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Mediaset, Berlusconi : l’inculpation arrive avec le café crème

Publie le samedi 9 juillet 2005 par Open-Publishing
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Mediaset, Berlusconi convoqué par le juge dans quatre pages ( payantes) du Corriere della Sera

" Nouveau rendez-vous en octobre" Dans la convocation, le détail des accusations et des fonds qui auraient été détournés.

La droite crie à l’infamie mais il y a des précédents

de BRUNO PERINI, MILAN traduit de l’italien par karl&rosa

Ils ont utilisé les mêmes armes que le président du conseil : les médias. Et ils ont choisi le quotidien le plus mal vu par le chef du gouvernement : le Corriere della Sera. Par un choix qui n’est pas inédit mais n’en est pas moins éclatant, les magistrats milanais, avec le plein aval du Procurateur de la République et du responsable des juges pour les enquêtes préliminaires de Milan, ont rendu publiques les accusations contre Silvio Berlusconi, dans le cadre de l’enquête pénale sur les droits télévisuels de Mediaset.

Les quatre pages centrales du Corriere della Sera de hier étaient en effet consacrées à la publication payante de l’avis qui fixe au 28 octobre prochain l’audience préliminaire du procés contre Mediaset où sont inculpés, entre autres, Silvio Berlusconi, Fedele Confalonieri, Candia Camaggi, l’avocat anglais David Mills et dix autres personnes, dont Farouk Agrama qui faisait l’objet d’un procès à part.

Ce qui est curieux, et d’ailleurs prévu aussi par la loi dans le but de protéger les actionnaires de Mediaset, c’est que les quatre pages, consacrées aux deux procès, mentionnent, outre l’avis qui fixe l’audience, tout le chef d’inculpation proposé par le parquet qui concerne les délits de fraude fiscale, de faux en bilan, d’appropriation indue, de blanchiment et de corruption. N’importe qui pourra donc savoir de quoi est accusé notre bien-aimé chef du gouvernement.

"Il s’agit d’une notification par proclamation publique, prévue par le code de procédure pénale", explique le juge pour l’audience préliminaire Fabio Paparella devant qui s’ouvrira l’audience le 28 octobre. L’article 155 du code pénal prévoit en effet que "quand la notification dans les formes ordinaires aux personnes lésées s’avère difficile à cause du nombre des destinataires ou de l’impossibilité d’en identifier certains, l’autorité judiciaire peut décider, par un décret au bas de l’acte à notifier, que la notification sera effectuée au moyen d’annonces publiques".

"Parmi les parties lésées - explique le juge de l’audience préliminaire - il y a les sociétaires de Mediaset pour la période 1991-1999, des sociétaires qui ont aussi changé dans ce laps de temps. La consultation des livres de comptes par la Police des Finances pour les identifier aurait été difficile et nécessité beaucoup de temps et la procédure aurait été retardée. A partir de là, en prenant comme présupposé que les sociétaires de Mediaset lisent un journal comme le Corriere della Sera, nous avons choisi, en accord avec le responsable du bureau des juges pour les enquêtes préliminaires et avec le parquet, cette solution".

L’initiative publicitaire qui a coûté 180 000 euros aux autorités judiciaires a déchaîné la colère, un peu attendue, du centre droit, avec en tête le ministre Castelli pour qui " étant donné qu’il s’agit d’argent public, il faudrait le gérer avec plus de prudence", mais le juge pour l’audience préliminaire Paparella s’est déclaré "tranquille".

L’annonce par la presse de la convocation pour l’audience préliminaire de l’enquête Mediaset - a dit La Russa, d’Alliance Nationale - ne fait pas changer d’idées ceux qui soupçonnent depuis longtemps qu’il y a un acharnement envers Berlusconi". La plus intense rafale de critiques arrive de Forza Italia. "La coûteuse notification de l’audience préliminaire pour le procès concernant Mediaset est un vrai scandale et a presque le parfum d’une vengeance envers un leader qui est enfin en train de réformer le système judiciaire", a dit le vice-président des députés de Forza Italia, Lucio Malan. L’initiative "démontre le peu de considération et le peu de respect pour la réputation des personnes mises sous enquête dont on publie les noms avant que les procès ne soient conclus", affirme Alfredo Biondi, vice-président de la chambre pour Forza Italia.

Tandis que le parti du chef du gouvernement demande l’intervention du Csm [Conseil supérieur de la magistrature, Ndt], l’Anm [Association nationale des magistrats, Ndt] contre-attaque : "La polémique sur la forme choisie par le tribunal de Milan pour porter à la connaissance des si nombreuses parties lésées le procès qui implique les dirigeants de Mediaset, forme prévue par l’article 155 du code de procédure pénale, démontre encore une fois la volonté partisane du monde politique de ne pas considérer la loi égale pour tous", a dit le vice-président de l’Association nationale des magistrats Carlo Fucci.

Une importante défense arrive de Massimo Brutti des Ds : "La notification par la presse à laquelle ont eu recours les procureurs de Milan pour le procès Mediaset est une disposition prévue par notre système. Donc absolument légitime et du reste déjà largement utilisée, il suffit de penser à certains procès fameux comme ceux contre Wanna Marchi ou contre Tanzi pour Parmalat. On ne voit pas pourquoi elle ne pourrait pas être aussi appliquée à Silvio Berlusconi".

http://www.ilmanifesto.it/Quotidian...

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