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Midi-Pyrénées : la bataille du rail

Publie le mercredi 25 juin 2008 par Open-Publishing
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Midi-Pyrénées : la bataille du rail

Depuis quelques mois, un bras de fer s’est engagé entre la SNCF et plusieurs communes rurales de la région Midi-Pyrénées. La colère de plusieurs centaines d’usagers mécontents prend racine dans la nouvelle stratégie ubuesque menée par la compagnie ferroviaire.

Depuis le 9 décembre 2007, les gares de Gourdon, Souillac et Caussade, situées sur la ligne Paris- Toulouse, se sont ainsi vu supprimer 15 arrêts hebdomadaires. Gain de temps et d’argent selon la SNCF, abandon des usagers d’après l’association de défense de ces gares.

Les suppressions des arrêts de ces trains grandes lignes Teoz ont été décidées sans concertation aucune avec les collectivités locales et malgré l’avis défavorable de la CDOMSP (Commission départementale d’organisation et de modernisation des services publics).

 En outre, ces mesures, en contradiction totale avec le Grenelle de l’environnement, obligent des centaines de travailleurs à utiliser leur automobile pour se rendre sur leur lieu de travail. Si la suppression des arrêts de train est désastreuse d’un point de vue environnemental, que dire du point de vue de l’aménagement du territoire ? Des communes rurales, dont l’un des attraits était l’accès à la ligne Paris-Toulouse, se voient spoliées et enclavées.

Des populations rurales en colère

Afin de faire entendre raison à la direction de la SNCF, l’association « Tous ensemble pour les gares » a vu le jour et, forte de ses 1 513 adhérents à ce jour, proteste énergiquement contre une mesure injuste et sensibilise les voyageurs sur le sujet. Différentes actions sont menées à plus ou moins grande échelle : arrêts forcés des trains dans les gares concernées, pour permettre aux usagers de la région de s’arrêter malgré tout, distribution de tracts dans les grandes gares (Toulouse, Limoges) sur la ligne ainsi que dans les trains, conférences de presse, etc.

Ainsi, malgré les protestations de quelques voyageurs peu au fait des réalités, des dizaines de manifestants bravent les dangers et envahissent les voies pour bloquer les trains. Alors que certains usagers s’estiment « pris en otage » selon l’expression très en vogue (où l’on s’aperçoit que certains se font une idée assez surprenante de la captivité), les membres de l’association sont déterminés à lutter pour le rétablissement partiel ou total des anciens arrêts.

La SNCF contre-attaque

En réaction à l’action des manifestants, la SNCF a décidé de bloquer les trains concernés dans les gares précédant celles de Gourdon et Souillac. Les voyageurs sont ainsi transbordés et terminent leur périple entassés dans des autocars et évitent le désagrément causé par les empêcheurs de tourner en rond. Instrumentalisés, ils sont les victimes de la tentative de déstabilisation des manifestants.

En effet, la SNCF, soucieuse de décourager la poignée de mécontents lotois, et en dépit des dangers de la route, des règles de sécurité (des usagers affirment avoir voyagé debout dans des bus bondés) et des considérations environnementales, préfère traiter sa clientèle comme du bétail et contourner le problème. Mieux vaut lancer une opération de désinformation en sous-marin et attendre le moindre incident pour faire retomber la responsabilité sur les fauteurs de trouble.

Malgré la présence de nombreux élus locaux lors de chaque manifestation, la SNCF ne semble pas encore décidée à discuter. Derrière ce problème, rural et très localisé à première vue, se cache un vaste projet de refonte du trafic ferroviaire avec la séparation claire des grandes lignes et des lignes régionales.

En vérité, un imbroglio entre régions, villes et SNCF. C’est une conception française du service public qui est remise en cause dans les zones rurales et trop de voyageurs, par fatalisme ou égocentrisme, acceptent cette situation. Que veut-on pour demain ? Des villes de plus en plus étendues, de mieux en mieux desservies entre elles, des pôles dynamiques et en contrepartie des campagnes isolées, moins accessibles et donc moins attractives ? En ces temps de prise de conscience environnementale et du « tout- écologique », sans parler de la mort annoncée de notre monde « pétrolisé », la SNCF ne s’engage-t-elle pas sur une pente savonneuse ?

Pour plus de renseignements, rendez vous à l’adresse suivante :

www.bataildurail.com

http://www.marcfievet.com/article-20738956.html

http://www.bataildurail.com/

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