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Le NON et la question de l’alternative

Publie le dimanche 10 avril 2005 par Open-Publishing
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Début de panique dans les états-majors du PS, de l’UMP et de l’UDF, vent d’espoir du côté des salariés et des militants du mouvement social... D’autant que la montée en puissance du Non à la constitution européenne est concomitante à une mobilisation sociale qui ne donne pas de signe de fléchissement. A deux mois du référendum, les luttes sociales et le mouvement pour le Non antilibéral continuent de se nourrir réciproquement. La très forte présence du Non dans la manifestation du 19 mars à Bruxelles, après celle de Guéret en défense des services publics, l’a illustré.

Les enjeux

Dans les collectifs pour le Non de gauche qui se multiplient et qui se massifient, chacun sent bien que les enjeux dépassent largement le texte du traité constitutionnel, qui ne fait d’ailleurs que reprendre et sanctifier - en prétendant les institutionnaliser - les politiques néolibérales menées jusqu’à présent. Parvenir à imposer une défaite politique centrale aux partisans du capitalisme néolibéral en France et, au-delà, en Europe, ne résoudrait certes pas les problèmes du monde du travail (qui l’eût cru ?), mais cela créerait indéniablement une situation nouvelle, plus favorable au développement des luttes ainsi qu’au combat pour construire une alternative politique anticapitaliste.

Beaucoup dépendra du résultat de ce référendum. Les mécanismes de la démocratie bourgeoise, cette démocratie si incomplète, trompeuse et mensongère, acquièrent parfois une grande importance pour le devenir de la lutte de classes, et tel sera ici le cas. Que le Oui passe finalement avec une faible marge ou que le Non réussisse à s’imposer, la différence ne sera pas quantitative mais qualitative.
La question d’une alternative politique du monde du travail est posée depuis une dizaine d’années. A différents moments dans la période récente (après le 21 avril 2002, puis à la suite du mouvement de mai-juin 2003), son actualité avait déjà été renforcée, sans que l’extrême gauche fût malheureusement capable d’apporter les réponses nécessaires. Si le Non l’emporte, lui donner une expression politique apparaîtra comme une nécessité à des centaines de milliers voire des millions d’exploités - et comme une tâche de l’heure à des secteurs bien plus larges que les cercles militants habituels.

Car Chirac et son gouvernement seraient non seulement désavoués une nouvelle fois, mais carrément ridiculisés, dépouillés de toute légitimité, en France devant le peuple comme en Europe devant leurs pairs. Et pas seulement eux. Le coup atteindrait également les deux aspirants à sa succession qui « se sont dit Oui » (selon le mot du fondateur d’Attac, Bernard Cassen) en couverture de Paris Match. En particulier, Hollande et la direction actuelle du PS ne résisteraient pas à un Non largement majoritaire à gauche qui ferait pencher décisivement la balance du référendum. Le parti social-libéral, dont la fonction est de renvoyer la balle à la droite dans le petit jeu de l’alternance institutionnelle visant à perpétuer les mêmes orientations antisociales, en sortirait globalement très affaibli.

Le Non de Mélenchon et Emmanuelli, celui plus discret mais néanmoins réel de Fabius, comme aussi sur un autre plan celui de la direction du PCF, ont de ce point de vue un caractère clairement ambivalent. D’un côté, leur positionnement reflète la pression du mouvement social et des aspirations du monde du travail. De l’autre, il a un caractère préventif, visant à permettre de recomposer un projet de collaboration de classes et de défense des institutions bourgeoises si la majorité du PS était battue.
Mais le fait que Fabius nourrisse des ambitions et échafaude des plans « mitterrandiens », tout comme d’ailleurs les arrière-pensées de Sarkozy ou de Bayrou, ne changent rien aux enjeux pour les travailleurs. Quant à l’extrême gauche qui aspire à les représenter, son rôle n’est pas de se désoler devant les obstacles présents ou à venir (« c’est Sarkozy ou Fabius qui tirera les marrons du feu... »), mais d’intervenir dans les situations de crise avec un programme offensif.

