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Par pitié, faites taire Jean-Michel Aphatie...

Publie le jeudi 21 décembre 2006 par Open-Publishing
9 commentaires

Il va falloir lancer une grande net-campagne, massive, avec de gros moyens ; pourquoi pas une pétition, une lettre ouverte à RTL et I-Télé ; pour implorer les dirigeants de faire taire l’insupportable et inregardable néolibéral Jean-Michel Aphatie.

Le 15 Décembre, ce sympathique bougre, qui répète à qui veut l’entendre qu’il ne vote pas, qu’il est le chantre d’une objectivité toute pénétrée d’intelligence, qu’il ne fait rien qu’à "faire son métier de journaliste", dans la neutralité belle-joueuse de la Justice tenant son glaive, relatait sur son blog son entretien sur I-Télé avec la foldingue du Medef, la Mireille Matthieu du Palais Brognard, l’Attila néoconne de nos temps modernes, j’ai nommé Laurence Parisot.

Depuis plusieurs mois, Aphatie ironise sur l’endettement insupportable de l’Etat. Il "démontre", avec ce qu’il croit être une pédagogie savoureuse et honnête, les petites mesquineries de ces hommes politiques qui, oh les salopards, mentent aux Français sur les vraies solutions et les bonnes politiques.

Dernièrement, il s’est intéressé de très près au "coût du travail". Une thématique qui, par la terminologie même, signale un positionnement idéologique dénué de toute ambiguité. Il concluait, brillant harangueur des foules, que le modèle social français était mort ; qu’il convenait de faire montre de "pédagogie" envers les pauvres gens. Leur expliquer pourquoi il est bon pour le pays qu’ils travaillent plus, plus longtemps, pour moins d’argent, et en se passant de leur petit confort de merde dans lequel, "tout le monde le sait", ils se complaisent.

Le 15 de ce mois, donc, Aphatie, le Condor de la chronique politique (Métro, tout de même, ça se respecte), nous en apprenait de bonnes. Il commence par faire parler Parisot, sur l’économie américaine. Subreptiscement, Aphatie prend le relais. "Pour appeler les choses par leur nom, ce qui est toujours douloureux, nous subissons, en France, depuis trente ans, une formidable régression." Il nous explique, se faisant économiste distingué, que la France est aujourd’hui surclassée par la Grande-Bretagne. Pourtant, continue-t-il, France et Grande-Bretagne sont des pays jumeaux. D’où peut bien provenir ce différentiel de réussite économique ?

Il nous le donne en mille : "La vraie différence entre l’Angleterre et la France tient aux choix politiques radicalement différents des deux pays". La voilà la vérité nue ! Ah, les anglais, ils en bavaient, avec la Dame de fer, oh certes ! Mais ils étaient dans le vrai. Dans le juste. Dans le "sens de l’histoire". Car, nous explique Aphatie, "Sans aucun ménagement, la "dame de fer" veut adapter son pays à la mondialisation dont elle pressent et anticipe les effets." Admirable bijou d’hypocrisie rhétorique. Elle était peut-être méchante, mais elle les a bien adaptée à la réalité du monde, eux ! Mais commenter la prose du maître, c’est un peu l’écorner, et en ôter les plus jubilatoires effets. Mieux vaut le laisser dérouler seul le fil de son argumentation ; déployer sous nos yeux de profanes les rayons grandioses de sa pensée démiurgique : "La dérégulation de l’économie et des règles sociales créent de la douleur sociale et des colères dont il faut se souvenir. Elles participent aussi à l’adaptation des structures au monde qui s’annonce et qui permet aujourd’hui à ce pays, qui n’est pas un Eldorado ni le paradis sur terre, de créer des emplois et de connaître, depuis bientôt deux décennies, une vitalité économique enviable."

