Accueil > Pourquoi les vénézuéliens ont ratifié Chávez à la tête de la République (...)

Pourquoi les vénézuéliens ont ratifié Chávez à la tête de la République Bolivarienne du Venezuela

Publie le jeudi 19 août 2004 par Open-Publishing
1 commentaire

RETOUR SUR UN TRIOMPHE

Pourquoi les vénézuéliens ont ratifié Hugo Chávez à la tête de la République Bolivarienne du Venezuela

Les résultats de ce referendum ont de quoi nous étonner de ce coté de l’Atlantique ! Pourquoi diable, 59,06% du corps électoral vénézuélien ont-ils voté en faveur de celui qui nous est souvent présenté comme un des derniers avatars de ce que l’Amérique latine a pu produire comme représentations sociales dans nos consciences occidentales ?

A moins que l’on ne préfère opter pour l’option qui consisterait à définir cette majorité de vénézuéliens comme trop ignorante pour pouvoir exercer ses droits démocratiques, il convient de s’interroger sur le pourquoi de ce résultat. Pourquoi peut il paraître si étonnant ?

Certains manquements à la vérité des faits historiques du Venezuela tel qu’ils nous sont présentés dans nos journaux ne peuvent tout expliquer, mais ils éclairent en partie un aspect de l’opposition à Hugo Chavez trop souvent occulté.

S’il est vrai que l’opposition, en vertu de l’article 72 de la Constitution bolivarienne, a réuni les 20% de signatures nécessaires au referendum, ce n’était pas là son premier coup d’essai pour tenter de se substituer au gouvernement démocratiquement élu par le peuple vénézuelien.

Ce n’est qu’après un coup d’état médiatico-militaire (le 11 avril 2002), après un coup d’état économique qui, sur l’injonction du patronat, a paralysé le pays de décembre 2002 à février 2003, après des manifestations violentes et des blocages de rues (ces fameuses guarimbas de février 2004 qui n’avaient d’autre but que d’inciter, au prisme d’un chaos organisé, à suivre la voie qui avait été décidée à Haïti par les Etats-Unis et la France), après la tentative de déstabilisation avortée le 09 mai dernier par la découverte de 156 paramilitaires colombiens massés aux alentours de Caracas ; ce n’est qu’après cela que la « Coordination démocratique » a enfin concentré son axe de tir sur les droits que lui confère la Constitution bolivarienne de 1999 votée et approuvée par référendum par 87,75% de citoyens vénézueliens.

Dans toutes les tentatives de l’opposition précédemment citées, ceux qui soutiennent le gouvernement de Caracas ont su résister et n’ont pas manqué de choisir le soutien à la voie qui semblait pour eux la meilleure. Aujourd’hui encore, il en est de même : un triomphe populaire contre une coordination hétéroclite qui se radicalise au fil de ces défaites !!

Et pourtant, faisant fi de la majorité des instituts de sondages vénézuéliens et/ou indépendants, qui donnaient Hugo Chavez gagnant avec des scores approchant celui que nous connaissons désormais, la plupart de nos media ont propagé l’idée d’une société divisée en deux parties égales, ce qui a eu pour conséquence néfaste de jeter une suspicion sur la large victoire d’aujourd’hui.

De même, nous avons pu lire et entendre que la campagne médiatique au Venezuela s’organisait entre la chaîne nationale d’un coté (proche du gouvernement) et les télévisions privées favorables à l’opposition. Là encore, les forces ne sont pas équilibrées. Elles penchent nettement en faveur des 90% de part d’audience que récoltent les média commerciaux hostiles au président vénézuélien.

Aujourd’hui, celui que l’on n’avait de cesse d’accuser de despotisme et de visées dictatoriales se trouve conforté dans le mandat que les électeurs lui avaient octroyé. Nous cherchons encore le dictateur qui accepterait de remettre par référendum son siège en jeu à mi-mandat ! Nous cherchons encore le tyran dont les geôles seraient entièrement vides de journalistes, de syndicalistes, d’opposants…

C’est pourtant encore et toujours sous la figure d’un despote que Hugo Chavez est principalement décrit ces jours-ci dans les principaux média.

Utiliser le vocable « lieutenant colonel parachutiste putchiste » a un poids important pour le lecteur français. Cela renvoie à ce que l’histoire française compte de plus honteux. Et Pourtant, Hugo Chavez n’a pas sauté sur Kolwezi, n’a ni massacré en Indochine, ni torturé en Algérie. Haut gradé d’une unité d’élite parachutiste, il le fut au même titre qu’Itzhak Rabin. Comme Chavez l’ancien prix Nobel de la paix fut un gradé d’une unité d’élite parachutiste israélienne : la Sayeret mat kal. De plus, si Chavez a été putchiste ce n’est qu’après les massacres survenus en 1989, où le gouvernement social-démocrate d’alors avait fait réprimer dans un bain de sang (2000 morts) des « émeutes de la faim ». Ce putch raté, qu’il a payé par une peine de prison, a scellé le pacte de coeur qui l’unit aujourd’hui à ceux qui croient encore à la justice sociale au Venezuela.

