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Quand les colonisés libéraient la France
Publie le dimanche 15 août 2004 par Open-Publishing1 commentaire
Un
Dossier Quibla
La commémoration du 60ème anniversaire du débarquement
allié en Provence, les 14 et 15 août 2004, est l'occasion pour
la France de rendre hommage aux troupes coloniales, ces oubliés de l'histoire.
Les "bougnoules" ont libéré la France. Rappeler cette
vérité historique, c'est non seulement faire oeuvre de mémoire,
mais aussi contribuer à rétablir la justice pour les populations
issues de cette tragique histoire coloniale et qui sont aujourd'hui victimes
de discriminations inacceptables, dans un pays que leurs ancêtres ont
contribué à libérer. Quibla publie donc un dossier sur
cet aspect trop longtemps méconnu de l'histoire. Un dossier puisé
dans la presse mondiale, notamment ouest-africaine et maghrébine.
Combien
de tirailleurs ? Combien de morts ?
« Les débarquements de Provence et de Normandie, puis la campagne
de France de la 1ère Armée, sont menés à 50% par
des troupes africaines (125 000 hommes sur un effectif total de 250 000). Les
seuls tirailleurs nord-africains déplorent 14 000 tués et 42 000
blessés en 1944-45. Au total, entre 1939 et 1945, 200 000 tirailleurs
d'Afrique noire et de Madagascar et 320 000 tirailleurs maghrébins se
sont battus pour défendre la France, chiffres auxquels il faut ajouter
les effectifs restés sur place. Au total, les pertes des colonisés
mobilisés sont aujourd'hui estimées, selon les sources, entre
80 000 et 120 000 morts. »
Eric Deroo, l'histoire méconnue des tirailleurs, in Un livre noir du
colonialisme "Souvenirs sur la colonisation" de Félicien Challaye,
éd. les nuits rouges, 2003.
Quels enjeux ? " Anvil-Dragoon", le Débarquement des oubliés - La lente constitution de l'"armée B" - La France honore les oubliés du débarquement de Provence par Yves Bordenave, Le Monde - L'absence de M. Bush - Que s'est-il passé en août 1944 ? 15 août 1944, 3 h 50, l'opération "Anvil-Dragoon" commence par Yves Bordenave, Le Monde
Du
côté des oubliés
1 - Les goumiers marocains
- Ces Goumiers qui ont libéré la France par Abdelhakim HAMDANE,
Aujourd'hui Le Maroc
- Abdelhadi Ben Rahalat, l'amertume d'un ancien "goumier" marocain
2 - Les tirailleurs algériens
- De Ben Bella à Bouteflika
- L'hommage de la France aux oubliés de l'Histoire
3 - Les Tunisiens aussi
4 - Les tirailleurs sénégalais
- Et si la France rendait justice aux tirailleurs africains par Birama Touré,
Le Reflet, Bamako
- Des anciens combattants "payés comme des immigrés"
- Deux Burkinabés médaillés de la légion d'honneur
française
- Diabé Sow : des tranchées de la seconde guerre mondiale aux
périmètres irrigués de la Vallée par Aboubacar Demba
Cissokho, Agence de presse sénégalaise, 13 août 2004
Quels
enjeux ?
" Anvil-Dragoon", le Débarquement des oubliés
Le 18 juin 1940, lançant son appel à poursuivre le combat, Charles
de Gaulle rappelait que la France n'était pas seule, qu'elle avait un
Empire derrière elle... Le 15 août 1944, en Provence, sur les 286.000
hommes qui débarquèrent sous le drapeau français, environ
50.000 venaient des colonies -Sénégal, Maroc, Algérie,
Afrique Equatoriale Française et Afrique Occidentale Française.
L'armée d'Afrique.
Les divisions d'infanterie, composées d'Algériens et d'autres
Africains ont ouvert, dès le 15, une tête de pont sur la côte
méditerranéenne, du cap Cavalaire à Agay. Toulon fut libérée
le 27 août, avec dix jours d'avance sur le calendrier prévu. Et
c'est la 3ème division d'infanterie algérienne qui libéra
Marseille, 12 jours seulement après le débarquement.
Si la France leur rend hommage 60 ans après, l'histoire a longtemps été
amère pour ces "oubliés", soldats de seconde zone. L'épisode
de Thiaroye (Sénégal) est le plus sinistre: démobilisés
à leur retour d'Europe et des camps allemands, des tirailleurs sénégalais,
rassemblés au camp de Thiaroye seront massacrés par l'armée
française le 1er décembre 1944, après s'être soulevés
pour réclamer leurs arriérés de soldes.
Puis, en 1959, à l'heure où l'Empire se disloque, Paris décide
la "cristallisation" des pensions des anciens combattants africains,
pour cause de processus d'indépendance. Le processus de "décristallisation"
est entamé en 2000, sur plainte d'un ancien combattant, Amadou Diop,
et le gel partiellement comblé en 2004, la France revalorisant les pensions.
Mais qui restent encore bien à la traîne par rapport à celles
des anciens combattants français.
Source : AP, 13 août 2004
La
France honore les oubliés du débarquement de Provence
par Yves Bordenave, Le Monde, 14 août 2004
Au cours des cérémonies du 60e anniversaire, dimanche 15 août,
à Toulon, Jacques Chirac devrait rendre hommage aux anciens combattants
originaires d'Afrique de l'Ouest et du Maghreb qui ont participé à
la libération du pays en 1944. Seize chefs d'Etat sont attendus.
