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RÉFORME DE L’ÉTAT : RENAUD DUTREIL SE LÂCHE

Publie le lundi 22 novembre 2004 par Open-Publishing
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Voici un article édifiant paru dans "Charlie Hebdo" du 27.10.2004.

de EMMANUELLE VEIL

Devant les ultralibéraux de la Fondation Concorde, le ministre de la Réforme de l’État s’est lâché et a dit tout le bien qu’il pense des fonctionnaires.

Le restaurant Pépita, situé à proximité des Champs-Élisées était rempli,
mercredi 20 octobre, d’une soixantaine de costumes-cravates à la mine cireuse,
venus assister à un petit déjeuner-débat avec Renaud Dutreil, ministre de la
Fonction publique et de la Réforme de l’État. Cette conférence était organisée
par la Fondation Concorde, ultra-libéral.

Florilège des déclarations du ministre sur le thème de prédilection de la droite
 : "Comment insuffler le changement".

"Les retraités de la fonction publique ne rendent plus de services à la nation.
Ces gens-là sont inutiles, mais continuent de peser très lourdement. La pension
d’un retraité, c’est presque 75% du coût d’un fonctionnaire présent. Il faudra
résoudre ce problème."

"A l’heure actuelle, nous sommes un peu méchants avec les fonctionnaires. Leur
pouvoir d’achat a perdu 4,5% depuis 2000."

"Comme tous les hommes politiques de droite, j’étais impressionné par
l’adversaire. Mais je pense que nous surestimions considérablement cette force
de résistance. Ce qui compte en France, c’est la psychologie, débloquer tous
ces verrous psychologiques."

"Le grand problème de l’État, c’est la rigidité de sa main-d’oeuvre. Pour faire
passer un fonctionnaire du premier au deuxième étage de la place Beauvau, il
faut un an. Non pas à cause de l’escalier [rires dans la salle], mais des
corps. Il y a 1400 corps. 900 corps vivants, 500 corps morts [rires], comme par
exemple l’administration des télécoms. Je vais les remplacer par cinq filières
professionnelle qui permettront la mobilité des ressources humaines :
éducation, administration générale, économie et finances, sécurité sanitaire et
sociale. Si on ne fait pas ça, la réforme de l’État est impossible. Parce que
les corps abritent des emplois inutiles."

"C’est sur l’Éducation nationale que doit peser l’effort principal de réduction
des effectifs de la fonction publique. Sur le 1,2 million de fonctionnaires de
l’Éducation nationale, 800 000 sont des enseignants. Licencier dans les back
office de l’Éducation nationale, c’est facile, on sait comment faire, avec Éric
Woerth [secrétaire d’État à la Réforme de l’État] : on prend un cabinet de
conseil et on change les process de travail, on supprime quelques missions.
Mais pour les enseignants, c’est plus délicat. Il faudra faire un grand audit."

"Le problème que nous avons en France, c’est que les gens sont contents des
services publics. L’hôpital fonctionne bien, l’école fonctionne bien, la police
fonctionne bien. Alors il faut tenir un discours, expliquer que nous sommes à
deux doigts d’une crise majeure - c’est ce que fait très bien Michel Camdessus -, mais sans paniquer les gens, car à ce moment-là, ils se recroquevillent
comme des tortues."

NB : Michel Camdessus, ancien président du FMI (celui-là même qui a conduit
l’Argentine et l’Afrique sur la voie de la banqueroute grâce à ses injonctions
ultra libérales a recemment remis à N. Sarkozy, sur la demande de ce dernier,
un rapport sur ce qui peut être résumé par l’état catastrophique de la France
sur le plan économique mondial à cause (forcément) des fonctionnaires, des
syndicats, de la gauche et des lois qui tuent toute initiative
entrepreneuriale.

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