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Non-dit sur la charge politique de la langue française (zaz)

Publie le vendredi 16 janvier 2009 par Open-Publishing
6 commentaires

-Avertissement 1 :

Comme le lecteur le sait déjà, la mention "zaz" accompagnant nos textes indique une manière d’écrire délibérément décalée, qui ambitionne par un éclairage oblique à plus de perspicacité dans l’analyse politique.

-Contre avertissement 2 :

Il serait toutefois honnête, cher lecteur, de préciser que divers esprits ont objecté de façon radicale combien ce style zaz n’avait rien de décalé au sens où on l’attendrait marrant, que son seul décalage était à chercher dans la démarche en crabe de ses raisonnements, leur "imbitabilité" verbale, leur sérieux au fond plus qu’abyssal. Notre réponse à ces critiques est : c’est possible !

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1. La question du français

Une fois n’est pas coutume, nous organiserons librement ici un petit machon de la pensée en 4 plats (les vin, café, pousse-café dans l’immédiat étant encore imprévus), sur la base d’un texte publié dans Beta, dont notre préoccupation première n’est pas de le défendre ni d’ailleurs de le critiquer. Nous pensons cette entrée en matière de notre part "originale" en tout cas inaccoutumée, elle devrait permettre si on n’est pas a priori fana venimeux de piger dans quel esprit relativement convivial (enfin presque quoi !) on aborde notre affaire.

Dernièrement donc, un comité de défense publiait à notre intention à tous un Manifeste progressiste pour la déf.... En gros, si on trahit pas, il s’agissait de défendre le français contre l’anglais, contre la "pensée unique", et dans une optique "progressiste". Nous ne doutons pas des bonnes intentions des promoteurs, et ils ont bien le droit approximativement de soutenir le français pour les raisons qui sont les leurs. S’en prendre en outre à ces "maudits Anglais", n’est pas non plus en soi, pour des hexagonaux du moins, un crime abominable.

Il est clair toutefois que les initiateurs du manifeste n’ont pas rencontré l’enthousiasme qu’ils escomptaient sans doute. 4 critiques ou suggestions principales ont été précisément émises.

 Le français est une langue imbécile et dépassée (notamment c’est évident sur le plan de son orthographe), il véhicule une idéologie fixiste, hiérarchique et normative.

 Un intervenant proposait une logique de réforme élaborée de pied en cape

 Ce manifeste est réac, disait encore un autre

 Le français a politiquement une charge négative dont on ne mesure pas la terrible ampleur, exprimait semble-t-il le dernier.

Notre entreprise sera ci-après donc de prendre exclusivement le travail de la contrepartie sur la base des quatre points d’attaque qu’on vient de relever.

2. Le français est une langue imbécile et dépassée (notamment sur le plan de son orthographe), il véhicule une idéologie fixiste, hiérarchique et normative

Sur le plan de l’orthographe est-il la peine de souligner la presque intense débilité ? Oh ! l’amour que nous avons tous encore tellement, oh ! nos fixations infantiles aux impérissables choux, hiboux, cailloux, genoux ! Il faut des règles OK ! il en faut. Un peu. On peut dire que le XIXe siècle bourgeois a excellé dans la subtilité et l’inutilité en même temps qu’il excellait dans l’inégalité. Beaucoup d’esprits qui se croient aujourd’hui doués ne seraient pas capables en vérité de bien accorder le participe passé avec avoir (allez dans le Grévisse ou même seulement dans le Bled, renouez avec les choses dans leur réelle complexité), beaucoup d’entre nous nageraient mal dans les pronominaux (se succéder), tout le monde se planterait maintes fois dans les traits d’union, etc. Encore ne parle-t-on pas de l’emploi de la virgule, souffle de la langue, qui souffle si différemment en français et en anglais. Tout cela est-il à démontrer sur 200 pages ?

Mais ce n’est pas seulement l’orthographe qui date dans le ridicule, dans la pharmacie, dans l’éléphant, dans l’olifant, dans le nommer, dans le nominatif. Ce n’est pas seulement la forme, c’est le fond. Je vois une gourde, ou un gourdon, s’offusquant d’un ministre : il a dit « nous avons convenu, quelle horreur ! alors que nous devons dire nous sommes convenus que... » " Y a le "solutionner" qui est si laid, y a le par contre qui n’est pas si beau que l’en revanche. L’élitisme qui sommeille, la différence sociale qui réveille est partout sous la langue.