Ce matin-là , la mer était d'huile au large des côtes varoises.
Le 15 août 1944, à 8 heures, les premières troupes américaines,
britanniques et françaises se sont ruées simultanément
sur les plages de Pampelonne, de Saint-Tropez, de Cavalaire, de Sainte-Maxime
et de Saint-Raphaël.
Le débarquement de Provence venait de commencer. Il allait conduire à
la libération de Toulon le 27 août, et à celle de Marseille
le lendemain.
Vingt-deux pays, anciennes colonies de l'Afrique francophone comprises, participèrent
à l'opération "Anvil-Dragoon" (enclume-dragon). Plus
de 100 000 ressortissants des pays d'Afrique du Nord et d'Afrique-Occidentale,
placés alors sous le régime de l'empire colonial français,
fournirent l'essentiel des 230 000 soldats de l'armée d'Afrique, commandée
par le général de Lattre de Tassigny.
Soixante ans après, combien en reste-t-il ? Les organisateurs de la commémoration
assurent avoir eu bien du mal à retrouver les 300 vétérans
africains qui seront présents ce week-end pour commémorer cette
épopée.
Aux morts sous la mitraille se sont ajoutés ceux tombés dans l'oubli.
Nombre de ces soldats qu'on appelait alors les "indigènes"
vivent dans des villages reculés de la brousse ou des flancs de l'Atlas.
A cette difficulté géographique s'ajoute la réalité
impitoyable de la statistique : en Afrique, les hommes meurent jeunes.
En cette journée d'anniversaire, c'est leur mémoire et leur participation
à la victoire contre le nazisme que le chef de l'Etat devait célébrer,
dimanche 15 août, dans la rade de Toulon, à bord du porte-avions
Charles-de-Gaulle. En point d'orgue de cette commémoration, vingt-trois
vétérans, représentant les pays engagés dans l'opération
"Anvil-Dragoon", recevront la médaille de chevalier de la Légion
d'honneur des mains du chef de l'Etat, à l'issue du défilé
naval prévu dans l'après-midi de dimanche.
L'absence
de M. Bush
Rendez-vous de la mémoire, la commémoration du deuxième
débarquement sur le sol français sera aussi un rendez-vous diplomatique.
Seize chefs d'Etat africains ont été invités. Pour la première
fois depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962, un président
algérien, Abdelaziz Bouteflika, honorera ces festivités. L'annonce
de sa venue a déclenché une polémique : une soixantaine
de députés de l'UMP s'étaient émus de cette invitation,
accusant M. Bouteflika d'avoir "ignoré et bafoué la mémoire
des harkis et des rapatriés". Le ministre des affaires étrangères,
Michel Barnier, leur a répondu qu'il "est légitime que le
président algérien, comme les autres chefs d'Etat concernés
par cette page de notre histoire, soit convié à cette commémoration".
Plus explicite encore, le ministre délégué aux anciens
combattants, Hamlaoui Mekachera, a déclaré qu'il ne fallait pas
"gâcher" l'amitié franco-algérienne. "Chaque
chose doit rester à sa place, a-t-il souligné jeudi 12 août
sur RTL. Il y a cet événement, cette page d'histoire très
importante écrite avec certains pays d'Afrique et du Maghreb, ce 15 août
1944 ; et puis il y a des événements postérieurs à
cette date."
Le président tunisien Ben Ali et le roi du Maroc Mohammed VI seront également
présents. Seul l'Ivoirien Laurent Gbagbo, dont les relations avec la
France sont actuellement tendues, a choisi de bouder ces festivités.
Le Congolais Denis Sassou Nguesso et le Gabonais Omar Bongo, tous deux retenus
en raison des célébrations du 44e anniversaire de l'indépendance
de leur pays, se sont excusés.
A la différence des cérémonies du 6 juin en Normandie pour
le 60e anniversaire du débarquement des troupes alliées sur les
côtes du Cotentin, la reine d'Angleterre, Elisabeth II, et le président
des Etats-Unis, George Bush, ont décliné l'invitation. Ils ont
mandaté leurs ministres aux anciens combattants : Ivor Caplin pour la
Grande-Bretagne, et Daniel Lewis-Cooper pour les Etats-Unis.
Des membres du gouvernement français seront également présents
tout au long des cérémonies qui se tiendront dans plusieurs localités
varoises. Samedi 14 août, Hubert Falco, maire de Toulon et ministre délégué
aux personnes âgées, remettra à La Motte-Le Muy une décoration
à neuf vétérans britanniques. La ministre de la défense,
Michèle Alliot-Marie, décorera, à Draguignan, neuf vétérans
américains. Et le lendemain, la ministre de l'outre-mer, Brigitte Girardin,
honorera quatre-vingts vétérans étrangers et français.
Que
s'est-il passé en août 1944 ?
15 août 1944, 3 h 50, l'opération "Anvil-Dragoon" commence
par Yves Bordenave, Le Monde, 14 août 1944
Cette fois , les résistants n'ont plus de doute. Radio-Londres diffuse
enfin le message tant attendu : "Le chef est affamé." Nous
sommes le 14 août 1944. Il est un peu plus de 20 heures et, dans quelques
heures, la douceur de l'été provençal sera rompue par le
vacarme de bombes. L'opération "Anvil-Dragoon" commence dans
la nuit claire du 14 au 15 août peu après minuit.
