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Pacte, Berlusconi courtise la France

Publie le vendredi 28 janvier 2005 par Open-Publishing

Sommet entre le premier ministre italien et le premier ministre français Raffarin. Le Cavaliere : "Nous avons les mêmes objectifs". Des ouvertures sur Edf et sur les banques.

De AN. SCI.

Traduit de l’italien par karl & rosa

Sommet à Rome, hier, entre le premier ministre italien Silvio Berlusconi et le premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin. Avec eux, pendant quatre heures, ont discuté aussi les ministres de l’Economie, du Travail et de l’Industrie des deux Etats. Au coeur du colloque, la réforme du Pacte de stabilité attendue d’ici le mois de mars prochain ; mais on a parlé aussi de la participation du géant électrique Edf dans l’italienne Edison, de la réalisation de la Lyon-Turin, de l’accord possible entre AlItalia et Air France, du rapport entre les groupes bancaires italiens et français.

Et, plus généralement, des stratégies que les industries des deux pays peuvent adopter, éventuellement en commun, pour faire face à la concurrence croissante des pays orientaux. Comme cela arrive désormais après toutes les rencontres avec des leaders internationaux, le message de Berlusconi est toujours le même : tout va bien et ne pourrait pas aller mieux. Il n’y a aucun pays proche de l’Italie comme la France et il n’y a pas de pays que la France sente proche comme l’Italie", est la phrase qui décrit l’énième miracle de politique internationale. On passe évidemment sous silence la série infinie des sommets à trois, même récents, entre Chirac, Blair et Schröder desquels l’Italie a été toujours exclue et auxquels Berlusconi n’a pas été invité.

Mais évidemment maintenant les temps ont changé : "J’en ai parlé avec le premier ministre français Raffarin, avec Chirac, avec Blair et avec Schröder - a ajouté le Cavaliere en se référant à la flexibilisation prochaine du Pacte de stabilité - et sur ce point il y a eu l’accord de tous".

Toujours au sujet du Pacte, Berlusconi a insisté sur l’argument qu’il souligne depuis longtemps : séparer les dépenses destinées à la recherche, aux infrastructures, à la défense, en ne les faisant figurer dans le bilan que pour la part d’amortissement annuel et en n’en tenant pas compte pour le calcul du déficit : "Le pacte - a-t-il dit - a assuré jusqu’ici la stabilité, maintenant il doit faciliter la croissance. Nous partageons avec la France les mêmes objectifs : le 23 mars, à l’occasion du Conseil européen, nous espérons qu’on puisse parvenir à de nouveaux critères d’interprétation du Pacte, qui permettent à nos économies de se développer en gardant la stabilité". Sur la dette publique, talon d’Achille de l’Italie à cause de son énormité par rapport à celle des autres pays, Berlusconi a dit que "les pays doivent garantir leur volonté de la réduire, mais qu’il ne faut pas qu’il y ait de contraintes drastiques".

Un point important - lui a fait écho Raffarin - il faut être rigoureux sur certains critères mais ouverts à l’amortissement des investissements qui créent de la richesse et du travail et qui, pour cela, doivent être considérés comme privilégiés. Il convient de tenir sous contrôle le déficit - a conclu le premier ministre français - le réduire et faire de la dette un critère d’évaluation de la gestion".

La cour que Berlusconi fait à la France, un Etat avec lequel, dans ces dernières années, les rapports ont été froids, est donc amorcée. En effet, au-delà du Pacte, hier ont été abordés d’autres thèmes, également importants pour l’économie des deux pays et pour leurs classes d’entrepreneurs respectives. Avant tout la question épineuse Edf-Edison, que Berlusconi promet de résoudre d’ici un mois : "C’est l’intérêt des deux parties d’avoir une présence sur les deux marchés de l’énergie et de s’accorder sur une solution, pour permettre aussi à l’Edf de diriger une société en Italie - a précisé Berlusconi - et à l’Enel d’avoir une présence sur le marché français en tant qu’entreprise concurrente".

Le premier ministre italien a ajouté que "la solution ferait tomber la loi qui limite le droit de vote de Edf dans Edison, une loi qui n’aurait plus aucune raison d’exister". Les Français sont également intéressés à être présents en Italie avec leurs banques : "L’Italie est ouverte aux banques françaises, si le marché du crédit français s’ouvre aux instituts italiens - a répondu Berlusconi - Il faut viser la réciprocité". "Des pactes à honorer" aussi sur la Turin-Lyon, alors que Raffarin a relancé l’idée d’une agence européenne pour l’innovation, en souhaitant que les deux pays "se rapprochent pour les grands projets industriels des prochaines décennies".

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