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Opération coups de poing à la « Star Ac’ »

Publie le lundi 20 octobre 2003 par Open-Publishing

La tentative de prise de parole des intermittents, samedi soir sur TF1, a tourné à la mini-émeute.

Par Bruno MASI

lundi 20 octobre 2003

« Quand j’ai appris les conditions de cette intrusion, j’ai tout de suite lancé "Julie Lescaut". Je ne discute jamais sous la contrainte. » Etienne Mougeotte, vice-président de TF1

Au lendemain de l’intervention en direct sur le plateau de la Star Academy diffusée par TF1, les intermittents ont la gueule de bois. Six blessés, quatre interpellations, dont une à domicile hier matin. Ce qui ne devait être qu’une prise de parole pacifique s’est transformé samedi soir en une mini-scène d’émeute.

Il est près de 21h30 quand une cinquantaine d’intermittents du spectacle rejoignent la scène. La musique et les applaudissements cessent. Le présentateur Nikos Aliagas leur souhaite « la bienvenue ». En fond, une banderole « Eteignez vos télés » est déroulée tandis qu’un manifestant dit vouloir parler. Mais devant les portes, un autre groupe affronte l’équipe de sécurité et la police venues en renfort. Dans la bousculade, une porte vitrée est brisée. Des coups fusent. L’émission est interrompue. Un épisode de la série Julie Lescaut est catapulté sur l’antenne. A l’extérieur des studios, c’est la confusion : les pompiers évacuent les blessés et la police fait le ménage. Le public, après avoir hué l’intervention, sort calmement. Caméras et appareils photo sont saisis. Deux heures plus tard, le show peut reprendre et la candidate Anne être éliminée, sous les yeux de 3,5 millions de téléspectateurs.

« Nerf de la guerre ». Pour les intermittents, la réaction de la production et de la police a été disproportionnée. C’est la première fois, depuis le début du mouvement, qu’ils sont confrontés à la matraque : « En intervenant devant 6 millions de téléspectateurs, on a touché au nerf de la guerre. Ça, ils ne peuvent pas l’accepter. Nous voulions juste lire notre texte et expliquer les raisons de notre mouvement. » Réunis hier après-midi au siège parisien de la coordination, rue Perrée, les intermittents ont retracé la soirée. « On ne comprend pas : alors que nous avions décidé de partir, la police nous a rattrapés dans l’obscurité pour procéder à une nouvelle arrestation. On est tous sonnés par cette violence. » Dans un communiqué cosigné notamment avec la Fédération CGT des syndicats du spectacle (majoritaire dans l’audiovisuel et le spectacle), la coordination des intermittents et précaires d’Ile-de-France dénonce « les violences infligées par les vigiles aux manifestants, ayant entraîné six hospitalisations », et « exige la libération immédiate des quatre personnes arrêtées ». Hier soir, les prévenus étaient toujours en garde à vue au commissariat de Bobigny. Sortis de l’hôpital, les blessés souffrent de fractures et de commotions.

« Violence ». Du côté de TF1, qui a porté plainte pour violences et voie de fait (une hôtesse souffre d’une luxation), on ne transige pas : l’intervention des manifestants était elle-même musclée. C’est au nom du public et pour sa sécurité que l’émission a été interrompue, affirme-t-on. Pour le vice-président de la chaîne, Etienne Mougeotte, « la surprise a été complète. Il n’y a jamais eu la moindre demande de prise de parole de la part des intermittents. Alors que ce fut le cas pour la finale de Nice People en juillet. Nous avions d’ailleurs accédé à leur demande et une comédienne était intervenue. Le fait important, c’est la violence. Il y a beaucoup d’ados et d’enfants dans le public. Quand j’ai appris les conditions de cette intrusion, j’ai tout de suite lancé Julie Lescaut. Je ne discute jamais sous la contrainte. » Selon un technicien embauché sur le direct, la production s’attendait à une telle visite. Chaque samedi, la police était sollicitée pour protéger les alentours du studio. Les intermittents avaient planifié leur intervention et repéré une porte de secours donnant directement sur le plateau. C’est celle-ci qu’ils ont empruntée pour rejoindre les élèves de la Star Academy. Ragaillardis par l’opération et sa riposte, ils appellent à un rassemblement devant TF1 aujourd’hui à 16 heures et à une journée nationale d’action, le 30 octobre.

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