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Ordre-désordre en politique : l’apparence et le sens (zaz)

Publie le vendredi 19 décembre 2008 par Open-Publishing
6 commentaires

Avertissement :

Comme le lecteur le sait déjà, la mention "zaz" accompagnant nos textes indique une manière d’écrire délibérément décalée, qui ambitionne par un éclairage oblique à plus de perspicacité dans l’analyse politique.

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L’ordre organisateur concret se présente le plus souvent en France comme un authentique désordre quand ce n’est pas un vrai chaos. Cela concerne primo les oeuvres du landerneau politique : en ce moment, sous la houlette UMP, on voit les lois sur l’audiovisuel public, la réforme du lycée, et on en passe... La marque de l’infamie ici est l’inutilité évidente comparée à l’utilité proclamée. Ainsi, passer du trimestre scolaire au semestre scolaire prend par élévation sur le pavois mouillé la valeur d’une puissante réforme. On fait du remarquable de la sorte avec d’incroyables médiocrités.

Il serait toutefois trop simple de résumer les choses classiquement en disant qu’on est nettement dirigé par des thons, lesquels sont commodément en haut, où on les a par inadvertance placés. Nous croyons à une unité plus probable de la nation, à une adéquation souveraine de la France-raz-du-gazon avec l’autre-au-plafond-des-institutions. Opposer le pouvoir supérieur aux gens petits normaux, ou opposer les deux pouvoirs entre eux (celui qui y est titulaire et celui qui crève de ne l’être plus), est selon nous un masque, une dérivation fallacieuse de l’esprit comme on va essayer plus loin de le montrer : Bref, dans les mouvements de thon qui caractérisent le banc français, nous ne sommes plus ou moins sans doute nous-mêmes que des thons également.

Cette observation hasardée est éminemmente gênante dans l’entournure car c’est alors supposer que l’ordre organisateur virtuel, celui qui n’est encore qu’en esprit, mais supposément en bien, laisse secundo aussi fortement à désirer : Halte-là ! qu’on objecte : ca paraît franchement trop facile de parler ainsi ! il manque quelque chose pour suivre cette peu admissible "commodité" de raisonnement !

1. Une incertaine définition : Qu’est-ce que le politique ?

Le type qui commencerait son papier démonstratif en "déblatant" du genre : Ouais l’écologie, c’est bien beau ça, c’est quoi cette ânerie !? tous veulent sauver la planète, en attendant on crève ! celui-là commencerait mal, on le lui dit à lui et on le dit à vous ! Surtout s’il suivait -avec une suspicion semblable- sur "Les droits de l’homme" et je ne sais quoi encore".

Nous-mêmes qui lisons le Monde depuis au moins le CM2, on lui dirait selon notre meilleur look-bobo-intelligent :

 Et que veux-tu démontrer, pauv’ sous-développé analphabète ? C’est quoi pour toi la définition du politique ? (ou de la politique ? si tu veux ;)

 Si le type nous répond : c’est la lutte des classes ! Ok, on a pigé.

 S’il nous répond : c’est le conflit des imperium, on pige moins.

 S’il termine en nous disant : Je définis le politique comme le domaine de l’allocation des ressources et des valeurs ! Mince alors, le plouck, il nous la scie !

 Mais encore ? qu’on lui fait, sans se mouiller.

 Je veux dire, nous répond l’anormal quidam, sorti de l’Université de haute Lozère, que tout ça, l’écologie, le tri des ordures ménagères, la préservation de l’eau par la parcimonie dans l’utilisation des bains de pieds, .... c’est incontestablement beau ! mais ça nous détourne, mine de rien, de l’enjeu central du champ politique. Depuis trente ans j’ai perdu partout ailleurs, en boulot, pouvoir d’achat. Même l’hiver, sur mon plateau, je retourne à mon épaisse couche de neige sans avoir le confort minimal de l’électricité que mes parents avaient.

On comprend mieux où l’irascible voulait absolument en venir :

 T’es sûr que t’as pas une vue vachement datée-rétro de la politique ?

On trouverait facilement d’ailleurs un copain économiste pour lui démontrer qu’il faut ouvrir l’horizon et la définition. Mais il est encore capable de réagir, l’incorrigible :

 Vous sentez bien dans les discours, nous dira-t-il, que tout est menterie. Tiens pour commencer, prends la Constitution ! C’est actuellement celle de la 5e République, ben je parie que t’as jamais noté que c’était pas du tout celle de la 5e Démocratie. Et Sarkozy n’a rien fait pour te le dire, et corriger, quand il s’en est récemment occupé !

