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RATP : gain de productivité et réduction du personnel.

Publie le mardi 19 février 2008 par Open-Publishing

METRO-RER BAKCHICH

mardi 19 février 2008 par Bertrand Rothé

Au programme 2008 pour la RATP : gain de productivité et réduction du personnel. Suivez le guide dans une Régie plus vraiment « autonome » et de plus en plus « automatisée » !

Dans son contrat avec la RATP, le Syndicat des Transports d’Ile-de-France a imposé à l’entreprise publique 0,5 % de gain de productivité par an. Pierre Mougin, l’actuel président de la Régie, en a rajouté 1,5 %. Donc, 2 % à gagner chaque année. Beau challenge. Une seule solution : réduire le personnel et profiter des départs à la retraite. Dématérialiser la relation, voilà le secret ! Supprimer la vente manuelle : avec une carte bleue, un Pass et une borne automatique, et le tour est joué ! Exit la jeune femme (ou le jeune homme) derrière sa vitre blindée. En plus les usagers sont satisfaits. La queue du premier jour du mois a quasiment disparue, et la carte est plus souple d’utilisation que le ticket. Les guichets sécurisés vont donc disparaître. Que va devenir l’agent qui y passait sa journée ?

Accueil robotique© EnoLa réponse officielle de la Régie est simple. Elle va « faire de l’accueil et du contact ». C’est-à-dire en faire encore moins. Avant, elle gérait déjà ces deux fonctions, plus la vente de billets. Aujourd’hui, elle en aura encore moins à faire, et sera donc encore plus fragilisée. Pour vendre cette évolution, la RATP a utilisé les grands moyens. Le chef de projet répète son slogan : « automatiser pour humaniser », et le patron y va de son petit couplet, supprimer les « métiers dévalorisants ». L’affaire est dans le sac… Les agents de station ont le taux de syndicalisation le plus faible de la Régie. Le risque de grève est donc faible. Mais pour atteindre l’objectif de productivité il faudra prendre plus de risque, et s’attaquer aux roulants. La ligne 1 sera automatisée en 2010. Les métros seront conduits par des automates comme sur la 14.

Là, le challenge s’avère plus difficile. Les investissements et le risque social sont plus importants. Il faut installer des portes palières sur tous les quais de la ligne, et transformer la rame pour qu’elle devienne entièrement automatique. Ce sera alors une première mondiale.

Pour réduire le risque social, la Régie affecte depuis quelques années à cette ligne de jeunes salariés, les « intérimaires », comme on les appelle à la Régie, ceux qui ne sont pas encore titularisés. Plus souples et moins syndiqués, ils représentent un risque moins important. Et ça marche. Lors des dernières grèves, la ligne 1 était moins affectée que les autres.

Au moment du déploiement du nouveau système, la conjoncture sera propice. Les départs à la retraite seront nombreux. Il suffira donc de réduire les embauches pour attendre les gains de productivité. D’autres avantages sont attendus de cette évolution. Elle offre plus de souplesse en cas d’affluence : il n’y a pas de planning à gérer. Les responsables de ligne peuvent mettre tout de suite des rames en circulation. Et, effectivement en cas de grève, ces lignes pourront continuer à tourner avec des effectifs très réduits.

En un coup, plus productivité et réduction du risque social. Bien joué ?