Londres : et si les explosifs liquides n’étaient que de la poudre de perlimpinpin ?

de Jean-François Goulon

John Reid, le ministre de l’intérieur britannique, a déclaré sans rire, hier soir, que la Grande-Bretagne faisait face à la plus grande menace soutenue sur son territoire depuis la fin de la Deuxième Guerre
Mondiale.

Des attentats à l’explosif liquide contre une dizaine d’avions de ligne, de portée internationale, ont été déjoués grâce aux services secrets de sa majesté. À présent, crème solaire, aliments pour bébés, boissons et
autres matières liquides ou plus ou moins visqueuses se retrouvent sur la liste des matières et objets interdits de vol. À croire qu’il faudra bientôt passer les frontières dans le plus simple appareil !

Scotland Yard (qui coiffe aussi le MI5 - les services de contre-espionnage britanniques) annonce qu’elle vient de déjouer un complot de portée internationale, organisé sur le territoire britannique, visant à
faire exploser des avions en vol entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis. La méthode ? Un explosif liquide, dissimulé dans des bouteilles de boisson gazeuse, devant être déclenché par des kamikazes islamistes en plein vol.

Les services de sa Majesté filaient ces terroristes depuis des mois
et seraient intervenus la nuit dernière lors d’une série de raids à divers
endroits d’Angleterre parce que, selon John Reid, le passage à l’acte était
imminent. Toutefois, un officiel britannique, ayant voulu garder l’anonymat,
dit qu’en fait deux membres du groupe avaient été perdus ces derniers jours
mais que "l’attaque" n’était pas prévue avant une bonne semaine. 24
personnes auraient été arrêtées, lors de raids nocturnes, mais, bien que
Scotland Yard vienne de livrer les noms des individus, les voisins de ces
gangsters n’ont pas été témoins des interpellations.

Il semble bien, si l’on en croit les services de sécurité et le
gouvernement britannique, que des terroristes de la pire espèce aient été
déterminés à faire sauter des milliers de passagers. De l’autre côté de
l’Atlantique, les services américains, en particulier le FBI, semblent
savoir que cinq grandes villes américaines étaient visées. Enfin, les
services pakistanais (l’ISI - plus ou moins liées à al-Qaïda) auraient
participé à faire capoter ce complot.

Que Tony Blair soit contesté, non seulement dans son propre parti
mais aussi au sein de son gouvernement, et que George Bush soit au plus bas
dans les sondages outre-atlantique à trois mois des élections de mi-mandat,
n’a évidemment rien à voir avec ce complot qui a été opportunément déjoué
par ces deux pays, à l’avant-garde de "l’axe du bien".

On connaît la sauvagerie et l’inventivité de certains groupes
terroristes, surtout ceux affiliés à Al-Qaïda, et on peut tout à fait
imaginer un complot de ce genre. Mais si on a arrêté 24 personnes de ce
complot qui s’apprêtaient à passer à l’acte, alors comment se fait-il que
l’on nage dans les hypothèses, sans le moindre élément probant venant étayer
les accusations des services de sécurité anglo-américano-pakistanais, et
avec des contradictions alarmantes provenant de leurs services respectifs.

À l’heure où j’écris ces lignes, je n’ai bien sûr aucun élément de
mon côté pour contredire les thèses officielles. Mais, après tous les coups
tordus orchestrés par ces mêmes acteurs (des fausses ADM pour envahir l’Irak
– cabale prouvée notamment par les fameux mémos de Downing Street - au faux
terroriste brésilien assassiné dans le métro de Londres - le gouvernement
britannique refusant toujours une enquête publique sur les attentats du
métro de Londres du 7 juillet 2005, en passant par les révélations sur la
nature de l’ISI - sans parler de tous les doutes qui pèsent sur
l’administration Bush), il me semble sage d’être circonspect vis-à-vis de
leurs affirmations. Il est toujours plus difficile de croire les yeux fermés
ceux qui ont déjà été pris la main dans le sac, et les dirigeants dont nous
parlons ne se contentent pas de dérober la confiture.

En ce moment-même, à l’Onu, le Conseil de Sécurité bute sur une
résolution de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah. Olmert a
magnanimement repoussé jusqu’à ce soir (?) son invasion terrestre massive,
dans l’espoir improbable d’un accord entre les Etats-Unis (Israël) et la
France (le Liban). Et puis, Israël ne discute plus depuis longtemps avec ses
ennemis. Non, franchement, dans l’état actuel de l’opinion mondiale (60% des
Américains contre la guerre d’Irak, Tony Blair contesté dans son propre
parti et au sein de son gouvernement et Israël accusé de plus en plus de
crimes de guerre) et avec le dossier sur l’Iran qui commence à chauffer, il
est temps de reprendre en main l’opinion publique. Et de relancer la machine
à propagande ?

La guerre civile en Irak ne menace plus d’éclater, elle dure depuis
plus d’un an ! L’Afghanistan reste largement incontrôlé et c’est la France
qui en reprend le commandement. Le Mexique connaît l’une de ses plus graves
crises post-électorales. Castro est bel et bien en fin de parcours et les
USA s’en mêlent déjà avec Hugo Chavez dans la ligne de mire. Et l’Afrique,
et, et, et...

Le temps n’est-il pas bien choisi pour faire monter la pression d’un
cran sur les Occidentaux qui se la coulent douce en cette période estivale ?

On connaît les méthodes des services secrets britanniques et
américains : on recrute des jeunes musulmans que l’ont radicalise ; on leur
fait mettre sur pied une opération terroriste d’envergure ; et, lorsqu’il
s’agit de leur fournir la dernière clé avant le passage à l’acte, ils sont
arrêtés opportunément et les services à la solde des nouveaux tyrans se
glorifient de leur succès et tentent par-là même de faire oublier toutes
leurs turpitudes à un public blasé.

Et si ces explosifs liquides n’étaient que de la poudre de la
perlimpinpin ?