Avant les premières lueurs de l'aube, des commandos s'emparent de quelques
positions avancées allemandes. Les rangers de la First Special Service
Force US du colonel Walker neutralisent les batteries ennemies déployées
sur les îles d'Hyères, à l'est de Toulon. Au même
moment, sur la terre ferme, le premier groupe des commandos d'Afrique, dirigé
par le lieutenant-colonel Bouvet, accoste près du cap Nègre.
Près de 500 navires de guerre ont mis le cap sur le continent. Peu avant
8 heures, dans la matinée du 15 août, cette formidable armada approche
au plus près de la côte, le long d'une ligne de 70 kilomètres
entre Hyères et Cannes.
Partie dès le 10 août des ports méditerranéens de
Tarente, Palerme, Naples et Oran, cette flotte a convergé au large de
la Corse, où elle s'est réunie le 14 août. Pour tromper
la vigilance de l'ennemi, elle s'est ensuite dirigée vers le port de
Gênes, en Italie, avant de dévier sa route en direction du littoral
varois.
Pendant cette même nuit, 5 000 parachutistes sont largués par 400
avions et planeurs partis de Rome, qui a été libérée
le 4 juin par une partie des troupes qui s'apprêtent à débarquer
sur le sol français. A 3 h 50, dans la matinée du 15 août,
l'aviation bombarde la zone où surgiront, quelques heures plus tard,
les combattants embarqués à bord des barges qui ont déjà
servi le 6 juin 1944, sur les plages de Normandie.
Le 15 août 1944, à 7 h 50 précises, les premières
vagues d'assaut des 36e, 3e, 45e divisions américaines et la 1re division
blindée française déferlent sur les plages. Les bombardements
ont cessé quelques minutes auparavant, et les avions ont regagné
leur base. La mer d'huile et l'absence de vent ont facilité le succès
de l'entreprise.
L'amiral Jean-Paul Turc, alors enseigne de vaisseau à bord du Georges-Leygues,
l'un des croiseurs ayant participé aux opérations, se souvient
: "Au petit matin du 15 août, nous sommes devant la plage de la Nartelle,
à l'entrée du golfe de Saint-Tropez. Après un déluge
de bombes et d'obus des bâtiments, à 8 heures, un silence brutal,
et les engins de débarquement se présentent sur les plages."
L'opération "Anvil-Dragoon", placée sous le commandement
du général Patch, à la tête de la 7e armée
américaine, dispose d'une force de plus de 500 000 hommes, dont 230 000
Français appartenant à l'armée d'Afrique. Ces troupes françaises,
baptisées Armée B avant de devenir quelques semaines plus tard
l'armée Rhin-et-Danube, ont été recrutées en Afrique
du Nord, en Afrique occidentale et parmi des anciens prisonniers ayant réussi
à s'évader.
Près de 120 000 de ces soldats, que la hiérarchie militaire appelle
"les indigènes", sont originaires des colonies. Commandée
par le général de Lattre de Tassigny, cette armée est la
première à participer, sous les couleurs françaises, à
une opération d'envergure menée par les Alliés.
A bord du navire amiral de la flotte britannique, Winston Churchill assiste
au déroulement des opérations. Moins de deux mois auparavant,
le 28 juin, le premier ministre britannique a tenté, une dernière
fois, de faire annuler ce débarquement. Décidé en août
1943, à la conférence de Québec, il devait être mené
de concert avec celui de Normandie. Mais des problèmes de matériel
ont contraint l'état-major à les disjoindre.
Depuis, Churchill considère qu'"Anvil" n'a plus de sens, et
prêche une autre stratégie : celle d'une percée des troupes
déployées sur le front d'Italie vers les Balkans afin de prendre
en tenaille l'armée allemande en Europe centrale et d'arriver à
Berlin avant les Soviétiques. Il s'oppose notamment à de Gaulle,
qui menace de retirer les divisions françaises du front italien si l'opération
"Anvil" est abandonnée.
Il n'aura pas à mettre sa menace à exécution, car ni le
président américain, Franklin Roosevelt, ni le général
américain Eisenhower, commandant des forces alliées en Europe,
ne souhaitent suivre Churchill.
Au final, l'opération est une totale réussite. Dans un laps de
temps beaucoup plus rapide que prévu, les villes de Toulon et de Marseille
sont libérées, respectivement les 27 et 28 août. L'armée
allemande est affaiblie par le manque de troupes et par la décision tardive
de Hitler d'envoyer la 11e division Panzer en renfort.
De leur côté, une fois leur mission accomplie en Provence, les
forces alliées remonteront la vallée du Rhône et rejoindront
le 12 septembre, à Montbard, au c¦ur de la Bourgogne, les troupes
du 6 juin.
Bibliographie : Le Débarquement en Provence, de Philippe Lamarque (Ed.
Le Cherche-Midi) ; 6 juin 1944, de Jean-Pierre Azéma, Philippe Burrin
et Robert O. Paxton (Ed. Perrin/ Mémorial de Caen) ; La Revue officielle
de l'Association des anciens élèves de l'Ecole navale.
