Accueil > Nécessaire démocratisation du journalisme

Nécessaire démocratisation du journalisme

Publie le mardi 13 décembre 2005 par Open-Publishing
37 commentaires

de Etienne Chouard

Incontestablement, le rôle des médias est central dans la formation de l’opinion publique et donc dans la réalité du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Comme en toute matière, la liberté totale conduit à la négation de la liberté pour tous au profit de la seule liberté des plus forts.

Il est inquiétant de constater comme les médias, lieux de pouvoir bientôt plus importants que les scènes politiques, font l’objet de convoitise, d’appropriation et finalement de confiscation, comme ont été confisqués les pouvoirs politiques, par une caste de ‘professionnels’ faisant d’un service public leur métier à vie, arguant d’une prétendue technicité et d’une nécessaire spécialisation.

Ce ‘métier’ autoproclamé par certains citoyens interdit durablement à tous les autres citoyens de jouer leur propre rôle.

Quel est le contrôle citoyen de l’attribution de la parole dans le débat public ?

Il est des fonctions de la Cité qui ne devraient jamais être des métiers à vie, c’est ce qu’on découvre en lisant les réflexions politiques athéniennes (2 500 ans d’âge).

À cet égard, le journalisme, comme la représentation politique, devrait sans doute, pour le bien de la Cité, à cause du pouvoir que confère cette fonction, être soumis à une forte rotation, la même que celle que les Athéniens avaient mise au centre névralgique de la protection des individus.

Comme en politique, la professionnalisation du journalisme est (pas toujours mais) souvent à la fois inutile et dangereuse.

Il me semble que le rôle des journalistes devrait être, souvent, de donner la parole aux citoyens, à tous les citoyens, pour que puisse vivre un vrai débat démocratique, riche de ses contradictions, plutôt que d’utiliser la tribune que leur ‘métier’ leur offre (injustement) pour diffuser unilatéralement et quotidiennement leur opinion personnelle comme une propagande - pensée unique (voir les éditoriaux assénés tous les jours sans contradicteur sur les radios, journaux ou télés).

Ce rôle de ‘donneur de parole’ n’est pas si technique que ça : tous les citoyens pourraient jouer ce rôle, sans qu’ils aient besoin d’accaparer toute leur vie cette position.

Bien sûr, certains journalistes font un vrai métier qui ne prive personne, bien au contraire : les grands reporters, par exemple, ou bien les journalistes d’investi­gation, ne nuisent pas aux autres en jouant toute leur vie le rôle qui est le leur.

Bien sûr aussi, les citoyens actifs et engagés que sont les éditorialistes doivent pouvoir rester actifs et intervenir souvent dans le débat public. Il serait dommage d’ignorer leur analyse.

Mais il est des fonctions essentielles pour le débat de la Cité, programmation /animation des débats, et présentation des journaux notamment, (liste à compléter), pour lesquelles on devrait imposer un tirage au sort, au moins sur les médias de service public, parmi les citoyens volontaires, pour des mandats courts : une semaine, six mois ou un an (?), payés par l’État.

On peut attendre de ce tirage au sort, en lieu et place du népotisme actuel, les mêmes vertus ‘impartialisantes’ qu’en matière politique : plus besoin de quotas, plus besoin de discrimination positive : on va ainsi retrouver, naturellement, à tous ces postes stratégiques de ‘donneurs de parole’, tantôt des hommes, tantôt des femmes, tantôt des riches, tantôt des pauvres, tantôt des beaux parleurs, tantôt des timides, des blancs, des noirs, des juifs, des chrétiens, des musulmans, des athées, des ouvriers, des employés, des cadres, des patrons, des jeunes, des vieux, des beaux, des moches, des artisans, des paysans, des étudiants, des savants, des chirurgiens, des écrivains, des chômeurs (horreur !)...

Cet inventaire à la Prévert laisse imaginer la richesse des nouveaux débats rendus possibles par le tirage au sort, le seul mode démocratique de désignation des responsables de la Cité.

La démocratie a besoin de médias libres (c’est-à-dire pas confiscables par les plus riches) pour véhiculer toutes les pensées citoyennes, sans exclusive.

Il me semble que seul un journalisme déprofessionnalisé, au moins partiellement, le permet vraiment.

Cette entrée dans les médias de citoyens volontaires tirés au sort serait complétée par la nécessaire prise en charge par la Nation des frais actuellement financés par la publicité, gangrène idéologique, mortifère à tous points de vue, dont les citoyens devraient se désintoxiquer par une interdiction pure et simple.

Les citoyens, pour se protéger des méfaits de la publicité sur les médias et l’information, donc sur nos valeurs, sur les pouvoirs et finalement sur la démocratie elle-même, devraient l’interdire simplement en assumant ce que ça coûte : « Nous autres citoyens, à travers notre État, nous décidons de prendre en charge pour tous les médias la différence entre les recettes des ventes et le coût de fabrication pour que survive leur précieuse indépendance. Et la publicité est simplement interdite dans tous les médias (de toute façon, on produit, on consomme et on travaille trop, et la publicité pousse encore à la roue en créant des besoins inventés alors que l’humanité doit les réduire pour simplement survivre) ».

Voilà de l’argent qui ne serait pas gaspillé. Un beau sujet de référendum :o)

Quelle valeur donnez-vous à une opinion publique éclairée de façon complète et impartiale, protégée des manipulations ? À partir de combien est-ce que "c’est trop cher" ?

Auriez-vous des idées, des modalités, des objections ? :o)

http://etienne.chouard.free.fr/Europe/index.htm

Messages

  • Malgré tout le respect que j’ai pour le travail énorme fourni par Etienne Chouard ces derniers mois, je suis en opposition absolue à tout ce qui est dit dans ce papier.

    Si l’on peut tout à fait remettre en cause la façon dont les grands médias français sont dirigés, financés, instrumentalisés par certains et le fait que les "stars" du journalisme sont souvent des vecteurs idéologiques ou des carriéristes pitoyables, je ne peux admettre qu’on jette la suspiscion sur l’ensemble d’une profession.

    Si, mon cher Etienne, le journalisme est une profession. Elle demande un certain niveau de formation, l’application de principes qui ne sont pas spontanés mais appris, la mise en pratique d’une certaine éthique. Or il existe plein de médias alternatifs qui se targuent de faire du journalisme alors qu’ils ne sont que les vecteurs d’opinions souvent très tranchées qui font rarement la place à la moindre parcelle d’honnêteté intellectuelle. La plupart d’entre eux se contentent de diffuser des informations non sourcées, détournées de leur contexte, voire très souvent inventées de toutes pièces. Tout cela en prétendant qu’ils sont meilleurs que les médias officiels car eux ils sont libres. Ben voyons...

    Les "journalistes amateurs" peuvent produire des dégâts immenses, tout comme un pilote d’ULM chevronné à qui on confierait les commandes d’un 747 sous prétexte qu’il a de nombreuses heures de vol.

    Que les citoyens demandent des comptes aux journalistes me paraît indispensable et salutaire, à la fois pour la démocratie et pour la presse elle même. Mais alors qu’ils le fassent sérieusement, sur la base d’arguments. Je m’aperçois trop souvent que les critiques contre la presse viennent de gens qui ne lisent pas, ne connaissent pas vraiment la presse, qui se contentent d’un journal télévisé ou des outrances des Guignols pour se faire une opinion sur la marche du monde. C’est un peu court pour décider qui est un bon journaliste... A ce sujet je signale que si l’on demande au quidam de citer le nom d’un "bon" journaliste, PPDA est le nom qui revient le plus souvent, alors qu’il est le prototype même de l’anti-journaliste et qu’il piétinne allègrement la charte de déontologie depuis des décennies.

    Les médias défouloirs il y en a. Ecoutez par exemple certaines émissions de RMC Info (je fais référence aux "grandes gueules"), vous verrez ce que donne une antenne ouverte. Alors oui, les auditeurs viennent donner leur avis, mais on assiste le plus souvent à un véritable tsunami d’idées toutes faites, de mensonges plus ou moins conscients, de réflexions primaires, d’agressions caractérisées, etc. Tout sauf du débat et, bien entendu, une absence totale d’information fiable.

    Je regrette que vous tombiez aussi facilement dans ce travers du "tous pourris", qui a pour pendant la haine du fonctionnaire qui nous est distillée à longueur de temps.

    Theoven

    • Je regrette que vous tombiez aussi facilement dans ce travers du "tous pourris", qui a pour pendant la haine du fonctionnaire qui nous est distillée à longueur de temps.

      Je ne crois pas qu’il ait remis en cause l’honnêteté de la profession. Tout au moins, si l’introduction peut laisser penser que tel est son propos, la lecture du développement montre qu’Etienne s’en prend à ceux qui "tiennent le crachoir" et qui réalisent les choix, non à ceux qui produisent.

      Enfin, c’est de la sorte que je l’ai lu.

      Sinon, vous parliez des journalistes amateurs qui peuvent faire du mal... personnellement, j’ai plutôt le souvenir de journalistes très professionnels qui avant même le jugement, ont permis à la France entière de juger de pauvres gens, finalement innocentés. Ce n’est pas de professionnalisme qu’ils manquent ces journalistes, mais de morale... mais peut-on demander à la concurrence (entre journaux) d’être morale ?

      D’où finalement, un retour au titre de son article, la nécessité d’un peu de démocratisation dans ce métier, afin de faire baisser la pression de la concurrence et du Kapital, et de permettre aux journalistes de faire leur métier avec la sérénité qui leur est nécessaire... pour ne pas mettre en danger les passagers de leur Boeing 747...

    • Monsieur ;

      J’ai la singulière impression, mais je puis me tromper, bien sûr, que votre " leçon " infligée à votre interlocuteur est extrêmement " négative " et même va à l’encontre de toute démocratie, même " élémentaire ". Vous me faites penser à ce fameux " professeur d’université " qui se permettait de traiter M. Chouard, ou son homonyme, un nom qui lui ressemble, d’imposteur de " faussaire " , et pour ainsi dire, un " débile ", en prétendant qu’il n’ était pas professeur de droit, et qu’il était complètement " bouché " et totalement ignorant, " incompétent ", de la moindre notion de droit. C’était pendant la campagne du " NON " à la Constitution " Giscard ", l’ex donneur de leçon de démocratie aux Français ! Bref, pour vous rappeler qu’il vaut mieux une tête " bien faite " que bien " pleine ". Cela est encore plus valable pour la plupart des journalistes ou " journaleux " qui, bien souvent, n’ont pas même l’excuse d’avoir la classe d’un " Rastignac "...

      La quasi majorité des journalistes ( droite-gauche ) sont à la " botte " et aux ordres ou bien du Pouvoir ou bien du " fric ", le plus souvent, malheuruesement, les deux à la fois !

