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Les cadeaux de Bruxelles au camp français du oui

Publie le dimanche 24 avril 2005 par Open-Publishing
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Plus on se rensienge, plus on a envie de voter NON :

Parus dans le figaro :

Bruxelles : de notre correspondante Alexandrine Bouilhet
[22 avril 2005]

La Commission européenne n’aura jamais été aussi clémente avec la France. En ces temps difficiles pour le camp du oui, Bruxelles multiplie les petits cadeaux au gouvernement français. Il s’agit, pour la Commission, de faire oublier l’effet Bolkestein, si dévastateur dans l’opinion française. Et de donner des arguments en faveur de l’Europe aux élus français qui battent campagne pour le oui à la Constitution. A Bruxelles, la semaine écoulée s’est révélée très favorable à la France.

Premiers gagnants : les planteurs de bananes antillais et les étudiants d’outre-mer. La proposition de la Commission d’octroyer une aide supplémentaire de 24 millions d’euros aux planteurs antillais a été validée par le comité banane. Au total, la filière antillaise recevra de la Commission 110 millions d’euros. « Jamais Bruxelles n’avait accordé un tel soutien aux planteurs de Guadeloupe et de Martinique », se félicite Margie Sudre député européen (UMP). « Alors que la campagne référendaire déverse quotidiennement des contre-vérités sur une soi-disant dérive ultralibérale de l’Europe, cette nouvelle vient nous démontrer le contraire », se félicite l’élue française. « Elle prouve l’engagement de l’Europe en faveur des régions les plus éloignées ! »

Le même jour, lors de la réunion du collège, la Commission a autorisé deux aides d’Etat « à caractère social », en faveur « des étudiants ou des personnes à revenus modestes » habitant l’outre-mer.

La première aide sollicitée par Paris permet d’alléger de 250 euros le coût du billet d’avion pour les étudiants de Martinique poursuivant leurs études en métropole. La seconde assure la gratuité du transport aérien, sous certaines conditions, aux étudiants d’outre-mer tentés par une formation en France ou dans le reste de l’Union européenne. Dans son élan de générosité, l’exécutif européen a également donné son feu vert, mercredi, à un mécanisme de financement des services audiovisuels publics en France, en Italie et en Espagne. Après un an de bataille, Bruxelles a validé l’aide d’Etat que constitue la redevance en France. La Commission a clôturé les enquêtes ouvertes sur plainte de radios privées, lesquelles estimaient que les aides d’Etat perturbaient le marché en permettant de réduire le coût de la publicité. « Cela prouve que la Commission adopte une approche équilibrée du financement de la radio de service public », a commenté le commissaire à la Concurrence, Nellie Kroes, étiquetée comme très libérale à Paris.

Dans un autre ordre d’idée, la Commission semble prête à assouplir la directive oiseaux, qui gêne tant les chasseurs parce qu’elle interdit les tirs durant les périodes de reproduction et de migration. Le 29 mars, Jean-Pierre Raffarin a écrit à José Manuel Barroso pour plaider l’indulgence de Bruxelles dans cette affaire. A la demande de la France, un guide « interprétatif » pourrait être annexé à la directive bruxelloise, ce qui permettra de gagner dix jours de chasse de plus. Une réunion de travail sur ce sujet a eu lieu hier à Bruxelles. « C’est un cadeau aux chasseurs français à la veille du référendum », dénoncent les écologistes.

Aux petits cadeaux de Bruxelles, s’ajoutent les mises au congélateur des directives ou projets de règlements visant à injecter plus de concurrence en France.

Alors que la directive sur les services de Frits Bolkestein passe, ces jours-ci, à la moulinette du Parlement, avec la bénédiction de la Commission, deux autres textes à risques pour la France ont été mis de côté : la réforme des aides d’Etat et la mise en concurrence des transports urbains. Marraine du premier texte, Nellie Kroes a été priée de retarder sa sortie jusqu’à nouvel ordre. La commissaire à la Concurrence souhaitait réorienter les aides d’Etat en faveur des PME alors qu’elles servent trop souvent, en France, au sauvetage des grandes entreprises comme Alstom ou Bull.

Le deuxième texte remisé dans les tiroirs est un projet de règlement sur la libéralisation des transports urbains et régionaux concocté par les services du commissaire français Jacques Barrot. Porteur, à terme, d’une mise en concurrence de la RATP et du service régional de la SNCF, ce texte a déjà fait bondir les syndicats de cheminots français. Officiellement, il est à la traduction depuis un mois déjà. Il y restera sans doute jusqu’à la fin du mois de juin. « Le temps de le traduire en dix-neuf langues, c’est long », ironise-t-on à Bruxelles. Cible facile pour la CGT, ce projet a été mis de côté avec l’assentiment général.

« On ne peut pas risquer en ce moment une grève des métros et des trains en France », commente-t-on dans les couloirs de la Commission.

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