D’autre part, le rapprochement avec Mr Castro est tout à fait hors de propos. Si les deux hommes partagent la passion du base ball et des beaux discours, le Venezuela n’est pas Cuba ; Chavez n’est pas Fidel. Il n’y a pas de parti unique au Venezuela, les média ne sont pas muselés et constituent même un acteur politique d’opposition, le petit entrepreneur libéral est fortement encouragé par la Révolution bolivarienne…

Les différentes inexactitudes médiatiques conduisent le spectateur français à une incompréhension du processus bolivarien.

Si les citoyens vénézuéliens ont à nouveau confirmé leur choix c’est que ce gouvernant atypique a répondu a certaines de leurs attentes. Dans un pays où plus de 60% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, les besoins élémentaires des populations pauvres sont désormais assurés.

Dans le domaine de l’éducation, les « écoles bolivariennes » délivrent une éducation primaire gratuite et permettent à 600.000 enfants d’avoir au moins deux repas par jours. La « mission Robinson » a permis à un million et demi d’analphabètes d’apprendre à lire et à écrire. Un grand nombre de vénézuéliens a pu reprendre des études secondaires grâce à la « mission Ribas ». Et la « mission Sucre » propose à ceux qui en étaient exclus de poursuivre des études supérieures.

En ce qui concerne la santé, le « plan Barrio adentro » a déployé plus de 8000 médecins cubains dans des zones désertées par les médecins vénézuéliens. Loin d’être une « castrisation » des esprits, ce plan a permis le développement d’une véritable médecine de proximité et de prévention dans les quartiers défavorisés.

Dans ces deux domaines, véritables fondations d’une justice sociale, le gouvernement a construit un édifice, que les citoyens du Venezuela n’ont pas manqué de consolider le 15 août !

Mais les réformes entreprises ne s’arrêtent pas là. La réforme agraire permet à 60 000 familles de bénéficier d’un million et demi d’hectares de terres. Les pêcheurs artisanaux ont pu se réjouir de la diminution de la zone de pêche industrielle et de la garantie de leurs droits sociaux tels que le prévoit la loi sur la pêche. Plus de 200 média communautaires ont été autorisés à émettre par ce gouvernement. Ce réseau de télévisions et de radios, fait par la communauté d’un quartier, d’une ville pour la communauté est sans précédent historique. La loi sur le micro-crédit facilite l’obtention d’une somme d’argent pour financer un projet, si modeste soit-il. Ces exemples sont loin d’être exhaustifs ! Ils ne sont qu’une brève illustration des changements progressistes qu’ont permis 4 ans de révolution bolivarienne.

De manière plus générale, le gouvernement vénézuélien s’est attelé à une construction alternative de démocratie. Une interdépendance s’est créée avec les organisations populaires de base. Celles-ci ne peuvent se passer du soutien étatique dans le même temps où l’appui du pouvoir sur ces organisations est devenu irrémédiable. C’est à la réalisation d’une société plus proche de l’idéal démocratique que s’attèle les 59,06% de vénézuéliens qui ont voté NO ! ce 15 août !!

Ce qui s’est passé ce dimanche au pays du Libertador Simon Bolivar ne doit pas nous étonner. Un peuple en marche a décidé rationnellement de poursuivre sa Révolution. En permettant à son président de finir son mandat, ses partisans ont voté pour que leur souveraineté, leur histoire et leur devenir ne leur soient pas une fois de plus volés.

Paris, le 19/08/2004

Cercle Bolivarien de Paris

Association loi 1901

http://perso.wanadoo.fr/cbparis/

CBParis@wanadoo.fr

Messages

  • Excellente analyse. J’ai lu dans Informations Ouvrières ’l’hebdomadaire du PT) de cette semaine un reportage écrit par un des dirigeants de la CUT brésilienne, membre de l’Entente Internationale des Travailleurs, qui la corrobore.

    Unique bonne nouvelle politique pour tous ceux qui veulent changer le monde : les classes exploitées ont compris quel était leur intérêt ! Et il est bon de constater que c’est partout, y compris en France, que le peuple peut prendre son destin en main ! On peut résister : le rouleau compresseur des banquiers capitalistes et de leurs gouvernements aux ordres peut être enrayé ! Pourquoi seulement au Vénézuela ? Qu’est-ce qui manque ailleurs ?
    Des partis et des syndicats réellement indépendants des instances internationales financées par le FMI, la banque mondiale, ou les gouvernemetns à leurs bottes.

    A noter : la place des dirigeants de la 2ème "internationale" au Vénézuéla : dans le camp des Etats-Unis, pour le Oui avec les patrons et les réactionnaires de tous poils ! Comme en Europe dans le camp du Oui au projet européen de "constitution" totalitarisante !

    Claude