Débitant, il faut bien le dire, connerie sur connerie, Aphatie souligne le génie du blairisme, contre le soviétisme borné (et liberticide) de Mitterrand, de Chirac, de Jospin. Tous des cons. Notre nouveau Voltaire enchaîne sur une critique des 35 heures, "à rebours de toutes les économies occidentales où la recherche d’une plus grande productivité devient la question centrale, incarnent cette passion française de la singularité et du combat tricolore contre le reste du monde." Il faudra lui rappeler, au nouveau Keynes d’RTL, que la France se caractérise par la toute meilleure productivité mondiale ; que les 35 heures ne sont en rien un problème de productivité mais de temps de travail ; qu’il confond manifestement productivité et production, ce qui est le signe d’une lénifiante et abyssale bêtise.

Quand on révoque, dans une même phrase, Mitterrand, Chirac, Jospin, et la France entière (qui, cette conne, n’acceptait pas les préconisations de Thatcher "contre le reste du monde"), ça la fout mal. Aphatie, on le comprend, n’a pas une piètre idée de lui-même, malgré sa confusion imbécile et ses problèmes d’orthographe.

Son éminence Aphatie continue à développer la vertigineuse probité de son omniscience universelle, en expliquant donc que les bons choix c’est le libéralisme, que les mauvais choix c’est le non-libéralisme, voilà, hop, emballé c’est pesé. Lisez vous-mêmes, c’est là, en ligne, sous vos yeux, à la date du 15/12, avec, en prime, la tronche du champignon hystérique qui dirige la Guilde de Messeigneurs les "entrepreneurs". Bref.

Nouvel épisode ce jour. Le Friedman méridional reçoit Jean-Luc Mélenchon. Aphatie s’émeut que le trotskisme existe encore en france. Citons-le. Trotskisme : "idéologie du début du XX° siècle entrée depuis longtemps dans tous les autres pays civilisés au musée de l’Histoire, voire au musée des erreurs et peut être des horreurs de l’Histoire, mais que nous continuons d’entretenir en France, personne ne sait exactement pourquoi, mais en tout cas ça nous fait plaisir, voilà le tableau." Lui, en tant que journaliste, ne sait peut-être pas pourquoi le trotskisme existe encore. Mais 10% de Français, eux, le savent. Enfin, ne l’oublions pas, Aphatie avait tout compris avant tout le monde, alors arrêtons les enfantillages.

Voici la suite en intégralité, c’est surréaliste.

Bonne nouvelle pour François Hollande, Jean-Luc Mélenchon est prêt à le soutenir sur au moins un point : la remise à zéro des compteurs à propos de l’impôt sur le revenu, c’est à dire une augmentation de cet impôt pour le remettre au niveau où il était en 2002, avant que l’actuelle majorité ne le baisse de 18%, assez loin au passage de la promesse chiraquienne de le baisser de 33%.

J’ai repris sur ce point Jean-Luc Mélenchon au micro, et certains dans les commentaires en ont déduit que j’étais personnellement opposé à cette hausse, gros radin que je suis préférant garder tous ses sous pour lui, etc.
En fait, mon propos est différent. On nous tartine, le gouvernement en premier pour s’en féliciter, l’opposition ensuite pour crier au scandale, avec les baisse d’impôt. Nous sommes là dans une filouterie qui est aussi une fumisterie.
L’impôt sur le revenu a baissé, soit. Mais les impôts locaux, ceux des régions notamment, souvent pour compenser des transferts de responsabilités dont s’est débarrassé l’État, ont augmenté. Le résultat, à la fin de la législature, aboutit à une pression fiscale à peu près équivalente, c’est à dire en gros 44% de la richesse produite, ce qui est important et constitue même une forme de record parmi les pays occidentaux.

On croirait presque (presque) les vociférateurs hallucinés des "Contribuables Associés", ce groupuscule d’hyperlibéraux poujadistes qui font circuler des pétitions pour un far-west désimpoïfié. Magistral, emphatique, héroïque, même, Aphatie conclue :

En reprenant Jean-Luc Mélenchon, j’ai simplement voulu faire mon métier de journaliste, c’est à dire remettre dans une perspective nécessaire un discours politique qui raconte autre chose que la réalité.

