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POUR UNE EUROPE DES PEUPLES ET DES TRAVAILLEURS

Publie le samedi 26 mai 2007 par Open-Publishing

Pour une Europe des travailleurs et des peuples

Avec cette courte et nouvelle contribution il s’agit d’avancer plus encore sur la question européenne. Mais là le compromis sera difficile. La première contribution rennaise au Manifeste d’ATTAC portait essentiellement sur le fond social et environnemental. Déjà sur ce contenu l’accord n’avait pas été aisé. Pourtant comme son titre l’indique elle se veut une : Alternative au libéralisme : Une autre europe vraiment sociale, solidaire, écologique et démocratique.
http://www.local.attac.org/35/Manifeste-Commision-europe

I - RAPPEL A PROPOS DE LA CONTRIBUTION RENNAISE AU MANIFESTE

Dans la contribution rennaise au Manifeste d’ATTAC qui constitue un compromis des positions locales en présence on peut lire

A) Deux développements principaux, un en contre, l’autre en pour "Une autre Europe"
I - Une logique (libérale) de construction à reprendre de fond en comble . Contre les traités de l’Europe du marché intérieur.
II - Pour une autre Europe
 Une Europe vraiment sociale ce n’est pas la domination massive de l’Europe du capital avec deux doigts d’économie sociale et solidaire (ESS)
 Une Europe démocratique et égalitaire et laïque,
 Une Europe écologiste
 Une Europe pacifiste, solidaire et anti-impérialiste.

B) Un "préalable introductif sur une certaine vision de l’Europe" qui contient essentiellement deux points guère développé :
 Un espace non circonscrit . La question des frontières de l’Europe.
 Un espace de résistance pertinent et un point d’appui pour construire autre chose autrement. L’Europe comme "entre-deux" au sein du système hiérarchisé mondial.

C’est à partir de là qu’un débat doit s’enclencher sur diverses conceptions de l’Europe : fédéralisme, confédéralisme, ou Europe des peuples.

II - POUR UNE EUROPE DES PEUPLES ET DES TRAVAILLEURS

Face à la concurrence et la compétition sévissant au niveau mondial la construction d’une Europe solidaire, inclusive, attractive pour "ceux d’en bas", pour tous les salariés du monde et tous les peuples du monde est une nécessité . Mais je ne reviens pas ici sur le contenu social, démocratique et écologique . C’est la question du mode de coopération efficace qui sera mon propos. Pour ce faire je m’inspire largement ici de ce que dit et écrit Yves SALESSE depuis dix ans et notamment de son ouvrage "Manifeste pour une autre Europe".

 Yves SALESSE fustige d’abord et depuis longtemps le mode de coopération par le haut nommé "intergouvernementalisme" et ce pour plusieurs raisons (que je cite pas intégralement). L’intergouvernementalisme se soucie d’abord de l’intérêt des politiques nationales, il aussi opère à l’encontre de la démocratie (p38). Au total il ne peut faire émerger l’intérêt général des peuples et des salariés car il "nationalise" les oppositions au lieu de faire émerger un droit commun protecteur du salariat. Et derrière l’Etat-nation

 Yves SALESSE pose une question essentielle et même déterminante dans une page intitulée "Le capital contre l’Europe politique" (p52) : "Le capital pèse-t-il en faveur de l’Europe politique et d’une forme para-étatique européenne ? Plus précisément : y a-t-il constitution d’un capital européen qui réclame une telle superstructure dans son affrontement avec les autres pôles capitalistes ? La réponse est négative. L’internationalisation des firmes n’est pas la dénationalisation du capital qui reste fondamentalement lié à un Etat. Il n’y a pas constitution d’un capital européen ni d’une bourgeoisie , faute d’un Etat européen préexistant"

S’il y a accord sur ce constat parmi les économistes critiques - ce qui reste à vérifier - reste alors à en tirer les conclusions. On ne va tout de même pas revendiquer un Etat européen qui fera l’affaire du capital, qui formera une bourgeoisie européenne. Si disent certains car il faut faire pièce aux USA et à son capitalisme prédateur. Contre le prédateur extérieur - les USA et leurs firmes - on va introduire le loup dans la bergerie ? Laissons cela aux sociaux-démocrates toujours soucieux de rester dans le cadre de la "fin de l’histoire". "Si l’on oublie le capitalisme et sa consanguinité avec l’Etat nation .../... alors on peut faire alliance avec la droite chauvine" et j’ajoute avec les sociolibéraux. Je crois pour ma part qu’ATTAC ne saurait vouloir un Etat capitaliste européen fut-il bridé par un contenu social. La conclusion a tirer demeure la constitution d’une Europe des peuples au plan démocratique et une Europe des salariés au plan social.

Yves SALESSE précise en outre pour renforcer son propos : "On doit renverser la théorie la plus communément admise. Ce ne sont pas les superstructures étatiques nationales qui freinent un mouvement impulsé par un capital européen en demande d’une superstruture européenne répondant à une nouvelle dimension. Ce sont les superstructures étatiques qui donnent l’impulsion contre l’hostilité ou l’indifférence du capital .

Le capital joue donc sur deux fronts : il s’appuie sur les Etats-nation, il passe des alliances au plan mondial (contre les salariés) . Il ne s’agit alors ni de faire l’apologie de l’Etat nation ni de construire une Europe des Etats, fussent-ils fédérés ou confédérés. C’est une Europe des peuples et des travailleurs qui doit demeurer l’objectif d’ATTAC.

Soyons lucide : ! "Il n’y aura pas de réorientation significative sans ouverture d’une crise".

Christian DELARUE
Contribution personnelle ATTAC Rennes