      Les journalistes Français, à combien, disons, pour être gentil, ne sont pas, ni " nécessaires ", ni utiles à la société, car, ils sont à l’image de nos politiciens. Je vous rappelle, également, le résultat d’un sondage récent qui démontre que 76 % des Français ne font pas confiance à leurs politiques ! Peut-être êtes-vous de ceux-là que 54, 87 % des Français ont " récusé ", lors du référendum du 29 mai 2005. Dans cette hypothèse, je crains que votre cause ne soit entendue, bien évidemment, pas dans le sens où vous le souhaiteriez, certainement. En tout cas, en ce qui me concerne, " j’écoute " les Français s’exprimer sur la politique et leurs politiciens, mais, je n’essaie jamais, de leur donner une leçon, car, il est vraisemblable qu’ils détiennent, eux, une part de vérité que je ne suis pas toujours certain d’appréhender à sa juste valeur.

      Un mot encore, cher Monsieur, qui, je l’espère, ne vous fâchera pas trop : en France, l’on a une " presse d’opinion " à la solde politicienne et non pas une véritable " presse d’information ". Vous les journalistes vous êtes " coupables " des " crimes " perpétrés sur les victimes d’Outreau, et j’en passe.

      Sans rancune. Salutations distinguées

  • Et bien moi je suis à 100% d’accord avec cet article.

    Journaliste, c’est un métier, on est d’accord.
    Mais caissier ou caissière de supermarché aussi.

    Pour lutter contre la logique de concurrence, l’amateurisme déviant est une solution.
    D’ailleurs les amateurs ne font concurrence à personne : ils donnent gratuitement un texte qui pourra être déchiffré puis critiqué par de vrais professionnels, qui eux sont payés.

    J’achète des journaux.
    Je n’aime pas la logique consistant à dire "tout doit être gratuit" sans mettre des conditions.
    Les vrais journalistes ont accès aux informations.
    Qu’ils fassent leur travail.

    Sinon des amateurs comme moi le feront gratos, avec toute l’irresponsabilité d’un noniste.

    La sociale, c’est pas voler le travail des journalistes qui savent quoi écrire.
    La sociale, c’est des journalistes professionnels payés par les lecteurs des journaux, et pas par des annonceurs.

    jyd.

    • La France duale

      Ce système des deux poids et deux mesures vis-à-vis du sort du monde arabe exaspère ces révoltés des banlieues. Déjà victimes de discrimination quand ils sont à la recherche d¹un emploi ou d¹un logement, quand ils se déplacent dans la rue, quand on leur refuse de construire leur mosquée, ils se sentent carrément agressés dans leur culture identitaire par ce qu¹ils vivent comme étant des mensonges permanents des médias. Selon que la France est en période électorale ou non, selon l¹évolution de la conjoncture au Moyen-Orient, la pression idéologique et médiatique se fera plus ou moins forte. Les « Beurs « ne se sentent donc français que par intermittence au gré d¹événements dont ils ne sont pas maîtres.
      Au rythme où vont les choses, maintenant que la Turquie s¹invite à la table européenne, que le Moyen-Orient s¹enfonce chaque jour davantage dans la crise, que l¹immigration clandestine prend une ampleur inégalée par le passé, que les calculs électoralistes des politiciens sans pudeur ne reculent devant rien, les « Beurs » se sentiront de plus en plus assiégés par un débat dont ils seront les grands absents et les principales victimes.
      La France des Lumières saura-t-elle se ressaisir pour donner à tous ses enfants les mêmes droits politiques, sociaux et économiques et leur vouer le même respect pour leur identité culturelle quelle que soit leur origine. Pour paraphraser le poète Jacques Prévert disons « qu¹il ne faut pas laisser les tenants de la pensée unique jouer avec les allumettes car, quand on les laisse seuls, ce monde ment monumentalement » !

  • Désolé, mais je ne vous suivrais pas sur cette voie qui est beaucoup plus dangereuse que vous semblez le croire. Et je n’accepte pas non plus que, sous prétexte que vous n’avez pas aimé les articles d’un ou de quelques journalistes, vous vous permettiez de dénigrer toute une profession qui serait selon vous composée de gens "tous bien pensants, contents d’eux-mêmes, etc.".

    Effectivement les July, PPDA, Ockrent sont des "nouveaux chiens de garde" . Mais critiquez les positions qu’ils prennent, leur carriérisme, leur révérence face aux puissants qui les nourissent, bon sans de bois ! Au lieu de ça, vous crucifiez l’ensemble des journalistes professionnels, avec un sens aigü du simplisme, alors que vous devriez au contraire militer pour dénoncer ceux qui font un mauvais usage de leur carte de presse. A cet égard, l’Observatoire des médias, Acrimed et Arrêt sur images oeuvrent de manière bien plus efficace et convaincante que vous.

    Et ne me faites pas croire que vos gentilles certitudes sont issues de votre seule réflexion isolée. Il a bien fallu que vous les trouviez quelque part, dans des publications écrites par ces "journaleux" sur lesquels vous crachez abondamment. Je ne vous crois pas capable, pas plus que nombre des intervenants des divers forums Internet, d’avoir un vrai jugement éclairé sur le fonctionnement des médias. Tout simplement parce que vous en ignorez visiblement tout. Rappelez vous qu’il ne suffit pas d’avoir une opinion pour être crédible.

    J’ai déjà eu ce débat à plusieurs reprises, et je constate que nombreux sont ceux qui croient qu’Internet (ou autre support "alternatif") permet de trouver les "vraies" informations. Manque de bol, le web est l’endroit le moins fiable pour s’informer, compte tenu du fait qu’il est absolument impossible de savoir qui publie les contenus qui circulent. Les sites bidons sont légion, les manipulations quotidiennes. Les mouvements les plus extrêmistes se déguisent pour faire passe leur idéologie par petites touches, de façon à contourner la loi qui leur interdit de diffuser des publications officielles.

    Votre angélisme est touchant, mais votre vision des choses est terriblement naïve. Je ne cherche même pas à vous convaincre, j’ai trop l’habitude de rencontrer des militants de tous bords qui sont absolument certains d’avoir raison, surtout sur les sujets qu’ils ne connaissent pas. Ils sont en général très forts en gueule pour vomir les médias, mais dés qu’ils se mêlent de prouver à la terre entière que "eux" savent ce que c’est vraiment, ils se plantent lamentablement. En général ils ne sont même pas bons dans la caricature.

    Dernière chose : cessez de croire que la presse et les journalistes ne servent qu’à "donner la parole" à je ne sais qui. Si vous êtes si sûr de vous, créez un journal, remplissez le de vos opinions "objectives" et essayez de le vendre. On en reparle dans 6 mois...

    Theoven

    • J’ai déjà eu ce débat à plusieurs reprises, et je constate que nombreux sont ceux qui croient qu’Internet (ou autre support "alternatif") permet de trouver les "vraies" informations. Manque de bol, le web est l’endroit le moins fiable pour s’informer, compte tenu du fait qu’il est absolument impossible de savoir qui publie les contenus qui circulent. Les sites bidons sont légion, les manipulations quotidiennes. Les mouvements les plus extrêmistes se déguisent pour faire passe leur idéologie par petites touches, de façon à contourner la loi qui leur interdit de diffuser des publications officielles.

      Votre angélisme est touchant, mais votre vision des choses est terriblement naïve. Je ne cherche même pas à vous convaincre, j’ai trop l’habitude de rencontrer des militants de tous bords qui sont absolument certains d’avoir raison, surtout sur les sujets qu’ils ne connaissent pas. Ils sont en général très forts en gueule pour vomir les médias, mais dés qu’ils se mêlent de prouver à la terre entière que "eux" savent ce que c’est vraiment, ils se plantent lamentablement. En général ils ne sont même pas bons dans la caricature.

      On se demande qui "généralise" à outrance et qui "vomi" ses amalgames.

      La profession de journaliste est gangrénée par le Kapital. Sans être "militant de tous bords" il a été très simple de constater "qu’en général", "toute" la presse à diffusion nationale a été pro-oui et fort peu critique lors du dernier référendum, par exemple.

      Internet est un lieu où on y trouve des gens "même pas bons dans la caricature" et où les informations sont les "moins fiables" "pour s’informer", vous le démontrez fort bien par votre prose, mais le peu d’esprit critique qu’il reste à nos pauvres petites têtes devrait permettre de faire le tri. Par exemple dans le site d’Acrimed qui décrit avec moultes références la façon dont nos vertueux journalistes font leur noble métier.

      C’est tout de même fou que ce soit des non-journalistes qui doivent les remettre en question... parce que visiblement, ils ne sont pas capables de le faire eux-même... ou pas en mesure de ?... ce qui ne serait pas moins grave...

      Ce n’est pas parce qu’un système est critiqué qu’il faut le prendre pour une critique des hommes qui le font, ce système. La voilà votre erreur, votre généralisation abusive.

    • J’ajouterai qu’aucun site internet, même parmi les plus malfaisants n’a encore eu l’impact des médias professionnels qui nous ont anesthésiés avec le faux-massacre de Timisoara et avec bien d’autres manipulations, comme celles diffusées par les USA and co durant la première ou la 2e guerre d’Irak (les vrais-faux armements de destruction massive). Et que dire de la tentative de manipulation à propos du TCE ?

      Je souhaiterai que Theoven nous communique un seul exemple de manipulation d’envergure diffusée par Internet jusqu’à présent.
      Je préciserai aussi que Bellaciao, Etienne Chouard et bien d’autres m’ont fourni des informations que je n’ai jusqu’à présent jamais lu dans les médias du microcosme.

      D’aucuns peuvent continuer à sombrer dans les fantasmes anti-internet. Pour ma part, j’en resterai au point de vue exprimé dans un article précédent (DÉBUT DE PANIQUE DANS LE MICROCOSME MÉDIATIQUE)

      Le Yéti

    • Votre sens de la nuance est magistral cher Yéti !

      Je prétends que vous citez des cas comme Timisoara, sans savoir de quoi vous parlez. Mais ça fait partie des idées toutes faites bien confortables qui composent le kit de base du petit dénonciateur des médias moyen... On cite Timisoara et hop, on a tout dit sur ces médias à la solde du grand capital. Emballez, c’est pesé.

      Par ailleurs, je ne sache pas que les "manipulations" sur les armes de destruction massives étaient le fait de la presse... mais ça n’est qu’un détail, vous avez raison de ne pas vous apesantir là dessus.

      Vous dites qu’aucun site Internet n’a eu l’impact des médias professionnels ? Vous êtes confondant de niaiserie. Les manipulations d’Internet rempliraient aisément la galerie des glaces du château de Versailles. Mais pour s’en rendre compte, encore faudrait-il avoir la capacité d’exercer votre bel esprit critique vis à vis de la toile avec un peu plus de discernement que celui dont vous faites preuve pour génocider en bloc tous LES médias.