La première conclusion à tirer est donc que d’ici au 29 mai, il n’y a pas de tâche plus essentielle que de poursuivre et intensifier la campagne de front unique afin de faire triompher le Non de gauche, en garantissant qu’il prédomine largement dans l’électorat ouvrier et populaire.
Du point de vue des débats qui sur ce point ont agité l’extrême gauche, des bilans peuvent d’ores et déjà être tirés. Que disent aujourd’hui ceux qui s’employaient par tous les moyens à relativiser l’enjeu de ce scrutin et à combattre le front unique antilibéral au nom d’un prétendu Non de classe pur et dur ainsi que d’une unité des révolutionnaires fantasmée ? Là-dessus, en fait, plus rien.

Mais en même temps que nous redoublons d’efforts dans la campagne, il nous faut aussi nous préparer dès maintenant aux suites possibles. En commençant à répondre à la question que les militants des collectifs sont de plus en plus nombreux à nous poser : « et après, quoi ? » Qu’est-ce qu’on fait ensuite, surtout si le Non gagne ? Bonne question. La crise politique consécutive à une victoire du Non poserait évidemment dans le pays la question du pouvoir - celle de qui doit gouverner et pour quoi faire.
On ne se débarrassera pas de ce problème avec un énième « plan d’urgence », catalogue de revendications dont il n’est pas expliqué comment ni par qui elles pourraient bien être appliquées, et ayant par conséquent une valeur « pédagogique » ou « transitoire » tout à fait marginale. Si la question du gouvernement vient à être posée à une échelle de masse, c’est à elle qu’il deviendra définitivement incontournable de répondre.

Chirac, dix ans ça suffit !

Cette réponse aura son versant négatif et son versant positif. Le premier : Chirac, démission ! Dehors, l’« escroc pas facho » élu sur une montagne de voix comme résultat d’une embrouille, et qui en a profité pour asséner aux classes populaires des coups sans précédent. Dehors avec toute sa clique, les Raffarin, Sarkozy, UMP, UDF et compagnie. Tout de suite, sans attendre 2007, car il est impensable de les laisser perpétrer pendant encore deux ans leurs agressions antisociales.
Lorsque cette perspective est avancée dans des débats au sein du mouvement pour le Non, on entend des responsables du PCF (mais pas seulement eux) répliquer que d’une part, « on ne peut quand même plus croire au grand soir », et d’autre part, que la tâche de l’heure est de construire une vraie alternative de gouvernement à gauche mais que précisément, celle-ci n’est pas encore prête et il faudra donc attendre.

D’où, selon les représentants de ce parti, la nécessité des « forums citoyens » qu’il réédite aujourd’hui - comme avant 2002, comme déjà avant 1997. Ce qu’explique en fait la direction Buffet, c’est qu’une victoire du Non permettrait de faire pression sur le PS pour l’obliger à être moins libéral et ainsi de refonder un projet d’union de la gauche « vraiment » de gauche...
Mais outre les conséquences dramatiques d’un maintien au pouvoir « par défaut » du président et du gouvernement actuels, quel intérêt les exploités pourraient-ils avoir à accorder deux années de répit à un PS éventuellement repris en main par l’antilibéral bien connu qu’est Fabius, avec ses alliés Verts et PCF, pour renégocier un énième « projet » qui serait tout aussi trompeur que les précédents ? Et si on laisse retomber le soufflé de la mobilisation sociale et politique actuelle, en refusant de lui apporter une perspective autre qu’institutionnelle bourgeoise en 2007, comment évitera-t-on alors que, par exemple, de nouveaux Gayssot reviennent demain continuer et accélérer les politiques de privatisation (Air France) et de démantèlement (SNCF) des entreprises et services publics ?

A l’inverse, parvenir à se débarrasser de Chirac et Raffarin dans la foulée d’une victoire au référendum, sans respecter les échéances institutionnelles qui rythment et régulent l’alternance des gouvernements libéraux, ne pourrait que renforcer les luttes et l’organisation des travailleurs. Au minimum, leurs capacités de faire reculer le patronat, d’imposer leurs revendications à tout gouvernement succédant à celui qu’ils auraient chassé, en seraient sensiblement accrues.
Chirac n’est cependant pas Charles de Gaulle, et c’est la raison pour laquelle il n’a pas annoncé qu’il se retirera s’il est battu le 29 mai. Il est même assez possible qu’il essaie de s’accrocher à son poste... Il s’agirait alors de construire, dans la foulée de la victoire du Non, un vaste mouvement national, politique et social, pour le chasser. Un mouvement qui utiliserait toutes les méthodes de lutte à sa disposition : pétition, manifestation, grève, désobéissance civile...

