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Présidentielle : vers la surprise antilibérale !

Publie le jeudi 11 mai 2006 par Open-Publishing
13 commentaires

CE n’est pas de gaieté de cœur que les alter-mondialistes, écologistes et internationalistes proeuropéens les plus convaincus ont dit non, l’an passé, au projet de Constitution européenne. Ils s’y sont résolus sous la contrainte exercée par la crainte du contenu libéral réactionnaire d’un texte proposé par la droite libérale, soutenue par la majorité tout aussi libérale d’un Parti socialiste de plus en plus éloigné de ses racines ouvrières et populaires, en rupture avec ses principes originels fondamentaux. Ce n’est pas irréversible tant une telle orientation reste contradictoire de l’intérêt réel de l’électorat socialiste, plus encore de l’immense majorité des salariés, du peuple travailleur et de ses franges dénuées d’emploi, sans oublier la jeunesse lycéenne et étudiante disponible à de nouvelles mobilisations. Le PS est versatile, avec ce parti, rien n’est jamais définitif.

En France, une majorité de citoyens s’est reconnue dans le refus de l’Europe libérale, 60/100 dans l’Île de La Réunion. Les militants ont fait leur travail, le peuple a fait le sien. Il y a eu beaucoup de mérite si l’on mesure à sa juste importance la portée négative de l’émiettement traditionnel de la gauche antilibérale dans le pays. Cette dispersion n’est pas sans motifs, tous liés à l’histoire contemporaine, nationale, européenne et mondiale telle qu’elle est analysée et perçue par les chefs politiques des organisations. Plus encore elle s’enracine dans le vécu particulier de leur lien au mouvement ouvrier révolutionnaire tel qu’ils l’ont eu en partage avec leurs camarades de parti et surtout avec leurs ex-camarades des organisations concurrentes. Là, en dépit du référent Marxiste des uns ou des autres comme de la teneur de leurs discours empreints de relations à des analyses de classe savantes, gît le problème psycho-politique principal.

Contrairement à la droite classique comme à la gauche social démocrate qui sont également capables de passer outre les haines individuelles les plus féroces, liées aux trahisons les plus éhontées, au nom de l’intérêt supérieur de leur camp, la gauche anti-libérale se complait dans une posture de gauche extrême, sectaire et vindicative, incapable de surmonter ses divisions organisationnelles historiques liées à des enjeux révolus. Elle sait dire non et convaincre, aller au-devant des exigences populaires, contribuer puissamment à la victoire de la jeunesse et des syndicats à l’encontre du CPE. Elle ne sait pas s’entendre pour proposer et l’emporter même quand elle défend des principes et des revendications à peu près semblables, parce qu’inspirées des revendications et exigences pratiques issues du monde syndical et associatif. Elle a une attitude profondément gauchiste, au sens où l’entendait Lénine pour le déplorer en l’analysant comme "maladie infantile" à surmonter. Tout n’est pas à prendre chez Lénine, tout n’est pas à jeter non plus.

La gauche antilibérale doit s’unir, elle doit se rassembler derrière une candidature antilibérale unique, quelle qu’elle soit, au premier tour de la présidentielle avec pour ambition de figurer ou de peser sur le deuxième en mettant en avant des propositions très avancées, de nature très simple à comprendre pour tout un chacun.

Par exemple :

 1) la revalorisation des salaires
 2) le rétablissement et la généralisation des 35 heures partout
 3) l’abolition du CNE
 4) la reconstruction d’un secteur public stratégique
 5) l’interdiction des OGM
 6) le recrutement d’enseignants et fonctionnaires au niveau des besoins
 7) la reconnaissance de la diversité des peuples constituant le peuple français
 8) l’introduction du principe de subsidiarité dans le rapport entre l’État et les Régions, les Régions et les communes
 9) l’instauration du RMI à 18 ans en prélude au salaire citoyen pour tous
 10) la mise en place d’un service civil et civique mixte et volontaire à caractère humanitaire et social dans les diverses régions
 11) l’abolition des départements...

Il faudrait que le candidat choisisse de mettre en valeur cinq ou six de ces propositions, qu’il mène campagne avec le soutien de toutes les forces antilibérales et crée la surprise à l’élection où rien n’interdit a priori l’éventualité d’un duel gauche libérale contre gauche antilibérale au deuxième tour ou bien, en tout cas, l’obligation pour chacun en France et en Europe d’enregistrer enfin l’avènement d’une force alternative fédérée digne de ce nom et apte à la menée d’autres combats. Une telle perspective n’est pas impossible ; en politique, la base peut peser sur le sommet.

