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Référendum français. Fausto Bertinotti : "Un fait politique extraordinaire. L’Europe néo-libérale est défaite"

Publie le vendredi 3 juin 2005 par Open-Publishing
13 commentaires

de Fausto Bertinotti traduit de l’italien par karl&rosa

Déclaration de Fausto Bertinotti, secrétaire de Refondation Communiste Italie

"Un fait politique extraordinaire s’est produit en Europe. Un européisme de gauche et de masse a pris corps et a gagné. L’Europe néo-libérale du Traité Constitutionnel et de celui de Maastricht a été défaite par la démocratie du peuple français. Une participation au vote extraordinaire, plus élevée que dans toute compétition pour le gouvernement du Pays et aussi qu’au référendum précédent sur Maastricht, a démontré combien peut être vive une passion pour l’Europe quand elle peut vivre dans la démocratie, comme c’est le cas dans ce référendum, et quand prend corps une proposition d’une autre Europe, comme cela s’est passé dans la campagne pour le NON en France.

Pour nous, en tant que Parti de la Gauche Européenne et en tant que Parti de la Refondation Communiste, unique parti en Italie parmi les forces démocratiques et progressistes à avoir soutenu le NON, c’est une grande joie que nous partageons avec les forces de la gauche française qui ont animé une nouvelle expérience unitaire dans la campagne contre le Traité Constitutionnel d’une Europe néo-libérale. L’irruption de la question sociale dans ce référendum s’est révélée décisive. L’enseignement que devrait s’apprêter à en tirer toute la gauche européenne est grand. On gagne quand on croit à l’exercice démocratique et qu’on investit sur la participation populaire. On gagne quand on assume la critique de masse à un modèle et à une condition sociale, ceux du néo-libéralisme, qui sont désormais refusés par la majorité du peuple".

Rome, 29 mai 2005

http://bellaciao.org/it/article.php3?id_article=8830

Messages

  • l’autre Europe en question risque fort d’être encore plus libérale que l’actuelle ! Nous n’aurons plus les outils que nous donnait le traité !... pour lutter !
    Cela dit on peut rêver !... et lutter les mains nues !
    mais "comprendre le réel pour aller à l’idéal" : le camarade Jaurès nous le rappelle !!!

  • Qu’il y ait expression de classe est une chose, conscience de classe au sens de théorie de l’abolition du capital dans la praxis de la contradiction de fait, une autre. Tout le discours du "non" de gauche, sans exception, est un discours de réformisme fort, justifiant qu’il ne faut surtout pas exprimer autre chose que leur feuille de route alternativiste, au besoin par la censure, ici-même, au nom du concept de peuple, et non de celui de prolétariat : en admettant qu’ils deviennent majoritaires, on ne sortirait pas pour autant du capital, dont Filoche, pcf, lcr... expriement l’utopie réformiste (plus proches en vérité de Chirac que du communisme), pour quelques décennies, n’est-ce pas ?

    • que les quelques personnes ayant pris précedement plastifient bien precautionneusement leur carte du ps ou des verts.elles seront très cotées ds dix ans.....

    • Je crois qu’il y a ici pas mal de confusions. D’accord pour la phraséologie Marxiste. Il faut donc alors suivre l’idée fondamentale du maître en dire avec lui qu’on renverse la vieille philosophie et qu’on explique l’homme (l’être) non pas par sa conscience, mais au contraire sa conscience par ce qu’il est. Donc ce qui est important dans cette optique c’est qu’il y a eu vote de classe.

      Cela est logique. Ce qui est, l’est même si on en a pas conscience. par contre la conscience de ce qu’on fait est souvent déformée. Ce serait peut être aller trop loin ici que d’aborder les théories u
      reflet chez Marx.

      Parler de discours réformiste (je suppose que tu penses "politique" réformiste) n’a de sens qu’au regard d’une théorie révolutionnaire. Or, je ne vois pas trop ce qu’est ta théorie sur la question. Je ne connais pas la théorie de l’abolition du capital dont tu parles. Tu me semble être un révolutionnaire bien singulier.

      Réformisme, révolution ? je pense que pour le moment nous sommes dans une phase de travaux pratiques et d’expérimentation dans le concret. Nous savons que des choses on beaucoup bougé, nous, révolutionnaires, réformistes, voire conservateurs selon les classements d’un passé assez proche. Rien ne dit que ces concepts soient encore opérants, prospectifs. En tout cas, on peut être sûr qu’ils sont modifiés.

      Taxe Tobin : réforme, révolution ? D’un côté cela ne paraît pas grand chose. D’un autre on se demande comment il se fait que ce pas grand chose est si difficile à obtenir.

      C’est quand la révolution française ? en 1789 ou quand on coupe la tête du roi ? Où bien avant, déjà avec les Lumières ? Tu crois que nos philosophes avaient conscience de l’ampleur du mouvement (à venir pour eux) dans lequel s’inscrivirent leur action ? L’important écrivait Marx, n’est pas de comprendre le monde, mais de le transformer. Et là j’ai conscience qu’on transforme beaucoup de choses dans le jeu politique.