C’est émouvant. Avec des journalistes comme ça, on comprend que la Presse soit bel et bien ce fier quatrième pouvoir, insolent et rebelle, qui traque l’injustice et le mensonge jusque dans ses recoins les plus reculés, pour apporter au peuple trompé la Vérité minérale.

Faire taire Aphatie, c’est un problème de santé publique.

http://essaisconcepts.blogspot.com

Messages

  • Laissons le crier dans le désert. Tout le monde s’en fout de ce qu’il dit...

  • Moi ce qui m’emmerde c’est qu’il a l’accent de "par chez moi"... Me fais honte...

    Ceci dit quand on entend sur France Inter que l’Oncle Bernard (Maris) est de plus en plus souvent d’accord avec J.M. Sylvestre (qu’il n’appellait pas autrement que "l’âne ou le perroquet Sylvestre" dans ses articles de Charlie Hebdo du temps où il ne passait pas sur les ondes) on ne s’étonne plus de rien.

    valère

  • Si la société devait récompenser ses citoyens au mérite, apathie qui ne créait AUCUNE richesse ne devrait pas recevoir de salaire mais seulement une aide sociale. On devrait lui rapeller qu’il est un parasite (grassement payé par la publicité qui est l’impôt du privé) et qu’il ne peut cracher sur le système qu’il voudrait remettre en cause seulement pour les AUTRES.

  • Sincèrement , si y en a qui connaissent pas, faut aussi écouter les "grandes gueules" sur RMC , c ’est pas mal aussi.C ’est bien pire , c ’est la droite décomplexée au micro tous les jours...génial !

  • Bien d’accord avec toi. C’est un fameux "penseur".

    Mais n’oublions un autre individu qui pourrait être son frère accent mis à part : le scintillant et brillantissime J-M Sylvestre. Cela fait deux ans que je ne l’écoute plus voilà qui fait du bien.

  • Moi, je suis au fond de ma campagne mais parfois je regarde ou j’écoute les médias... Depuis qqs temps, j’avais remarqué ce gus qui donne des conseils avec son bel accent, se fend d’analyses puissantes empreintes de sagesse populaire mâtinée de connaissances éclairées... Finalement, j’entends son nom : Jean Michel Aphatie et je finis par le voir de plus en plus souvent, l’entendre à tout bout d’onde...
    L’autre soir au Grand Journal, il y va de son objection sur la mesure de rétortion prise par Mme Royal à l’encontre de son porte-parole. "Moi, j’aurais fait..." "Il fallait..."
    Quelqu’un pourrait-il expliquer à M. Aphatie qu’il n’est PAS Mme Royal et que, justement, c’est peut-être pour cela que les décisions prises sont plus nuancées ?
    Quelqu’un pourrait-il l’éclairer, lui et d’autres messieurs, sur le fait que, JUSTEMENT, ce qui est différent c’est que les objectifs, les exposés, les façons de procéder et les réactions sont DIFFERENTES de ce que nous avons vu pendant toute la Vè république, dominée -doit-on dire "écrasée" ?- par des messieurs ?
    A force, le pouvoir semble être devenu la tribune des essences de l’égo, de grossiers lâchers de peaux de bananes et de velléités guerrières démesurées. Les conseils de M. Aphatie sont de cet ordre et, lui, se pose comme le "acabi/acaba et voilà" de ce qu’il convient de faire quand on est candidate à la présidence.
    Je formule le souhait non que l’on fasse taire M. Aphatie car cela ressemblerait par trop à une censure dans les médias que d’autres pratiquent et pratiqueront d’une manière effarante en cas de victoire...., mais plutôt que nous tous, dans nos campagnes et dans nos villes, ne craignions pas de discuter sur ces pratiques, sur ces réactions surannées, sur le fait que faire différemment n’est pas forcément faire bêtement, bref sur l’ouverture en général même si une critique adulte et constructive y garde toute sa place.
    Bon vote !