La
lente constitution de l'"armée B"
Janvier 1941
. Appel du général de Gaulle pour la formation d'une force militaire,
chargée d'assurer une présence française aux côtés
des Alliés. C'est ainsi que se constitue la Brigade française
d'Orient, qui devient en avril 1941 la 1re division française libre(1re
DFL).
8 novembre 1942
Plus de 72 000 hommes, anglais et américains, débarquent près
d'Alger et d'Oran et sur les côtes marocaines. C'est grâce au matériel
acheminé lors de cette "opération Torch" que la future
"armée B" va pouvoir s'équiper.
11 novembre 1942
L'armée allemande franchit la zone de démarcation entre la France
occupée et la France libre et contrôle entièrement le territoire.
Le maréchal Pétain ne réagit pas. Certains des officiers
de l'armée française partent alors pour l'Afrique du Nord afin
de rejoindre la 1re DFL.
Mai 1943
La 1re DFL remporte la campagne de Tunisie aux côtés des Alliés.
26 décembre 1943
Le général De Lattre de Tassigny reçoit le commandement
de la 2e armée des mains du général Giraud, commandant
en chef de l'Afrique française et rival de De Gaulle.
23 janvier 1944
La 2e armée, alors forte de 256 000 hommes, prend le nom d'"armée
B".
Mars 1944
La 1re DFL achève sa réorganisation en Tunisie afin de préparer
la campagne d'Italie, aux côtés des Alliés.
16 août 1944
De Lattre de Tassigny débarque en Provence à la tête de
ses troupes.
1
- Les goumiers marocains
Ces Goumiers qui ont libéré la France
par Abdelhakim HAMDANE, Aujourd'hui Le Maroc, 13 août 2004
Le 15 août 1944, ils étaient des dizaines de milliers, originaires
du Maghreb et d'Afrique, à avoir débarqué sur les plages
du Midi. Objectif : libérer la France du joug du nazisme, une dizaine
de semaines après le Débarquement en Normandie des alliées.
À la tête du 2e Corps français, une armée essentiellement
composée de troupes issues des pays africains, le général
de Lattre de Tassigny posa pied dans les baies de Cavalaire et Saint-Tropez.
L'assaut lancé à travers l'opération « Anvil Dragoon
» avait mobilisé quelque 300.000 soldats.
Afin de rendre un hommage à la mesure de l'engagement, du courage et
de la détermination de ces combattants venus d'ailleurs et qui, au prix
de leur vie, ont permis à la France de renouer avec la liberté,
800 manifestations sont organisées à travers tout le territoire
français, dans l'optique de donner toute son ampleur à cette action
de mémoire.
La France entend, ainsi, entreprendre une action de reconnaissance pour le sacrifice
de ces soldats qui ne reculaient devant rien. Dans leur totalité, ces
vaillants combattant sont reconnus par leur bravoure et leur détermination.
Dans le lot, les Goumiers marocains se démarquentpar leur discipline
et leur témérité, en plus de leur esprit combatif qui surprit
plus d'un Allemand. C'étaient des guerriers ardents jusqu'au dernier
souffle.
On les assimilait à de véritables fauves, ne craignant rien et
ne rechignant devant aucune instruction. Rien ne les arrêtait, ni montagnes
escarpées ni autres reliefs quel qu'ils soient. Cette capacité
surprenante d'escalade puise sa légitimité dans le fait que ces
Goumiers sont, en majorité, des montagnards rôdés pour ce
genre d'exercice.
Pas même les tirs nourris de l'ennemi n'affectaient leur détermination.
Une fois prononcé l'ordre de donner l'assaut, ils fonçaient, tête
baissée, ne prêtant aucunement attention à leurs camarades
qui tombaient ici et là, jusqu'à atteindre leur cible, qu'ils
délogent et désarment même dans certains cas.
Volontaires dans leur totalité, les Goumiers marocains étaient
répartis en plusieurs Goums (compagnies), groupés en Tabors (bataillons)
et en Groupements de Tabors (GTM / Régiments). Ils n'avaient rien à
envier à une forte brigade d'infanterie légère. Leur escouade
est communément appelée « Commandement des Goums marocains
»
Une fois Toulon libérée, les Goumiers se chargeront de chasser
l'occupant et de libérer la ville de Marseille. D'autres batailles seront
livrées, au cours desquelles les Goumiers marocains s'illustreront en
tant que combattants redoutables. L'épopée se poursuivra jusqu'à
la reddition de l'armée nazie.
Ceci étant, la combativité des Goumiers n'était pas la
seule chose qui les caractérisait. En effet, en raison de leur accoutrement,
d'une originalité manifeste, ils ne passaient jamais inaperçus.
Entièrement confectionnée au Maroc, la tenue du Goumier n'avait
rien à voir avec les uniformes kaki de l'époque.
Ils étaient vêtus de djellabas rayées, faites de laine épaisse.
Ils ne chaussaient pas de brodequins mais la « naâla », une
plaque rectangulaire de peau de b¦uf, fixée par des sangles à
la cheville. Le Goumier ne portait pas de casque, il était plutôt
coiffé de « Razza », turban jaune enroulé selon une
façon bien déterminée autour de la tête.
Enfin, en guise de sac à dos, le Goumier portait en bandoulière
la « choukara », une sorte de musette en cuir fabriquée traditionnellement
et, dans la ceinture, le « khinjar », poignard traditionnel, était
toujours prêt à l'emploi. Leurs fusils d'assaut, de l'époque,
représentaient ce qu'ils avaient de plus sophistiqué.