Dans une telle situation, les collectifs pour le Non de gauche ne devraient-ils pas se maintenir et transformer en prenant pour nouvelle cible - après la Constitution européenne - le président et le gouvernement qui l’avaient adoptée et soumise à référendum ? Il y a peu de doutes que beaucoup de leurs participants en feraient la proposition - que nous devrions alors, bien entendu, soutenir.

Un gouvernement des travailleurs

Le versant positif : il faut un gouvernement d’urgence sociale qui représente les intérêts des salariés, des chômeurs, des exclus. Un gouvernement pour satisfaire les besoins les plus pressants du monde du travail - emploi, salaires et revenus de remplacement, conditions de travail, logement, santé, services publics, etc. - en prenant les moyens nécessaires, donc en s’attaquant immédiatement aux privilèges de la bourgeoisie, au pouvoir des patrons et des financiers.

Ce gouvernement aurait un caractère provisoire, avec pour mandat d’appliquer des mesures d’urgence jusqu’à ce qu’un processus constituant - lancé immédiatement - ait redéfini les bases sociales, économiques ainsi que politiques sur lesquelles les travailleurs et le peuple décideront de reconstruire la société, après avoir exprimé dans le référendum leur rejet du néolibéralisme.

Un tel gouvernement ne pourra émaner que des forces ayant défendu le Non de gauche. Il rompra radicalement avec les politiques libérales menées par les différents gouvernements de Mitterrand comme par le gouvernement Jospin, et s’appuiera sur les mobilisations ouvrières et populaires. Les défenseurs « de gauche » du Oui - c’est-à-dire du capitalisme néolibéral - n’y auront évidemment pas leur place.
C’est donc au mouvement large pour le Non de gauche, incluant les membres des collectifs et, au-delà, tous les individus et forces politiques, associatives et syndicales partie prenante, qu’il reviendrait de débattre et définir démocratiquement, par en bas, le programme de ce gouvernement d’urgence sociale.

Un programme anticapitaliste (ou quand le Manifeste de la LCR s’invite dans nos débats politiques très actuels et concrets)

Le programme d’un gouvernement rompant avec les orientations de l’Europe libérale fait cependant débat, et il le fera d’autant plus si le Non l’emporte dans le référendum. Le dilemme est le suivant : un tel gouvernement pourrait-il se limiter à des mesures sociales radicales qui ne remettraient pas en cause le système capitaliste, ou bien la dynamique de telles mesures impliquerait-elle nécessairement une confrontation générale avec les possédants, mettant à l’ordre du jour une transformation socialiste ?
Significativement , ce sont deux contributions « extérieures » de la dernière édition de la revue théorique de la LCR (Critique communiste n° 175, printemps 2005), consacrée au débat sur le Manifeste de la LCR, qui posent explicitement ce problème. Se faisant l’écho de la conscience moyenne antilibérale ainsi que des illusions réformistes qui demeurent largement prédominantes dans le mouvement social, Isaac Joshua y prend position contre le fait « que la LCR ne soutiendrait un gouvernement que s’il s’engageait sur la voie de l’appropriation sociale (condition posée pour la participation), autrement dit entrait en guerre avec le patronat » (page 81).
Egalement partisan d’une autolimitation antilibérale non anticapitaliste, Pierre Khalfa souligne quant à lui une contradiction dans le projet de Manifeste de notre direction nationale, « une ambiguïté qui renvoie aux tâches de l’heure » : « Ainsi, le Manifeste propose (...) un gouvernement anticapitaliste. Le problème est que les mesures préconisées par le Manifeste pour un tel gouvernement, si elles nécessiteraient un affrontement politique très important avec les classes dominantes, n’ont rien d’anticapitalistes. Il s’agit essentiellement de mesures en rupture avec les politiques néolibérales. En toute logique donc, la LCR devrait appeler de ses vœux un gouvernement antilibéral et non pas anticapitaliste et agir pour le regroupement de toutes les forces qui, à gauche, veulent rompre avec le néolibéralisme et le social-libéralisme » (page 86).

