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Le Parlement bolivien tente de dénouer la crise politique

Publie le jeudi 9 juin 2005 par Open-Publishing

Les parlementaires boliviens doivent se prononcer jeudi sur la démission présentée par le président Carlos Mesa et tenter de dénouer la crise politique entretenue par des semaines de manifestations.

En dépit de leurs divergences, sénateurs et députés devraient entériner la décision du chef de l’Etat, dix-neuf mois après son entrée en fonction à la tête du pays le plus pauvre d’Amérique du Sud.

Carlos Mesa n’a pu apaiser les tensions dans ce pays andin où la majorité indienne réclame une nationalisation des réserves en gaz naturel et des réformes constitutionnelles afin obtenir plus de pouvoir.

Dans son allocution télévisée, lundi en fin de soirée, le président démissionnaire a prévenu que la Bolivie était "un pays au bord de la guerre civile" et, rejoignant sur ce point les revendications des leaders de la communauté indienne, a appelé à la tenue d’élections anticipées.

Aux termes de la constitution, c’est cependant le président du Sénat, Hormando Vaca Diez, qui est appelé à remplacer Mesa si le parlement accepte la démission de ce dernier.

Le président de la chambre haute précède dans l’ordre de succession constitutionnel le président de la Chambre des députés, Mario Cossio, et le président de la Cour suprême de justice, Eduardo Rodriguez.

La session parlementaire se tiendra à Sucre, située à 320 kilomètres de La Paz, la capitale politique du pays en proie à une vive agitation depuis plusieurs semaines.

Vaca Diez, un riche éleveur, apparaît en mesure d’obtenir le soutien de son parti, le MIR (Mouvement de la gauche révolutionnaire), et du MNR (Mouvement nationaliste révolutionnaire) de Cossio, qui représentent le premier bloc au Congrès.

Mais les chefs indiens et les manifestants estiment que ce représentant des partis politiques traditionnels n’est pas un candidat acceptable.

Président du MAS (Mouvement vers le socialisme), le leader indien Evo Morales a prévenu que son parti ne tolèrerait pas que Hormando Vaca Diez accède à la magistrature suprême. "Nous ne pouvons autoriser qu’un représentant de cette mafia politique revienne au palais présidentiel aux seules fins d’agresser l’Etat et de voler le peuple", a-t-il prévenu.

Dans un communiqué diffusé tard mercredi soir, l’Eglise catholique, qui joue les médiateurs dans la crise, rapporte que "le sentiment" de ses interlocuteurs penche plutôt vers la tenue d’élections générales anticipées "afin de trouver un niveau d’équilibre politique et démocratique".

La Bolivie est en proie depuis trois semaines à une nouvelle crise sociale et politique qui a pratiquement paralysé la capitale, La Paz. La communauté indienne - indiens Aymara, Quechua et Guarani représentent pratiquement 75% des neuf millions de Boliviens - réclame la nationalisation des ressources énergétiques du pays et la convocation d’une Assemblée constituante.

Avec un PIB / habitant inférieur à 900 dollars par an (en 2003), la Bolivie est le pays le plus pauvre d’Amérique du Sud, et les écarts y sont criants entre la petite minorité qui possède les mines, les gisements de gaz et les exploitations agricoles et l’immense majorité indigène qui vit avec moins de 2 dollars par jour : 63% de la population vit sous le seuil de pauvreté. LA PAZ (Reuters)