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Le PS prêt à déclarer la guerre : les communistes menacés en Seine-Saint-Denis

Publie le lundi 12 novembre 2007 par Open-Publishing
4 commentaires

Une page d’histoire va-t-elle se tourner en Seine-Saint-Denis ? Les socialistes du département sont déterminés à faire tomber ce bastion communiste, vestige de la « ceinture rouge », lors des cantonales de mars prochain *.

Le conseil général du « 93 » est l’un des deux derniers du pays - avec le Val-de-Marne ( 94 ) - encore aux mains du PCF, depuis sa création en 1968. Et il risque de basculer. D’où les grandes manoeuvres qui se préparent en ce moment, avant le siège et l’assaut peut-être fatal.

Sur les vingt cantons à renouveler *, onze sont communistes. Les socialistes espèrent en gagner entre trois et cinq ; un seul suffirait à leur donner la majorité. Autre champ de bataille de cette guerre fratricide : les municipales. Pour l’heure, le PCF détient treize communes sur quarante, le PS huit, les Verts une et la droite dix-sept. Là encore, les appétits socialistes pourraient faire des ravages : forts de leurs bons résultats aux dernières élections, ils convoitent La Courneuve, Bagnolet, Pierrefitte, Villetaneuse, voire Aubervilliers, Saint-Ouen ou Montreuil.

En jeu : l’avenir de « l’union de la gauche » Les communistes, aux abois, dénoncent une « agression caractérisée » et montent au créneau. Car la perte de leur prédominance en Seine-Saint-Denis aurait pour eux de graves répercussions financières et politiques. C’est aussi dans ce département - où sont implantées la députée PCF Marie-George Buffet ( conseillère municipale du Blanc-Mesnil ) et la sénatrice Verte Dominique Voynet ( candidate à Montreuil ) - que pourrait se jouer l’avenir national de « l’union de la gauche ». De quoi inquiéter la Rue de Solferino.

Tous les regards se tournent vers Claude Bartolone, bras droit de Laurent Fabius et véritable patron des socialistes du « 93 ». Le député PS ne cache pas son désir de devenir président du conseil général. « Des élus socialistes de toutes les sensibilités sont venus me voir pour me dire que j’avais le bon profil, assure-t-il. Quant à l’érosion du PCF depuis 25 ans, je n’y suis pour rien. Ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Je ne vais tout de même pas aller voir les gens pour leur demander de voter communiste. Il faudra respecter le suffrage universel. » De son côté, Hervé Brami, l’actuel président PCF du département, ne veut « pas entrer en conflit avec Bartolone » : « Je ne vais pas prétendre que je suis confiant, mais je ne suis pas fébrile, parce que j’ai un bon bilan. Une querelle de pouvoir personnel serait préjudiciable pour tout le monde à gauche.

Les socialistes feraient mieux de travailler l’union et de combattre la droite. » Au PS, les ambitions et la « méthode » de « Barto » ont provoqué la démission, en septembre, du premier fédéral Pascal Popelin ( Bartolone est pourtant son témoin de mariage et le parrain de sa fille ). Selon Philippe Guglielmi, qui assure l’intérim à la tête du PS 93, « Bartolone est largement soutenu, personne ne se mettra au travers de son chemin ». En cas de défection inopinée, deux autres prétendants - outre Popelin - se tiennent prêts : le député Bruno Leroux et le maire de Bondy Gilbert Roger. Montreuil au coeur des négociations Il reste à Bartolone à se trouver un point de chute. Il hésite entre deux cantons. Celui de Bagnolet est détenu par le PCF, comme la mairie.

Les militants socialistes de la ville lui demandent de conduire la liste aux municipales. S’il est élu en même temps aux cantonales, il devra lâcher un mandat, pour éviter un cumul. Difficile à expliquer aux électeurs. De plus, les communistes le vivraient comme « une déclaration de guerre ». L’autre canton possible, celui de Pantin-Est, appartient aux Verts, qui ont une candidate : Aline Archimbaud, ancienne députée européenne. En contrepartie, Bartolone leur propose une liste unique Verts-PS, derrière Dominique Voynet, à Montreuil.

Problème : les socialistes montreuillois sont contre. Et les écologistes ne piaf fent pas à l’idée d’échanger un « canton acquis » contre une mairie « très hypothétique ». « Les Verts n’ont pas vocation à offrir chaque année une défaite électorale à Dominique Voynet, persifle un élu. Ni à faire le sale boulot du PS qui veut la peau des cocos. » Le maire sortant Jean-Pierre Brard ( apparenté PCF ) dénonce, pour sa part, la « politique politicienne de caniveau » : « Madame Voynet est motivée par ses ambitions personnelles. Mais elle n’a fait que 2 % à Montreuil à la présidentielle. » Une solution pour Bartolone consisterait dès lors en un accord très local avec Aline Archimbaud, qui pourrait hériter de la vice-présidence d’une intercommunalité ou d’une SEM. Les dépôts de candidatures pour les cantonales au PS se clôturent mardi. Ce même jour, Claude Bartolone doit rencontrer François Hollande. On saura alors quel sort sera réservé aux communistes.

