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Polémique autour d’une concession d’orpaillage en Guyane

Publie le vendredi 9 juin 2006 par Open-Publishing
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Toujours prompte à se poser en défenseur vertueux de l’environnement dans les instances internationales, la France se voit aujourd’hui contrainte de faire face à un cas pratique complexe d’opposition entre enjeux environnementaux et économiques au coeur de la Guyane française.

Située au nord-est du continent Sud Américain, entre le Surinam et le Brésil, la Guyane s’étend sur 91 000 Km² constituée de 75 000 km² de forêt publique équatoriale dont environ 4 000 km² seulement font l’objet d’un plan d’aménagement pour la production ou la conservation. Département français d’outre-mer, elle est le seul territoire de l’Union européenne sur le continent sud-américain.

Pôle de prospérité dans un continent où la misère fait des ravages, la Guyane est dotée de ressources naturelles exceptionnelles aussi bien en terme de faune et de flore, que minières notamment en or. En dépit de son climat hostile, elle est encore perçue par beaucoup comme un véritable eldorado.
Toute la difficulté pour les autorités françaises consiste à trouver un équilibre entre l’exploitation de ces richesses et leur préservation. C’est ainsi, qu’à l’instar de ce qu’on trouve en métropole, a été créé le Parc naturel régional de Guyane. Un petit paradis menacé avec l’octroi en 2004 par le gouvernement Raffarin d’une concession à un géant canadien de l’exploitation de l’or, la multinationale Cambior.

Une concession loin d’être anodine. D’une durée de 25 ans, elle s’étend sur 30 km² en pleine forêt primaire, au sein du parc régional, dans la montagne de Kaw, et en bordure de la réserve naturelle du même nom.

Industriellement, Cambior doit séparer, à l’issue d’une extraction à ciel ouvert, l’or des roches concassées par cyanuration. Les conséquences sur l’environnement pourraient être désastreuses. D’ores et déjà Cambior demande une dérogation pour dépasser de 10 à 20 fois les normes autorisées de rejet de métaux lourds. Essentiellement du mercure dont les effets calamiteux sont bien connus dans un territoire qui subit depuis un siècle les dégradations liées à l’orpaillage, "orpillage" pour certains.

Cambior a beau se défendre en avançant la mise en place d’une unité d’épuration des résidus miniers, les craintes subsistent d’autant que la principale prise d’eau potable de la ville de Cayenne, située à 45 km, serait exposée à un risque de pollution. Pour les opposants au projet, même sans accident majeur, l’arsenic libéré par l’extraction sera déversé dans les rivières guyanaises entraînant une contamination lente mais continue.

Les défenseurs de l’environnement pointent par ailleurs les nombreux avantages financiers et fiscaux demandés par le futur exploitant : exonérations de taxe foncière, d’impôt sur les société, de taxe sur les carburants, réalisation de 55kms de ligne haute tension, subvention de 28 millions d’euros...

Un contexte explosif qui a entraîné une mobilisation en Guyane aussi importante qu’hétéroclite d’associations de protection de la nature, d’élus et partis locaux et bien sur, de la population.

Face a cet émoi, le ministre de l’Ecologie, Nelly Olin a annoncé le 23 mai dernier l’envoi sur place d’une mission d’inspection générale dont les conclusions sont attendues pour septembre.

A charge pour les Guyanais de lui apprendre que dans le dialecte guanao, population indienne de l’Orénoque, "Guyanne" signifie "terre sacrée".

 http://lamouette.blog.lemonde.fr

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