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Le "non" continue son ascension

Publie le mardi 5 avril 2005 par Open-Publishing
4 commentaires

de Dominique Bègles

Raffarin, Sarkozy, Hollande : la semaine dernière, les tenants du « oui » avaient l’ambition de passer à une vitesse supérieure face à la progression du « non ». Ils ont mis le paquet. Parfois avec démagogie excessive, comme l’utilisation du chant révolutionnaire italien Bella Ciao pour l’entrée de François Hollande (sic !) à l’occasion de son premier meeting national qui se tenait jeudi à Marseille. Réalisé le 31 mars et le 1er avril, un sixième sondage est venu pourtant conforter la tendance : 55 % des Français comptent voter « non » contre 45 % qui sont d’un avis contraire, 37 % restant hésitants, selon l’IFOP pour le Journal du dimanche, quand 63 % des partisans du « oui » et 64 % des partisans du « non » se disent désormais sûrs de leur choix.

Un « non » de contenu

Les motivations principales du « non » sont sans ambiguïté : le contenu de la constitution pousse au rejet pour 59 % des cas d’intentions de vote négatif et la situation sociale en fait de même pour 58 % d’entre eux. Plus intéressant encore semble être la façon dont les indécis prennent position. Constituent-ils un réservoir pour le « non » ? Pour le « oui » ? La réponse est ni oui ni non. Lorsqu’ils se déterminent, les ex-indécis paraissent rejoindre d’une égale manière l’un ou l’autre camp. Pas de basculement, mais, à l’inverse, un léger avantage pour la progressivité du « non ». Parallèlement, selon un sondage Louis Harris pour France-Inter et le Figaro Entreprises, publié aujourd’hui le « oui » perd 11 points chez les cadres (à 56 %) et le « non » (34 %) en gagne 15 par rapport à février. Dans le secteur public, les cadres pour le « non » sont devenus majoritaires (47 %). Dans le privé, le « oui » est à 66 % mais perd tout de même 8 points.

Du coup, le camp du « oui » met tous ses espoirs dans Jacques Chirac, que François Hollande presse depuis plusieurs semaines à intervenir. Ce sera chose faite jeudi prochain : le président de la République se lancera dans la campagne en débattant avec des jeunes en direct sur TF1. Mardi, un débat sur le référendum sera organisé à l’Assemblée nationale avec une déclaration générale de Jean-Pierre Raffarin sur le sujet. Seul le groupe communiste se positionne sur le « non ». Le lendemain, l’exercice sera renouvelé au Sénat, jour de la visite en France de l’ex-commissaire européen Frits Bolkestein, dont il n’est pas sûr qu’elle soit d’un apport décisif pour le « oui ».

hollande-Sarkozy

Dès ce soir, cependant, François Hollande et Nicolas Sarkozy se retrouveront une nouvelle fois, après avoir posé ensemble en une de Paris-Match, pour le Grand Débat RTL-le Monde : les petites phrases, elles, font florès. Pas toujours de bon aloi. Elles reflètent l’agacement. Dans un entretien au JDD, par exemple, le ministre de la Justice Dominique Perben n’hésite pas à affirmer qu’en cas de victoire du « non », « les voyous profiteront de l’ouverture des frontières ».

http://www.humanite.presse.fr/journ...