      Vous voulez des exemples ? Et bien Matt Drudge par exemple, qui a sévi sur le Net pendant des années avec des infos totalement bidons. Il oeuvrait à grands coups de rumeurs toutes plus fausses les unes que les autres, en comptant sur la naïveté des internautes pour colporter ses mesquineries. Et ça a marché, au point qu’on l’a présenté comme la quintessence du journalisme d’investigation. Seul problème, tout était bidon.

      Un autre ? Selon ce qu’on peut lire de ci, de là, aucun avion ne s’est jamais écrasé sur le Pentagone. Et puis aussi aucun juif n’est mort dans l’attentat du 11 septembre parce que c’est en fait le Mossad qui a perpétré cet attentat. Vous pensez que ces rumeurs n’ont aucun impact ? Allez voir dans des pays comme la Syrie ou les Emirats arabes unis si la population n’est pas persuadée que tout cela est vrai...

      Encore une ? Des dizaines de joueurs online Japonais sont morts parce que un éditeur a annoncé officiellement que la prochaine version d’un jeu ne sortirait finalement pas. Information totalement fausse, mais qui a criculé sur le Net pendant des mois, et qui ressurgit périodiquement sous forme de versions légèrement modifiées.

      Et je passe sur les campagnes de récolte de fonds qui appellent à la générosité des internautes pour qu’une pauvre petite fille malade parte aux Etats-unis pour l’opération de la dernière chance (bidon) ; les différents sites qui appellent les internautes à participer à des actions anti-drogue ou pour la paix dans le monde, sans une seule fois mentionner qu’il s’agit en fait d’associations contrôlées par la scientologie (bidon) ; les sites d’information qui se présentent comme des instituts de recherche très sérieux pour, au choix, défendre scientifiquement les OGM, ou accuser les vaccins de provoquer la sclérose en plaques, ...

      Evidemment, vous êtes beaucoup plus malin que tout le monde, vous savez reconnaître immédiatement un vrai site d’un faux. Vous êtes sûr que vos sites préférés sont honnêtes, bien informés, et absolument pas manipulés. Bien entendu.

      Tiens, pour ne citer qu’un exemple que nous connaissons tous ici : celui du site Bellaciao. Tous les articles qui y figurent sont fiables à 100% ? Toutes les informations qui circulent ici sont vérifiées, honnêtes, impartiales et bien documentées ? Jamais le site ne tombe dans le travers de l’amplification, de la déformation ou des petits arrangements avec la réalité ?

      Vous avez raison de m’accuser de délire anti-Internet (c’est sans doute pour ça que je passe quelque 100 heures mensuelles sur le web...), c’est bien plus facile d’utiliser directement le mode de l’agression que de faire l’effort de débattre. Le problème c’est que vous vous complaisez dans une vision totalement caraicaturale des médias "tous pourris" et de l’"Internet monde idéal". Je suis désolé pour vous mais ce genre de posture relève de la discussion de bistrot.

      Je finirais en disant que vous ne serez jamais aussi critique et dur avec les "mauvais" journalistes que je le suis moi même. Et vous savez pourquoi ? Parce que je connais ce métier, pas vous. J’en connais les règles, l’éthique, la morale. Pas vous. J’en connais la pratique au quotidien, pas vous. J’en connais les contraintes, pas vous.

      Et je sais ce que c’est que d’avoir de véritables cas de conscience face à des sujets à traiter qui demandent du travail, de l’enquête, des recoupements, des vérifications. Et pas simplement d’exposer péremptoirement des certitudes en les présentant comme des vérités révélées. Un journaliste doit souvent se faire violence pour aller au bout d’une enquête, et parfois donner la parole à des gens que vous considérez sans doute comme infréquentables. La France compte un peu plus de 36 000 titualires de la carte de presse. Alors d’après vous, combien sont pourris jusqu’à l’os ?

      La critique des médias est un art difficile et qui demande d’être encore plus "incorruptible" que ceux que l’on dénonce. Cette attitude là, je l’ai eue et je continue à l’avoir, mais je l’ai payée assez cher. C’est votre cas aussi cher yéti ?

      Le monde n’est pas parfait Yéti, la presse non plus. C’est dommage, mais les journalistes ne peuvent pas servir uniquement à vous livrer à longueur de colonnes des informations qui vous conviennent et qui vont uniquement dans le sens de vos convictions.

      Je me répète, mais si vous voulez vraiment faire oeuvre utile, défendez la presse au lieu de l’accuser de tous les maux. Dénoncez les dérives ; dénoncez des INDIVIDUS lorsque vous les prenez en flagrant délit de mensonge ou de légèreté ; mettez en cause des journaux, des chaînes de télévision et de radio sur des faits PRECIS. Pas juste sur des impressions bien commodes. Mais ne jetez pas le bébé avec l’eau du bain, en prétendant que n’importe qui peut faire mieux sous prétexte qu’il penserait comme vous.

      Theoven

    • Procès d’intention, suffisance, arrogance. J’en ai oublié ?

      (Oui, c’est un peu facile de répondre d’une façon aussi lapidaire... mais comment répondre quand la réponse a toujours aussi peu de rapport avec le fond du sujet en cours. Les médias doivent être démocratisés, les journalistes qui "tiennent le crachoir" doivent être remplacés régulièrement, et pourquoi pas tirés au sort... le voilà le fond du propos... et vous vous interprétez cela comme une remise en cause du métier de journaliste. Vous ne le voyez pas vous le profond regret dans le message d’Etienne que le "journalisme" ne soit pas ce "4è pouvoir" qu’il est supposé être ? Comme si finalement, aucun journaliste n’était capable de faire honneur à sa profession en prouvant son indépendance... ou plutôt... comme si aucun journaliste n’avait pas la possibilité de.)

    • Vous ne faites que me confirmer dans mes impressions. Vous déformez les avis qui ne vont pas dans votre sens, première chose à ne pas faire quand on prétend devenir un bon journaliste. De plus, vous n’avez pas lu l’article d’etienne Chouard, ou alors vous n’en n’avez pas compris un traître mot.

      Ensuite vous prétendez que je généralise comme vous le faites. Mais mon cher, je ne me "farcis" pas une profession entière sous prétexte que quelques uns de ses membres ont le malheur de ne pas penser comme moi. Et je ne me tape pas le délire de prétendre qu’on pourrait "démocratiser" le journalisme en organisant un service tournant. Ce serait vous le rédacteur en chef du Monde pour le mois de janvier ? Ben tiens, j’imagine déjà le carnage...

      Il y a une différence entre votre discours qui critique "LES médias" et le fait de dire que CERTAINS militants se croient permis d’exprimer des jugements définitifs sur un milieu qu’ils ne connaissent pas. Vous voulez quoi ? Que je vous donne les pseudos de tous les gens avec lesquels j’ai eu l’occasion de débattre de cette question sur ce forum, ou celui d’Arrêt sur images ? D’accord, je commence par vous.

      Votre façon d’inverser les rôles n’est au fond pas très étonnante, c’est assez répandu sur les forums Internet. Ah non, c’est vrai, il ne faut surtout pas rappeler qu’Internet est accessible à n’importe qui, sans aucun contrôle, sans possibilité de poursuivre ceux qui diffuseraient des informations fausses au diffamantes. Vive la liberté online, y’a que ça de vrai !

      Theoven

    • Tout d’abord je vous remercie pour votre réponse.

      Ensuite, je voulais regretter le nouveau procès d’intention dans lequel vous vous lancez. Je ne suis hélaaaaas spécialiste de rien et je n’ai qu’une seule prétention, celle de lire et celle de dire ce que je pense quand je suis parvenu à croiser mes quelques lectures. En quelque sorte une certaine forme d’humilité.

      Si mes réponses à vos interventions vous ont paru gênantes et comme je ne souhaite pas un "carnage", je vais cesser de parler de "démocratisation" qui semble être un gros mot quand il est accolé à "journalisme", tout au moins, c’est ce que je crois comprendre. Mais je ne sais pas lire et je n’ai pas du comprendre "un traitre mot" de ce que vous répondiez pourtant avec force paragraphes, ce qui prouve qu’en plus de votre grande science du sujet, vous êtes aussi équipé d’un optimisme sans borne quant à ma capacité de compréhension.

      Trève de sarcasmes, j’aime les journalistes, sauf quand tous leurs représentants se mettent à claironner la même chose, quand leurs réactions ne sont pas neutres, quand leur comportement est respectueux avec certains et qu’il est irrespectueux avec d’autres... Un peu de "pluralisme" dans tout cela, ça ferait du bien. Et je crois que nous sommes d’accord là dessus. ("pluralisme" à côté de "journalisme", c’est possible ou c’est toujours passible "d’antisémitisme" ?)

    • Alors comme ça mes réponses sont "lapidaires" ? Votre malhonnêteté intellectuelle ne connaît vraiment aucune limite...

      Et le papier d’Etienne Chouard n’est pas une remise en cause du métier de journaliste ? Ben tiens. Alors comme il faut apparemment que je vous mette le nez dedans, voici quelques citations :

       "Il est inquiétant de constater comme les médias, lieux de pouvoir bientôt plus importants que les scènes politiques, font l’objet de convoitise, d’appropriation et finalement de confiscation, comme ont été confisqués les pouvoirs politiques, par une caste de ‘professionnels’ faisant d’un service public leur métier à vie, arguant d’une prétendue technicité et d’une nécessaire spécialisation".

      Donc les journalistes forment une "caste" de "professionnels " (remarquez les guillemets bien méprisants) qui "arguent d’une prétendue technicité". c’est vrai que ce passage est particulièrement respectueux, vous avez raison.

       Ce ‘métier’ autoproclamé par certains citoyens interdit durablement à tous les autres citoyens de jouer leur propre rôle.

      Le journalisme serait un "métier" ? (encore des guillements bien méprisants) Mais vous plaisantez mon cher monsieur !

       Quel est le contrôle citoyen de l’attribution de la parole dans le débat public ?

      Dans la réponse que je m’apprête à envoyer à Etienne Chouard, je lui indique comment le "pauvre" citoyen peut intervenir dans le débat public et faire connaître sa parole. Evidemment, pour ça, il faut qu’il se sorte un peu les doigts et quitter son fauteuil et son écran, au lieu d’attendre que TF1 ou France 2 lui envoie une invitation pour le 20 heures...

       "Il est des fonctions de la Cité qui ne devraient jamais être des métiers à vie, c’est ce qu’on découvre en lisant les réflexions politiques athéniennes (2 500 ans d’âge)."

      Les enseignants par exemple, comme Etienne Chouard, qui peuvent à loisir déformer les cerveaux de nos pauvres enfants et leur faire passer des idées dangereuses et subversives. Je critique les enseignants ? Mais non, vous avez sans doute mal lu... Vous voyez que c’est agaçant le simplisme ?

       "À cet égard, le journalisme, comme la représentation politique, devrait sans doute, pour le bien de la Cité, à cause du pouvoir que confère cette fonction, être soumis à une forte rotation, la même que celle que les Athéniens avaient mise au centre névralgique de la protection des individus".