Avec un assortiment aussi sommaire, les Goumiers ont signé des actes
intrépides et ont relevé tous les défis auxquels ils étaient
confrontés. La France, qui leur a toujours été reconnaissante,
leur réserve cette année une commémoration grandiose, à
la hauteur de ce qu'ils ont donné à la France.
Les vétérans, encore de ce monde, auront toute une journée
durant laquelle tous les hommages seront les leurs. Ils se retrouveront entre
« anciane combatta », prononciation qui nous a tous fait sourire
un jour et qui escorte la fierté de tout un peuple, afin de faire revivre
ces moments, aussi tragiques que glorieux.
Abdelhadi
Ben Rahalat, l'amertume d'un ancien "goumier" marocain
Dix anciens combattants marocains ayant participé aux campagnes de France,
de Tunisie ou d'Italie, doivent être décorés lors des cérémonies
du débarquement de Provence. Parmi eux, Abdelhadi Ben Rahalat, choisi
pour être personnellement décoré par le président
français Jacques Chirac.
A 81 ans, Abdelhadi l'ancien "goumier" se souvient, larmes aux yeux,
de cette guerre dans laquelle il s'était engagé, à 16 ans,
avec deux de ses frères, dont l'un est mort en Italie, au Monte Cassino.
" Je suis content et triste à la fois de participer à cette
commémoration", dit-il à l'Associated Press. "Content
d'être décoré, mais triste car la majorité des anciens
combattants est morte ou a été délaissée dans des
conditions affligeantes".
" C'est le Moqaddem (le représentant de l'autorité, NDLR)
qui est venu nous dire de nous engager dans l'armée française,
suite à l'appel lancé dans les mosquées par le roi Mohammed
V", grand-père de l'actuel roi Mohammed VI, pour aider la France.
Sur les 120.000 combattants marocains engagés dans l'armée française,
il ne sont plus qu'environ 30.000 encore en vie. Parmi eux, quelque 2.000 goumiers
et tirailleurs ayant participé au débarquement de Provence: le
général Juin voulait recruter des Marocains de l'Atlas et du Rif,
habitués à des conditions de vie similaires à celles des
montagnes d'Italie ou de France.
Parti d'Alger avec le 6ème régiment des Goumiers, sous les ordres
du commandant italien Moriot, le jeune Abdelhadi, originaire du Rif, participera
donc aux campagnes d'Italie, de Provence et d'Alsace.
" On a réussi à libérer Marseille, puis Toulon, après
des combats de rue à la baïonnette et à l'arme légère.
Ensuite, nous sommes partis vers l'Alsace. Toute ma compagnie avait été
décimée et je suis resté seul avec 45 militaires dont j'ai
pris alors le commandement. En Alsace, un coup de mortier m'a coupé la
main droite".
Le retour au Maroc, en 1946, sera difficile, entre amertume et sentiment d'ingratitude:
"Pendant la guerre, c'est aux Marocains qu'on ordonnait d'aller sur les
fronts dangereux mais plus tard, c'est aux Français qu'on décernera
les médailles. Au Maroc, sous le protectorat français, on souffrait
du racisme. Les pensions n'étaient pas suffisantes et on refusait de
nous accorder des visas pour la France", soupire-t-il.
Handicapé, abandonné à son sort, Abdelhadi Ben Rahalat
reprend ses études et intègre la fonction publique, devenant chef
de service des portefeuilles à la Banque du Maroc.
Aujourd'hui, après la revalorisation décidée par la France,
il touche environ 225 euros par trimestre de "Retraite du combattant".
Mais l'augmentation reste selon lui insuffisante, la retraite du combattant
marocain représentant le tiers seulement de celle touchée par
les Français: "Nos pensions doivent être alignées sur
celles perçues par les Français, car nous avons combattu côte
à côte".
L'Association des anciens combattants mène également un autre
combat, cherchant à ce qu'environ 4.000 veuves bénéficient
de reversions des pensions. Actuellement, elles ne sont accordées qu'aux
veuves mariées avant la Libération. Son président, Mohamed
El Azouzi, rappelle que le ministre français aux Anciens combattants,
Hamlaoui Mekachera, a promis "de trouver une solution à ce problème".
Pour Hamid Ben Rahalat, fils d'ancien combattant et président de "l'Union
des anciens combattants franco-marocains, fils et descendants", ces vétérans
"n'ont personne pour défendre leurs intérêts":
il existe bien un Haut Commissariat des anciens résistants, mais rien
pour les anciens combattants. "Certains n'ont même pas de quoi manger
ou se soigner. Ils ont donné leur jeunesse et leur sang dans la guerre.
La France doit, pour sa part, leur donner les moyens de mourir dignement",
ajoute-t-il.
En attendant, le vieux "goumier" Abdelhadi a un rêve: que "l'Histoire
de la France soit juste envers nous, et qu'elle ne nous oublie pas. Je souhaite
que la France érige un monument à notre mémoire".
Source : AP, 13 août 2004
2
- Les tirailleurs algériens
De Ben Bella à Bouteflika
La participation d'Abdelaziz Bouteflika aux commémorations du Débarquement
en Provence a suscité la polémique. Mais un autre président
algérien, le premier chef de l'Etat, Ahmed Ben Bella, aurait pu être
présent aux cérémonies: en tant qu'ancien combattant médaillé
de l'armée d'Italie et de la campagne de France.
