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Le oui difficile du PS sur l’Europe Europe

Publie le mercredi 7 novembre 2007 par Open-Publishing

Le bureau national a approuvé hier le traité simplifié par 36 voix contre 20.

de MATTHIEU ÉCOIFFIER

L’astuce devait permettre d’obtenir une « position claire » du PS sur le traité européen simplifié. En demandant aux dirigeants socialistes de se prononcer, hier au bureau national, « sur le fond » et en refusant de les faire voter « sur la forme » (exiger un référendum ou non), François Hollande a obtenu une clarification, mais aussi affiché une vraie division. Avec 36 oui, 20 non, 2 abstentions et un refus de vote, le PS a approuvé le traité mais pas à une majorité éclatante. « Un avis partagé que d’aucuns pourraient interpréter comme une crise », jugeait hier soir Pierre Moscovici, qui a défendu un « oui critique ». Après un débat « serein et solennel, toute le monde étant conscient du risque de fracasser le parti sur cette question », selon un participant, beaucoup d’ex-nonistes jugeaient pourtant le résultat « monstrueux ». « C’est dingue, Hollande a ressoudé le clan du non ! » s’amusait l’un d’eux.

« Maldonne ». En posant la question : Etes vous pour ou contre le traité, le premier secrétaire savait qu’il allait voir ressurgir les divisions apparues entre nonistes et ouistes, lors du référendum sur la Constitution européenne en 2005. Le premier secrétaire du PS – mis sous pression ces dernières semaines par les partisans du oui, Ségolène Royal, Bertrand Delanoë et les fidèles de Dominique Strauss-Kahn en tête – a donc lâché Benoît Hamon et sa solution de « conciliation et de modération » : exiger un référendum en menaçant de s’abstenir ou de ne pas participer au vote du Congrès (lire encadré) nécessaire à la ratification du traité.

Tour à tour, les ex-nonistes de la gauche du PS, Henri Emmanuelli, Jean-Luc Mélenchon, Claude Bartolone, ont plaidé pour cette « position de sagesse ». « Les Français vont estimer qu’il y maldonne et qu’on fait revenir par la fenêtre ce qu’ils ont fait sortir par la porte », a alerté Le fabiusien Henri Weber. Des proches de Royal ont aussi plaidé pour « ne pas dissocier le fond de la forme », comme Arnaud Montebourg, qui a fini par s’abstenir. Julien Dray, ex-porte-parole de la candidate, qui a rappelé que la consultation populaire était « la proposition numéro 98 de Ségolène », a refusé de participer au vote. Aucun noniste n’a convaincu les partisans du oui du PS : « La clarté, c’est de prendre position. Demander un référendum en sachant que Sarkozy ne le fera pas, c’est préparer le terrain pour dire qu’on s’abstient. Ce serait dilatoire », a argué François Hollande. « Il faut sortir de l’ambiguïté et dire oui, trois fois oui », a martelé Jean-Marc Ayrault le patron des députés socialistes.

Triomphe. Un proche de Mélenchon, lui, a pointé les contradictions des partisans du traité : « Ils sont aussi divisés sur la procédure : les amis de Jospin et de DSK sont contre le référendum, ceux de Peillon [ex-noniste, ndlr] sont pour. » Le sénateur de l’Essonne triomphait : « Je croyais que j’étais seul, je pavoise. »

Après le vote, les nonistes ont pris acte de la position prise par la direction. Une large majorité de socialistes s’est mise d’accord pour, qu’après l’adoption du traité, « le PS propose des contenus à la politique européenne ». Maintenant, selon Pierre Moscovici, « il faut tourner la page institutionnelle. Et tourner la page entre nous ». Le plus dur reste à faire…

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