François Esquer, porte-parole du MGER

Présidentielle : vers la surprise antilibérale !
Article paru dans Témoignages le jeudi 11 mai 2006

Messages

  • "CE n’est pas de gaieté de cœur que les alter-mondialistes, écologistes et internationalistes proeuropéens les plus convaincus ont dit non, l’an passé, au projet de Constitution européenne"

    Pas de gaieté de coeur ?

    En effet. Le Traité de Rome, Maastricht, la Grosse Commission : Y’a bon !

    • CE n’est pas de gaieté de cœur que les alter-mondialistes, écologistes et internationalistes proeuropéens les plus convaincus ont dit non, l’an passé, au projet de Constitution européenne. Ils s’y sont résolus sous la contrainte exercée par la crainte du contenu libéral réactionnaire d’un texte proposé par la droite libérale, soutenue par la majorité tout aussi libérale d’un Parti socialiste de plus en plus éloigné de ses racines ouvrières et populaires, en rupture avec ses principes originels fondamentaux.
      cher anonyme , si tu reprends en citation un morceau du texte , tu dois avoir l’honneteté de reprendre le texte et de ne pas saucissoner les morceaux qui t’arrangent .
      claude de toulouse .

    • Encore un texte que j’applaudis... à quand les actes ?

      Konrad

  • C’est vrai que je me pose aussi souvent la question de cette rageuse volonté indépendantiste de nos anti-libéraux.
    2 hypothèses (qui valent ce qu’elles valent ; je cherche !) :
    Soit le refus de s’unir est du au "confort de l’opposition", critique aisée, propositions sympas mais qui n’auront jamais à être mises en oeuvre.
    Soit la profonde certitude que l’on n’arrivera jamais à arriver par les urnes ou que l’on ne sera jamais en position de force pour imposer quoi que ce soit.
    Je pense pourtant qu’une candidature regroupant LO, LCR, PCF, Verts (de gauche, pas les conhbendit et autres voynet), les mouvements associatifs ferait premier tour prometteur.
    En espérant ...
    JP

  • Est-il vraiment pertinent de constamment revendiquer la victoire du Non au référendum quand on sait (mais certains préfèrent l’oublier) qu’une grosse partie de ceux qui ont voté non sont des électeurs d’extrême-droite ?

    Le vote contestataire a été majoritaire lors du vote, ça ne fait pas de doute. Mais il n’était pas que de gauche.

    Romain

    • Je n’ai parlé que du NON au PS, ce qui signifie que malgré la consigne de vote, la majorité des socialistes s’est prononcée contre la version "sociale-démocrate". C’est plutôt de bon augure et permet d’envisager un rassemblement très large pour battre la droite.

    • Les seuls éléments, indirects, que nous ayons eu celà a été les sondages après le vote. Et là, apparemment il ressort que le vote de gauche aurait été majoritaire dans le NON, à la difference du OUI où le vote de gauche aurait été minoritaire.

      Ensuite, la majorité du vote de gauche se serait portée sur le NON..

      Enfin, la grosse majorité des travailleurs, des couches populaires aurait voté NON, la bourgeoisie, les cadres et les professions intermediaires auraient eu plus tendance à voter oui.

      Il me parait difficilement niable que le vote de gauche se soit porté essentiellement et majoritairement sur le NON pour une fois que le vote était sur un contenu mesurable, quantifiable et analysable.

      La difference eut été encore plus en faveur du NON si les ultra-liberaux de gauche et de droite n’avaient pas eu le contrôle (qu’ils ont encore et utilisent toujours à plein pot) des hauts parleurs anti-démocratiques des médias.

      Bien plus, en tenant un discours sur les contenus réels, en ne lâchant pas sur toutes les saloperies dans le texte, démontration a été faite qu’une bataille pouvait être menée et être gagnée, donnant ainsi un formidable signal aux autres peuples d’Europe qui, à la suite de la victoire populaire du non, si ils avaient été interrogés, auraient balayé les petits plans anti-sociaux et anti-democratiques des ultra-liberaux, partout en Europe. On ne le saura pas car, à part les Pays Bas et le Luxembourg, tout le monde à remballé à toute vitesse ses referendums sur le sujet....

      La leçon du 29 Mai c’est qu’une défense intransigeante des interets des populations construite sur des contenus parle à la majorité sociale de la population, alors que les ambiguités permanentes des forces de gauche conduit à un terrible soupçon permanent, malheureusement systématiquement confirmé par les faits. Les ambiguités entretenues, le lèche fait par une partie de la gauche de droite envers des interets bourgeois, conduisent l’extreme-droite à faire des trouées dans les couches populaires.

