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Quel bilan pour quelle guerre contre le terrorisme ?

Publie le lundi 25 septembre 2006 par Open-Publishing

de Ahmed Bakkali

Cinq ans après le début de cette guerre déclarée par Bush et ses alliés, les conditions de la paix au Moyen-orient ainsi que la sécurité dans le monde ne se sont pas améliorées. Au contraire, l’Afghanistan est démoli mais les Talibans reviennent en force, l’Irak est « libéré » mais l’Etat est disparu et le pays est poussé dans le chaos le plus total. Et ce sans parler du sort dramatique réservé au peuple palestinien ni du dernier fiasco israélien au Liban.

Quant au dossier nucléaire iranien, il est clair qu’il sera utilisé par Bush et ses alliés pour justifier l’augmentation de leurs dépenses militaires et très probablement aussi leur nouveau projet de guerre dans cette région du monde. Cette guerre qui ne peut être que plus dévastatrice que les précédentes.

Le terrorisme contre lequel se bat les USA en acceptant de sacrifier plus de 3000 de ses soldats, débourser plus de 350 milliards de dollars et perdre toute crédibilité voir même susciter de plus en plus de haine dans le monde arabo-musulman, Ce terrorisme non seulement ne cesse de se reproduire mais il occupe de plus en plus de terrain. Il commence même à faire d’une pierre deux coups à savoir terroriser l’occident mais déstabilise aussi les alliés locaux comme c’est le cas en Arabie saoudite, en Egypte, en Jordanie etc.

La politique américaine au Moyen-orient a poussé le monde dans une conjoncture ou tout semble obscur, instable et anarchique. Ce n’est pas encore le chaos mais il commence à montrer le bout du nez. Les principaux soutiens des Etats-Unis en Europe s’effritent et les amis de Bush payent cash et tombent l’un après l’autre en Espagne, en Italie et en Angleterre Blair est en très mauvaise posture.

Certains observateurs ne peuvent plus s’empêcher de se poser des questions sur le sort de « l’intelligence et le pragmatisme américains. Où donc sont-ils passés ? ». Ils trouvent paradoxal cet entêtement du Président Bush qui, malgré son bilan catastrophique, persiste à vouloir poursuivre la même politique.

Le président Bush et son gouvernement ne se lassaient jamais de prétendre, dans leurs déclarations, que les USA se battaient contre l’axe du male et le terrorisme mais aussi et surtout pour établir la paix, construire « le grand Moyen-Orient », promouvoir la démocratie et les droits de l’homme.

Cinq ans après, ces promesses trop optimistes pour ne pas dire très démagogues ne sont plus à l’ordre du jour. Le gouvernement « élu » à Kaboul contrôle à peine le ¼ de la capitale et celui de Bagdad est toujours barricadé dans la Zone Verte. Aujourd’hui, force est de constater que l’échec est cuisant sur tous les plans. Face à ce constat, le président donne l’impression de faire machine arrière mais c’est juste pour reprendre son élan. Il reconnaît des fautes, des centres clandestins de détention mais il continue à crier victoire quoique qu’en disent les autres

Actuellement le « grand ? » devient « nouveau ? » Moyen-Orient et Bush se barricade derrière sa phobie. Désormais sa mission divine est de combattre les fascistes islamistes pour les empêcher de le rejoindre sur le territoire américain.

Blair, quant à lui, adapte lui aussi ses propos mais il se montre toujours plus culotté que son maître. Il persiste à prétendre vouloir aider « les Afghans et les Irakiens qui se battent pour la démocratie mais aussi pour renforcer la majorité des musulmans modérés contre la minorité réactionnaire ».

Or la Politique des USA et du Royaume Unis au Moyen-Orient, qui se calque sur le projet sioniste et justifie scandaleusement toutes les attitudes, toutes les agressions, tous les massacres et tous les crimes contre l’humanité commis par Israël, ne peut nullement aider les pacifistes dans cette région. Au contraire, elle apporte de l’eau au moulin du clan opposé, fertilise sans compter le terreau pour tous les extrémismes et coupe l’herbe non seulement sous les pieds des démocrates mais aussi les sous pieds des islamistes dits modérés.

Cette guerre contre le terrorisme ne pouvait aboutir car elle était menée pour d’autres objectifs qui ne sont ni louables ni avouables. Toutes les phases de son déroulement réel montrent bien qu’elle a été conçue pour servir d’abord les visées sacrées de l’Etat d’Israël aussi injustes et aussi inhumaines soient-elles, mais aussi pour renforcer et protéger les régimes arabes corrompus ensuite et ramener ou enfoncer d’avantage toute la région dans un système néo-colonial enfin. Bien qu’il soit renommé mondialisation ce système reste toujours aussi implacable qu’humiliant pour les peuple de cette partie du monde.

Des grands noms de littérature et du cinéma entre autres, et dans le monde anglo-saxon aussi, commencent à exprimer leur indignation et leur refus de voir écraser toujours les plus faibles. Les tenants du « choc des civilisations » et de la brutalité à l’état pur, d’un côté comme de l’autre, sont désormais clairement démasqués. La résistance gagne du terrain à travers le monde et la société civile occidentale se réveille. La fausse monnaie est de plus en plus rejetée mais les faussaires ne désarment pas, ils n’ont que faire des leçons de l’histoire, ils veulent mater les peuples et formater les esprits à jamais.

Or le réveil de l’Amérique latine, « le jardin arrière » des USA fait peur aussi. Ce continent, profondément chrétien, non seulement rêve à gauche mais s’approche de plus en plus du monde arabo-musulman. Les néo- conservateurs en font leur cauchemar quotidien et cherchent des répliques selon la même ancienne recette « diviser pour régner ». Ceci explique peut être cela. La Papa mouche a fait mouche dans le monde arabo-musulman, mais ferait-elle l’affaire en Amérique latine ? Je ne le crois pas mais elle va sucer plus de sang et véhiculer d’avantage de microbes et donc de maladies.

Bruxelles le 21 septembre 2006