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ON A BESOIN DE TRAINS MOINS RAPIDES MAIS PLUS SÛRS

Publie le mardi 27 décembre 2005 par Open-Publishing
2 commentaires

de MASSIMO SERAFINI Traduit de l’italien par karl&rosa

Les images de la tragédie ferroviaire dans la petite gare de Roccasecca provoquent indignation et rage. Plus on les regarde, plus émergent les responsabilités : de ceux qui ont pensé aux affaires, aux sous-traitances et aux grands ouvrages plutôt qu’à moderniser et à mettre en sécurité le réseau ferroviaire, sur lequel se déplace, sur des tronçons qui ne dépassent pas les 70 kilomètres, la quasi-totalité des Italiens.

Je doute qu’en les regardant les stratèges de la ligne rapide entre Lyon et Turin se soient convaincus des fortes raisons du peuple du Val de Suse et qu’ils aient changé d’avis. De ceux du centre-droit il n’y a rien à attendre.

C’est déjà beaucoup qu’ils aient eu le bon sens de ne pas procéder à l’inauguration électorale de la ligne rapide Rome - Naples. Ce sont des gens s’adonnant depuis toujours à une idée de la politique encline à produire des affaires, y compris des affaires illégales, plutôt qu’à satisfaire les besoins de la collectivité. C’est pourquoi ils ont réduit dans la loi de finance une grande partie des fonds pour moderniser et mettre en sécurité le réseau ferroviaire et concentré, au contraire, les ressources sur les projets pharaoniques et inutiles de la loi objectif, comme la ligne à grande vitesse Lyon - Turin, le pont sur le détroit de Messine ou le Mose à Venise.

Du centre-gauche, au contraire, il y a quelque chose à attendre. En premier lieu qu’il livre une bataille forte et visible contre les tentatives, qu’on fera de plusieurs côtés, d’attribuer l’accident d’hier à la fatalité ou à une faute humaine. Une opposition dure à cette thèse, dans le parlement et dans le Pays, doit rendre claires à l’opinion publique les véritables causes des désastres à répétition et du mauvais fonctionnement des chemins de fer : la réduction du personnel, l’augmentation des charges de travail et la réduction des ressources pour rendre plus moderne, plus rapide et plus sûr le réseau existant.

Dénoncer cela rendrait clair à tout le monde que dans ce Pays il y a une autre façon de faire de la politique, hors du comité d’affaires, et surtout une autre façon de prendre les décisions, en ne pensant pas seulement aux sous-traitances qu’elles produisent, mais à combien de problèmes elles résolvent pour les Italiens. Mais, surtout, la tragédie d’il y a deux jours devrait amener les forces de l’Union à repenser leurs propres priorités stratégiques sur la mobilité des personnes et des marchandises.

Ces trains recroquevillés et les souffrances qu’ils ont provoquées ne disent pas avec clarté ce que nous disent depuis des mois les maires du Val de Suse, c’est-à-dire que c’est une absurdité de continuer à penser investir toute les maigres ressources dont dispose le Pays pour déplacer rapidement les marchandises entre Lyon et Turin ou pour arriver de Rome à Naples en économisant vingt minutes, plutôt que d’offrir aux voyageurs et aux marchandises un réseau ferroviaire moderne, rapide et sûr.

Il est peut-être plus réaliste de demander qu’on regarde au moins d’une façon différente le peuple du Val de Suse et la nécessité de s’y confronter, en en comprenant les raisons stratégiques et en laissant tomber les accusations de corporatisme. Une confrontation qui doit peser dans les programmes en matière de mobilité des personnes et des marchandises et, pourquoi non ?, dans la composition des listes aussi, qui pourraient avoir moins de Chiamparino [le maire actuel de Turin, ndt] et plus de Ferrentino [le président de la Communauté des communes de montagne de la Basse Vallée de Suse, ndt.]

http://www.ilmanifesto.it/Quotidian...

Messages

  • Oui c’est vrai, pour comparer avec la france, le TGV Avignon-Paris a été fait pour mettre les deux villes à moins de trois heures, ce qui a permis de remplir des trains avec reservation et billets chers.
    de plus en plus cher. ce qui donne des arguments aux privatiseurs de la SNCF...
    c’est un gros problème : soit la voiture polluante , soit le train rapide très cher avec souvent des "arrangements" au plus haut niveau pour obtenir les marchés, soit la solution de l’auto-stop de plus en plus, à mesure que des liaisons non rentables et pas assez rapides seront supprimées.

    donc oui, la rapidité nuit au droit de voyager, je suis d’accord.

    jyd.

    • L’Italie nous le montre, comme la Grande-Bretagne l’a fait avant, et comme la France s’y dirige doucement :

      Le démentellement du service public, notemment sur les transports publics de courte distance est malmené.

      Les batailles pour l’environement, pour un moindre coût exige de tenir le viel objectif de transports en commun maillant étroitement le territoire, sûrs, peu coûteux, voir gratuuits et confortables. Cette logique nous permet de penser un grand service public européen du transport coordonnant transports en communs routiers et ferroviaires (voir d’autres solutions adaptées au mieux des circonstances et objectifs locaux quand ceux-ci sont plus ambitieux), essayant de faire en sorte que les gens laissent le plus possible de côté le transport en voiture.

      Ce service public européen ne peut se faire à l’économie, delaissant le maillage du territoire au profit de lignes à grande vitesse, délaissant les transports pour travailleurs, délaissant les objectifs rentables pour la société de la gratuité. Afin de n’être pas une hydre bureaucratique il doit être sous le contrôle démocratique le plus clair, laisser la gestion aux collectivités locales quand les transports relevent d’une zone determinée mais avec des obligations minimales obligatoires à respecter.

      Ces objectifs s’accomodent mal de la privatisation du rail, ils en sont l’inverse. Ils s’accomodent mal des modes de gestion privée d’entreprises publiques, modes de gestion dispendieux et peu efficaces.

      Lire ce qui c’est passé en Italie dans le rail public c’est lire ce qui c’est passé dans le rail privé anglais. Au final c’est la société qui souffre et paye (et pas les entreprises privées, l’état blairien liberal est finalement contraint à ouvrir le porte monaie pour fair ce que les bourgeois sont incapables). De mêmes logiques à l’oeuvre....Une gestion à l’image des entreprises privées, gestion qui s’accomode mal des gains pour la collectivité et de bien être des populations. De mêmes problèmes à l’oeuvre et l’annonce que ceux-ci ne sauraient tarder à arriver en France...

      C’est un problème européen, qui necessite des réponses également à cette échelle.

      Ce que la direction de l’UE actuelle est bien en peine de réaliser, ainsi que les partis soutenant sa politique.

      Copas