Le Quotidien d'Oran estime que Ben Bella a pleinement sa place à Toulon,
pour cause de "brillants états de service" rappelés
par le maréchal Juin.
Le journal souligne qu'en 1940, soldat du 14ème régiment d'infanterie
alpine, Ahmed Ben Bella obtint la Croix de guerre pour avoir abattu un Stuka
dans le port de Marseille.
Puis il participe comme sergent à la bataille de Monte Cassino, le Verdun
du front italien, où il sauve la vie de son officier, Offel de Villaucourt.
Ahmed Ben Bella, quatre fois cité, dont deux fois à l'ordre de
l'armée, reçoit la Médaille militaire en présence
du général De Gaulle, lors de la prise d'armes du 14 juillet 1944,
qui consacre le sacrifice des combattants d'Afrique du Nord en Italie.
Un mois plus tard, le 15 août, les mêmes soldats débarquaient
sur le rivage varois, dans le cadre de l'opération Dragoon.
Engagés pour libérer la France, beaucoup d'entre eux, notamment
les Algériens, déchantèrent rapidement. Car, le 8 mai 1945,
le jour même où le monde célébrait la victoire sur
le nazisme, une répression féroce et sanglante s'abattait, notamment
dans les régions de Kherrata et Sétif, dans l'est algérien,
sur des manifestants algériens espérant que la Libération
de la France amènerait simultanément la libération de l'Algérie
du joug colonial.
Source : AP, 13 août 2004
L'hommage
de la France aux oubliés de l'Histoire
La France tient à marquer, lors de la commémoration du 60e anniversaire
du débarquement de Provence samedi et dimanche à Toulon, sa gratitude
au courage des anciens combattants africains, dont des milliers de fantassins
algériens, ces oubliées de l'Histoire qui l'ont libérée
de l'occupation nazie.
Selon l'historien André Kaspi, professeur à la Sorbonne et auteur
de la Libération de la France (éditions Perrin), quelque 150 000
combattants africains, regroupés en 7 divisions, sur un total de près
de 400 000 soldats des forces alliées, débarquèrent sur
les côtes de Provence dans le cadre de l'opération «Dragoon»
lancée le 15 août 1944, dix semaines après celle de Normandie.
Les faits historiques montrent que «grâce au courage et à
la détermination des combattants africains», Toulon fut par exemple
libérée le 27 août, avec dix jours d'avance sur le calendrier
prévu. C'est la 3e division d'infanterie algérienne qui libéra
Marseille 12 jours seulement après le débarquement, souligne l'historien.
Source : La Tribune, Alger, 12 Août 2004
3
- Les Tunisiens aussi
Dix vétérans tunisiens sont invités à la commémoration
du Débarquement de Provence, représentant les 10.000 anciens combattants
tunisiens encore vivants. Ils seront décorés par le président
Jacques Chirac: le capitaine Hédi Abdelkader, président de l'Association
tunisienne des anciens combattants et victimes de guerre, sera fait Officier
de la Légion d'Honneur, les neuf autres Chevaliers.
Après la campagne de France et le débarquement allié au
Maroc et en Algérie, la Tunisie devenait "un enjeu stratégique
majeur": les troupes françaises, au sein desquelles servaient 10.000
Tunisiens, s'opposèrent aux soldats allemands débarqués
à Tunis le 12 novembre 1942.
En même temps, en Tunisie, le mouvement national prenait position très
nettement en faveur de la lutte contre le nazisme et le fascisme: dès
août 1942, Bourguiba, leader du mouvement, donnait l'ordre à ses
militants d'apporter un "soutien inconditionnel" aux Français
gaullistes et de lutter à leurs côtés. "C'est une question
de vie ou de mort pour la Tunisie", avait-il écrit.
Après le 13 mai 1943 et la capitulation des forces de l'Axe en Afrique,
les Tunisiens, dont le 4ème régiment des Tirailleurs, s'illustrèrent
durant la campagne d'Italie (1943-1944), libérant notamment la ville
de Sienne. Et participaient au débarquement de Provence, avant d'être
engagés dans les plus durs combats de l'hiver 1944-1945, en Alsace et
de l'autre côté du Rhin.
Source : AP, 13 août 2004
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- Les tirailleurs sénégalais
Et si la France rendait justice aux tirailleurs africains
par Birama Touré, Le Reflet, Bamako, 13 août 2004
A l'occasion du 60è anniversaire du débarquement en Provence (15
août 1944), la France a décidé d'honorer ses frères
d'Armes. Les tirailleurs sénégalais qui ont combattu à
ses côtés pour la liberté de son territoire. C'est à
ce titre que, nos compatriotes Antandou Somoro et Samba Diallo, recevront le
15 août La légion d'Honneur.
Mais, il ne suffit pas seulement d'avoir une pensée envers les libérateurs
venus d'Outre mer. Aujourd'hui la reconnaissance la plus méritée
est de les aligner au même titre que leurs frères d'armes français.
Ils n'ont maintenant que faire de ce discours vantant leur mérite, leur
courage et leur bravoure au front. Ce qu'ils attendent d'une France, terre de
liberté et de justice, c'est un traitement digne de leur rang.