      La gauche liberale, les Hollandes, Royales, Kouchners, DSKs, Rocards, Langs, etc, parcequ’ils détruisent les espérances des couches populaires d’avoir un gouvernement qui les defendent, sont les meilleurs marche-pieds de l’extreme-droite.
      Ceux qui pensent faire barrage aux fachos et aux forces de droite autoritaires en se soumettant et en courbant l’echine derrière nos liberaux de gauche font un très mauvais calcul.

      C’est la réalité, toujours la réalité qui rattrappe toutes les prétentions argumentaires.

      Le problème que nous rencontrons vient de l’incapacité de dégager un courant politique unitaire qui soit anti-liberal, anti-capitaliste et auto-gestionnaire, mais surtout qui exprime le désir instinctif de la majorité sociale de la population à résister au cauchemar ultra-liberal qu’elle subit avec une intensité croissante depuis 20 ans en France (comme en Europe).

      La bataille politique, à mener, dépasse largement les questions electorales proches. Elle dessine les contours d’un mouvement puissant, independant clairement des ambiguités des gauches libérales, non par démarches sectaires mais en se tournant vers les interets des travailleurs et de la jeunesse.

      La question, ainsi, n’est pas de s’allier ou pas au PS pour un gouvernement, mais d’avancer en toute independance vers ce qu’on veut, en prenant un soin attentif vers la structuration et la construction d’un mouvement réellement de gauche.

      Les partis existants ne peuvent être contournés et, honnêtement, j’ai plus confiance dans le PC et la LCR qu’en Bové. Non pas parceque je n’aime pas Bové, je le trouve au contraire souvent magnifique, pertinent et opiniatre. Mais je sais bien d’où viendront les militants, je sais bien qu’il y a des dérives à la Juquin (vous rappelez-vous ?) que des partis n’ont pas.

      Enfin, pour moi, ce qu’il faut viser c’est la création d’une nouvelle forme d’organisation auto-gestionnaire construite sur des contenus et à partir de militants, pas une écurie électorale sans lendemains, par une écurie construite autour d’élus ou d’éventuels futurs élus.

      Copas

  • "8) l’introduction du principe de subsidiarité dans le rapport entre l’État et les Régions, les Régions et les communes

    11) l’abolition des départements..."

    Allez encore un effort, supprimons la nation et remettons nous en à une europe "sympa".

    "7) la reconnaissance de la diversité des peuples constituant le peuple français "

    Quid du citoyen français ?

    Heureusement que pendant la campagne référendaire la campagne du non ne s’est pas faite sur les points 7, 8 et 11.
    Pas sûr que le non aurait gagné.
    Allez on se réveille.
    Alain

    • Je souscris à tout ton texte, claude de Toulouse, sauf que ce fut le coeur joyeux que j’ai appelé à voter non et ai voté non à cette saloperie libérale...
      Dispo pour travailler à la surprise antilibérale
      sousmarinvert@ouvaton.org

    • Salut à tous,
      Un appel pour des candidatures unitaires de la gauche antilibérale en 2007 et 2008 est disponible sur http://www.alternativeunitaire2007.org/spip/ ( et plus précisément http://www.alternativeunitaire2007.org/spip/article.php3?id_article=1 ).

      Lisez le, signez le et faites le signer pour que les appareils politiques acceptent des candidatures unitaires.

      Babeuf

    • IL Y A URGENCE !

      Pour que ça change vraiment, l’heure est venue de passer aux actes :
      nous proposons la création d’un collectif national d’initiative pour un
      rassemblement antilibéral de gauche et des candidatures communes.

      En moins d’un an, à plusieurs reprises, la société française s’est
      insurgée contre le libéralisme, destructeur de vies et d’avenir. Le 29
      mai 2005, une majorité a sanctionné les choix libéraux des élites
      européennes. A l’automne, la jeunesse de nombreux quartiers populaires,
      confrontée au chômage, à l’exclusion et aux discriminations, a
      manifesté sa révolte. En mars et avril de cette année, c’est par
      millions que jeunes et salariés se sont soulevés contre la précarité et
      la destruction du code du travail. Depuis, le refus de la loi sur
      « l’immigration jetable » s’étend. Ces séismes à répétition et les
      luttes appellent une réponse politique à la hauteur. Elle ne peut pas
      être le « réformisme de gauche » accompagnant la mondialisation
      capitaliste que propose la direction du Parti socialiste. Elle ne peut
      pas être la réédition de ces alternances sans changement profond qui se
      terminent immanquablement par des désastres, comme le 21 avril 2002.