2. On triche sur les mots dans notre société, on triche sur les intentions, on triche sur les contenus : le premier art politique est de noyer le poisson, de bas en haut tout le monde s’y emploie

Grands-quidams, moins grands quidams, petits quidams n’ont apparemment certes pas les mêmes stratégies de contournement, mais en vérité les résultats se conjuguent au bout en harmonie.

2.1 La rationalité des grands

Les grands c’est clair, en appellent au rationnel, ils s’en font prioritairement les fiévreux dépositaires : ils font donc appel pour plus de force, outre à eux-mêmes sur qui ils comptent d’abord, à des experts sur qui ils comptent en supplétifs ou plus véritablement en vérité en nèfles. C’est fou ce qu’on trouve en nombre très calculé, répertorié, comme super-experts de l’en-haut, pouvant passer à la télé, à la Maison de la radio ! L’expert qualifié va te dire, c’est son boulot : Comment veux-tu qu’on assure toutes les retraites quand il n’y aura plus sur le marché que 2 actifs pour 3 inactifs ? Aussitôt, tu es vachement emmerdé !
 Ah c’est vrai ça, mince alors, ouais !

Ou alors on te dit : il faut travailler plus pour gagner plus ! Là, rien à rétorquer, hein, ça te saute à l’esprit, t’es complètement à plein immergé dans l’évidence.

Tiens ! Tu attrapes, pure hypothèse invraisemblable, un coup de "batte de base ball" ou de "marteau" ici ou là,. Ou une maladie nocosomiale plutôt là, c’est à dire dans un hosto. Spontanément t’auras tendance bêtement à râler un petit peu.
 Putain ! qu’il te dit l’expert ! tu veux médicalement, socialement, sexuellement le risque zéro ? c’est insensé, mon vieux !
 Tu ne veux pas, toi, certes, l’insensé risque absolu zéro, mais le risque 0,008 quand même ça te conviendrait assez : Grâce à l’expert, tu comprends scientifiquement que t’es fortement nul..

En fait, citoyen lambda, chieur a priori à très faible QI, mini-contenu, tu t’aperçois rapidement que tu es nul à tout, bon à rien, sauf in extremis à écrire toi-même un livre savant ou à devenir député.

Traumatisé donc que tu es par ces perspectives extrêmement sévères, tu t’écries alors dans une stupeur sincère : mais pourquoi a-t-on donc choisi comme système l’impossible et incompétente démocratie ?

On a choisi la démocratie, pauv’ zonnard, à condition d’abord que tu n’en parles pas. La rationalité politique peut librement parler de tout sauf de ses bases fondatrices. Mais là ce serait sans doute trop long pour qu’on te l’explique en une fois.
D’abord tu ne parleras pas de la constitution, des institutions, de tes "représentants", etc. etc. Tiens ! t’apprends dans la presse que les sénateurs ont planqué 1,38 milliards d’euros "d’escroquerie" dans leur sésame à eux et qu’ils veulent surtout pas les rendre à la Nation.

Toi, ça te paraît pourtant très simple, t’es supposément proprio pour un 1/65000000e, tu dis ils rendent le pognon ou à la place on va leur prendre les couilles sans même passer par une anesthésie.

Tu devrais avoir honte de ta rusticité, de ta vulgarité, honte de ne pas savoir qu’il y a des accords internationaux sur le sujet, honte d’ignorer les progrès du droit, de l’humanisme le plus élémentaire, honte d’ignorer la séparation des pouvoirs, etc. etc. En 2008, les gens peuvent encore crever de faim, de froid, de désespoir, parce que le monde idéal n’existe pas encore sur terre, c’est une contrainte, mais on ne peut plus couper les cous ou même seulement les couilles des députés.

Déjà pour les canards c’est en partie contrôlé. C’est te dire !

Où l’on va passer maintenant à la technique préférée des petits qui repose beaucoup sinon exclusivement sur l’éthique et l’indignation.

2.2 Nous les petits et l’éthique de notre indignation

Nous les petits, dès avant l’internet, nous avions découvert la diversité dans la protestitude. Il doit bien y avoir, rien qu’en France métropolitaine, quelques 599 protestations majeures, parfaitement estimables et non hiérarchisées. C’était le rôle précieux de la loi de 1905 de pouvoir les mettre à exister et on s’en réjouit. Bien sûr pour compliquer, il y a eu depuis l’invention de la télé, celle du fund raising et celle du sit in. On arrête les déchets nucléaires et beaucoup de choses redoutables, mais pour des raisons encore incomprises on n’arrête pas les sénateurs cités plus haut, on n’arrête pas le nombre des SDF, et on n’arrête pas les délocalisations et les chômeurs. Cette non-performance est un mystère.

