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Quinzaine du commerce équitable, méfiance des associations de consommateurs

Publie le dimanche 2 mai 2004 par Open-Publishing

La 4e Quinzaine du commerce équitable,
qui débute samedi, accueillera des centaines de débats, expositions et
rencontres dans toute la France, organisées par des dizaines d’acteurs
de l’économie solidaire, comme le label Max Havelaar mais aussi Artisans
du Monde ou Alter Mundi.

Le commerce équitable, qui commence tout juste à décoller en France,
suscite cependant la méfiance des associations de consommateurs qui ont
demandé jeudi davantage de fiabilité et de transparence de la part de
tous ceux qui se réclament du commerce équitable, Max Havelaar compris.

Ce label, le plus connu des acteurs du "commerce équitable",
c’est-à-dire garantissant une rémunération "décente" aux producteurs du
Sud, a présenté jeudi le programme d’une grande "tournée" nationale,
soutenue par des personnalités du spectacle et des médias comme
Jean-Pierre Coffe, Bruno Solo ou le journaliste John-Paul Lepers, mais
aussi les principales enseignes d’hypers et de supermarchés.

La grande distribution française est en effet de plus en plus soucieuse
de montrer son attachement aux produits du commerce équitable, en les
accueillant plus largement dans ses rayons même si elle prélève sur ces
produits la même marge que d’habitude.

Ainsi le groupe Leclerc a annoncé vouloir devenir le premier
distributeur de produits équitables, avec la mise en rayon de 100
références issues d’une dizaine de fournisseurs. Leclerc organisera
aussi des audits de contrôle.

La plupart des grandes enseignes accueillent des produits équitables.
Grâce à elles, les ventes des produits Max Havelaar ont doublé ou triplé
l’an dernier, en particulier le café qui représentait 2.379 tonnes.
Pourtant, les Français achètent encore bien moins que leurs voisins
d’Europe du Nord.

Circonspectes face au développement de ce nouveau secteur, huit des
principales associations françaises de défense du consommateur, en
coopération avec le journal La Croix, ont annoncé lors d’une conférence
de presse jeudi qu’elles mèneraient du 1er mai au 30 novembre une
campagne nationale d’information sur le commerce équitable, éthique ou
solidaire.

Elles ont aussi appelé les consommateurs à la "vigilance" sur des labels
qu’elles jugent encore "peu transparents" et "sans garantie" véritable
de leur nature "équitable", en l’absence d’une norme nationale reconnue.

Elles travaillent d’ailleurs, au sein de l’AFNOR (Association française
de normalisation) à l’élaboration d’une telle norme, aux côtés des
différents labels de commerce équitable, qui tardent à se mettre
d’accord, a expliqué Catherine Lefrançois, de Familles de France.

Max Havelaar, qui avait quitté le groupe de travail de l’AFNOR en
janvier, vient de le réintégrer, ont noté les associations.

Celles-ci souhaitent notamment l’intégration de normes environnementales
et la transparence sur le partage des marges entre les différents
intermédiaires : la grande distribution surtout devrait, selon elles,
"faire un effort" pour ces produits.

Les associations souhaitent aussi la naissance de "filières" équitables :
par exemple, si un produit équitable est transporté par bateau, il est
important de savoir si l’équipage n’est pas sous-rémunéré, ont-elles
expliqué.