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Malek Chebel est-il représentatif de l’Islam en France ?

Publie le lundi 23 mars 2009 par Open-Publishing
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« L’homme pieux et l’athée parlent toujours de religion : l’un parle de ce qu’il aime, et l’autre de ce qu’il craint. » de Montesquieu, extrait de L’Esprit des lois

L’anthropologue et écrivain d’origine algérienne, Malek Chebel, est-il représentatif de l’Islam en France ? Lui, qui avait tiré à boulets rouges sur les partisans du voile dans l’émission de France 2, il y a quelques années, et qui est partisan du contrôle de l’Etat et du ministère de l’Intérieur de la Grande-Mosquée de Paris, participe pourtant en tant que consultant sur Direct 8 dans une émission inter-religieuse mensuelle intitulée Les Enfants d’Abraham, dans laquelle un abbé, un rabbin et un intellectuel musulman débattent des questions d’actualité. Direct 8, qui appartient à Yannick Bolloré du groupe Bolloré Média, proche du président Sarkozy, copie à la lettre près la politique de TF1.

L’émission en direct de 58 minutes est diffusée chaque dimanche du mois depuis le 29 octobre, et rassemble le père Alain de La Morandais, le rabbin Haïm Korsia et l’anthropologue Malek Chebel. Pourquoi le choix de Chebel alors qu’il n’est pas un religieux ? Pourtant, les deux religions sont représentées par des hommes de foi et les musulmans sont représentés par un intellectuel laïc qui prône le rapprochement entre les trois religions monothéistes. Le projet qui privilégie le dialogue entre les religions que l’affrontement, a subi plusieurs refus avant d’être accueilli par Direct 8, a dit le rabbin Korsia, aumônier général de l’armée de l’air française. Direct 8 justifie son choix par les connaissances de Malek Chebel dans le monde de l’Islam. Auteur de plusieurs ouvrages sur l’Islam, il a toujours revendiqué « une approche laïque de la religion, surtout pour l’Islam », afin de mieux délimiter « les frontières entre l’Islam en tant que culte et l’Islam en tant que civilisation ». Pourquoi ce choix alors que la France regorge d’intellectuels musulmans.

Soheib Bencheikh, le mufti de Marseille est le plus qualifié pour occuper la place de Chebel. D’abord par son niveau de français (On reproche toujours aux imams de ne pas savoir parler français), sa culture des autres religions, son sens de la rhétorique et surtout sa fonction religieuse. Même chose pour le recteur de la Grande-Mosquée de Paris, Dalil Boubekeur qui est rarement invité sur les plateaux de télévision pour exprimer la voix des musulmans. Même si Boubekeur possède une très bonne réputation auprès des autorités françaises et même chez les autres autorités religieuses présentes en France, récemment sa présence au rassemblement du Crif avait soulevé un tollé auprès de la communauté musulmane en France et surtout en Algérie. Il est clair que les télévisions françaises, proches de la droite au pouvoir, comme Direct 8, M6 ou TF1, n’invitent jamais des personnalités musulmanes très pertinentes à l’image de Tarek Ramadan.

Seule France Télévisions ou Canal plus ont pris le risque, à plusieurs reprises, d’inviter des intellectuels musulmans ou de faire des reportages sur le Cfcm (Conseil français du culte musulman), actuellement gelé en raison de conflit entre les Marocains et les Algériens. Pourquoi les télévisions françaises n’invitent-elles jamais des personnalités telles que Kamel Kabtane, Chamseddine Hafiz ou encore Abdellah Zekri, les membres actifs algériens du Conseil français du culte musulman (Cfcm) ? Il est sûr que l’intervention d’un musulman érudit risquerait de faire basculer l’opinion. En revanche, inviter des religieux extrémistes est très conseillé comme ce fut le cas dans l’émission de Thierry Ardisson. Tout le monde en parle sur France 2 ou Salut les Terriens sur Canal plus.

Amira SOLTANE

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