Bon, bref, n’allons pas plus loin, tout le monde en sait assez. Les plus savants parmi nous pourrons quand ils sont "progressistes" à loisir étoffer.

Le posteur constructif, le « postier » peut-être pour pas faire anglais, qui nous a fourni sa réforme de choc, cohérente, troublante, n’est pas inutile. Il faut certainement faire un geste décisif en la matière. On peut faire par étapes pour ne choquer personne, mais ce serait tout de même la moindre des choses que les "tolérances" de l’éducation nationale élaborées au cours des décennies passées deviennent au moins la règle moderne, à commencer dans le Journal Officiel. En finir avec les accents défaillants, l’événement, le médecin, et même avec la câpre, la châtaigne et la tête.

3. Ce Manifeste est-il en réalité réac ?

Ce n’est pas, on le disait, notre objet d’attaquer a priori des plutôt amis. Les initiateurs du manifeste sont du parti communiste, de gauche donc, on va pas bêtement se tromper de maison. On n’est pas sur Radio Courtoisie, on ne défend pas en théorie une France mythique qui n’est plus.

Peut-être toutefois faudrait-il se poser la question de ce qui est "réac" au sens étymologique ou radical ! : Ce qui fixe, ce qui ossifie, ce qui tue le mouvement nécessaire.

Il peut y avoir des raisons de défendre le français, ce que, il est vrai, nous n’examinons pas présentement. Il peut y avoir des raisons de le contester aussi. Le français porte douloureusement en lui, croyons-nous, la vieille lutte des classes.

C’est du vieux, dites-vous, du révolu ! Non mais, vous rigolez !

Toute la France, toute la société, tout l’enseignement supérieur est ankylosé dans cette affaire en or pour les classes dominantes. Le choix de l’anglais est visible certes chez les élites internationalisées, OK, OK ! Le choix normatif du français est le socle premier. Sciences-po, l’ENA, même la télé dans son apparente nullité ! la littérature sont de classe. Discrètement, intelligemment, les maisons d’édition gardent le temple, le cinéma français et toute le grande culture française le gardent de même dans leur merde biaisée.

L’artiste maudit n’existe pas, c’est un mythe, il est bourge ! et c’est, y a bien longtemps, que les impressionnistes étaient chômeurs, comme ils disent non sans rire dans "Musée haut, musée bas".

4. La haine du français par les Français

Bien sûr les Français ne haïssent pas "que" ! quand il s’agit de leur langue. Ils ne sont pas dénaturés, les malheureux blaireaux ! ils chérissent dans leurs tripes ce qu’ils tiennent de leur mère et de leur pères. Eh mais, en même temps, oui, il y a problème ! avec refus de voir, refus de dire. En parallèle, conjointement, concurremment, certainement ils ont en même temps la haine !

Il est certain ici que Hage, député PCF, doyen de l’Assemblée, qui parraine ce manifeste, et laisse sa place prochainement à son jeune remplaçant, ne soulève pas l’hostilité, évidemment ! Nous soutenons toutefois que les Français à force ont aussi les "boules", ces boules qui gênent leur déglutition. Dans le sommeil, dans le chômage, dans le SMIC, dans le vote les années où il y a vote. Vous croyez que les Français acceptent la présence incessante des politiques à la télé ? vous croyez que les Français acceptent la rémunération que se donnent à eux-mêmes les parlementaires ? Vous croyez que les Français acceptent les grassouillets à lunettes design qu’on envoie à Bruxelles ? vous croyez qu’ils acceptent les réformes de la Constitution où ils n’écrivent pas une ligne ? Vous croyez qu’ils aiment les toquantes des uns et des autres, leurs nanas, leur luxe, les parlers raffinés et leurs porter beau ?

Le fait que les Français aient opté si facilement pour l’euro en larguant leur vieux cher Franc devrait faire réfléchir !

Cette pseudo-république, qui n’a jamais été démocratie, porte en elle-même trop de ressentiment .

Ils brûlent les voitures, un jour ils vont brûler Sciences-po et l’Elysée !

5. Enfin , une dure conclusion

D’ailleurs même nos amis francophones ne supportent plus du tout le français, tu vas voir que d’ici un an ou deux au plus , à Yaoundé à Bamako, les noms de rues seront partout écrits exclusivement en chinois.

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Alain Serge Clary et les Inoxydables philosophes de l’Ocséna vous saluent bien !

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Les Pensées zaz de l’Ocséna

Ocsena, Organisation contre le système-ENA... et pour la démocratie avancée
 http://ocsena.ouvaton.org

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