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Pour faire mentir la dame de fer

Publie le vendredi 23 janvier 2004 par Open-Publishing

"There is no alternative", disait la vieille dame. Apres Walden Bello, qu’en pensent les panelistes que nous avons croises ? Citations croisees avec, entre autres, Walden Bello, George Monbit, Wolfgang Sachs

Partons de l’environnement, avec Wolfgang Sachs, éminent chercheur et écrivain qui nous brosse un tableau severe de la situation, "L’enjeu n’est pas que la globalisation. Nous sommes condamnés à réduire l’empreinte (une traduction littérale du fameux footprint cher aux écologiques et autres intéressés au développement durable) des riches. Nous devons imposer des lois strictes en matière d’environnement. Nous devons faire strictement appliquer les droits humains.

Quatre points que le chercheur va développer. Pour ce qui concerne l’économie et la globalisation, le projet n’est plus, depuis longtemps, le développement. "Désormais, il s’agit de transformer les humains en consommateurs. De réaliser un développement économique sans concertation des Etats. Depuis les 25 dernières années, on voit clairement l’impact de cette marche forcée. Les ressources se rarifient et une infime partie de l’humanité profite de ce "développement". Ce qui nous mène au second point : l’humanité entière ne pourra jamais atteindre le niveau de consommation que s’offre actuellement une certaine classe de privilégiés. (il faudrait pour cela quatre planètes, précisera un autre orateur plus tard). "C’est donc la fin de l’idée de l’économie infinie". La suite ? "Il n’y aura pas d’équité tant que les riches ne réduiront pas drastiquement leur consommation. Ceci exige une transformation de la richesse. Il faut inventer des formes de richesses qui ne gaspillent pas les ressources et peuvent être distribuées à tous." Et le chercheur ajoutera a l’heure des questions : "controler la productoin et le marche ne suffira pas, il faut reellement redefinir production et consommation. Il fut un temps ou le socialisme estimait que la justice commencait a partir d’un certain niveau de developpement, on sait maintenant qu’il y aussi un niveau de developpement a partir duquel la justice devient impossible."

A Bruno, d’attac France, qui lui rétorquer que si la croissance n’a effectivement plus lieu d’être dans les pays riches, elle est nécessaire dans les pays en développement, Sachs répond : "Précisons : je suis contre une croissance telle que définie actuellement. Ce dont ont besoin les pauvres, c’est de la nature. Les 3/4 d’entre eux vivent directement de la nature. Si une croissance est toujours nécessaire, ce n’est donc pas celle du PIB (produit intérieur brut), mais celle d’un "produit naturel brut" pourrions-nous dire...

En matière de droit,le chercheur identifie trois types d’instances régulatrices : L’OMC, le droit de l’environnement et les droits de l’homme. Pour Sachs, l’activité de l’OMC est en contradiction totale avec les deux autres instances. Et de proposer que l’environnement soit placé au sommet de la hiérarchie pour assurer la durabilité de la planète, et juste en-dessous les droits de l’homme. Ainsi l’économie serait soumise à ses deux carcans totalement légitimes.

Michael Albert, activiste de Z Magazine confirme en appele aux droits des travailleurs, à la fin de l’actionnariat, à des salaires indexés sur la difficulté du travail, le temps passé, et non le pouvoir ou la productivité. Lui-aussi affirme que réduire l’impact du capitalisme est une formule si les 20% de terriens nantis ne réduisent pas eux-mêmes leur train de vie. "Trop de gens aux USA sont très sensibles à la question tout en se disant qu’il n’y a pas d’alternative, témoigne le militant. Nous devons les convaincre du contraire !"

George Monbit, journaliste écrivain britannique, sera le plus tranchant, en évoquant le Brésil. "Un pays dont le candidat à la présidence avait un vrai programme populaire ; et qui est désormais paralysé : ni le FMI ni les spéculateurs ne veulent de son programme et il n’a pas le pouvoir de les contrer !" Pur l’Anglais, il est clair que "sans démocratie globale, la démocratie nationale n’est aujourd’hui plus possible". Un problème universel qui mine toutes les initiatives et impacte tous les grands problèmes de la planète, qu’il s’agisse de développement, de dette, du climat, de la guerre ou encore du nucléaire.

"Il faut donc non pas seulement penser global mais agir global", affirme George Monbit. Il faut en finir avec le FMI et la BM, et au moins passer par une puissante refonte de l’OMC, comme reconsidérer toute l’activité des Nations Unies. Plus clair encore : "Il faut élire un parlement mondial". George Monbit en veut pour exemple le FSM : "Un rassemblement extraordinaire mais pas suffisant car pas encore réellement démocratique. Ce qui n’ont pas d’argent, pas de liberté, pas de passeport, pas la langue qu’il faut, ne sont pas ici. Il faudra en venir à un FSM démocratique, élu et représentatif de toutes les populations. Il ne s’agit pas d’un nouveau pouvoir, d’une nouvelle autorité, mais d’un parlement, d’une autorité morale.

"Un exemple : le patron de la Banque mondiale est venu s’exprimer au précédent FSM, une preuve énorme du pouvoir du FSM, c’est ca le pouvoir moral ! Mais il sera beaucoup plus grand et plus legitime s’il est le fruit d’elections.

Le Britannique s’attaque ensuite aux Nations Unies, dont il juge le fonctionnement totalement illegal : une poigne de personnes s’arroge le pouvoir, les votes ne sont pas representatifs, les pays les plus pauvres vendent leur voix, etc., etc. Il propre une refonte qui donnerait leur poids reels aux nations en fonction de leur population, ajoutant qu’un ratio base sur la democratie pourrait faire perdre de ses voix aux dictatures... Il en appelle encore a la cratoin d’une instance de controle financier mondial, qui veillerait a une bonne balance entre pays et previendrait le surdendettement. L’organe faitier du commerce devrait etre encadre par des regles morales. George Mobit terminera avec une conclusion en forme de voeu : "il faut non pas casser la globalisation mais la capter pour en faire une democratie globale"

Colin Hines, ancien de Greenpeace qui a cree "Protect the local, globally", preche pour le protectionnisme. "Aucun pays n’a plus aujourd’hui dans ses objectifs la protection de son agriculture ou de son peuple !", s’insurge le militant. Et cela a cause de cette religion qui a ses chapelles dans les plus petits des pays de cette planete, une religion globale vouee au commerce mondial. Un exemple : les institutions de Brentton Woods ont demande la decennie precedente a l’Inde d’en finir avec son protectionnisme : cela a precipite le pays dans une formidable crise, ouvrant les frontieres a des importations bradees, issues de pays en developpement ou soutenus par des pays qui subventionnent a outrance leurs industries. "Alors oui, Je suis protectionniste. Je veux proteger la planete, la sante, les cultures, les savoirs, le travail, la sante !"

Un livre conseille : "Alternatives to economic globalization", edite par the International Forum on Globalization.