      Oui, et mon boulanger aussi. Hier il m’a servi une baguette qui n’était pas très fraîche. Il est temps qu’on le remplace de temps en temps. Là on nage en plein délire. La réflexion c’est bien, mais quand elle se met à tourner à vide, elle produit des monstres...

       "Comme en politique, la professionnalisation du journalisme est (pas toujours mais) souvent à la fois inutile et dangereuse."

      Avec un petit effort, on peut prétendre ça de tous les métiers actuels, passés ou à venir. On est bien avancés avec ce genre de réflexion. A part ça, nous ne sommes pas du tout dans la mise en cause du "métier" de journaliste. Comme le passage qui suit, qui vaut aussi son pesant de cacahouètes :

       "Ce rôle de ‘donneur de parole’ n’est pas si technique que ça : tous les citoyens pourraient jouer ce rôle, sans qu’ils aient besoin d’accaparer toute leur vie cette position."

      Bien sûr, c’est tellement facile d’être journaliste. Y’a rien à savoir, juste répéter les conneries qu’on échange au comptoir avec les potes autour d’une bonne bière. Et puis c’est tellement facile : 60 millions de Français, 365 jours par an. Il suffirait de donner la parole à un peu moins de 165 000 personnes par jour pour que la démocratie soit parfaite. Ah oui, mais ça en fait du monde ... Alors comment on fait, qui on invite ? Bougez pas, Etienne Chouard va nous expliquer quels sont les bons critères pour choisir qui aura le droit de s’exprimer.

       "Il me semble que le rôle des journalistes devrait être, souvent, de donner la parole aux citoyens, à tous les citoyens, pour que puisse vivre un vrai débat démocratique, riche de ses contradictions, plutôt que d’utiliser la tribune que leur ‘métier’ leur offre (injustement) pour diffuser unilatéralement et quotidiennement leur opinion personnelle comme une propagande - pensée unique (voir les éditoriaux assénés tous les jours sans contradicteur sur les radios, journaux ou télés)".

      Il a du avoir un prix de gros pour les guillemets. Il a la main leste dés qu’il s’agit d’écrire le mot "métier" comme s’il devait ramasser un vieux rat pourri. Que du respect pour la profession, on vous.

        "On peut attendre de ce tirage au sort, en lieu et place du népotisme actuel, les mêmes vertus ‘impartialisantes’ qu’en matière politique : plus besoin de quotas, plus besoin de discrimination positive : on va ainsi retrouver, naturellement, à tous ces postes stratégiques de ‘donneurs de parole’, tantôt des hommes, tantôt des femmes, tantôt des riches, tantôt des pauvres, tantôt des beaux parleurs, tantôt des timides, des blancs, des noirs, des juifs, des chrétiens, des musulmans, des athées, des ouvriers, des employés, des cadres, des patrons, des jeunes, des vieux, des beaux, des moches, des artisans, des paysans, des étudiants, des savants, des chirurgiens, des écrivains, des chômeurs (horreur !)..."

      Cet inventaire à la Prévert laisse imaginer la richesse des nouveaux débats rendus possibles par le tirage au sort, le seul mode démocratique de désignation des responsables de la Cité.

      Ouais, génial, tout le monde à égalité ! Je me demande juste ce que va bien pouvoir dire une femme musulmane jeune moche timide ouvrière au chômage ... Là on atteint la stratosphère du délire. ça me fait penser qu’on a oublié les gauchers et les roux. Attention, il ne faut oublier personne.

        Il me semble que seul un journalisme déprofessionnalisé, au moins partiellement, le permet vraiment.

      Ah ben tiens, là non plus, ça n’est absolument pas une remise en cause du métier de journaliste. Ben non, c’est évident.

       Quelle valeur donnez-vous à une opinion publique éclairée de façon complète et impartiale, protégée des manipulations ? À partir de combien est-ce que "c’est trop cher" ?

      J’attends que vous me disiez ce qu’est une façon "complète et impartiale protégée des manipulations".

      Et à partir de combien c’est trop cher ? Les Parisiens ont répondu : le plus beau succès de la presse quotidienne de ces dernières années, c’est Metro et 20 minutes. Pourquoi ? Pas parce que ces journaux sont "protégés des manipulations". Non, simplement parce qu’ils sont gratuits. Alors on fait comment maître Chouard ?

       "Auriez-vous des idées, des modalités, des objections ? :o)"

      Peut être virer tous les journalistes, les envoyer à l’usine et les remplacer par des "braves citoyens" impartiaux et totalement libres ? Vous imaginez le bonheur ?!

      Voilà, à part toutes ces citations qui constituent les trois quarts de l’article, je dois le reconnaître, Etienne Chouard ne met pas en cause toute la profession de journaliste. Mais je suis sûr que vous allez encore trouver un moyen de faire preuve de mauvaise foi. Là dessus, j’avoue, je ne suis pas de votre niveau.

      Theoven

    • Alors comme ça mes réponses sont "lapidaires" ? Votre malhonnêteté intellectuelle ne connaît vraiment aucune limite...

      Je parlais de ma réponse, pas de la vôtre.

       Me permettez-vous d’affubler votre réponse d’un lapidaire "corporatiste !" ?

      Je comprends vos objections. Je répondrais qu’il faudrait alors peut-être que vous observiez par exemple la façon dont le Monde Diplomatique est "rempli". Je ne crois pas que le nombre "d’encartés" soit si grand.

      Mais je ne suis pas Etienne Chouard, et je pense qu’il faudrait que lui vous réponde plutôt que moi qui finalement n’ait rien à voir dans cet affaire d’autre que d’adhérer là où vous contredisez.

    • Vu comme ça, je suis entièrement d’accord avec vous.

      Il faut sans doute plus de pluralisme, mais encore faut-il vraiment s’entendre sur ce que ça veut dire. Il est vrai que les vedettes de ce métier ont une communauté de pensée un peu troublante. Bien qu’il conviendrait de nuancer fortement, car il leur arrive aussi de s’opposer très sérieusement sur des thèmes d’actualité. Ce qui est vrai, c’est qu’ils font partie du même "milieu" social. mais ça n’est pas le cas de tous les journalistes, loin de là.
      Et puis des médias "pluralistes" existent, il ne faudrait pas non plus tomber dans l’extrême.

      Pour revenir sur la campagne du TCE, il convient aussi de préciser que si les responsables des grandes journaux étaient à peu près tous pour le "oui", ce n’était absolument pas le cas au sein même des rédactions, les journalistes "de base" étant beaucoup plus partagés, et majoritairement pour le non. Là encore, attention à ne pas leur faire porter le chapeau et leur faire porter la responsabilité de dérives qu’ils combattent de l’intérieur.

      Je suis un incorrigible pragmatique, en ce sens que pour renvoyer dans leurs buts les Guetta, July et Ockrent, il faut les coincer sur ce qu’ils disent, sur leurs contradictions, sur les erreurs qu’ils reproduisent. Mais surtout éviter de les attaquer en les accusant de manipulation ou de mensonge. Tout simplement parce que cela leur donne l’occasion de railler leurs opposants et de les dénigrer en les accusant à leur tour d’être obsédés par la théorie du complot.

      Pour les démasquer, il faut être plus forts qu’eux, aller les chercher sur leur terrain et relever chacune de leurs bêtises. C’est un travail assez fastidieux mais qui est le seul qui pourra un jour porter ses fruits.

      Au passage, je signale que je suis nettement plus inquiet de constater l’existence d’émissions comme les "Grandes gueules "sur RMC info, qui laissent la part belle à la parole des auditeurs. Je vous invite à écouter ça, tous les jours de 10h à 13 h (ou 11 h je ne sais plus). C’est dégoulinant de poujadisme, de haine anti-fonctionnaire, de réflexions imbéciles et étriquées, de lieux communs obtus. Eux se targuent de donner la parole au citoyen... et bien le résultat est terrifiant.

      Voilà pourquoi je réagis aussi durement quand je constate qu’Etienne Chouard, qui nous a habitué à plus de nuances, se lance dans des considérations aussi simplistes et, je le pense, mesquines.

      Theoven

    • Tiens, pour ne citer qu’un exemple que nous connaissons tous ici : celui du site Bellaciao. Tous les articles qui y figurent sont fiables à 100% ? Toutes les informations qui circulent ici sont vérifiées, honnêtes, impartiales et bien documentées ? Jamais le site ne tombe dans le travers de l’amplification, de la déformation ou des petits arrangements avec la réalité ?

      Theoven ont fait de l’intox sur le site maintenant ...????

      C’est quoi ta réponse a ta question ?????

    • Un ami dit :
      Je finirais en disant que vous ne serez jamais aussi critique et dur avec les "mauvais" journalistes que je le suis moi même. Et vous savez pourquoi ? Parce que je connais ce métier, pas vous. J’en connais les règles, l’éthique, la morale. Pas vous. J’en connais la pratique au quotidien, pas vous. J’en connais les contraintes, pas vous.

      Il y a des morales et des ethiques, des comprehensions de ceux qui écoutent et lisent, de ceux qui voient qui valent bien les compréhensions, l’éthique et la morale des professionels de l’interieur.
      Ou autrement dit , les victimes d"un système qui sont, par nature, dans le cas de notre système des médias actuels, bien plus nombreuses que les victimes soutiers de cette machine, peuvent aussi avoir des lectures aussi fines des panzerisations qu’ils subissent.

      Nous savons tous que la question des médias dans le débat sur le TCE a fait également l’objet d’un prélable grand coup de torchon pour ne laisser aux manettes que des voix autorisées et les militants d’un camp propulsés là inéthiquement et immoralement haut-parleurs unipolaires.

      Il existe depuis longtemps une grande crise du journalisme et de sa position dans la société. Cette crise, par l’explosion exponentielle de la puissance d’influence des médias (ça date de la télé, pas d’internet), a atteint un très haut niveau et un enjeu de pouvoir décisif entre des protagonistes puissants et riches .
      Dans le domaine de la télévision, d’une partie des radios et de la presse, parler de journalisme est tout simplement ridicule, parler d’éthique et de morale de sombres gros mots, non pas parcequ’on ne serait pas d’accord avec telle ou telle opinion mais par les dérives constatées, la prodigieuse incapacité d’une partie des journalistes des médias a amorcé un mouvement sans en recevoir l’ordre de ceux qui les payent et les dirigent.

      Comme dans le cas du TCE, des journalistes de télé et de radios (médias utilisant tous , TOUS, des concessions d’état du domaine public) ont pu poursuivre un crédo unipolaire construit tout simplement sur l’impossibilité pour ceux ayant d’autres orientations de faire entendre d’autres musiques. Journalistes de connivence contre la population, cherchez l’éthique et la morale, en ce cas il n’y en a pas.

      Les journalistes, au milieu de tout celà, les vrais du moins, sont piégés dans des armées ou des escadrons de CRS si on veut, qui n’ont d’autres choix pour faire bouillir la marmite que de charger avec les copains contre les copains.

