Accueil > Le juge et l’assassin
A Montbrison (42) se tenait le jugement du gendarme ayant tué Aurélien Joux, 24 ans, à grands coups de fusil à pompe. C’était en mars 2003. Aurélien avait été interpellé, conduit à la gendarmerie de Feurs (42), mis en garde à vue (on lui reprochait de rôder autour d’1 hangar). Il n’opposait aucune résistance, reconnaissait tout ce qu’on voulait. En pleine nuit, quelques heures plus tard, les gendarmes le conduisent, menotté, à son véhicule. Ensuite, alors qu’il est à l’intérieur l’un des gendarmes le flingue dans le dos au fusil à pompe, à travers le pare-brise. Défense du gendarme, pour faire court : c’est la faute du chien d’Aurélien, c’est presque lui qui a tiré...
Mai 2005 jugement. Et, aujourd’hui, 16 juin 2005, verdict.
Le jugement a été rendu.
Il faut comprendre "rendu" dans le sens "vomi"...
C’était prévu et on n’a pas été déçu. Abject est le mot qui vient spontanément à l’esprit. Dix huit mois assortis du sursis. En prime : non-inscription au casier judiciaire. Bref il ne s’est rien passé. Comble du comble ce "vomi" s’est rendu à la va vite, entre deux portes, comme s’il s’agissait d’un vulgaire délit de voie d’ivresse sur la voie publique. Et sans même se préoccuper si la famille était bien là pour l’entendre. A tel point que ce président de tribunal a dû recommencer l’annoncé de son verdict, dans le même ton je-m’en-foutiste, avec quasiment le sourire aux lèvres. Quelqu’un a hurlé ("justice de république bananière") bruyamment approuvé par un autre qui parle , lui, de"chiens couchants", de larves ... Le petit juge joue l’outré, ordonne de sortir, fait donner même la maréchaussée, qu’il défend si bien. Mais ça ne suffisait encore pas. Au déni de justice, à l’impunité des assassins, il fallait que s’ajoutât la honte l’infamie, l’injure à la famille, sous la forme d’une indemnisation renvoyée à octobre...
Aprés les balles le crachat.
En ce jeudi 16 juin 2005 Aurélien est mort une deuxième fois, son assassin (qui ne s’est même pas déplacé) coule et coulera encore des jours paisibles parmi les siens (voilà que je me mets à zozoter ?) à la caserne, comme chez lui. La justice,elle, en tout cas ce qui en tient lieu à Montbrison, piétine son cadavre et glaviote sans vergogne sur la grande dignité de sa famille.
Bravo et merci.
Messages
1. > Le juge et l’assassin, 17 juin 2005, 15:53
D’autant plus écoeurant que ce gendarme riquerait une peine d’emprisonnement de deux ans et une amende de 150 000 euros pour la copie d’un simple CD.
Je me demande comment ces juges peuvent encore se regarder dans une glace.
wapasha
1. > Le juge et l’assassin, 1er juillet 2005, 18:27
La "justice" sait pourtant se montrer implacable.
Prenons au hasard celle de Roanne, pas trés loin de Montbrison. Voici ce qu’on peut lire ds la feuille de chou locale "Le Progrés" (sic) datée du 30/6 :
Un gamin de 18 ans qui "circule , le 9 mars dernier, au guidon d’1 cyclomoteur, sans assurance, sans casque et en dehors de la chaussée " est condamné à 15 jours de prison. De prison FERME.
Un autre, 20 ans, est "poursuivi pour menaces de mort et outrages à l’encontre de personnes dépositaires de l’autorité publique" (je cite le journaliste qui se fait l’écho, comme d’habitude, de l’accusation, sans s’occuper de la défense...S.Fournéron qu’il s’appelle, ce larbin progressiste) outre les amendes (500€ à payer pour l’un, 300 pour l’autre et 500 autres au titre de l’art.475-1 du code pénal) est condamné à 2 mois (deux) de prison FERME.
Dans la même page, au-dessus, un article revient sur l’appel concernant l’affaire de Montbrison. On y écrit ceci :"Tué accidentellement par un gendarme à Feurs : l’affaire sera rejugée en appel." Ce mot ("accidentellement" ) qui ne doit rien au hasard, directement inspiré par la défense du gendarme, revient, lancinant, ds le ss-titre, ds l’article... Bref, cette fois, le journaliste, c’est curieux, prend le parti de la défense et pas un mot de l’accusation.
C’est ça le progrés...
2. > Le juge et l’assassin, 29 juin 2005, 18:08
Nous venons d’apprendre une bonne nouvelle.
En effet, le Parquet général a décidé de faire appel du jugement de
Montbrison concernant le gendarme qui a tué dans le dos le jeune
Aurélien Joux en mars 2003.
C’est un fait assez rare. Cela veut dire que le Parquet général
considère que le procès du 19 mai ne s’est vraiment pas passé dans les
conditions normales habituelles selon lesquelles la justice doit être
rendue.