A l’examen toutefois, on comprend rapidement bien entendu que la division des forces n’est pas un avantage, que l’éclatement du combat est contraire aux principes basiques de la stratégie à savoir l’unité d’action, la concentration des forces au point d’action, etc... (C’est dans la répétition sur la durée longue qu’on parvient parfois à force-à force par l’emporter).

On a, CQFD, le soupçon que cette difficulté intrinséque est la qualité en fait qui plait largement à tout le monde, que cette faiblesse est une garantie morale : La protestation agit seulement avec la force contenue qui est celle du suppositoire. Le système déclaré de la démocratie, qui est dans les faits réels celui de la non-démocratie, ne risque rien sur le mauvais, sur le fondamental, il a encore du temps pour se réaliser.

Bien sûr vous aurez remarqué que le mode d’expression de l’action du petit emprunte immanquablement la forme de l’indignation morale. Pas un élan, un papier, un slogan sans que nous soyons "ulcérativement" indignés : nous sommes de "belles âmes" comment dirait Hegel en se foutant discret de notre gueule. Indigne-toi, indigne-toi fortement, pendant ce temps les possédants pensent le plus sincèrement à toi, avec des sentiments. L’action du grand est de détourner tous les dangers, l’action du petit malheureusement aussi !

2.3 Et quid des moyens ?

Naturellement, il faudrait réfléchir sur l’ordre-désordre des puissants moyens qui ne sont plus totalement au pouvoir mais espèrent y revenir. C’est en deux mots vouloir faire le point sur le PS ou sur la gauche en général. Bon, ben comme on sait, c’est pas mirobolant ! Outre les combats annexes entre eux de chefs, chéfesses, sous-chefs et sous-chéfesses, tu voudrais qu’ils fassent quoi dans leur opposition ? Quelle soit constructive ? Mais comment le serait-elle sans cracher illico la vérité sur le morceau ? On te donne un exemple : Mehmet le sarko magnifique vient de déterrer un truc imparable : l’invention du ministère de la diversité et de l’égalité des chances dans l’accès aux plus hautes fonctions, c’est à dire aux écoles normalement exclusivement monopolisatrices de la question. Déjà Sciences-po, honte très réussie de la Nation, avait conçue dans sa bonté habile de récupérer quelques cadets de la banlieue ; là on le fera en beaucoup plus grand. Peut-on imaginer que la gauche y trouve à redire ?

Imagine-t-on que la gauche exprime nouvellement sans l’avoir jamais nettement dit : ça fait deux cents ans, infames pourris, connards intégraux, que vos imbéciles grandes écoles talentueuses et demi-improductives s’approprient tous les fromages du pays !

Le président de la République est allé aujourd’hui vendre son produit avec toute la componction qu’on pouvait attendre, dans cette farce de bons matheux en bicornes à deux pointes appelée dans tous les gargarismes Ecole polytechnique. La France est en route, c’est sûr ! à pieds ça prendra deux siècles, c’est surtout ça le très important.

Le système est partout farce. Il n’est certes pas exclusivement français, Caroline Kennedy vient de solliciter de devenir sénatrice. Comme c’est naturel ! Personne chez nous n’a naturellement moufté, ca ne nous regarde pas. Et puis Caroline a au moins une excuse par rapport à des gens qu’on ne nommera pas, son père à elle a été assassiné.

3. Fin de la démocratie, fin de son idée même

Derrière des apparences constamment traficotées, derrière des blabla étudiés, tous s’emploient, dirait-on, petits, moyens ou grands à liquider la démocratie. L’idée même, l’Idée, en est venue aujourd’hui à être supprimée.

Nous sommes dans un régime qui s’appellent exactement république oligarchique. Encore dans la république romaine ou l’empire existait-il des "tribuns du peuple" au-dessus des lois, du pouvoir, de la Justice même, pour défendre à tout instant la plèbe. Les empereurs sollicitaient comme un honneur de recevoir eux-mêmes la puissance tribunitienne.

Aujourd’hui les mecs, faut pas rêver vous ne pouvez compter sur personne, et pas même apparemment sur vous-mêmes.

La démocratie est finie, qu’ont-ils donc les autres pommes à vouloir à tout prix qu’on sauve la planète !

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Alain Serge Clary et les Inoxydables philosophes de l’Ocséna vous saluent bien !

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Les Pensées zaz de l’Ocséna

Ocsena, Organisation contre le système-ENA... et pour la démocratie avancée
 http://ocsena.ouvaton.org

Messages

  • -Tiens, dès ce matin l’ordre-désordre a frappé de bonne heure : perquisition chez Julien Dray.