Messages

  • Rien n’est gagné, hélas, pour le NON. La propagande insidieuse pour le oui frappe à tout instant, et monte en puissance insidieusement. Un exemple parmi mille : un article ce matin de Libération, de Didier Hassoux, simulant une "immersion" dans l’opinion publique en Seine Saint-Denis. En vérité le journaliste a juste traversé le périph’, pour aller trainer aux magasins généraux de Saint-Denis, près des studios de TV (!). Evidemment les 3/4 des opinions recueillies sont pour le oui ou presque (genre je doute, mais in fine la raison (le oui) l’emportera). Exemple typique de manipulation : dans ce département - ou l’abstention sera hélas forte - le NON est majortaire à 80 % ! Mais ce genre de désinformation est quotidien. Hier c’était la Vendée (fief de de Villiers) qui semblait selon ces journalistes vouloir voter majoritairement pour le Oui. Etc. L’idée des propagandistes est la suivante : les gens n’ont pas lu et ne pourront pas lire ce Traité (même s’ils essaient, c’est incompréhensible pour l’immense majorité des gens, qui ne connaissent même pas la composition et le fonctionnement actuel des institutions européennes). Ils se fient donc à l’opinion des autres. x % des sondés disent oui ou non, ce n’est pas une opinion ; c’est trop anonyme, trop abstrait. D’autant que les sondages peuvent varier, et qu’on ne sait pas qui il y a derrière les sondages. Par contre mettre en scène des gens auxquels on peut s’identifier (par la profession, l’âge, l’appartenance culturelle, le "look" etc.) qui très majoritairement - dans la restitution médiatisée - diront qu’il faut voter oui, insinuera petit à petit un mécanisme mimétique. Voilà le danger, contre lequel tous les arguments du registre rationnel ne pourront rien. Le mécanisme ira crescendo. A la foule des "anonymes" stéréotypes sociaux, se prononçant pour le oui (il va sans dire que leurs déclarations sont bidonnées, et que le "texte" de leur propos est calibré par des spécialistes du formatage d’opinion, c’est à dire les journalistes eux-mêmes, qui connaissent parfaitement cette manière de faire), succédera en fin de campagne, les grandes orgues des "personnalités" charismatiques, "aimées" des français : celles qui font les délices de l’audimat, selon des procédure ciblant les "segments de publics" visés : Un Pascal Sevran pour le 3ème âge mitterando-pétainiste, une Lorie pour les jeunes filles attardées, Renaud ou son clone, pour les quarantenaires "anarcho-mitterandistes", David Douillet ou Zidane pour les beaufs sportifs etc. etc. Face à ce déferlement "parlant directement aux coeurs des gens", les seuls discours de Emmanuelli, Buffet, Mélanchon, Chevènement, sans parler de la cacophonie avec de Villiers et Le Pen (qu’on ressortira du placard au dernier moment, afin d’éructer ses imprécations racistes, nationalistes antieuropéennes, au bon moment), ne pèseront pas lourd. Certains d’entre eux - les plus maladroits - seront même sur-médiatisés à certains instants, afin de jouer l’effet "repoussoir".
    Face à cela il n’y a que deux tactiques à opposer, qui doivent se conjuguer : 1) Le discours pour le NON doit se concentrer sur la mise en évidence de ces manipulations. Il faudra (ou faudrait) pour cela que des "amuseurs" médiatiques trahissent en quelque sorte leurs employeurs en se prêtant au jeu. Il faudrait donc quelques "désertions" parmi les "notables" de l’amusement public ( des Ruquier, Karl zéro et consorts) ; mais la pression est terrible et leur carrière est en jeu. 2) Détourner au maximum l’opinion publique de l’attraction au cirque médiatique "habituel" : par des mouvements sociaux, même hyper-catégoriels, tous azimuts. pendant un "mouvement social catégoriel", les gens sont obnubilés par leur problème. Dans les médias, ils ne prêtent attention qu’à l’écho de leur mouvement (le reste du monde n’a plus aucune importance. D’une manière générale, ils ne prêtent attention qu’aux locuteurs qui s’intéressent à eux, et leur disent combien ils ont raison, et combien leur mouvement est un mouvement d’intérêt général, face à l’égoïsme catégoriel du pouvoir (quel qu’il soit) qui ne les écoute pas. Il est alors aisé pour les quelques centaines de milliers de militants du NON de faire passer leur message. (D’autant qu’aujourd’hui, pratiquement tout mouvement catégoriel est relié par un fil direct aux mécanismes de la "mondialisation européenne" en cours).
    Cela sera très difficile. Mais ce pays étant grippé, il faut déclarer le symptome. Il faut de la fièvre. La victoire du non pourrait être cette fièvre salutaire.

    • Analyse tres fine, j’approuve a cent pour cent !!

      Une chose quand meme a rajoute : le net autorise une grande diffusion. Les nombreux sites pour le non sont bien fait et doivent etre soutenue en faisant circuler leur adresse. De meme la mise en ligne des videos des meeting des avocats du non.

      Il ne faut donc pas compter sur les institutionnels, partis et medias pour nous aider.

      D’une certaine facon, la campagne du Non doit etre du type OpenSource : il faut s’appuyer sur le source, le texte de la Constitution, et sur le grand nombre d’yeux qui l’examine pour le debugger...

    • Entiérement d’accord.
      Résistons ensemble, encore et toujours ! Faisons circuler l’info, popularisons nos luttes. Gueulons ! Chargeons !
      No Raffaran !
      Voilà un blog peu connu, né des luttes de 2003 et qui donne des coups de trompe anti-libéraux
      http://mammouth50.tooblog.fr
      mammouth50@voila.fr

  • "" l’utilisation du chant révolutionnaire italien Bella Ciao pour l’entrée de François Hollande (sic !)""
    Ca serait pas une idée d’ancien gauchiste renégat ? Courageux (faussement) mais pas téméraire, on ne reprend quand même pas l’Internationale...
    Si un socialiste partisan du non pouvait nous dire comment cette idée a pu germer dans un cerveau
    embrumé de l’entourage de Hollande, ça nous amuserait peut-être :-)
    GH