Bertrand Gréco * Elus pour six ans, les conseils généraux sont renouvelés par moitié tous les trois ans. Les prochaines élections cantonales se dérouleront en même temps que les municipales, les 9 et 16 mars 2008.

Journal du Dimanche du 11 novembre 2007

http://www.synomia.fr

Messages

  • A PARIS aussi le PS prévoit de diminuer la représentation du PCF de plus de la moitié.
    Le PCF n’aurait plus que 5 conseillers de PARIS au lieu de 11, selon "20 minutes".

    Gilbert

    • Que les communistes décortiquent partout les agissement du PS, preuves à l’appui, qui n’a plus rien de la gauche. Les uns après les autres se détachent de ce socialisme de droite, qui ne veut plus rien dire depuis longtemps. Laissons-les dériver à droite si ça leur chante, car les orphelins du socialisme trouveront sûrement une terre d’asile à gauche.

      Mais pour cela, il faut instruire les gens sur place, car c’est pas avec la TV, ni certaines presses qu’ils sauront grand chose.

      Espérons que l’actuel maire de Montreuil aura toute l’énergie possible pour expliquer à ses électeurs la tentative de main mise sur ce bastion par les socialos, les verts ou l’ump.

      C’est bien la preuve que le PS marche avec la droite, pour s’acharner ainsi sur un ancien allié de gauche. Le PS a donc des visées droitistes, libérales. Et malgré la mise en garde de certains, ce parti veut à tout prix créer la social-démocratie, alors que ça ne marche pas dans les autre pays européens qui ont tenté ce mariage. Alors, pourquoi insister ? That is the question.

  • Apparemment, les choses ne sont pas aussi simples au sein de la "Fédé" du PS du 9-3. Voir le blog du mélanchoniste N Voisin : http://nicolas.voisin.over-blog.fr/
    et son intervention devant le conseil fédéral http://www.trait-dunion.org/index.php?option=com_content&task=view&id=67&Itemid=75

  • Les plus anciens, dont je suis, savent depuis longtemps que le parti socialiste est un parti révolutionnaire qui ne fera jamais la révolution. L’histoire de cette formation politique n’est faite que de compromis, voire d’ alliances avec la droite. Ils ont été a pouvoir pendant longtemps sous la quatrième avec le mouvement républicain populaire - la démocratie française à la sauce française - et ont fait de l’anticommunisme leur cheval de bataille. "Les communistes ne sont ni à gauche ni à droire, ils sont à l’est", clamait et proclamait guy mollet, premier secrétaire du parti socialiste - à l’époque la sfio .
    Que personne ne se berce d’illusion. Partout où ils pourront, les socialistes s’efforceront d’évincer les communistes des mairies.
    Un question se pose tout de même. Les communistes sont-ils toujours communistes. Il semble que le parti communiste français, c’est mon sentiment, soit aujourd’hui sur une position opportuniste. Les déclarations récentes de jean-claude gayssot, seat cohen, martelli, blottin, entre autres, qui préconisent un changement de nom, sont édifiantes à bien des égards. Lors du récent conflit sur les régimes spéciaux, aucune déclaration du bureau national n’a été publiée dans l’humanité, en soutien des salariés concernés.
    Le parti de la classe ouvrière n’existe plus. On a remisé le marxisme au musée des vieilles lunes. On disserte volontiers sur le dépassement du capitalisme. Mai on ne précise pas comment y parvenir. On se fait une autre conception du communisme. Laquelle ? Aucune précision à ce sujet. Le prochain congrès ne fera qu’entériner la disparition de fait du pcf. Situation à l’italienne dont pourtant l’expérience devrait les prévenir ! Quand la direction du parti communiste italien à lancé "la cosa", les discussions furent vives et, à l’évidence, il y avait encore des communistes vivants en italie ! Et pourtant, en quelques années, le pci est devenu un parti démocrate qui fait paraître certains courants du parti socialiste comme plus à gauche ! Et de nombreux dirigeants ex-communistes sont devenus démocrates. A l’image de certains pays ex-communistes où les dirigeants sont devenus nationalistes, libéraux ou républicains ...
    Les dirigeants du pcf ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes. robert hue, jc gayssot et consorts sont les seuls reponsables de cette situation.
    Le parti révolutionnaire en france est à reconstruire en partant du fait que l’opposition capital-travail est au coeur de la société française.