Après le verdict désastreux, c’était la seule manière juridique possible
pour que le gendarme ait un réel nouveau procès. Par conséquent, il va
complètement être rejugé à la Cour d’Appel de Lyon, à une date encore
inconnue.
On peut d’ores et dèjà se féliciter, mais il faut continuer à se
mobiliser. Le communiqué suivant donne des précisions.
A MONTBRISON, DÉNI DE JUSTICE DANS LE MEURTRE D’UN JEUNE PAR UN GENDARME
Le verdict du gendarme Salesses qui avait exécuté le jeune Aurélien Joux
dans le dos le 10 mars 2003 a été rendu le 16 juin 2005 au tribunal de
Montbrison :
* 18 mois de prison avec sursis.
* Non inscription du « délit » au casier judiciaire. En d’autre
terme le gendarme ne sera pas radié par la gendarmerie, ni donc,
interdit de porter des armes.
* La question des dommages et intérêts est renvoyé à une audience
d’octobre 2005. Le problème est que le tribunal veut interroger
les différentes parties pour savoir s’il est compétent pour
attribuer les dommages et intérêts, en retenant le fait qu’il y
avait une responsabilité personnelle qui excluerait
l’indemnisation par l’Etat français, alors même que l’Etat
proposait d’indemniser la famille. Cela va alourdir un peu plus
la procédure pour la famille.
Dans le même délibéré, le responsable d’une entreprise non conforme aux
règles de sécurité s’est vu relaxé, alors qu’un accident très grave
s’était produit mettant en péril la vie d’un ouvrier. Par contre, un
chasseur s’est vu prononcer une interdiction de porter le fusil pendant
deux ans parce qu’il avait dépassé son quota de chasse. La justice
désire-t-elle protéger d’avantage les animaux que les humains ?
Exigeons une véritable justice
* Pourquoi a-t-on tout fait pour entraver le déroulement de ce
procès du 19 mai, et le laisser commencer à une heure si tardive
(vers 20h30), et se terminer à près d’une heure du matin ? C’est
véritablement indigne de le faire supporter à la famille
d’Aurélien, déjà très éprouvée, et aussi pour les personnes
n’étant pas de Montbrison, alors qu’un horaire avait été annoncé
(15h30).
* Pourquoi a-t-on tout fait pour que l’expert en balistique ne
puisse pas intervenir au cours du procès ? C’était capital
puisque cette expertise contrecarrait complètement les
dépositions fantaisistes des gendarmes. Or l’expert n’était pas
disponible après 19h, le tribunal le savait et a même refusé le
report du procès qui aurait permis sa présence.
* Pourquoi a-t-on refusé de faire des tests d’alcoolémie sur les
gendarmes ? Alors que cela a été effectué sur le cadavre
d’Aurélien Joux. (Il s’est avéré négatif.)
* Pourquoi seul le gendarme qui a tiré a été mis en examen ? Son
supérieur hiérarchique, qui est responsable d’une opération
conduite avec une incohérence incroyable, n’est pas inculpé.
* Pourquoi ce soir-là au sein de cette gendarmerie, les procédures
n’ont pas été effectuées dans les règles ? Le procès-verbal de
garde à vue n’est ni enregistré ni signé. Les droits de la
personne gardée à vue ne sont pas signifiés ; Aurélien n’a vu ni
mèdecin, ni avocat.
* Pourquoi ce soir-là au sein de cette gendarmerie, à Feurs, les
actions ont-elles été entreprises dans la plus grande confusion
et sans un minimum de réflexion ? Pourquoi emporter des fusils à
pompe alors qu’Aurélien est menotté et coopératif, alors que
c’est effectué en violation du décret du 20 mai 1903 ? Pourquoi
s’occuper de faire enlever la camionnette en pleine nuit ?
Pourquoi utiliser 12 gendarmes pour un délit mineur ?...
* Pourquoi l’extrême incohérence dans les réponses du gendarme
Salesses n’est-elle pas prise en compte par la justice ?
* Pourquoi le gendarme Salesses avait complètement armé son fusil
à pompe browning, alors que la situation ne l’imposait pas et
que même le règlement l’interdit ? Pour tirer ce soir-là, il
fallait avoir au préalable enlever la sûreté, charger le fusil
en actionnant la pompe, avant de viser en maintenant l’arme dans
la direction d’Aurélien (sinon le coup part en l’air), et
d’appuyer sur la détente avec une pression de 2,7 kg, donc une
pression très importante. Peut-on encore parler dans ces
conditions d’homicide involontaire ?
LE MARDI 28 JUIN, LE PARQUET GÉNÉRAL A DÉCIDÉ DE FAIRE APPEL DE CE
JUGEMENT.
NOUS NOUS FÉLICITONS ET NOUS RESTONS VIGILANTS POUR QU’À L’OCCASION DE
CE PROCHAIN PROCÈS EN APPEL À LYON, LA FAMILLE D’AURÉLIEN JOUX AIT ENFIN
DROIT À UN PROCÈS ÉQUITABLE, TEL QUE GARANTIT LA CONVENTION EUROPÉENNE
DES DROITS DE L’HOMME.
(Source : Témoins)