

    • La vraie gauche, c’est ceux qui sont capables de continuer sur la lancée du NON au TCE, le vrai antilibéralisme, l’antinormand, quand, soi-disant il dit "p’têt ben qu’oui, p’têt ben qu’non". Mais je m’excuse auprès des normands, car je n’ai pas la certitude de l’origine du "p’têt ben qu’oui, p’têt ben qu’non".

      La vraie gauche, c’est celle qui, quoique pouvant rester au stade de l’arithmétique, fait des calculs : mentaux, manuscrits ou avec sa calculette. Elle conclut, preuves mathématiques à l’appui, qu’elle va perdre s’il y a dispersion des candidatures à la gauche de la gauche, c’est-à-dire en dehors des PS du OUI. Avec toute sa révérence. Mais elle a quand même compté un peu plus de 50% d’électeurs. Et donc, d’ores et déjà elle soutient un nom, à la gauche de la gauche. Et elle insiste, persiste et signe, sans des libéraux ou des libéraux-blairistes, qui pourraient surgir au deuxième tour.

      La vraie gauche, c’est celle qui sait que trop de contraires -plus que des contradictions dans le temps- fait gagner dans les contraires, exemple dans les ouis du PS, mais fait perdre ses propres alliés.

      La vraie gauche, c’est celle qui ne votera ni l’extrême-droite, ni le socialisme blairiste -soldats britanniques en Irak, pauvreté des jeunes à peine camouflée.

      La vraie gauche, c’est enfin celle, qui, la mort dans l’âme, dans la fatalité à droite, préférera un vieux c.. à un jeune loup.

      monique renouard