      Je ne sais pas ce que tu appelles feuille de route alternative. Il me semble au contraire que rien n’est en ce moment écrit d’avance, et que nous montrons une extraordinaire capacité à répondre au jour le jour aux sollicitations politiques, idéologiques, et sociales.

      Pourquoi opposes-tu peuple à prolétariat ? Marx assignait au Prolétariat, c’est à dire la partie de la classe ouvrière à l’avant-garde du mouvement révolutionnaire, le rôle de libérer la société toute entière. La tradition révolutionnaire française est bien assise sur la notion de peuple. Nous sommes le peuple, nous sommes tout. Amitié entre les peuples etc. Peuple est une notion tout
      à fait convenable dans les discours révolutionnaires.

      Qu’entends-tu par "sortir du capital" ? Et en quoi est-ce l’urgence posée aujourd’hui au mouvement social ? Que pense-tu de cette autre idée que serait l’appropriation du capital ? Ou bien cette autre idée encore que ce n’est pas nous qui devrions sortir mais le capîtal disparaître ?

      Bon je te taquine. On a la pêche, pas vrai ?

      Helge

    • Cher anagramme phénoménologique (meuh non, je taquine, je taquine allons…),

      Je répond sur ce fil à la conclusion tirée par " Nelson " sur le sujet ouvert sur un autre fil (de fil en aiguille on finira bien par me recoudre).

      http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=15819

      Conclusion que voici :

      vous ne ferez pas mieux que la droite, comment le pourriez vous puisque vous gèrerez le capitalisme comme elle.

      C’est en effet ce qui ressort de tous les déclarations programmatiques faites à leur « base » par les tribuns de cette « nouvelle » gauche, de Mélanchon à Besancenot. Il ne saurait d’ailleurs en être autrement en ceci que l’ensemble de leurs discours post-modernes hérite exclusivement de 1789. Les rôles sont clairement établis sur le socle d’un modèle pré-conçu ; le peuple en creux de classe, le citoyen en creux du prolétaire, le néo-libéralisme en creux du capitalisme, et le tout bien rivé par la souveraineté démocratique que représente la république.

      Dès lors que ces notions sont articulées les unes avec les autres et mises en mouvement consensuel, le capitalisme reste effectivement un horizon indépassable dans la mesure où sa caractéristique politique de « forme » est la démocratie souveraine (occidentale). Chaque « représentant » de la base aura beau se contorsionner, se « déhancher » (aie !!!), rien n’y fera tant que les concepts utilisés - dans le discours comme dans les faits - seront ceux qui ont bâti le Capital lui-même en tant que classe dominante.

      Consolons-nous, à ce rythme là on réécrira la XIeme Thèse sur Feuerbach (fort mal récitée par notre anagramme phénoménologique de service) dans 160 ans : « La politique a interprété le capitalisme de différentes manières, ce qui importe est de l’abolir »

      Soit, va donc pour la démocratie dite « participative » et le capitalisme à visage Keynesien. Après tout... si c’est ce que chacun appelle de ses voeux.

  • Je vous remercie de l’analyse que vous faites du comportement du peuple de France, analyse qui nous amène à nous interroger sur celui de la classe politique, qu’elle soit de "gauche" (PS) ou de droite (UMP), l’ancrage du PS à gauche restant actuellement à prouver.

    L’analyse sur ce comportement me fait personnellement penser que nous avons en France les "politiques" les plus bêtes d’Europe (Récompense à partager avec les politiques de certains autres pays fondateurs).

    Plus interressés par leur carrrière personnelle que par l’intérêt de leurs concitoyens, MM.Chirac et Hollande étaient prêts à nous livrer "pieds et poings liés" à l’ Eurocratie Bruxelloise" et à l’"internationale des patrons", il faudra s’en souvenir au moment des prochaines consultations nationales.

    Merci aux hommes et femmes de gauche, véritables "combattants-résistants" à cette trahison de la "France d’en-bas".

    Laurent Fabius si Hollande et Strauss-Kahn vous poussent à quitter ce qu’ils continuent à appeller le CD du PS, leur PS, vous ne partirez pas seul .... 55 % des encartés devront, comme vous, et comme je vais le faire, sans hésiter, rendre leur carte ... avant de leur rendre leurs coups bas.

  • Qui peut dire ou nous en sommes ?
    Quand commence la Revolution Francaise en 1710, en 1770, avec le renvoi de Necker
    (un fait aussi "miserable" que le remaniment gouvernemental actuel)
    Les "elites" peuvent-t-elles encore gouverner ?
    On a en effet evité d’etre jeter pieds et poings lies dans les griffes obscurantistes
    des technocrates euro-libereraux mais ils sont tellement obstinés qu’ils sont
    près a bafouer la democratie (c’est dans l’ordre des choses).
    La France a besoin d’Etats-Généraux (pb originellement economiques) pour
    commencer la Revolution Europeenne anti-liberale.
    ps : bravo pour les "laboratoires" d’idées qui fondent cette victoire.