Les tirailleurs sénégalais ne demandent pas plus que l'application
de la loi. Quand on sait qu'ils se sont battus à deux reprises. D'abord,
au front puis juridiquement pour avoir leurs droits. Malgré, qu'ils aient
eu gain de cause avec une décision de justice, ils attendent toujours
la concrétisation de leur rêve. Pour la simple raison que ce pays
des plus grands démocrates refuse d'appliquer la loi. La France peut
et doit faire mieux que la récente décristalisation des pensions
militaires.
Il ne sert à rien de louer le courage et l'engagement des tirailleurs
quand on les traite de soldats de seconde zone alors que leurs homologues français
n'ont plus de mérite qu'eux. Parce qu'ils ont lutté au même
titre sur les mêmes champs de bataille. C'est peut-être avec le
c¦ur plein d'amertume que les rescapés vont suivre ou assister
aux cérémonies commémoratives du débarquement en
Province.
Espérons que le premier magistrat de la France, garant de la Constitution
et des lois et règlement ne va pas tarder à corriger cette injustice
par une application correcte et juste de la loi.
Des
anciens combattants "payés comme des immigrés"
Des mois après avoir quitté Dakar, Issa Sesse débarqua
à Saint-Tropez à 4h du matin, en ce 15 août 1944, précipité
sous la mitraille allemande. Aujourd'hui âgé de 83 ans, ce vétéran
sénégalais, qui arbore fièrement comme ses vieux collègues
des rues de Dakar ses médailles militaires sur ses robes africaines,
se souvient: "nous n'avions ni aviation, ni hélicoptères,
juste la mer et les bateaux. Il n'y avait pas beaucoup de plages, surtout des
ports. Et des falaises et des montagnes partout".
" Le bateau ne pouvait pas arriver jusqu'à terre, nous avons sauté
à l'eau et pataugé jusqu'au rivage", raconte le vieil Africain
aux cheveux gris, vif et droit malgré son âge, aujourd'hui un des
responsables de la Fédération nationale des anciens combattants.
" Je n'avais jamais vu la France", raconte-t-il. "J'étais
perdu! Mais ils nous ont accueillis, les Français, ils était très
gentils, très chaleureux".
Dix jours plus tard, Issa Sesse participait à la libération de
Toulon. "La France a colonisé le Sénégal, et nous
les avons aidés à se libérer", constate-t-il, sans
amertume aucune.
Il passa près de trois ans en France avant de rentrer au pays. Sa pension
d'ancien combattant est aujourd'hui d'un peu plus de 57.000 francs CFA (environ
90 euros), touchée deux fois par an... Une disparité avec les
pensions des combattants français qui a longtemps rendu furieux les Sénégalais.
" Je ne sais pas pourquoi", soupire le vieux monsieur. "Ils nous
payent comme des immigrés".
Source : AP, 13 août 2004
Deux
Burkinabés médaillés de la légion d'honneur française
Deux anciens combattants burkinabé, Tibila Ouédraogo et Christophe
Bambara, recevront le 15 août prochain, à Toulon, des mains du
président français Jacques Chirac, la médaille de la Légion
dhonneur, à l
occasion de la commémoration du 60ème anniversaire
du débarquement en Provence, a- t-on appris lundi, auprès de lambassade
de France au Burkina Faso.<br>
Cette annonce a été faite à l
occasion dune réception
organisée à l
honneur des deux récipiendaires burkinabé.
Au total, précise la même source, ce sont 44 anciens tirailleurs
sénégalais en provenance de 22 pays africains qui seront honorés
à cet effet.
Plusieurs chefs dEtat africains, parmi lesquels le président Blaise
Compaoré du Burkina, souligne-t-on, participeront, sur le porte-avion
Charles de Gaulle, en compagnie du président de la République
française, aux cérémonies marquant les 60 ans de la libération
de la France et de l
Europe occidentale du joug nazi.
Les deux ex-tirailleurs burkinabé, indique-t-on, ont participé
à lOpération Overlord
le 06 juin 1944 dont le débarquement
a eu lieu en Normandie dune part, et au débarquement en Provence le
15 août 1944, lors de l``Opération Dragoon
, dautre part.<br>
Natif de la province du Boulgou (150 Km au nord de Ouagadougou, M. Christophe
Bambara a été recruté à 21 ans dans l
armée
française. Quant à son frère darmes, Tibila Ouédraogo
de la province du Bam (110 Km au centre nord de Ouagadougou), il a rejoint le
corps militaire à sa vingt troisième année.<br>
Insistant sur l
attachement de son pays au "devoir de mémoire",
la Chargée daffaires de l
ambassade de France au Burkina Faso, Chantal
Bès, a exprimé la gratitude de son pays à légard
des anciens combattants africains.<br>
" C
est grâce à vous que la France et lEurope entière
ont pu vivre en paix", s
est réjouie Mme Bès, précisant
que cest "le symbole de l
Afrique unie qui a contribué à
la libération du joug nazi".
Le ministre burkinabé de la Défense, Yéro Boly, a rendu
hommage aux Burkinabé qui ont "combattu sur des terres étrangères,
dans un climat rude et une situation critique pour libérer la France,
et surtout pour la liberté".
Il a souhaité que les autorités françaises ne se lassent
jamais de rendre un hommage mérité à ceux qui ont libéré
le pays de la tyrannie.
