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Projection du film LA LOI DE LA JUNGLE Chronique d’une zone de non droit : la Guyane française.

Publie le mardi 30 mars 2004 par Open-Publishing

Film sur la guyane

Projection du film de Philippe Lafaix :

LA LOI DE LA JUNGLE
Chronique d’une zone de non droit : la Guyane française.
2003- 53’ -F Productions

Frontières passoires, chercheurs d’or, tortures et actes de barbarie,
corruption, mercure à gogo et omerta généralisée. Refusé par toutes les
chaines nationales, le film a révélé l’ampleur de la catastrophe sanitaire
et environnementale dans notre plus grand département français.

Mercredi 7 avril 2004 à 20H00
au café resto Librairie
LA PASSERELLE
3 rue St Hubert
75011 PARIS
01 43 57 04 82

La projection sera suivie d’un débat avec le réalisateur
(et pour ceux aui veulent resto dans un cade sympa- réservations au 01 43
57 04 82)

Film visible en consultation du 31 mars au 30 avril au FORUM DES IMAGES
dans le cadre du salon des refusés organisé par ADDOC
Forum des Images -porte St Eustache- Forum des Halles 75001 PARIS Tel : 01
44 76 62 00 -
www.forumdesimages.net

Pour voir le film sur Internet :
http://loidelajungle.fr.st

La loi de la jungle - Chronique d’une zone de non-droit : la Guyane française

La loi de la jungle
Chronique d’une zone de non-droit : la Guyane française.
Philippe Lefaix - Documentaire 2003 (53’)

La Guyane française : dernière possession européenne en Amérique du Sud, et plus grand département français, aussi vaste que le Portugal. Côté face : Kourou, point de départ de l’aventure spatiale européenne, et orgueil de la France. Côté pile : une forêt tropicale dense et un labyrinthe de fleuves où nous fait pénétrer La loi de la jungle, chronique d’une zone de non-droit. Avec la jungle finit la loi ; avec elle, commencent tous les trafics : d’or, d’armes, ou de drogues. Avec la jungle s’évanouit la frontière qui transforme les habitants de la forêt en parias que l’Etat français s’évertue à expulser. Des expulsés qui reviennent à la pirogue en quelques minutes par ces frontières-passoires. Avec la jungle enfin s’ouvre une zone de non-droit pour les aventuriers sans scupules à la recherche d’or, dont le film, document inédit, démasque les crimes, jusqu’ici impunis et largement ignorés. Au nom de l’or, ils éventrent forêt et fleuves, qu’ils souillent de mercure.
La loi de la jungle nous emmène sur des sites d’orpaillage clandestins, cernés de miradors, où les braquages fréquents déclenchent de véritables chasses à l’homme. « La vie d’un homme, ça peut valoir 500 francs, presque rien, une dispute, une bagarre, un contrat aussi, ça arrive... Personne ne dit rien, par peur, parce qu’on sait que c’est un pistolero », témoigne un fonctionnaire. Lorsque des conflits éclatent entre clans, l’Etat français se décharge du problème en confiant à des orpailleurs locaux le soin de rétablir l’ordre dans la forêt impénétrable.
Depuis dix ans, ces anciens « jungle commandos », organisés en milices, maintiennent l’ordre à leur façon en toute impunité, sur ce qu’ils estiment être leur territoire. Un médecin du SAMU de Cyenne explique avoir soigné « deux brésiliens tabassés à mort, mis dans un puits avec des fourmis rouges ». Wilame, Claudivan, Isais, Raimundo, chercheurs d’or brésiliens exploités quelquefois pendant des années, racontent leur calvaire face à la caméra : « là bas, ils tuent, ils volent, ils violent ». Le film nous précipite dans l’horreur des hommes battus, torturés au fer rouge, scalpés, pendus par les testicules, et laissés pour morts. « Il y’a cinquante passeports d’amis à nous qui sont enfermés dans le coffre... on pensait qu’ils les payaient et qu’ils partaient, mais ces gens ne sont jamais arrivés chez eux, les familles n’ont plus de nouvelles d’eux », poursuit l’un des rescapés. « Les ressortissants brésiliens en Guyane sont réduits, encore de nos jours, aux indignités du plus complet esclavage », écrit le 17 mai 2002 au président français Jacques Chirac, le sénateur brésilien de l’Amapa, Gilvam Borges. « Nous sommes bien en France, dans un Etat de droit, et il y a une zone de non-droit qui a été tolérée par l’autorité publique, qui a longtemps fermé les yeux », conclut l’avocat René Kerhpusse.
Inexistants pour la « République française, une et indivisible », les amérindiens et amérindiennes de Guyane française vivant en « Pays indien », un territoire leur étant réservé depuis 1970 pour « respecter le mode de vie, les coutumes, l’organisation sociale et familiale ainsi que le particularisme des populations indiennes » (arrêté préfectoral du 14/09/70) pour empècher le tourisme et la transformation des villages indiens en zoos humains. Ils sont à nouveau menacés par les appétits des industriels du tourisme.
L’exotisme et la nudité « pittoresque » des habitants de la colonie française semblent pouvoir générer de gros profits par le biais de cette perversion branchée qu’est l’ethno-tourisme. Pour la première fois depuis 33 ans, le secrétaire d’Etat au tourisme, Léon Bertrand, veut abroger le règlement protégeant les indiens, au nom de la « libre circulation » et de la « République une et indivisible ».
L’Etat projette un Parc National, plus républicain et moins contraignant pour les industriels du tourisme, sensé participer à la lutte contre les orpailleurs (récupérer un peu d’impôts ?), tout en leur laissant le territoire qu’ils convoitent, au mépris de la volonté des populations amérindiennes, alors que l’on sait que le contact entre touristes occidentaux et des populations fragiles entraîne des ravages pour ces dernières, à la mesure des profits engrangés par les voyagistes : épidémies, alcoolisme, destructions des structures sociales, émigration.