      Avec la venue de ce nouveau média qu’est Internet est venu le temps de la possibilité de l’existence d’un autre journalisme, qui a peut-être ses limitations, mais se situe incomparablement plus haut que d’autres formes plus hiérarchiques et plus soumises à des pouvoirs privés et riches.

      Sur Internet le ticket d’accès est peu couteux, ce qui est très different du ticket d’entrée sur TF1 ou A2, ou telle ou telle radio, car là les droits d’entrée sont tout simplement astronomiques ou bien le fait du prince, comme à l’époque des pouvoirs monarchiques absolus où tel ou tel roi se payait un moment un bouffon diseur de vérité ou un intellectuel plus ou moins libre pour donner quelque bouffée d’oxygène dans un monde étouffant.

      Internet n’est pas celà, désolé. Dés lors le journalisme peut s’y developper comme jamais il n’a pu le faire dans la presse traditionelle, les radios ou la télé.
      Avec le piège que certains estiment que faire de la qualité dans l’info ne necessite pas de travail important mais d’un autre côté une partie de dévaluation d’une certaine idée qu’on avait du journalisme auparavant, notemment une certaine auréole un peu surévaluée.

      En fait, avec Internet commence à se passer ce qui c’est passé il y a des années sur la place des intellectuels dans notre société qui, par la hausse du niveau de formation des populations, ont perdu leur place de couche particulière prestigieuse. certains intellectuels en ont pris acte et se défendent par leur talent et leur professionalisme, par leurs qualités humaines. Par contre d’autres intellectuels ne l’ont pas compris et essayent de prendre une emphase paternaliste et hautaine, maneuvrent pour être reconnus nomencalturistes officiels et renomés.

      Avec Internet, l’écroulement du ticket d’entrée pour faire un média, a tellement chûté que la question de faire un "Quotidien-Internet" ou un "journal-internet" n’est plus grêvé par le coût.

      Qui a cherché à réaliser une revue, un journal, un quotidien, ou pire une télé ou une radio (là, au fric se rajoutent l’entregent, la lèche, la soumission, etc), saura combien les frais sont considérables et dissuasifs, locaux, outils, etc , enorme....
      Tandis qu’avec Internet ces verroux ont sauté, pour le meilleur comme pour le pire.

      C’est une chance extraordinaire pour le journalisme et les vrais journalistes de ne plus être soumis à la tyranie de maîtres qui faisaient de l’éthique et de la morale des vêtures pauvres et mitées, mais avec une contrepartie redoutable : Il faudra faire chauffer tout seul sa soupe. Mais on aura toujours besoin de bons professionels.

      Internet, par le fait d’être peu coûteux, de n’être pas (pas encore) controlé par des pouvoirs non-démocratiques (entreprises privées, bureaucraties d’état, ...), par le fait qu’on puisse y répondre à toute assertion, au moins par sites interposés (ce qui n’est pas possible dans le monde de la télé, de la radio et de la presse), est une grande chance pour la démocratie et corolaire de celà, une chance pour les journalistes valables, du moins ceux qui ne restent pas tétanisés de peur par la liberté.

      Le journalisme se nourrit de la liberté de pensée, et cette dernière se nourrit de liberté.

      J’ai plus appris (je n’ai aucun diplome scolaire) en quelques années de circulation sur Internet que dans tout le reste de ma vie. L’acces puissant, rapide, immédiat à l’information, aux informations, nourrit et aide la reflexion plus efficacement par Internet que par les autres sources.

      Il y a bien sûr l’apprentissage (Un an à deux ans), un peu comme notre ami l’oubliait, comme apprendre à éviter les torchons de lecture d’extreme droite, les journeaux voyeuristes, les infos nulles et convenues où on n’apprend rien sauf de se rendre compte que les mecs qui écrivaient là suaient de trouille à l’idée de risquer d’avoir l’air de penser tout seul quelque chose...

      Internet a dont également tout celà, des fous, des racistes, des malfaisants, des propageurs de fausses nouvelles, des escrocs.... qui n’ont fait que se reycler là.... et le net n’a pas inventé celà.
      La propension à faire du net le vivier de la délinquence, de la désinformation, du mauvais journalisme est une assertion de peu de foi.

      Vive le Net !
      Vive la liberté !
      Et que l’accès de celui-ci soit démultiplié de partout, gratuit et à très haut débit. Que toutes les lois de contrôle soient levées, que le net ait une liberté d’expression inviolable par tout pouvoir .

      Copas.

    • Je n’ai plus la force d’essayer de débattre avec vous, je crois que vous resterez absolument sourd à tout débat un tant soit peu subtil, tellement vous êtes enfermé dans vos certitudes.

      Je veux rebondir tout de même sur vos remarques de fin, que je cite :

      La propension à faire du net le vivier de la délinquence, de la désinformation, du mauvais journalisme est une assertion de peu de foi.

      En ce qui me concerne je n’ai jamais prétendu cela, et je commence à saturer d’avoir des échanges avec des gens qui passent leur temps à déformer ce que l’on écrit, par pure paresse ou volonté de nuir. Et je reste abasourdi devant votre incapacité totale à prendre des précautions élémentaires avec un outil que vous prétendez maîtriser, alors que vous n’êtes qu’un internaute parmi tant d’autres, exposé de la même manière que les autres aux pièges inhérents à la nature même d’Internet (pas de restriction, pas d’identification véritable des sources, aucune poursuite possible en cas de A moins que vous soyez omniscient, ce dont je doute très fortement.

      Vous êtes très fort pour critiquer les journalistes et leur donner des leçons, mais vous vous révélez incapable d’appliquer une règle essentielle, à savoir la remise en cause de la véracité de TOUTE information tant qu’elle n’a pas été recoupée et que son origine a bien été identifiée. Or la pratique d’Internet ne le permet pas. Ah oui mais j’oubliais, votre problème à vous n’est pas de faire de l’information, votre truc c’est plutôt la propagande.

      Vive le Net !
      Vive la liberté !
      Et que l’accès de celui-ci soit démultiplié de partout, gratuit et à très haut débit. Que toutes les lois de contrôle soient levées, que le net ait une liberté d’expression inviolable par tout pouvoir .

      Ben voilà, nous y sommes. Et brûlons tous les journalistes ! Encore une question : pensez-vous vraiment qu’Internet n’est qu’un espace de liberté absolue ? Pensez vous vraiment que les logiques économiques n’y sont pas à l’oeuvre ?

      Et bien je vais vous en apprendre une bien bonne : internet est un MEDIA ! Et oui, ça vous en bouche un coin ça ! Et comme tout média, il est assujetti à des logiques incontournables que vous ne combattrez pas avec des envolées lyriques. Par ailleurs, le Net est déjà copieusement investi par tous ceux dont les idées ne vous conviennent pas, think tanks libéraux au premier rang. N’imaginez surtout pas que vous aurez plus d’audience qu’eux par l’opération du saint esprit.

      Vous dites avoir plus appris sur le Net qu’ailleurs ? Et bien, très franchement, ça ne m’étonne pas et surtout ça ne me rassure pas. Moi je ne me résouds pas à abandonner le terrain des médias traditionnels sous prétexte que, par paresse et conformisme branché, il faudrait convenir avec vous que tout se passe désormais sur le "ouèbe". Désolé, mais vous vous plantez sur toute la ligne. Et votre critique des médias s’avère bien pauvre, compte tenu du fait qu’elle ne s’appuit sur une connaissance très parcellaire de ce milieu, de ses réalités et de son évolution.

      La vraie bataille doit être menée dans la presse écrite et audio-visuelle, et pas sur un réseau où ne se rencontrent que des gens qui "pensent pareil" en évitant soigneusement d’aller se confronter franco avec des adversaires que vous préférez dénigrer à distance.

      Theoven

  • Cher Etienne Chouard, autant votre effort personnel pour chercher de l’information (et en trouver !) sur le TCE était louable, autant vos arguties sur une "déprofessionnalisation" du journalisme me paraissent pour le moins critiquables, voire aberrantes. Vous faites vraiment peu de cas de la déontologie du métier de journaliste, qui est enseignée dans les différentes écoles. Et parler de "formatage" ou de "connivence avec les cercles du pouvoir" est à la fois caricatural et malhonnête.
    L’information, il est effectivement sain qu’elle puisse être accessible par différents canaux, médias ou individus. Mais on ne s’improvise pas journaliste, c’est de la démagogie de prétendre que tout un chacun peut le devenir ! Aucun métier ne s’improvise d’ailleurs, même si l’accès à certains semble plus "facile" qu’à d’autres. Et il faut se garder de confondre témoignages, analyses plus ou moins partisanes de untel ou telautre avec un travail de recoupements, de vérifications pour élaborer des informations aussi fiables que possible, où l’objectivité maximale sur les faits puissent permettre des commentaires libres et sincères.
    Je suis journaliste et blogueur. Mais je me garde de mélanger les genres : mon blog est un lieu de témoignage d’une expérience militante, de commentaires critiques et décalés, d’expression libre et singulière. Je ne prétends surtout pas qu’il s’agit de journalisme. Et tous les confrères journalistes et blogueurs, sauf à mettre en ligne un reportage, font bien cette distinction fondamentale que vous, manifestement, n’arrivez pas à concevoir...

    Fraise des bois

    • C’est étonnant comme y-en-a des qui insistent pour ne voir qu’une remise en cause de la "bonne" formation des journalistes.

      En fait, le journalisme, c’est comme la politique, c’est trop sérieux pour être laissé entre les mains de gens "pas professionnels" et "mal formés" ?

      Est-ce qu’une bonne formation de journaliste, en plus de savoir faire des vrais reportages, ça permet aussi de savoir lire le fond d’un article ?

      Je ne parviens pas à remettre la main sur cet article du Diplo où il est fait mention de la haute qualité des écoles de journalisme, qui apprennent à faire des reportages de 30 secondes, plutôt que de 1 min 30, qui préfèrent les gens avec un bon vernis, plutôt que des gens qui ont une vraie culture... qui enseignent qu’on peut parler d’un livre qu’on n’a pas lu, simplement en reprenant ce que telle source "accréditée" a déjà publiée sur le sujet... Oui, les écoles de journalisme en ont pris pour leur grade le temps de cet article... que je ne retrouve pas. Je n’ai retrouvé que ça :

      http://www.monde-diplomatique.fr/mav/80/RAMONET/12031

    • Si vous voulez de la bibliographie qui remette en cause certains contenus enseignés dans les écoles de journalisme, je suis votre homme. Commencez déjà par lire l’excellent ouvrage de Rollin sur les "petits soldats du journalisme". Pour avoir vécu une expérience similaire à la sienne, je confirme tout ce qu’il écrit. Je suis plus nuancé quant à ce qu’écrit Serge Halimi qui a parfois tendance à caricaturer la situation façon buldozer bourdieusien.

