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Pietro Ingrao adhère au Parti de la Refondation Communiste. La lettre de Pietro Ingrao...
Publie le vendredi 4 mars 2005 par Open-Publishing
De Red traduit de l’italien par karl&rosa
Le congrès de Refondation communiste s’ouvre avec une surprise. A quatre-vingt dix ans, Pietro Ingrao a décidé d’adhérer au parti de Bertinotti. Et cela faisait quinze ans que l’ancien leader de la gauche du PCI n’acceptait aucune carte. En effet, après le virage de 1989, Ingrao décida de rester à l’écart, tout en restant proche du Pds et ensuite des Ds. Ces dernières années, le rapprochement progressif vers Refondation, le dialogue intense avec Bertinotti, le soutien convaincu au projet de la "Gauche européenne". Et maintenant, le choix d’une adhésion pleine.
La nouvelle sera donnée officiellement par le secrétaire du Prc au cours du rapport avec lequel il ouvrira les travaux du congrès. Trois jours de débat, au palais du cinéma du Lido de Venise, pour réélire les organismes dirigeants et décider de la ligne politique qui marquera la vie du parti dans les prochaines années. La motion de Bertinotti, centrée sur les raisons du "virage de gouvernement" et de l’alliance avec Prodi, a obtenu 60% du consensus dans les congrès de section. A l’aire de l’Ernesto de Claudio Grassi, qui demande une "offensive programmatique" avant de ratifier n’importe quelle alliance avec le centre-gauche, a obtenu 25%. Les trois motions trotskystes, qui excluent toute alliance avec le centre-gauche, se partagent le reste des voix : 6,51% pour celle de Marco Ferrando, 6,5% pour Gigi Malabarba et 1,64% pour Claudio Bellotti.
Un hors programme conclusif a été déjà annoncé. "Pédaler, camarades, pédaler" : avec ce slogan la Fédération de Refondation communiste de Venise invite les délégués du congrès du Prc à pédaler en groupe samedi jusqu’à l’Alberone, où se trouvent les chantiers du Moïse (projet de barrières mobiles pour protéger Venise des hautes eaux, NdT). Une pacifique et amusante protestation contre les travaux. Les militants vénitiens se disent certains que le secrétaire lui-même, Fausto Bertinotti, pédalera. Mais le problème est la météo. Sur le Lido de Venise s’est déchaînée une forte chute de neige qui est en train de blanchir les rues et les plages. "Un vélo ? Mon œil - plaisante quelqu’un - pour amener le secrétaire au Moïse il faudra un traîneau".
http://bellaciao.org/it/article.php3?id_article=7660
La lettre de Pietro Ingrao au congrès du PRC
de Pietro Ingrao traduit de l’italien par karl&rosa
"Maintes fois, dans ces décennies âpres, où nous avons douloureusement vu revenir la guerre, nous nous sommes rencontrés dans les rues et parmi les monuments inouïs de Rome : pour protéger et revendiquer les droits du monde prolétaire ou pour invoquer la paix violée par le nouvel impérialisme américain. Combien de fois ai-je vécu cette fraternité qui dépasse les questions de noms et les contraintes de cartes. Nous avons vu ensemble, la gorge serrée, des places archicombles d’une génération parfois très jeune, qui bondissait à la tête des cortèges et donnait vie à une nouvelle recherche et à une lutte qui traversait les continents. Le monde en a parlé".
"Mais bientôt, presque en même temps, nous avons vu revenir, gérée par la plus grande puissance mondiale ou même exaltée dans sa capacité salutaire et ’préventive’, la guerre dans le monde : contrastée tragiquement par un terrorisme désespéré et sanglant. Les formes et les dimensions du conflit social changeaient tragiquement. Une question difficile surgissait, concernant la façon d’élargir la lutte pour la libération des opprimés et en même temps celle de défendre la paix du monde, également de la réponse terroriste. Et c’est là qu’est revenue pour moi, d’une manière nouvelle et urgente, l’interrogation sur la politique et ses lois. A savoir comment pouvait-on, devait-on influer sur les pouvoirs légitimés à commander : parfois par la fraude, mais s’appuyant quand même sur un système juridique, sur une légitimation parfois bassement, cyniquement frauduleuse mais qui se donnait des pouvoirs (et des moyens) par lesquels diriger et contrôler jusqu’à des nations et des continents. C’est ici que resurgissait en moi la question obsédante et insatisfaite concernant un agir politique capable d’influencer ce pouvoir d’Etats et d’Empires, qui avait maintenant en main de nouveaux instruments de vie et de mort, si terribles. Et ainsi, comme votre secrétaire, j’ai rencontré dans ma réflexion la soif et l’espoir de la non violence. Et tout le discours et l’engagement sur la politique ont pris un visage et des dimensions nouveaux et incontournables".
"Vous comprenez, je l’espère, pourquoi je suis ici maintenant à demander la carte de votre parti : et je reviens à choisir un lien si fort, qui a déjà longtemps pris une partie si grande de ma vie. Travaillez bien" !