Accueil > Le chômage connaît sa plus forte hausse depuis le début de l’année

Le chômage connaît sa plus forte hausse depuis le début de l’année

Publie le jeudi 1er juillet 2004 par Open-Publishing
1 commentaire

de Claire Guélaud

A 12 h 15 par e-mail, découvrez toute l’actualité économique et financière. Abonnez-vous au Monde.fr, 5€ par mois
Le nombre de demandeurs d’emploi a augmenté de 0,8 % en mai, en partie à cause de la réinscription des "recalculés", ces chômeurs prématurément privés de leurs allocations.

La nouvelle était prévisible, mais elle ne pouvait pas plus mal tomber pour le gouvernement. Le jour même où le ministre de l’emploi et de la cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, a présenté en conseil des ministres les grandes lignes de son plan national de cohésion sociale, son ministère annonçait une forte hausse du chômage (+ 0,8 %) au mois de mai.

C’est, et de loin, le plus mauvais chiffre depuis le début de l’année 2004. Il était attendu, compte tenu du sombre diagnostic dressé par l’Insee sur une reprise sans emploi et de la réinscription au chômage d’un certain nombre de "recalculés", ces chômeurs prématurément privés de leurs allocations.

Selon les statistiques du marché du travail, rendues publiques, mercredi 30 juin, le nombre des demandeurs d’emploi inscrits en catégorie 1, le baromètre officiel du chômage, a augmenté de 20 300 personnes en un mois pour s’établir à 2 451 000 en données corrigées des variations saisonnières (CVS). Le taux de chômage, au sens du bureau international du travail, est de 9,8 %. Si l’on ajoute à ces chômeurs en quête d’un contrat à temps plein et à durée indéterminée ceux qui ont, en plus, exercé une activité réduite (plus de 78 heures dans le mois), le nombre des demandeurs d’emploi atteint 2 883 200.

INTÉRIM EN PROGRESSION

En mai, la plupart des indicateurs significatifs du marché du travail se sont détériorés. Le chômage des jeunes a augmenté de 0,7 % sur un mois et il bat des records de hausse sur un an (+ 6,4 %). Celui des femmes, jusqu’alors davantage épargnées que les hommes, a fait un bond de 1,1 % en un mois (+ 3,9 % sur un an).

Signe supplémentaire de la dégradation de la situation, le chômage de longue durée (plus d’un an), qui est le plus difficile à réduire, est reparti à la hausse (+ 0,5 %). Le nombre des demandeurs d’emploi inscrits à l’ANPE depuis plus de deux ans et moins de trois ans s’est littéralement envolé : + 0,9 % en quatre semaines et + 4,6 % en douze mois. L’ancienneté moyenne au chômage atteint désormais 232 jours : 147 pour les moins de 25 ans, 246 pour les "adultes" (25-49 ans) et 384 pour les "seniors" (50 ans ou plus).

Le mois dernier, 389 200 personnes nouvelles se sont inscrites à l’ANPE, soit une hausse de 0,3 %. Les entrées en chômage, liées à une première arrivée sur le marché du travail, ont augmenté très fortement (+ 6,2 %), et celles consécutives à une fin de mission d’intérim ont progressé de 0,9 %. Les difficultés des travailleurs temporaires n’augurent en général rien de bon. Avec quelques mois d’avance sur les autres secteurs d’activité, l’intérim sert d’indicateur avancé de l’emploi et fournit de précieuses tendances sur ce que sera l’évolution globale du marché du travail.

Les sorties du chômage, au nombre de 345 400, ont diminué. Les entrées en stage accusent une chute de plus de 10 % en un mois, et les reprises d’emploi déclarées - toutes ne le sont pas - ont baissé de 3,8 % en un mois. Le nombre des personnes radiées des fichiers de l’ANPE pour absence au contrôle (131 512) reste très élevé et représente plus de 40 % des motifs de sortie du chômage.

Le chômage partiel est passé de 168,7 jours à 194,8 jours, ce qui est un révélateur des difficultés rencontrées par les entreprises. L’ANPE, de son côté, a du mal à satisfaire les offres d’emploi que leur déposent les employeurs. Les offres satisfaites au cours du mois de mais (205 886) ont diminué par rapport au mois d’avril.

Avec ces mauvaises performances, la France reste dans le peloton de queue des pays européens. Les ménages français ne s’y trompent pas. Malgré l’optimisme affiché par Jean-Pierre Raffarin le 26 mai sur France Info - "la croissance est là, la reprise est là, l’emploi repart", avait déclaré le premier ministre -, l’Insee a fait état, mercredi 30 juin, de la stabilité du moral des ménages en juin. Mais l’institut a également noté que la perception du chômage par les Français restait "orientée défavorablement". Dans sa dernière note de conjoncture, publiée le 24 juin, l’Insee avait prévu que le taux de chômage augmenterait à 9,9 % en milieu d’année 2004, avant de redescendre à seulement 9,8 % en décembre.

Claire Guélaud

Stabilité du moral des ménages en juin

Le moral des ménages français est resté stable en juin par rapport à mai, indique l’Insee, mercredi 30 juin. L’indicateur le mesurant s’établit à - 23 comme le mois précédent. L’Insee remarque notamment que l’opinion des ménages sur leur situation personnelle récente et à venir évolue peu au mois de juin. Leur opinion sur l’évolution future du niveau de vie fléchit légèrement. La perception de l’opportunité de procéder à des achats importants - très surveillée par les conjoncturistes pour apprécier les perspectives de la consommation - s’améliore de trois points. Par ailleurs, l’Insee observe que la perception du chômage par les Français "reste orientée défavorablement", mais que leur opinion sur leur propre capacité à épargner, et sur l’opportunité d’épargner actuellement, augmente légèrement. Les ménages jugent que les prix ont augmenté récemment, mais ils sont un peu plus optimistes sur l’inflation à venir. Enfin, leur opinion sur leur situation financière personnelle actuelle reste stable en juin.

Hausse de 0,8 % du PIB au premier trimestre

Le produit intérieur brut a progressé de 0,8 % au premier trimestre de 2004, a confirmé l’Insee (Le Monde du 13 mai), en publiant les résultats détaillés mercredi 30 juin. Après une progression de 0,6 % de l’activité au quatrième trimestre 2003, l’économie française renoue ainsi avec la croissance. L’"acquis de croissance", qui mesure ce que serait la progression du PIB en fin d’année si l’activité restait au point mort à partir d’avril, est de 1,5 % à la fin du mois de mars.

La reprise est notamment due à une accélération de la consommation des ménages, qui progresse de 0,9 % (contre 0,6 % au quatrième trimestre 2003). L’investissement total (individus, entreprises, administrations) progresse, pour sa part, de 0,7 % (contre 0,8 % au trimestre précédent) : 0,8 % pour les entreprises (contre 0,9 %) et 0,8 % pour les ménages (contre 0,5 %). L’Insee note, en revanche, une "nette" décélération des exportations (+ 0,6 %, contre 1 % au trimestre précédent) et des importations (+ 1,6 %, contre + 2,6 % au trimestre précédent).

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-371009,0.html

Messages