      Mais ça ne veut pas dire que les écoles sont toutes à brûler, ou que tous ceux qui y passent en sortent formatés à tout jamais par le kapitalisme libéral honni. Beaucoup de mes camarades en sont sortis sans perdre leur sens critique ou leur foi dans une vision un peu "romantique" ou exigeante du métier.

      Il existe des jeunes qui choisissent le journalisme pour de mauvaises raisons (pour "faire de la télé" par exemple), j’en ai rencontré en école, j’en ai croisé pas mal depuis. Je peux vous donner quelques noms connus si vous voulez, à commencer par le PPDA junior. Mais ils ne sont pas tous comme ça. Bien que j’ai toujours milité pour que l’entrée en école de journalisme ne se fasse pas immédiatement après le bac et concerne des gens qui ont déjà une certaine expérience de la vie...

      Pour reprendre vos termes, "c’est étonnant comme y’en-a-des qui insistent" pour prétendre que le journalisme n’est pas un métier, que n’importe qui pourrait faire mieux. Et quelle est votre formation à vous ? Grand inquisiteur en chef ? Donneur de leçon diplômé de l’école universelle de la Vraie Vérité ?

      Theoven

    • Pour reprendre vos termes, "c’est étonnant comme y’en-a-des qui insistent" pour prétendre que le journalisme n’est pas un métier, que n’importe qui pourrait faire mieux. Et quelle est votre formation à vous ? Grand inquisiteur en chef ? Donneur de leçon diplômé de l’école universelle de la Vraie Vérité ?

      Je ne souhaitais pas parler de moi, mais... non, je ne parlerai pas de moi. Donc. :-D

      Je n’ai pas dit que n’importe qui pourrait faire mieux. Par contre Etienne a du expliquer qu’en effet, n’importe quel quidam pourrait faire mieux, question "pluralisme", que certains "animateurs de radio avec une carte de presse". Souvenez-vous de sa lettre ouverte du printemps dernier...

      Vous ne répondez pas à ma question (et c’est votre droit) : pourquoi insistez-vous pour voir dans l’intervention d’Etienne une remise en cause de tous les journalistes, quand il s’agit d’une remise en cause de la façon dont les journalistes doivent aujourd’hui travailler ? C’est d’autant plus étonnant que vous semblez vous aussi critique sur certains de ces sujets (la formation par exemple comme vous venez de me répondre)

    • "Beaucoup de mes camarades en sont sortis sans perdre leur sens critique ou leur foi dans une vision un peu "romantique" ou exigeante du métier."

      Mais le problème, Théoven, c’est pas ceux qui en sont sortis, c’est ceux qui ne peuvent pas y entrer. Vous savez bien quelle est la sociologie des journalistes. Vous savez bien qu’aujourd’hui il faut bac plus 4 ou 5 pour faire une école et qu’avoir fait Sciences Po c’est mieux.

      Le problème n’est pas non plus de coincer July ou Ockrent sur leurs contradictions, comme vous dites par ailleurs. Tout le monde se rend compte qu’à la télé on est intouchable )à partir du moment ou l’audience est OK. PPDA peut avoir toutes les casseroles qu’on veut, seule une baisse de l’audience du JT le fera gicler.

      D’accord avec vous pour dire que le problème ce n’est pas les journalistes. Mais admettez qu’une plus grande ouverture du métier ne ferait pas de mal. Les techniques sont faciles à apprendre, faut pas se gargariser avec ça (j’ai fait une école, moi aussi).

      Il y a donc deux aspects essentiels, pour moi :
      1) créer les conditions pour lutter contre la concentration des médias aux mains des financiers (parce que quoi que l’on puisse dire sur l’indépendance intellectuelle, l’éthique des journalistes, en fin de compte, c’est celui qui achète les violons qui conduit la musique)
      2) démocratiser l’accès à la profession.

      Dukénois

    • La "sociologie" des journalistes semble n’avoir aucun secret pour vous. J’ai bien peur que ça ne soit pas aussi simple que ça. La profession est beaucoup plus contrastée que ce que vous semblez dire, et le taux de reproduction sociale est nettement moins important que dans d’autres professions, ouvriers spécialisés compris.

      Etre issu d’un milieu populaire, par exemple, ne protège pas contre la propagande libérale ; et avoir fait des études supérieures ne condamne personne à adopter spontanément les thèses des milieux dirigeants. Donc le couplet sur l’opposition études/démocratisation est inopérant et assez démagogique, il faut bien le dire.

      Sans compter que, je le signale pour ceux qui l’ignoreraient, le passage dans une école de journalisme n’est pas une obligation pour entrer dans la profession. Il existe encore beaucoup de voies "alternatives". Les 36 000 "encartés" sont très loin d’avoir tous fréquenté une école, et notamment les quelques "grandes" qui ne forment chacune que quelques dizaines d’étudiants qui n’auront d’ailleurs pas tous une carrière de journaliste.

      Vous me refaites aussi le coup de la formation qui ne serait pas "si compliquée que ça", mais c’est bien là le problème : si certains journalistes sont hautement critiquables, c’est justement parce que leur formation laisse à désirer. Laisser entendre que c’est un métier "facile" est idiot et surtout complètement faux. Si vous pensez cela sincèrement, permettez moi d’exprimer un doute sur la qualité du travail que vous fournissez.Moi je fais bien mon pain tout seul à domicile, je ne vais pas en conclure que ce que fait Poilane, n’importe qui pourrait le faire...

      La filière Sciences Po est celle qui a, à mon sens, fait le plus de mal au métier, parce que c’est une école qui existe uniquement dans le but d’élever des "élites" bien cadrées. Cela dit, l’étiquette Sciences Po ne sert vraiment que dans quelques rédactions parisiennes. Et je signale que la presse ne s’arrête pas à Paris, il serait temps aussi de s’en rendre compte.

      Pour finir, je le répète, la meilleure attitude est celle de la vigilance et de la mise au jour des dérives de certains membres de la profession ; pas de l’accusation en bloc de tout un métier. A vous lire, la seule solution serait de "virer" de l’antenne tous ceux que vous n’aimez pas. Je n’adhère pas à cette mentalité, on sait où ça mène...

      Décidemment, j’ai vraiment l’impression qu’ici, c’est tout ou rien.

      Theoven

  • Etienne Chouard a raison de dire que les médias ont été confisqués et que c’est très grave. C’est primordial de dénoncer leur dépendance à des intérêts privés ou gouvernementaux. Les journalistes indépendants qui respectent la déontologie de la profession, si ils pouvaient remédier à ce problème on se demande pourquoi ils ne le font pas, on se demande si ils existent parfois...
    Quand j’ai découvert internet et les sites comme bellaciao, cette année, j’ai été libéré de ma propre dépendance aux infos des médias traditionnels : ainsi je n’étais pas seul à avoir remarqué l’ineptie des journaux presse et télé, la désinformation, leur parti pris leur courbettes continuels aux politiques en place, leur mépris des français, leur insupportable prétention à tout expliquer par des analyses sommaires et convenues, leur peu de sérieux dans les enquètes avant de livrer des infos (vas y coco, c’est un scoop !).
    Franchement qui peut dire sans rire que ceux auxquels on confie nos grands journaux presse et télé sont des grands journalistes qui enquètent, recoupent et vérifient leur sources avant de livrer leurs infos en toute indépendance ? Franchement je trouve ça plutôt écoeurant d’être payé à la télé des dizaines de milliers d’euros par mois pour lire un prompteur pendant une demie-heure.
    Il est urgent de trouver une solution. On ne doit pas oublier que gagner l’opinion publique c’est l’enjeu pour pouvoir améliorer les choses.

    • « Au Rwanda, les atroces massacres inter-ethniques avaient été le résultat d’une longue campagne de haine véhiculée par la presse, la télévision et la radio. Nous sommes aujourd’hui dans la même configuration car rien ne vient s’opposer à ce déferlement de racisme, de calomnies et de diffamations envers la communauté musulmane »…

    • Je me retrouve beaucoup plus dans ce que vous dites que dans les messages précédents.

      Effectivement, le paysage médiatique en France est dans une situation problématique. Effectivement les "grandes signatures" de la presse (qu’elle soit écrite ou audivisuelle importe peu, ce sont les mêmes qui cumulent les postes) "crapotent" dans les mêmes milieux et finissent souvent par se reproduire entre eux au sens premier du terme (voir la "petite amie" de Sarkozy qui est journaliste au Figaro. Je passe sur les épouses Ockrent, Borloo, Juppé, DSK, etc.).

      Je pense comme vous que la situation est assez grave pour que des solutions nouvelles soient mises en place. Je dis seulement que traduire cette évidence par des propositions simplistes et des dénonciations outrancières de l’ensemble de la profession n’est absolument pas en mesure de régler le problème, mais au contraire de "durcir" encore plus les antagonismes.

      La question que je me pose surtout c’est pourquoi il a fallu attendre la campagne pour le TCE pour qu’autant de "spécialistes auto proclamés de la presse et des médias", notamment par ici, s’indignent de la dérive de journaux comme Libération ? Serait-ce parce que c’est à la mode ? Ou qu’il faut hurler avec les loups ?

      Appellons de nos voeux des médias plus en rapport avec leur missions essentielle. Mais pas de caricature. Un "bon" média n’est pas seulement celui qui ne reproduit que les informations qui vont dans le sens de mes opinions.

      Et halte à ce délire de la "démocratisation" du journalisme et au principe qui voudrait que comme Bernard Guetta peut donner ses opinions sur une antenne, je réclame le droit d’être aussi caricatural et de parti pris que lui. J’ai une haute idée de ce métier et je me refuse à considérer que pour organiser un débat sur l’antisémitisme il faut donner 50% du temps de parole aux juifs et 50% aux antisémites.

      Theoven

  • C’est vrai que les médias ont été confisqués, et que les journalistes qui sont censés livrer des infos neutres, des analyses indépendantes ne le peuvent pas de toute façon, ou dans des conditions non satisfaisantes.
    Les infos on les trouve grâce à des enquètes sérieuses. Il ya des domaines ou des contre-vérités peuvent être véhiculées même en toute bonne foi, si on ne fait des vérifications nécéssaires au préalable. Personne n’est à l’abri de certitudes fausses, de préjugés.
    On devrait plus faire appel à des gens mieux formés au travail d’enquète.
    Dans nos universités chaque année, des centaines d’enquètes sur le terrain faites selon des règles rigoureuses sont réalisées par des étudiants et professeurs en sociologie, par exemple. Elles restent inexploitées la plupart du temps terminant dans des tiroirs, c’est dommage.
    De même les journalistes auraient intérêt à aborder leur travail avec plus de sérieux, avec une approche plus rigoureuse et scientifique.

    • Je comprends votre position, mais je ne peux pas la partager entièrement, pour une infinité de raisons que je n’ai pas le temps ni la place de vous exposer ici.

