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« Nous avons besoin d’idées neuves »

Publie le jeudi 28 septembre 2006 par Open-Publishing
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jeudi 28 septembre 2006 dans Politis n° 919

un entretien de Michel Soudais avec Clémentine Autain

Clémentine Autain, adjointe au maire de Paris (apparentée PCF), s’est proposée pour figurer en 2007 « sur le bulletin de vote » du rassemblement antilibéral. Pour elle, l’élan du référendum sur le TCE doit inspirer cette campagne électorale.

 La multiplication des candidatures traduit-elle l’incapacité de la gauche antilibérale à s’unir ?

 Clémentine Autain : Non. Dans un processus innovant par rapport aux traditions qui ont été celles des organisations partie prenante du rassemblement, il est normal qu’aucune personnalité incontestable ne s’impose. La question est de savoir quel profil peut fédérer ces différentes sensibilités. C’est un choix politique. Pour moi, le critère déterminant est de savoir qui permettra le consensus le plus large pour que personne ne sorte du cadre de la photo. Le trip de la Ve République, avec l’homme providentiel qui a rencontré le pays, n’est pas l’état d’esprit de la campagne très collective que nous voulons mener.

 Comment voyez-vous cette campagne ?
 Ce qu’on a inventé à l’occasion du référendum européen doit nous inspirer. D’abord une campagne de contenu : on intéresse les citoyen-ne-s à la politique quand s’affrontent des visions de la société. Or, j’ai la conviction que nous sommes la seule alternative crédible et durable à Nicolas Sarkozy. Quand il prône l’ultralibéralisme et l’autoritarisme, nous affirmons les valeurs de solidarité, d’émancipation ­ individuelle et collective ­, de développement humain. Nous devons combattre la droite dure sur le fond, en lui opposant sur tous les terrains la cohérence d’une perspective de transformation sociale authentiquement de gauche. Ensuite, dans la campagne contre le traité européen, il n’y avait pas un grand chef qui expliquait d’en haut ce qu’il fallait faire, mais un mouvement circulaire où chacun-e pouvait s’approprier un bout de la campagne. De ce point de vue, Internet a joué un rôle déterminant. Avec un collectif de porte-parole, toutes les sensibilités peuvent être représentées, et nous pouvons reproduire en 2007 l’alchimie victorieuse du 29 Mai.

 Sur le programme, des désaccords subsistent. Quelle est votre position sur le nucléaire ?
 C’est l’un des points d’équilibre qu’il nous faut trouver. Celui ou celle qui figurera sur le bulletin de vote devra en tout cas défendre la position commune. Cela dit, on doit pouvoir partager les termes du débat et l’objectif. Devant la question de la fin du pétrole, comment faire face aux enjeux énergétiques et partager les ressources partout dans le monde, sans mettre en danger la planète ? Les économies d’énergie, la maîtrise publique de l’énergie et le fait de préserver les ressources naturelles sont des points sur lesquels, je pense, on est tous d’accord. Diversification des sources d’énergie, transparence, précaution, sûreté, démocratie : voilà le socle commun. En tout état de cause, il est fondamental qu’EDF-GDF reste à 100 % public, en sorte qu’il puisse y avoir une maîtrise démocratique de ces enjeux.

 Et sur la question du droit de vote des étrangers ?

 Je suis favorable au droit de vote des étrangers. Cette position est largement partagée. Plus globalement, n’oublions pas que ce qui nous rassemble est supérieur à ce qui nous divise, et les choses doivent être dynamiques. Il est fini le temps où on savait exactement, dans le détail, tout ce qu’on allait faire dans les cent premiers jours et même après (et qu’on ne faisait pas !). Si on croit à la démocratie, il faut accepter que toutes les discussions ne soient pas closes. D’autres débats extrêmement intéressants nous animent : travail-revenu, croissance-décroissance... Je ne viens pas de la tradition de la décroissance. Je pense qu’il faut développer des activités utiles qui répondent aux besoins. Mais les questions soulevées par cette mouvance m’intéressent parce qu’elles interrogent le type de croissance et de développement que l’on veut. La rencontre de traditions différentes est féconde.

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