Le débarquement de Provence, le 15 août 1944, rappelle-t-on, a
permis de libérer les villes françaises de Toulon, le 23 août
1944, et Marseille, le 28 du même mois.
Outre ces deux récipiendaires qui recevront leurs médailles directement
des mains du chef de lEtat français, une dizaine d
anciens combattants
burkinabé recevront leurs médailles sur place, le 15 août
prochain, des mains de l`ambassadeur de France au Burkina, Francis Blondet.
Source : Angolapress, 11 août 2004
Diabé
Sow : des tranchées de la seconde guerre mondiale aux périmètres
irrigués de la Vallée
par Aboubacar Demba Cissokho, Agence de presse sénégalaise, 13
août 2004
' 'Le vieil homme et la vallée''. Ça pourrait être le titre
d'un documentaire sur la vie de Diabé Sow, tant le destin de cet ancien
''tirailleur sénégalais'' se confond aujourd'hui avec les activités
agricoles autour du fleuve Sénégal.
A 85 ans (il est né en 1919 à Kounghanidans le département
de Bakel), le ''vieux'' Diabé comme l'appellent ses collègues
du Mouvement des acteurs de la vallée (MAV) est encore solide. Coiffé
d'un bonnet et portant avec élégance le grand boubou basin, l'homme
a le pas alerte.
Diabé Sow a participé au débarquement de Toulon qui a vu
des milliers de ''tirailleurs sénégalais'' venir participer à
la libération de la France de l'occupation allemande. Mobilisé
pour la guerre mondiale (1939-45), il garde de cet épisode le souvenir
d'un frère tombé sous les balles ennemies en août 1944.
Depuis 1974, année où il a créé le MAV qu'il préside
toujours, ''il diffuse des idées, sillonne la vallée, se bat pour
la dignité de l'homme de la vallée'', a témoigné
Yéro Dé, estimant que Diabé Sow aurait pu rester ''tranquillement
dans son coin'' et jouir de jours heureux et d'un repos ''bien mérité''.
Il a vécu une bonne partie de sa vie à l'étranger, en France,
précisément où il a passé 38 ans, mais, il continue
de se donner tout entier pour une cause : l'émergence d'une économie
de la Vallée pour que les populations puissent en profiter en restant
chez elles.
Démobilisé de l'armée en 1946, il reste en Hexagone pour
exercer le métier de cuisinier. Il travaille dans la Marine française,
puis parcourt le monde (Madagascar, Tahiti, Japon, Chine, ex-Union soviétique,
Angleterre, Afrique du Sud).
' 'C'était une expérience extraordinaire, se souvient-il aujourd'hui.
Nous avons le sentiment d'avoir participé à une aventure pour
la liberté et la dignité de l'homme.'' La discipline et la bravoure
montrées sur le théâtre des opérations valent à
Diabé Sow d'être sollicité par les autorités militaires
françaises pour rester
L'amour tyrannique de son terroir, à rentrer et à regrouper les
paysans de Bakel au sein d'une fédération. ''Mon idée était
et reste le développement de la Vallée du fleuve Sénégal
par ses fils et ses filles'', assure Diabé Sow convaincu du potentiel
de cette région du Sénégal qui va de Saint-Louis à
Bakel.
Devenu un agriculteur engagé, il est très critique vis-à-vis
des cadres originaires de cette zones aux fortes potentialités agricoles
mais marquées par une émigration de ses élites. ''Je lance
un appel aux cadres. Ils doivent faire preuve de reconnaissance en venant investir
dans la Vallée'', souligne-t-il.
Pour lui, les potentialités de la Vallée sont ''énormes
et nécessitent la mobilisation de tous''. Montrant l'exemple, le vieil
homme qui gère un périmètre d'une douzaine d'hectares à
Koughani, a récolté du maïs (12 tonnes) du riz (8 tonnes),
de l'oignon...
Diabé Sow n'a pas toujours ses jambes de 20 ans, mais, il continue à
se donner corps et âme pour l'amélioration des conditions de vie
de ses concitoyens. ''Je fais du mieux que je peux pour contribuer au développement
de mon terroir'', dit-il, estimant que si chacun agissait de la sorte ''le pays
décollerait''.
http://quibla.net/france/dragoon.htm#1
Messages
1. > Quand les colonisés libéraient la France, 22 septembre 2004, 14:34
Dear Sir or Madam
Excusez moi, de non ecriver cette lettre en francais !
Come un hollandais, je peut parler langue francais mais ecriver c`est tres dificile !
I am writing a book for children and youth in schools about the history of Maroccan soldiers during the liberation of Europe. In 1940 they defended Holland as a part of the French army and they took part of the liberation of Europe as a part of the allied forces.
On the internet I read the interest article. I wonder if there are any photographs available of commemoration ceremonies. I read that Abdelhadi Ben Rahalat and ten other veterans were decorated by the French president at August 17th in the South of France. Can you help me. I need some pictures, if possible on high resolution. I hope to hear from you soon. Thank you very much in advance.
Jan Durk Tuinier
Stichting Vredeseducatie/Peace Education Projects
Jan Durk Tuinier, sociaal pedagoog/Social Educationalist
Biltsestraatweg 160
3573 PS Utrecht
Netherlands
Tel : 030-2723500
E-mail : vrede@xs4all.nl
Internet : www.vredeseducatie.nl