Accueil > Mille forums pour construire une majorité

Mille forums pour construire une majorité

Publie le samedi 24 septembre 2005 par Open-Publishing

de Olivier Mayer

Que faire du 29 mai, que faire de cette victoire dans la perspective des échéances de 2007 ? Le succès de la Fête de l’Humanité avait esquissé déjà la réponse. Le Conseil national du Parti communiste, réuni mercredi soir et jeudi place du Colonel-Fabien, y répond sans ambiguïté. Le PCF affiche une grande ambition : construire une majorité politique pour changer, pour une politique qui prenne à contre-pied les choix libéraux. « Dans le débat du Conseil national, il y a eu un très large accord sur l’orientation proposée », commente Patrice Cohen-Seat, chargé de rapporter lors de cette session du parlement communiste.

"Une course de vitesse est engagée"

Comment résumer cette démarche ? Plusieurs responsables l’ont traduite ainsi : "Soumettre les questions du contenu de la politique à mettre en oeuvre, celles du contour du rassemblement à opérer et celles des échéances électorales, aux débats des citoyens." Cette orientation sur laquelle l’ensemble de la direction communiste semble d’accord, le Conseil national veut la faire passer d’urgence dans la vie. La décision est prise de convoquer mille forums avant le 26 novembre et de faire, ce jour-là, lors d’une assemblée des délégués de ces forums, un point d’étape de l’élaboration du programme.

Pour Patrice Cohen-Séat en effet, « une course de vitesse est engagée ». Le responsable communiste alerte « sur l’ampleur et la gravité du projet de la droite ». « Les conséquences de cette politique ultralibérale atteignent désormais un niveau socialement et humainement intolérable. Le scandale est maintenant quotidien », précise-t-il. Il évoque les événements de l’été : « En plein Paris, des tragédies évitables ont coûté la vie à des dizaines d’enfants, de femmes et d’hommes, la plupart originaires d, tous victimes d’une politique du logement inhumaine. Dans toute la France, le jeu de massacre de l’emploi s’est poursuivi. »

« Toutes les entreprises, toutes les catégories de salariés, jusqu’aux ingénieurs, vivent désormais sous la menace de la délocalisation et de la fermeture », estime Patrice Cohen-Seat. Il analyse « la stratégie de la droite » qui consiste à la fois à tenter de se concilier « les couches moyennes » par « des cadeaux fiscaux qui profitent surtout aux plus fortunés » et surtout à récupérer les voix du Front national. « Une partie de la grande bourgeoisie française, du patronat et de la droite fait cyniquement, une nouvelle fois dans notre histoire, un choix honteux aux conséquences imprévisibles : plutôt les idées de Le Pen que l’Union populaire ! » estime le dirigeant du PCF.

Mais pour faire face à cette stratégie de la droite et « résister à sa politique », les communistes pensent pouvoir s’appuyer sur « la montée de la colère et du refus », s’impliquent dans la journée syndicale du 4 octobre et préparent pour le 22 un meeting national antidroite à Paris. Ce qui s’est exprimé le 29 mai vient les conforter. Patrice Cohen-Seat explique ainsi la victoire du « non » au printemps : « Aux partisans du "oui" qui expliquaient pour l’essentiel que le projet de traité était le meilleur compromis "possible", notre peuple a répondu que ce qui est "impossible", désormais, c’est de continuer comme ça. Il s’agit là d’une rupture. »

Cette rupture interpelle toute la gauche, selon le PCF. « Toutes les forces qui la composent doivent réaliser qu’elles sont objectivement en échec face aux défis de notre époque, notamment celui de la mondialisation capitaliste. » Pour relever ce défi, les communistes veulent disputer la notion de « réalisme » et mener le débat en ne laissant pas « à d’autres la responsabilité de formuler un véritable programme de gouvernement ».

« l’objectif d’être majoritaire »

Pour le PCF, il s’agit de mettre en débat des réponses aux questions les plus essentielles et Patrice Cohen-Seat énumère nombre d’entre elles dans son rapport. L’une d’elles fait l’objet d’une discussion au Conseil national : la nécessité d’élaborer des réponses novatrices aux licenciements décidés par les multinationales comme Hewlett-Packard. Faut-il exiger le remboursement des aides publiques, réquisitionner, introduire dans la loi un droit de préemption ? Comment traduire en mesures immédiates les propositions d’une sécurité d’emploi et de formation ? Autant de questions qui, sans attendre, devraient être soumises à la discussion des forums. Comme doivent l’être les questions du rassemblement à opérer.

« Si on a l’objectif d’être majoritaire, c’est toute la gauche qu’il faut rassembler sur une politique antilibérale, dit Marie-George Buffet. Il y a débat sur cette question dans la gauche du "non". » C’est aussi dans le débat citoyen que les questions des échéances électorales doivent être posées (voir encadré).

Bien évidemment, ces questions ont fait l’objet de discussions au Conseil national. L’accord est général sur la démarche des forums. Dominique Grador estime qu’il y a « un vrai effort pour aborder ces questions. La candidature communiste est un atout à condition qu’elle rassemble », précise-t-elle. Elle insiste pour qu’on manie « les convergences avec la gauche du "non" sans figer », sans rabaisser l’ambition de cons- truire une majorité et donc de rassembler toute la gauche. Michel Laurent pense « qu’il serait catastrophique qu’aux élections chacun se compte » et que, pour permettre une victoire, « il faut changer l’offre politique ».

Le 29 mai a fait aussi évoluer le débat au sein du PCF.

* Rassemblement. Après les déclarations du ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy devant les préfets, les élus et responsables communistes se rendront devant les préfectures mercredi 28 septembre pour exprimer leur refus de cette « politique de stigmatisation, de violence et de terreur du gouvernement Sarkozy-Villepin ».

http://www.humanite.fr/journal/2005-09-23/2005-09-23-814533