    -Mais Julien Dray a peut-être effectivement fait quelque chose, on ne peut pas nier qu’il a toujours été fortement suspect : depuis 2006 ce type a trop des montres.

    -Il manquerait plus que ça qu’il ait rien fait ! chez les puissants ou les moyens puissants seulement d’opposition dont il est, il serait bien le premier à n’avoir jamais rien fait. Nous on connaît des tas d’histoires semblables ailleurs, juste la porte à côté.

    -En tout cas, on eût pu imaginer réellement (imaginer on dit bien !) la fiction suivante :

    Super-Fiction. Dans la première heure, 6000 lycéens convergent vers son domicile et la police.

    Six heures plus tard c’est près de 40000, la police a recours au Taser.

    L’émeute commence, s’enflamme et gagne la banlieue.

    A la tombée de la nuit, Darcos fuit en Allemagne, au petit matin Fillon démissionne.

    -Ouais, ben heureusement toute cette fiction folle n’est pas du tout arrivée !

    -La démocratie est sauvée, bravo !

    -La justice aussi.

    -Quand on y réfléchit, on se dit que ça a été globalement peut-être quand même un peu juste.

    -Ouais ben c’est beau de vivre en France peinard et pas du tout en Grèce !

    • De toute façon, pas con le parquet c’est la veille des vacances et c’est la trève des confaiseurs.

    • Julien Dray

      De toute façon, y a quelque chose de peu crédible a priori dans cette affaire, je dis bien a priori ! : Pourquoi Julien comme ça il aurait soudain craqué, alors qu’il est quand même très bien payé ! Est-ce que ses collègues UMP sont prévaricateurs, eux ?

      - Dans le contexte, à l’UMP, sans doute ceux-là sont-ils bien mieux payés.

      -Soit ! mais les députés les mieux payés s’appellent en fait les sénateurs.

      -Sénateur oui ! ça ça fait son beurre ! Demain, je serais pas étonné d’ailleurs qu’il y ait une perquisition générale et musclée au Sénat.

      http://www.lemonde.fr/politique/art...

    • Julien Dray :

      L’Express "La perquisition de vendredi intervient en plein conflit lycéen.

      Malgré l’annonce d’un report du projet, entre 130.000 et 150.000 jeunes ont manifesté jeudi en France pour exiger l’annulation de la réforme des lycées.

      Le ministre de l’Education, Xavier Darcos, a déclaré vendredi que les manifestations lycéennes étaient manipulées et a appelé le Parti socialiste à ne pas souffler sur les braises.

      "Je lui conseille la prudence, parce que les boutefeux, les gens qui soufflent sur les braises de ce genre de manifestations, très souvent il y a des retours de flammes qui leur reviennent à la figure", a-t-il dit."

      On notera que Xavier Darcos ne porte lui-même plus ni la barbe ni la moustache !

    • Xavier Darcos appelle à la fin des blocages des lycées (Nouvel Obs) : ça n’a rien de surprenant, Darcos a toujours énormément débloqué !

    • Grâce au Figaro on y voit ce soir un peu plus clair dans la sombre affaire de Julien Dray.

      Titre : "La Fidl et SOS Racisme au cœur de l’affaire Dray. Le syndicat lycéen et l’association ont été perquisitionnés hier."

      Extrait : "DEUX associations proches de Ju­lien Dray se trouvent désormais au centre de l’affaire des détournements de fonds qui a conduit vendredi matin à une série de perquisitions. Selon le parquet de Paris, elles seraient les victimes, puisque les mouvements de fonds suspects auraient été commis « à leur préjudice »."

      Donc nous apprécions hautement la vigilance experte du Parquet : sans lui, les deux assoc concernées ne se seraient même pas aperçues qu’elles étaient escroquées, tu vois un peu les thons !

      D’après nos informations en propre, toute l’affaire aurait en fait démarré sur la base d’un coup de téléphone anonyme parti du 110 rue de Grenelle. Un homme se faisant appeler d’abord "Gorge profonde", puis ensuite, Niarchos, amateur grec, aurait soigneusement vendu tout le morceau.

      - Tu veux dire "aRmateur" grec !

      - Non non, la police est formelle, il ne pouvait s’agir que d’un amateur.

      - Bon, alors supposons (simple supposition) que Julien soit innocent que fait-on pour le soutenir ?

      -Ce serait bien qu’on lui envoie des montres.

      - Supposons maintenant que ce soit Xavier Darcos l’innocent. Que fait-on ? on lui envoie des montres aussi ?

      - Non ! évidemment ! Darcos on lui envoie au moins une "pendule" !