Comme chacun peut le constater en se référant à nos textes, cette contradiction a été soulevée par le courant Avanti ! dès sa formation, notamment à partir du débat préparatoire au 15° congrès mondial de la Quatrième Internationale, début 2003. La lutte pour une alternative qui soit effectivement anticapitaliste et la délimitation programmatique vis-à-vis des illusions de la « troisième gauche » antilibérale font partie de ses bases politiques constitutives.

La réponse aux questions posées par les camarades Joshua et Khalfa comporte deux volets. Le premier part de la constatation, sur la base d’une analyse de la configuration actuelle du système capitaliste et impérialiste mondial, marquée par la prééminence absolue du capital financier et pour partie strictement rentier, que les rapports de production tels que le capitalisme lui-même les organise (mondialisation et néolibéralisme) sont (re)devenus un obstacle au développement des forces productives, donc à tout progrès social. Concrètement, il n’y a plus de marges pour des réformes progressistes un minimum durables en dehors d’un affrontement avec le système en tant que tel. Ceux qui opposent à cette analyse l’exemple du capitalisme plus « civilisé » des Trente Glorieuses oublient que pour en arriver là (pour que le capitalisme retrouve une période longue de croissance après la dépression mondiale des années trente), il a fallu en passer par rien moins que le fascisme, une guerre mondiale, des destructions inouïes, de grands processus révolutionnaires...
C’est la raison objective pour laquelle toutes les coalitions qui se prétendaient « antilibérales », de Jospin à Lula, ont fini - arrivées au gouvernement de leur pays - par appliquer des politiques libérales classiques.

L’« exception » que paraît constituer actuellement le Venezuela s’explique en partie par des conditions nationales extrêmement particulières, notamment l’existence d’un mouvement de résistance anti-impérialiste dirigée par une fraction de l’armée dans un pays qui est le cinquième producteur mondial de pétrole, disposant des troisièmes réserves mondiales de cette matière première. Cependant, indépendamment de la politique et de la nature de la direction chaviste, ce pays traverse un processus révolutionnaire, lequel n’a absolument rien de « pacifique ». En témoignent les coups d’Etat et menaces impérialistes permanentes, avec les immenses sacrifices payés par les masses au prix de leur sang. Et inévitablement, comme cela commence déjà à être le cas à mesure que les travailleurs s’organisent et interviennent de façon indépendante (notamment dans leur nouvelle centrale syndicale, l’UNT), le processus révolutionnaire s’affrontera aux détenteurs de la propriété privée ainsi qu’à la bureaucratie d’Etat. Il butera et se brisera devant ces obstacles, ou bien il les surmontera en les renversant.

Le second volet renvoie directement à l’un des éléments, toujours parfaitement actuel, de la théorie-programme de la révolution permanente énoncée par Léon Trotsky : à l’époque de l’impérialisme, lorsque les masses se mettent en mouvement dans de grandes luttes de classes (sans lesquelles aucune réforme antilibérale un peu conséquente ne pourrait aujourd’hui être arrachée), la dynamique même de ces luttes tend inévitablement à poser le problème du pouvoir, donc du régime social.

La croyance en un affrontement limité susceptible de déboucher sur une réforme antilibérale du capitalisme (un retour au capitalisme « régulé » et plus « humain » des Trente Glorieuses) relève d’illusions démocratiques-bourgeoises qui pourraient s’avérer demain aussi mortelles qu’elles ont pu l’être hier, par exemple au Chili.
C’est pourquoi nous devons et devrons défendre, notamment dans les collectifs et le mouvement large pour le Non, un programme anticapitaliste et pas seulement antilibéral. C’est-à-dire un programme indiquant notamment que pour satisfaire les besoins des travailleurs, il faudra exproprier les banques et autres institutions financières, ainsi que les entreprises de production, de services et de distribution contrôlant une part substantielle de secteurs clés de l’économie. Autrement dit, en reprenant les termes employés par Isaac Joshua, le seul gouvernement alternatif possible est pour nous un gouvernement des travailleurs qui « entre en guerre avec le patronat ».

