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Nicola Calipari : selon le Washington Post, l’unité militaire américaine avait déjà tiré sur des civils

Publie le lundi 7 mars 2005 par Open-Publishing

Nicola Calipari enterré en héros

Des obsèques nationales ont eu lieu à Rome ce matin

Selon le « Washington Post », l’unité à laquelle appartiennent les soldats qui ont tué l’officier italien avait déjà tiré sur des civils.

de J.R

L’officier des services secrets italiens Nicola Calipari, tué vendredi en protégeant la journaliste Giuliana Sgrena, a été enterré en héros lundi à Rome. Le président de la République Carlo Azeglio Ciampi et Silvio Berlusconi, le chef du gouvernement, ainsi que les plus hauts responsables politiques du pays, ont assisté aux obsèques nationales en la basilique de Sainte Marie des Anges.

L’épouse et les deux enfants de l’agent des services secrets, âgés de 13 et 19 ans, étaient installés au premier rang. Avant d’être porté à l’intérieur de l’église bondée, le catafalque, porté par six militaires représentant toutes les armes, est passé entre une haie de soldats tandis que retentissait la sonnerie aux morts, . Le cortège funéraire, formé d’une dizaine de voitures, avait quitté un peu plus tôt l’Autel de la Patrie où avait été dressée dimanche une chapelle ardente. Il a parcouru au pas le kilomètre séparant ce monument de la basilique. Tout au long du parcours la foule massée sur les trottoirs a applaudi le corbillard tansportant le cercueil de Nicola Calipari. La cérémonie religieuse a été retransmise en direct sur plusieurs chaînes de télévision.

Calipari a été tué par des soldats américains vendredi soir en sauvant la vie de Giuliana Sgrena, tout juste libérée après un mois de détention à Bagdad. A moins d’un kilomètre de l’aéroport de Bagdad, leur voiture a été prise sous le feu américain. Selon la version de l’armée américaine, les Marines ont lancé des appels lumineux et fait des tirs de sommations. Mais la journaliste italienne d’« Il Manifesto », opposante de toujours à la guerre en Irak, a déclaré qu’elle pourrait avoir été intentionnellement prise pour cible. La promesse faite dimanche par la Maison Blanche de mener une « enquête complète » n’a pas fait taire la polémique sur la fusillade, qui a ravivé des ressentiments de la péninsule contre les Etats-Unis et leur guerre en Irak.

Aucun élément permettant de suspecter un guet-apens n’a pour l’instant été recueilli par les magistrats italiens chargés de l’enquête. Dans son édition de lundi, le Washington Post, citant une source militaire anonyme, affirme que les militaires américains étaient au courant du passage sur la route de l’aéroport d’un haut responsable de l’ambassade italienne et qu’ils avaient pour mission de lui apporter leur soutien. « Mais il n’y a pas eu de coordination spéciale entre les gens chargés de sauver Sgrena et l’unité militaire responsable du check-point », écrit le quotidien américain sur la foi de cet expert militaire. Cette absence de communication entre Américains et Italiens explique le drame, estime le « Post ». Pour son expert militaire, « l’absence de coordination préalable avec l’unité sur le terrain » est la cause principale de la bavure. « Si nous avions été avertis, nous aurions pu gérer et soutenir cette mission très différemment » affirme cette source.

« Des documents de l’armée montrent que la troisième division d’infanterie -l’unité militaire à laquelle appartiennent les troupes responsables de la mort de Calipari- a été impliqué dans d’autres tirs contre des civils », précise encore le quotidien. Selon ces documents, plusieurs soldats interrogés par des enquêteurs militaires ont affirmé avoir tiré sur des civils, tuant des femmes et des enfants, dans des circonstances similaires à celles de vendredi : voiture non identifiée s’approchant d’un barrage militaire.

Le New York Times s’en prend lui aussi avec virulence aux errements de la mission de l’US army en Irak et dénonce les dangers qui attendent « des milliers d’Irakiens » aux check-points tenus par des soldats américains hantés par la menace des attentats-suicides. « Après le scandale des sévices sur les prisonniers d’Abou Ghraib, aucun autre aspect de la présence militaire américaine en Irak ne provoque autant de consternation et de colère chez les Irakiens (...) » écrit le correspondant du NYT à Bagdad.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=280575