      Notre pays a besoin d’une rupture avec le cadre libéral, et non d’un
      aménagement de celui-ci. Ce choix, qui doit être traduit en
      propositions précises, correspond à l’attente de millions de femmes et
      d’hommes de notre pays. Il a vocation à être majoritaire au sein de la
      gauche, à y battre les politique d’adaptation et de renoncement,
      ouvrant ainsi la voie à un changement politique et social profond.

      Le discours dominant prétend fixer le cadre des prochaines échéances
      électorales en les réduisant à la rivalité des deux partis
      institutionnellement dominants. Tout juste s’inquiète-t-on de la
      capacité de l’extrême droite à troubler le jeu et s’interroge-t-on, en
      marge, sur qui décrochera le prix du meilleur second rôle à gauche du
      PS au terme d’une dérisoire compétition dans la dispersion.

      Mais l’Histoire n’est pas écrite.

      Nous étions ensemble contre les offensives de la droite et du patronat,
      refusant de nous incliner devant l’inéluctabilité du modèle libéral que
      l’on cherche à imposer à tous les pays d’Europe. Dans nos partis,
      syndicats, associations, dans le cadre des collectifs unitaires du 29
      mai ou d’autres initiatives visant à l’unité, nous avons poursuivi
      notre démarche. Nous affirmons que seule une union de toutes les
      énergies anti-libérales autour d’un projet commun, seules des
      candidatures communes antilibérales de gauche aux élections
      présidentielle et législatives peuvent ouvrir la voie à une authentique
      alternative : sociale, écologique, anti-discriminations, démocratique.
      Faute de quoi l’exaspération et la détresse populaires risquent de se
      traduire en abstention et de profiter à la droite extrême ou à
      l’extrême droite.

      Les obstacles à l’unité peuvent être levés si la volonté politique
      prévaut.

      Nous nous battons pour gagner. Nous voulons en finir avec le pouvoir de
      la droite, en finir durablement avec une politique dont le pays fait
      les frais depuis trop longtemps. C’est pourquoi nous avons l’ambition
      de changer en profondeur la donne politique, de bouleverser le rapport
      de forces à gauche. Nous voulons construire une forte dynamique
      populaire et citoyenne, œuvrer ainsi à l’essor des mobilisations
      sociales, avec l’objectif d’une majorité et d’un gouvernement qui
      appliquent une politique au service du peuple. Une politique en rupture
      avec le libéralisme, opérant des choix respectueux du futur de la
      planète et des humains qui y vivent. Nous le croyons possible. Si nous
      n’accédons pas au second tour de la présidentielle, nous nous
      mobiliserons pour battre la droite et l’extrême droite. Mais nous ne
      participerons pas à un gouvernement qui serait dominé par le
      social-libéralisme.

      Des propositions convergentes existent sur nombre de questions
      essentielles. Elles fournissent déjà un fondement solide à notre
      rassemblement.

      Notre campagne commune aux élections présidentielle et législatives
      devra s’inspirer de celle menée pour le rejet du traité constitutionnel
      européen. C’est la même dynamique unitaire que nous devons donner à
      voir dans les entreprises, les quartiers, les meetings, les médias.
      Cette campagne devra être portée par les différentes sensibilités
      engagées dans le processus et ensemble, partout, par les milliers de
      citoyens qui s’y retrouveront.
      Un tel cadre collectif permettra d’échapper à la dérive
      présidentialiste encouragée par les institutions et de désigner celle
      ou celui qui symbolisera le mieux notre unité à l’élection
      présidentielle.

      Le temps est venu de concrétiser. Nous proposons la création d’un
      collectif national d’initiative permettant de discuter de toutes les
      questions auxquelles ce rassemblement devra répondre, de lever les
      derniers obstacles et de concrétiser cette campagne. Nous convions
      toutes les forces, courants, sensibilités de la gauche anti-libérale,
      féministe, écologiste, citoyenne à être partie prenante de ce collectif
      qui ne sera pas un cartel figé et restera ouvert. Nous invitons toutes
      celles et ceux qui partagent notre objectif à créer partout de tels
      collectifs d’initiative, unitaires et populaires.

      Il nous appartient de délivrer ensemble un message d’espoir. Le temps
      presse. Le défi doit être relevé.

      http://lagauche.canalblog.com