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Les médias français sont de plus en plus sous le joug de leur président

Publie le jeudi 4 juin 2009 par Open-Publishing
2 commentaires

Sarkozy, roi de son image

Nicolas Sarkozy a toujours soigneusement mis en scène ses apparitions en public, notamment lors de sa visite d’un ranch le 20 avril 2007, alors qu’il était candidat à la présidentielle.

Les médias français sont de plus en plus sous le joug de leur président. _ « Temps présent » diffuse ce soir un ensemble de témoignages accablants

Muriel Jarp - le 03 juin 2009, 22h38
Le Matin

« Nous sommes incapables de faire autre chose que le parcours qui nous est indiqué », déplorait un journaliste de L’Humanité en avril dernier, alors qu’il couvrait une conférence de Nicolas Sarkozy. Et de poursuivre : « Jacques Chirac à l’ONU juste après le 11 septembre, c’était dix fois plus cool et light qu’aujourd’hui. »

Les mots et gestes de la presse sont strictement contrôlés dans l’Hexagone. Et malmenés. Le président français n’hésite pas à distiller sarcasmes et autres railleries afin de déstabiliser ses interlocuteurs. Patrice Machuret, journaliste de France 3, qui a eu l’outrecuidance de publier « L’enfant terrible », a tout bonnement été qualifié de « crétin » et de « honte de la profession » par Sarkozy.

Intimidations, réponses qui ne riment à rien, quand ce n’est pas tout simplement interdit de poser des questions, les frustrations des journalistes français sont devenues légion. Ce soir, « Temps présent » diffuse une enquête qui risque de faire du bruit : « Sarkozy, vampire des médias ». Où l’on découvre que tous les moyens sont bons pour que le président soigne son image. Quitte à sortir l’artillerie lourde : journalistes convoqués par la police, plaintes à leur encontre et procès se succèdent. Et si des têtes doivent rouler pour assurer le calme des troupes, eh bien bon vent ! D’un claquement de doigts, des patrons de presse sont démis de leurs fonctions.

Sans parler de la nouvelle loi sur l’audiovisuel, qui donne les pleins pouvoirs à l’Elysée pour nommer la direction des radios et télévisions publiques.

Reporters sans frontières s’inquiète de la situation de la liberté de la presse en France, qui ne cesse de se dégrader depuis l’accession au pouvoir de Sarkozy. On s’en convainc aisément en écoutant les journalistes interviewés par « Temps présent ». David Pujadas (France 2), Alain Genestar (directeur viré de Paris Match), Audrey Pulvar (France 3) parlent de leur expérience. Des témoignages « assez difficiles à recueillir dans un premier temps », explique Alexandre Bochatay, journaliste de « Temps présent » : « On sentait une certaine crainte. »

Sans compter les refus ou demandes restées sans réponse. Impossible d’avoir les avis de Patrick Poivre d’Arvor ou de Laurence Ferrari. Sans parler du principal intéressé, dont l’agenda était trop chargé...

Trois fois plus
Comme le conclut le reportage - qui aurait certainement été impossible à réaliser par des Français -, le président est un homme de télé. Ce n’est pas dans les livres qu’il a grandi, mais en regardant les séries TV. Résultat : une image hypercontrôlée et maîtrisée. Et une présence... trois fois plus importante dans les médias que ses deux prédécesseurs. Un reportage à regarder sur très grand écran !

« Temps présent », ce soir à 20 h 05, TSR1

Rappel des faits

Condamné à payer 1 euro

Le contrôle de son image médiatique dépasse les frontières de l’Hexagone. Le 22 septembre 2006, « Le Matin » avait été condamné par le Tribunal de grande instance de Thonon-les-Bains (F) à verser 1 euro symbolique à Nicolas Sarkozy. Une série d’articles sur ses déboires conjugaux avec Cécilia avait fortement déplu à celui qui était alors ministre de l’Intérieur. Les médias français étaient bien sûr au courant de la bisbille entre les époux, mais n’osaient rien sortir sur le sujet avant que celui-ci ne soit « blanchi » par la presse étrangère

Messages

  • Peuf,

    Ayé on est cuit, il nous a enfûmé au complet ce nain voleur de stylos !

    Même le coin coin se la joue en douceur, rue89, libé marianne et tous les autres se la ferment par peur du monstre élyséen.....

    Casser la télé la radio si vous voulez pas être enfûmé jusqu’à l’os

    On parle bcq d’abstention sur ce site mais ce n’est pas le meilleur moyen car ce nabot trafiqueur de gégéne va se ramasser une claque avec moins de 20% de votes.....et en cela j’y crois fort !

    Le NPA, y a plus que ça !

    Mhd

  • « Nous sommes incapables de faire autre chose que le parcours qui nous est indiqué », déplorait un journaliste de L’Humanité en avril dernier,

    J’imagine que le journaliste voulait dire "il nous est impossible". Seulement voilà i la dit "nous sommes incapables".

    J’ai aucune leçon à donner mais si les syndicalistes s’en tenaient à ce qu’ils ont le "droit effectif" de faire dans leurs taules, "ils ne seraient pas capables" non plus.

    Rien que cette réflexion est affligeante.

    Où est le manifeste des journalistes, non pas pour défendre leur statut corporatiste, mais pour défendre tout simplement, l’application de LA LIBERTÉ DE LA PRESSE ? LA LIBERTÉ D’INFORMER ?

    Et puis qu’est ce qui les empêchent alors de dire toujours, dans quelles conditions ils ont fait tel ou tel reportage " on n’a pas eu le droit de ..." ou "on n’a pas été autorisés à ..." ?? Mais non. La plupart du temps servilement, plus ou moins, on accepte ces empêchements, ces interdictions... Surtout, surtout, on n’en dit pas un mot ! Et on demande même de l’argent à l’Etat pour faire vivre les journaux, la presse etc...

    C’est pas que un pb de Sarkozy - c’est un pb de la presse- notamment en France. Cf la "couverture" du massacre de Gaza cet hiver....

    Non mais.. sérieusement les reporters (les vrais) qui faisaient encore un VRAI travail d’investigation dans le MONDE, sur tous types de sujets, ils attendaient, notamment en temps de guerre, les "autorisations" ????????

    Ils auraient pu attendre longtemps alors...