      Le "travail d’enquête" que vous citez, et dont parle aussi Etienne Chouard, est une chose indispensable. Mais comment à la fois désirer qu’il soit mieux fait, et en même temps laisser entendre que le journalisme devrait être "déprofessionalisé" ? Il y a là une contradiction majeure.

      En temps que professionnel (et pas "professionnel prétendu", merci monsieur Chouard), je suis toujours à la recherche de temps et de moyens pour aller plus loin dans le travail d’enquête. Mais c’est un luxe que peu arrivent à se permettre. Et ça n’est pas à cause des forces occultes qui manipulent les journalistes dans l’ombre. Non, c’est parce que un journal, il faut le faire vivre, l’animer, donner quelque chose à son lectorat en oubliant un peu qu’on n’est pas payés juste pour se regarder le nombril et brasser du concept.

      Je suis le premier à critiquer mes confrères, à me remettre en cause, et sûrement plus durement qu’un certain nombre des intervenants que j’ai lu ici. Mais je le fais en toute connaissance, car je sais faire la différence entre une opinion personnelle qu’ils expriment, le résultat d’un travail bâclé ou une information essentielle issue d’une enquête sérieuse (même si elle ébranle mes convictions).

      Je ne suis pas sûr que tous ceux qui incendient les médias sachent de quoi ils parlent. J’ai souvent pu le constater dans les réunions d’ATTAC, et je me suis toujours opposé au simplisme et à la caricature.

      Theoven

    • beaucoup de discussions intéressantes et si nous organisions des

      "etats généraux sur les médias" ???

      cela pourrait venir de la profession elle même, trop de journalistes "formatés" à la solde du capital c’est une évidence ! exiger déjà du service public le respect de la diversité des opinions en revenant à des financements qui nous épargneraient des "audimats" et autres "taux de retour sur investissements" avec suppression TOTALE de TOUTES publicités....

      arlequin

    • Trets, 17 décembre 2005, 23 h 55.

      Bonjour à tous.

      Et ben, ça chauffe ici...
      Si j’avais vu ça, je serai venu plus tôt avec vous. Pardon de vous rejoindre si tard.

      Je vais surtout m’adresser à Théoven qui semble beaucoup m’en vouloir.

      Je vais commencer par présenter des excuses aux différents journalistes consciencieux à qui j’ai, sans le vouloir, donné l’impression que je condamnais en bloc toute leur profession. C’est évidemment très loin de ce que je pense. Je tiens à la presse, je tiens à la radio, je tiens à la télé (même si je la regarde fort peu :o), je tiens aux journalistes d’investigation professionnels…

      Pour dire vrai, j’ai même considéré les nombreux journalistes (de base) que j’ai pu rencontrer ces derniers mois comme autant de sauveurs (potentiels) de la démocratie. Alors, me considérer comme un tueur de journalistes… c’est simplement un malentendu.

      Je rappelle que je considère les journalistes, ceux dont c’est le métier (sans guillemets), comme la principale chance des hommes d’échapper à la tyrannie. Pour communiquer entre nous et comprendre le monde, pour faire pression sur les responsables politiques, nous avons tous besoin de journalistes, pluralistes et indépendants.

      Une fois ce profond respect pour la profession précisé (je l’avais déjà plusieurs fois écrit, je crois), est-ce qu’on peut maintenant questionner la PRATIQUE actuelle du journalisme, quand on n’est pas journaliste, ou bien est-ce que c’est un crime de lèse-journaliste ? ;o)

      Est-ce que SEULS les professionnels (sans guillemets), comme Théoven ou d’autres, ont qualité pour constater les incroyables fautes commises par les professionnels, sans aucune sanction ?

      Est-ce que L’APPROPRIATION des plus grands médias par des industriels géants, marchands de canons surtout, n’est pas de nature à inquiéter TOUS les citoyens, Théoven ? Ça n’a pas un petit goût de ’déjà vu’ (une affaire qui finit mal) ?

      Quand la presse est sous contrôle, est-ce qu’on peut encore parler de journalistes ? Ce n’est pas de la provocation, c’est une vraie question.

      (Je mettais des guillemets autour des mots ‘métier’ et ‘professionnels’ parce que je soulignais un parallèle avec les politiciens à qui, pour le coup, je dénie le droit de faire de la politique leur ‘métier’, car ils accaparent ainsi pour eux seuls un POUVOIR que je voudrais, comme Aristote, voir partager par tous les citoyens).

      À propos des guillemets que j’ai placés autour du ’métier’ des éditorialistes qui imposent unilatéralement leur propagande, admettons qu’ils exercent un métier irremplaçable. Mais QUI les met SEULS à cette place stratégique de faiseurs d’opinion, Théoven, c’est quand même une vraie question, non ? Sortez deux minutes de votre peau de journaliste et mettez-vous dans la peau d’un simple citoyen non journaliste qui aimerait recevoir une information PLURALISTE : pas un éditorial à sens unique, PLUSIEURS éditoriaux qui se portent la contradiction pour éclairer complètement un sujet. Ça n’est pas la négation du métier de journaliste, ça, n’est-ce pas ?

      Ce que je dis, et c’est je crois une évidence, (mais je dois le dire maladroitement pour déclencher de telles polémiques sur de tels malentendus), c’est que les journalistes ont de plus en plus de POUVOIR, et que, à mon avis, les citoyens, soucieux de leur liberté et de leur protection, devraient instituer des CONTRE-POUVOIRS (comme on devrait le faire en face de tout pouvoir).

      Or pour l’instant, Théoven, je crois, contre le pouvoir des journalistes (des précieux journalistes, je le répète, ne prenez pas tout mal), il n’y a PAS de contre-pouvoir. Par exemple, tous ceux qui ont activement participé à la curée d’Outreau resteront impunis alors qu’ils ont une réelle responsabilité dans des vies détruites. Nous parlons bien de vies détruites, Théoven, n’est-ce pas ? Tout ‘professionnels’ qu’ils sont (et là je mets des guillemets parce que je redoute et ne respecte pas les ‘journalistes’ qui s’érigent en ‘juges’ contre les gens simples et faibles, sans mandat, sans contrôle et sans encourir la moindre responsabilité).

      De même, tous ceux qui ont triché pendant le débat référendaire, en gardant la parole et en ne la donnant qu’à leurs copains, ont pu le faire impunément.

      Ne me rentrez pas dans le lard trop vite, Théoven : j’ai senti à maintes reprises que nous sommes d’accord au fond, et que vous n’acceptez de critique de votre métier que quand elle est émise par un journaliste ou un fin connaisseur. Mais ne vous formalisez pas trop sur la manière ou la forme, s’il vous plaît.

      Ce que je cherche avec cette idée du tirage au sort, (mais c’est peut-être une fausse piste, c’est la question que je pose à la fin), c’est un moyen d’ouvrir les fenêtres de la télé pour faire reculer le népotisme.

      Et pour la partie « donneur de parole » (je n’ai jamais dit que le métier de journaliste se réduisait à cela, j’ai dit qu’il me semble que ce devrait être souvent leur rôle), on devrait pouvoir sans grand risque déléguer cette fonction-là (pas les autres, OK) à de simples citoyens.

      Cette hygiène d’accepter de temps en temps des corps étrangers pour donner des idées neuves et critiquer ce qui peut l’être ferait le plus grand bien à nos Parlements, je crois aussi.

      Au passage, je voudrais dire comme il est désagréable de sentir votre mépris envers les simples citoyens, c’est très voyant. OK, il y a des affreux partout, Théoven, chez les simples citoyens et chez les journalistes professionnels. Mais il y a aussi beaucoup de gens passionnants chez les citoyens non journalistes :o)

      Vous dites, Théoven : « Par ailleurs, je ne sache pas que les "manipulations" sur les armes de destruction massives étaient le fait de la presse... mais ça n’est qu’un détail, vous avez raison de ne pas vous appesantir là dessus. » Ce n’est pas un détail du tout : c’est bien une journaliste (professionnelle) du New York Times, Judith Miller, qui a menti du début à la fin, sciemment, sur cette manipulation médiatique à fin guerrière (voir le très intéressant article de John Pilger : http://www.monde-diplomatique.fr/2004/10/PILGER/11573).

      Votre mépris du ‘Café du commerce’ tue le débat. On n’a pas vraiment envie de continuer à débattre sur ce ton.

      Ayons l’humilité de reconnaître que nous sommes TOUS, parlementaires, ministres, juges et journalistes compris (les quatre pouvoirs), souvent au ‘Café du commerce’, tant les spécialités sont nombreuses et inaccessibles en difficulté, et parce que nous sommes pourtant avides de tout comprendre et de tout débattre.

      Dire que je dis « tous pourris », c’est être un peu paranoïaque et cela permet d’éluder la question de fond, car je ne dis pas du tout ça.

      Je dis qu’on assiste à une CONFISCATION progressive d’une profession de POUVOIR où les simples citoyens ne contrôlent RIEN.

      Quand je réclame une ROTATION rapide des fonctions de POUVOIR, vous pouvez, Théoven, (faire semblant de) ne rien comprendre en appliquant l’idée à votre boulanger qui n’a aucun pouvoir particulier, mais le rôle de caricature que vous avez endossé depuis le début vous gêne pour débattre normalement. J’aimerais retrouver le Théoven que je connais un peu et qui est si nuancé d’ordinaire. Essayez de croire que, peut-être, l’autre qui vous parle a une bonne idée, même s’il ne la formule pas exactement comme vous l’auriez fait. ****Le pouvoir est une drogue qui corrompt même les meilleurs d’entre-nous et il ne faut pas le laisser longtemps dans les mêmes mains****, ça a du sens, ça, non ? Y compris chez les journalistes qui ont un réel pouvoir.

      Et quand je parle de ‘caste’, je pèse mes mots et je les maintiens. Je ne dis pas que tous les journalistes sont de cette caste, évidemment, je ne dis pas ça, mais je vois bien qu’une caste est en cours de formation, et c’est DANGEREUX. Vous n’allez quand même pas nier ça, Théoven ?

      Pourtant, le travail honnête des journalistes est cardinal pour la formation d’une opinion publique éclairée, je le maintiens. Et il y a heureusement des journalistes qui résistent à cette confiscation, et c’est bien courageux.

      LA PARTIE que je pensais confier de temps en temps à n’importe qui, oui à n’importe qui, c’est la partie « ORGANISATION DES DÉBATS » où il s’agit de choisir des interlocuteurs (variés) de bords opposés et de les aider à échanger en restant soi-même en retrait. Ne me racontez pas que cette fonction est inaccessible à d’autres que des journalistes professionnels.

      C’est peut-être une mauvaise idée, il faut peut-être la transformer, ou l’oublier, mais on peut en parler sans s’empailler, il me semble :o)

      Encore une fois, je trouve absurde de nous opposer sur ce sujet, surtout sur ce ton agressif, alors que Théoven serait probablement un excellent pourfendeur des dérives médiatiques, et surtout un excellent proposeur de solutions simples et efficaces.

