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Nouveau commando antipub dans le métro

Publie le mardi 23 décembre 2003 par Open-Publishing

Plus discrètes, les « équipes » ont tagué au marqueur.

Pour leur quatrième opération commando en deux mois, les barbouilleurs de pub du métro parisien s’étaient donné rendez-vous, une fois encore, « vendredi soir, à 19 heures précises ». Avec la ferme intention de tirer les leçons de l’action du 28 novembre, qui avait conduit à une centaine d’arrestations à l’entrée du métro. « Venez en métro aux différents points de rendez-vous. Chaque petit groupe spontanément constitué partira au moment annoncé, indiquait le site stopub.tk, quelques heures avant le début des hostilités. L’objectif est d’en faire le maximum, le plus vite possible. Cela n’empêche pas de faire du beau, mais la contrainte du temps et la recherche de l’efficacité sont déterminantes. » L’appel a été entendu : selon les organisateurs, entre 400 et 500 militants antipubs se sont rendus vendredi soir à l’un des seize points de ralliement. « Avec du matériel plus discret, mais une détermination intacte », se félicite le site qui ne recense « que » douze PV pour « dégradations », et aucune arrestation.

19 heures, vendredi, station Château-d’Eau. « Vous êtes venus pour l’action ? », demande discrètement Mathieu (1), le « référant » du jour, à ceux qui attendent sur le quai. « A mon signal, on y va. Ne restez pas collés les uns aux autres, on est surveillés. » Les rames défilent. On se refile des marqueurs sous le manteau. A Réaumur-Sébastopol, le commando passe à l’action. Pas de bombes ni de rouleaux à peinture, cette fois, mais de simples marqueurs, « tout aussi efficaces ». « On arrête, il y a des keufs au bout du quai ! », lance Mathieu. Jusqu’à la station suivante.

19 h 40, station Châtelet. Un autre groupe est déjà passé par là : « Ni pub, ni soumise », « la pub tue », « n’oubliez pas de rire avec vos enfants avant de les coller devant la télé », lisent les passants, amusés ou ahuris. Une femme accompagnée de ses deux enfants fait un signe : « Attention sur la ligne 11 ! Y a plein de flics, ils ont embarqué vos collègues. » « Touchez pas aux pubs pour le whisky ! », plaisante un homme.

A Opéra, un autre groupe, plus virulent, est sur place. Malgré les consignes, certains sont venus avec leurs bombes de peinture. D’autres ont prévu des tracts. « Tenez madame, lance l’un d’eux. Lisez, vous verrez : la pub, c’est à chier ! » « Je sais, répond-elle, ça fait quarante-trois ans que je travaille dedans ! » Parmi eux, Jean-Claude Oubbadia, un responsable de l’association Résistance à l’agression publicitaire (RAP), autre mouvement antipub, plus ancien et plus légaliste. Oubbadia est venu voir à l’oeuvre « la nouvelle génération » : « On partage les mêmes idées, on a les mêmes objectifs. Mais, nous, on s’engueule avant de s’engager dans quelque chose d’actif. Eux, ils sont organisés et efficaces. Un parfait compromis entre autonomie de pensée et rigidité opérationnelle. »

20 h 55, station Trocadéro. Des vigiles de la RATP ont repéré les tagueurs, qui s’arrêtent, se dispersent et se retrouvent sur un autre quai de la même station : « Toujours plus déterminés et toujours joyeux, toujours plus nombreux et toujours non violents. »

(1) Le prénom a été modifié.

Par Guillaume ROLLIN

http://www.liberation.fr/page.php?Article=166968