Un parti anticapitaliste de masse

Nous devons lutter pour que la nouvelle force politique dont la nécessité découle de toute la situation, se base sur des définitions stratégiques essentielles, marquant son caractère effectivement anticapitaliste. En particulier : le combat pour le socialisme (propriété et appropriation collective, gestion de la société par les travailleurs auto-organisés) ; l’accent mis sur la lutte de classe comme moteur de la transformation sociale (les élections et l’intervention dans les institutions électives lui étant subordonnées) ; l’indépendance de classe (impliquant notamment le refus de participer à tout gouvernement de coalition avec la bourgeoisie, à l’inverse de la triste expérience du Brésil).

Mais ces définitions stratégiques n’ont pas pour objet de rester des phrases rituelles couchées sur un bout de papier, elles doivent s’incarner concrètement, à chaque moment, dans des orientations politiques. Or c’est dans les moments de crise que les stratégies et les programmes sont clairement mis à l’épreuve - et nous serons confrontés à l’un de ces moments si le Non l’emporte dans le référendum.
Les courants, militants, individus avec lesquels nous nous accorderons pour chasser Chirac sans attendre 2007, pour élaborer par en bas le programme d’un gouvernement de rupture anticapitaliste et pour imposer un tel gouvernement, seront nos partenaires dans un nouveau parti anticapitaliste de masse.

Comme l’expérience des collectifs pour le Non de gauche nous le montre, il s’agit d’ores et déjà, potentiellement, de milliers de militants. Mais aller à leur rencontre suppose de sortir de la passivité et d’agir avec une politique. A nous de proposer une orientation, et d’engager sur cette base le dialogue avec tous les militants du Non de gauche, comme plus généralement avec les militants du mouvement social (syndical, altermondialiste, etc.).

Nous n’avons rien contre les camarades Joshua et Khalfa, qui dans le mouvement de masse sont nos alliés, et par ailleurs leurs positions peuvent évoluer. Pour l’instant, toutefois, ils expliquent qu’ils sont pour une alternative antilibérale non anticapitaliste. Ces camarades défendent ainsi une politique illusoire et dangereuse - même s’il est vrai que les contradictions, du point de vue de la définition d’une orientation politique globale, sont davantage du côté de la LCR que du leur. Les bases qu’ils proposent pour une « nouvelle force » ne sont en tout cas pas celles que nous défendons (ou que la LCR devrait défendre).

Un processus constituant pour une autre Europe

Même en n’étant provoquée que par le résultat d’un référendum national, le rejet de la Constitution libérale poserait plus largement la nécessité d’une alternative dans toute l’Europe. Chasser Chirac et ouvrir la voie à un gouvernement des travailleurs serait la meilleure contribution des salariés de France à la refondation d’une autre construction européenne, « démocratique et sociale », c’est-à-dire des travailleurs et des peuples, vers une fédération démocratique des républiques socialistes d’Europe.
Ce processus devrait évidemment être discuté avec celles et ceux qui défendent des objectifs similaires dans les autres Etats. Il faudrait renforcer considérablement les liens d’organisation et de lutte entre les salariés exploités et les secteurs opprimés des différents pays d’Europe, afin de construire un combat commun.
La mise à mort du traité constitutionnel européen devrait en tout cas déboucher sur une rupture radicale avec les institutions de l’Union européenne, faites sur mesure au service des possédants, à l’opposé de tout rabibochage (tel que « renégocier un autre traité » ou, comme le proposent les partisans de Mélenchon, donner des pouvoirs constitutionnels à un prochain parlement européen élu dans les cadres actuels). Un véritable processus constituant impliquerait l’élection d’assemblées constituantes dans chaque pays, envoyant ensuite ses délégués à une assemblée constituante européenne, chargée de proposer de nouvelles bases pour une construction commune aux travailleurs et aux peuples d’Europe.

Jean-Philippe Divès - publié dans Avanti ! n° 23 Avril 2005
http://avanti-lcr.org

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