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Montrouge : Encore un suicide d’un enseignant

Publie le vendredi 25 mars 2011 par Open-Publishing
3 commentaires

Lycée professionnel de Montrouge (Hauts-de-Seine) Un enseignant se suicide sur son lieu de travail

Mercredi 7 mars dernier, en fin d’après-midi, un jeune enseignant de 28 ans a mis fin à ses jours, sur les lieux mêmes où il travaillait, au Lycée professionnel de Montrouge. La nouvelle, qui s’est répandue dès le lendemain parmi l’ensemble du personnel et des élèves, a été ressentie comme un choc.

Il est bien sûr très compliqué de comprendre les raisons d’un geste aussi désespéré. Ses collègues, sensibles à son mal-être profond et ancien, lui apportaient depuis longtemps un soutien moral et une entraide au travail. Parmi les raisons de son geste, expliquées dans une lettre, le jeune enseignant a invoqué ses difficultés au travail.

Il n’y a donc pas qu’à Orange, France Télécom ou Renault que le stress professionnel peut pousser à bout. Les enseignants sont eux aussi soumis à des attentes de plus en plus grandes de la part de la hiérarchie, dans un contexte de suppressions de postes. Dans l’enseignement professionnel, comme dans l’enseignement général, les missions des professeurs se compliquent du fait même qu’ils sont moins nombreux. Il leur faut pallier le manque de surveillants et de personnel administratif. Avec la quasi généralisation du contrôle en cours de formation, c’est sur chaque enseignant devant gérer seul dans ses classes les évaluations donnant lieu à délivrance du diplôme, que reposent l’organisation et la responsabilité du bon déroulement des épreuves. Les programmes ne cessent de changer, de surcroît tous en même temps. C’est le cas notamment avec la mise en place du nouveau programme de bac professionnel en trois ans au lieu de quatre, qui donne lieu à une charge de travail supplémentaire. C’est aussi le cas des nouveaux programmes de CAP. Le suivi des élèves en stage est de plus en plus tatillon et nécessite plus de travail au moment où, en raison de la crise, les places de stagiaires diminuent. Les attentes des élèves, qui sont de plus en plus grandes face à un avenir offrant moins de perspectives, font aussi partie des difficultés supplémentaires qui s’accumulent sur les épaules des enseignants.

Ce suicide, comme d’autres, tels à Nancy en avril 2 010 ou à Condé, dans le Calvados en février dernier, illustre de façon dramatique le malaise au travail qui se répand chez les enseignants. Il pourrait bien se transformer en colère.

Messages

  • ça m’étonne pas quand on voit le bordel que c’est !
    Bon soutien.
    C’est horrible.

  • A cette très triste nouvelle, je me permets d’insister sur l’ENSEMBLE de la situation... que ce soit dans l’Enseignement, les Hôpitaux, les Administrations (La Poste, SNCF, EDF, France Telecom..), les Sociétés privées, même chez les chômeurs... les suicides augmentent, eux-même liés au stress directement généré par une attaque patronale et gouvernementale de grande envergure et de très grande intensité... J’en veux pour preuve les très nombreuses attaques contres les syndicalistes, syndiqués, manifestants, travailleurs, chômeurs... Que ce soit pour les uns et les autres : arrestations et tribunal suite à grève ou activité syndicale, Conseils de discipline et licenciements suite à activité syndicale, arrestations et tribunaux suite à manifestations, contrôle des chômeurs, baisse de revenus des Retraités et de tous les autres... Les conséquences tant physiques que morales, psychologiques ou financières sont évidemment énormes. Elles concernent donc une part énorme de la société qui a la malchance d’être au "mauvais endroit", c’est à dire, sous Sarkozy, d’être travailleur peu ou pas fortuné, d’être bien souvent engagé dans les luttes sociales, ou d’être tout simplement directement écrasé par toute les mesures anti-sociales de Sarkozy... Je crois qu’il est urgent aujourd’hui de mesurer l’ampleur des dégâts sur la population, et encore plus urgent de réagir collectivement et solidairement pour faire opposition à des attaques que le Pouvoir va continuer à imposer.

  • Une étude de l’INSERM affirme que la profession détient le taux de suicide le plus élevé. 34 pour 100 000. Mais il s’en trouve encore quelqu’uns, hantés par leur propre passé scolaire, pour affirmer que les profs sont très méchants, que la manière dont ils transmettent le savoir est "fasciste", et qu’ils ne font rien qu’embêter les ’"apprenants". En attendant, le nombre de candidats aux concours a été divisé par 2 en 5 ans. Etrange, non ?