      En tout cas, danger-de-l’Internet-non-fiabilisé-par-des-professionnels ou pas, heureusement qu’on a eu l’Internet pour s’informer entre nous à propos du TCE, de l’OMC, de l’AGCS, de l’ADPIC, des OGM, etc. Cela ne retire rien aux quelques journalistes courageux qui nous ont bien aidés, et on n’a pas dit là qu’on n’a pas besoin des journalistes, mais heureusement qu’on a l’Internet, quand même :o)

      Écoutons-nous mutuellement avec respect, avec la certitude ‘a priori’ que l’autre peut avoir raison et qu’il faut bien l’écouter pour progresser :o)

      Pardonnez-moi de ne pas répondre à toutes les objections, mais je suis complètement débordé :o)

      Merci pour votre soutien et votre bienveillante compréhension qui me sont précieux :o)

      Merci aux responsables du site Bellaciao dont le travail est e-ssen-tiel :o)

      Amicalement.

      Étienne.
      etienne.chouard@free.fr

      PS : si éventuellement vous voyez que je traîne à répondre, envoyez-moi un petit mail chez moi pour que je vous rejoigne sans tarder :o)

    • Bonjour, cher Etienne,

      Merci de votre réponse, je ne vais pas tarder à vous envoyer un mail qui reprendra l’essentiel des éléments que j’ai voulu livrer ici. Je tiens à préciser que mes réactions ne sont pas le produit d’un malentendu, mais font suite à plusieurs mois de pilonage extrêmement violent et caricatural contre la presse dans son ensemble, durant lesquels j’ai surtout assisté à des agressions hystériques menées par des gens qui voulaient "casser du journaliste", sans pour autant connaître quoi que ce soit à ce métier. Le fait que Bellaciao ait reproduit votre papier n’est en aucun cas un hasard.

      Vous qui avez disséqué avec tant de patience le texte ô combien confus et piégé du TCE, j’aurais aimé vous voir oeuvrer avec autant de rigueur sur le sujet qui nous occupe. Tout simplement parce que la critique des médias est un domaine qui demande du sérieux, de l’analyse et qui ne peut se satisfaire d’opinions simplistes.

      En réponse à certains intervenants de ce forum, je dirais que je me passe volontiers de leurs leçons. Etant un militant associatif et altermondialiste de la première heure, j’ai donné de ma personne, en France et à l’étranger, bien plus qu’ils ne le feront jamais. Leurs agressions à mon encontre prouvent seulement qu’ils ne comprennent rien à l’action collective, et qu’ils sont surtout là pour évacuer leurs frustrations. Ces attitudes caricaturales ne font que fournir des armes à nos ADVERSAIRES COMMUNS, qui ont beau jeu de désigner à une opinion fluctuante "tous ces gauchistes qui veulent le retour au paradis soviétique".

      Pour convaincre nos concitoyens, il faudrait maintenant penser à être convaincants. Et arrêter de se tromper de cible.

      Theoven

    • J’ai surtout assisté à des agressions hystériques menées par des gens qui voulaient "casser du journaliste", sans pour autant connaître quoi que ce soit à ce métier. Le fait que Bellaciao ait reproduit votre papier n’est en aucun cas un hasard.

      merci de la part des hystériques de bellaciao... continue à te dévoiler Theoven, on se marre bien !

    • Je n’ai même pas relevé à nouveau son amalgame et sa généralisation abusive, ni son corporatisme... comme il le dit, "on" n’arrête pas de se répéter et "on" n’arrête pas "en général" de tourner en rond... toutes qualités (judicieux sophisme vous en conviendrez) qui font un honnête et bon journaliste en droit de critiquer les autres.

      Fred. de L.

  • alors là, M ; Chouard, vous exagerez, de quel droit remettez-vous en cause le métier de journaliste, oui je m’imagine lire dans n’importe quel hebdo,quotidien la chronique d’un citoyen choisit par vote, j’imagine...Croyez-vous M. Chouard que ce citoyen sera objectif croyez-vous que ce citoyen fera oubli sur ces petits problèmes personnels.. Escusez moi , mais la presse existante avec toutes ses imperfections, et bien cettre presse je ne veux pas la perdre et je n’ai pas du tout envie mais pas du tout qu’elle devienne une brève de comptoire.

    Aujourd’hui le JT sont nases, c’est vrai mais allez chaque jour dans un quotidien différent vous arriverez à trouver une réflexion une remise en question ; et je ne souhaite mais pas du tout que
    les quotidiens "Libération" et France soir disparaissent ; car demain sera quoi ?

    Nicole

  • Bon, ça y est, c’est fini, tout le monde est calmé ?

    Eh ben dis-donc, pour chauffer, ça a chauffé !

    A en croire certaines réactions, on se serait cru dans une de ces chapelles psy qui tombent en hystérie et en imprécations anathémiques sitôt qu’on fait mine de remettre un peu en cause leur sacro-sainte toute-puissance.

    [Non, tout le monde n’est pas calmé, je le sens, je le subodore...]

    Le Yéti, hilare

  • Bonjour. Mon épouse est journaliste dans un hebdomadaire local (Lyon Capitale). Ils étaient en grève hier après-midi, suite au débarquement de leur PDG, rédacteur en chef (ex fondateur de ce canard qui a plus de 10 ans) par le nouvel actionnaire (M. Rousset du groupe d’assurances APRIL). Débarquement signifé par des arguments bateaux sur la mauvaise gestion (pas assez rentable selon l’actionnaire) d’un journaliste qui a pourtant créé (avec quatre autres personnes) un média de presse écrite incisif dans le microcosme lyonnais. Son licenciement sec sans indemnité a fait l’objet (....) d’une décision de l’actionnaire (....) . Joyeuse guerre sur fond de survie d’un journal qui avait réussi, bon an mal an, à ouvrir des débats contradictoires dans ses pages (tribune de Michel Noir, de Philippe Corcuff, cahiers thématiques sur la citoyenneté, l’urbanité, etc... qui, chaque mois, invitait dans leurs locaux des acteurs divers du monde politique, associatif, culturel, social). Leur situation fait partie de tant d’autres, désormais pieds et poings liés aux multinationales, aux fonds de pensions ou à des actionnaires individuels désireux d’acquérir des journaux pour poursuivre leur business. On est loin, très loin de la déontologie, de l’éthique de ce que l’on appelle le 4ème pouvoir, dorénavant accaparé par le Pouvoir tout court, celui de l’argent. Les fusions acquisitions de ces 20 dernières années auraient du inquiéter la profession. Ce fut le cas à de rares moments, les derniers en date les plus connus (Le Monde et Libération), révélant une fois encore la crise de la presse écrite (et audiovisuelle), copie conforme des oligopoles qui se forment dans d’autres secteurs d’activités. Dans ce contexte, les plus curieux des lecteurs, comme les plus engagés parmi les militants, sombrent parfois dans l’invective, voire la curie à l’égard d’une profession qui s’est souvent déshonorée, pour ne pas dire à crier allégeance au nouvel Empire, mais qui dans le même temps, a combattu et combat encore cette irréversibilité. Mais de ça rassurez-vous il n’est pas consacré de lignes ni référence de soutien à leur combat. Et pour cause, dans la presse comme pour les lecteurs, le message est chloroformé : tout va bien, voyez comme la presse est libre, ses journalistes heureux et fier de tenir le sceptre du 4ème pouvoir dans leur plume ouverte sur le monde. La réalité est toute autre. La fracture sociale dans la profession est encore plus acérée que dans d’autres secteurs. Les journalistes qui sortent des écoles (il y aurait là également matière à débat sur la nature de l’enseignement) ont très peu de marges de manoeuvre pour exercer leur profession. Les historiques, les caciques du métier pour une grande part, leurs font bien comprendre qu’ils leur faut passer tout d’abord par la rubrique des chiens écrasés puis du langage dominant, pour espérer se faire une place dans ce monde de fous. Ne parlons pas des conditions de travail, des salaires (la recrudescence des pigistes payés à coup de lance pierres est bien réelle), des lignes éditoriales somnifères (tenez, lisez les articles au sujet du sommet de l’OMC qui se tient actuellement à Hong-Kong, c’est effarrant de condescendence, de petites phrases sur les stratégies des uns et des autres, jamais d’informations plus concrètes sur ce qu’est cette institution internationale, ses projets, etc.. Du Monde en passant par Libé, le Nouvel Obs, j’en passe et des meilleurs, on maintient le lecteur dans l’ignorance, relayant goulûment les incidents des opposants à l’OMC. La liste est longue de sujets maltraités, reformulés pour complaire aux actionnaires, aux patrons de rédaction, ancien maoiste à Libération reconverti dans le business par exemple, les mêmes qui s’affichent dans le petit écran aussi hargneux qu’ils peuvent l’être à l’égard de leurs salariés.
    Cette réalité là, beaucoup de journalistes n’ont pas voulu l’appréhender, à tort ou à raison selon les contextes. Aujourd’hui ils sont au pied du mur comme d’autres. Aussi plutôt que de les juger (même si certains mériteraient un bon coup de pied aux fesses), aidons-les plutôt à ouvrir enfin un débat contradictoire sur leur profession, sur les incidences de ce renversement de pouvoir, sur leurs conditions de travail, sur leurs et nos attentes. C’est là qu’on pourra faire émerger de nouvelles résistances, en lien avec d’autres luttes similaires qui ont les mêmes adversaires, en deux mots retisser les liens solidaires, redévelopper le regard et le sens critique sans lesquels on ne peut bâtir d’alternatives. Je disais à ma femme que l’année 2006 serait riche en initiatives dans ce sens. L’occasion pour eux comme pour d’autres de se réunir, d’affronter leurs opinions, leurs pratiques, leurs divergences comme leurs idées pour mieux construire. A l’instar des soutiens qu’ils ont obtenu de leurs collègues d’autres publications (je pensais à tort qu’ils allaient plutôt faire la sourde oreille), nous militants d’organisations politiques, syndicales, associatives, apportons-leur ce que l’on sait faire de mieux, de la solidarité, certes avec le regard et l’esprit critique, mais de la solidarité. Arrêtons de classifier, de juger, de trancher, agissons pour que l’enfermement institué par les prédateurs cesse, qu’il donne lieu à rassemblement plutôt qu’à la dispersion. Les militants que nous sommes ont d’ailleurs tout intérêt à agir de la sorte, au risque de se couper plus encore d’une profession qui a, malgré son atomisation, des moyens bien supérieurs au nôtre pour transmettre du savoir et du débat d’idées. C’est à cette condition, je me répète et je conclue, qu’on redonnera ses lettres de noblesse à la presse, à la profession, et de surcroît à nos combats.
    Je vous salue.

    (note bellaciao : on s’est permit de couper qq passages, pas la peine de se voir coller un procès pour diffamation... à la limite, en signant ton message...merci ... TM)