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Les squatters de Cachan reviennent à la charge

Publie le jeudi 23 juin 2005 par Open-Publishing

UNE CENTAINE de résidants du squat de Cachan ont manifesté, hier, devant
la préfecture du Val-de-Marne pour réclamer des « papiers et des
relogements » pour l’ensemble des occupants, en situation irrégulière pour
beaucoup, de la résidence universitaire du Crous, à Cachan. Une délégation
a été reçue au cabinet du préfet pour demander la régularisation de
situations qui durent parfois depuis des années. La préfecture a annoncé,
hier, qu’elle allait examiner cette demande mais assure déjà que, compte
tenu de l’ampleur du squat (le plus grand de France avec plus de 600
résidants), la « solution ne peut pas être que locale ou val-de-marnaise
 ».

Crainte d’une évacuation

Avant de leur fixer un nouveau rendez-vous, les services du préfet ont
reproché au collectif de n’avoir « pas respecté » le protocole d’accord
engagé, en juillet dernier, pour l’évacuation progressive du squat, la
majorité des squatters n’ayant toujours pas évacué le 5 e étage comme
prévu en février dernier. Bref, le dossier semble une nouvelle fois dans
l’impasse. Fait nouveau, le collectif des résidants craint, cette fois,
une évacuation de force par la police s’en remet encore au préfet qui
n’avait pas choisi cette solution l’hiver dernier. Mais le retour de
Sarkozy à l’Intérieur, suivi de son « coup de gueule » lundi à La
Courneuve, donne des sueurs aux nombreux sans-papiers. « On veut quitter
le squat mais avec des papiers. Si on me donne le titre de séjour, je
trouverai tout seul un hôtel pour me reloger », dit Koné Abou, d’origine
ivoirienne. Habitant une chambre au 5 e avec sa femme et sa fille, un
autre Ivoirien est sous la menace de la reconduite aux frontières. Lui ne
veut pas partir. « Pour aller où ? », s’emporte-t-il. Devant cette
situation, la Ligue des droits de l’homme, le Mrap, la LCR... ont apporté
leur soutien aux résidents et demandent la suspension de l’exécution de
l’ordonnance d’expulsion en l’absence de propositions de relogement et la
régularisation des personnes en situation irrégulière.

APRÈS LA FERMETURE de six hôtels meublés pour raison de sécurité la
semaine dernière à Livry-Gargan, la coordination des travailleurs sociaux
de Seine-Saint-Denis, qui a tenu hier une conférence de presse, a décidé
de lancer un cri d’alarme. « La situation est de plus en plus dramatique.
A la suite du drame de l’hôtel Paris-Opéra à Paris (NDLR : où 24 personnes
avaient trouvé la mort dans un incendie le 15 avril dernier) , de nombreux
établissements risquent de fermer sans aucune autre alternative.

Or pour l’hébergement d’urgence, il ne nous restait que ces hôtels, le 115
étant saturé dès 9 heures du matin », s’inquiète Augusta Epanya,
assistante sociale à Bobigny.

La coordination réclame des réquisitions de logements

Aujourd’hui, le département compte 410 hôtels meublés, contre 454 en 2003.
« 30 % des familles vivant à l’hôtel répondent aux critères pour vivre en
HLM », souligne Augusta Epanya. Les loyers mensuels, très chers - certains
dépassent le millier d’euros -, peuvent être financés par l’aide sociale à
l’enfance (ASE) du conseil général qui aide ainsi 1 300 familles et donc 2
600 enfants. En deux ans, le montant de cette prise en charge est passé de
800 000 € à 3,5 millions d’euros en 2004. « Les familles ne comprennent
pas que des dépenses aussi énormes soient faites pour les loger dans des
chambres parfois insalubres », relate Dominique Vilaine, qui travaille
comme assistante sociale scolaire à Saint-Ouen. « Loger cinq familles à
l’hôtel cela équivaut à payer 27 loyers à 400 € », renchérit Corinne
Garochau, assistante sociale à Aulnay. Dès lors, la coordination exige
aujourd’hui « des mesures d’urgences » et propose notamment que des
logements soient réquisitionnés. « Nous allons recenser les endroits ville
par ville. Je pense notamment à l’ancienne gendarmerie de Saint-Denis ou
encore à des bureaux vides que l’on pourrait provisoirement transformer en
lieux habitables », suggère Dominique Vilaine. Samedi, les travailleurs
sociaux comptent bien faire entendre leurs revendications à l’occasion de
la marche départementale pour le droit au séjour et au logement pour tous,
qui convergera à 14 heures devant la préfecture de Bobigny.