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"Refondation" à propos des adhésions : le droit à la dissension et l’éthique de la responsabilité

Publie le lundi 17 janvier 2005 par Open-Publishing

Toute critique, même la plus âpre, est légitime, elle fait partie des règles de la démocratie qui doivent régir la vie du Parti.

de Francesco Ferrara, Erminia Emprin

Il est tout aussi fondamental, quand on partage la présence au sein d’ une communauté, d’avoir une éthique de la responsabilité qui consiste à toujours faire prévaloir l’intérêt général qui est, dans notre cas, la croissance du consensus du parti et de sa capacité d’expansion, et à garder distinctes la critique des choix politiques et l’empoisonnement de la confrontation avec des insinuations qui affectent la correction, l’honnêteté politique, qui introduisent la culture du soupçon.

Ce fut le cas quand fut nourri le mensonge qu’on avait l’intention de changer le nom du parti ou d’éliminer de son symbole la faucille et le marteau, sous-entendant qu’on voulait modifier la raison sociale fondamentale de notre parti à savoir la volonté de rester une force communiste qui entend se proposer de refonder une pensée et une pratique de transformation sociale. C’est le cas aujourd’hui, de façon analogue, quand on monte sur les adhésions une affaire qui est un prétexte. On empoisonne le débat et on trompe nos militants et les adhérents.

Les représentants des minorités dans la commission pour le Congrès arrivent à affirmer que les données des adhésions pour 2004, qui voient une amélioration encourageante par rapport à l’année dernière et une modeste augmentation des délégués à ce congrès par rapport au dernier (environ 5%) sont des données gonflées et que cela découlerait des difficultés que la position politique exprimée par la majorité ( ou plutôt, directement par le secrétaire du parti) rencontrerait parmi les adhérents.

L’éthique de la responsabilité impose que lorsque l’on formule une accusation on doive être conséquent avec cette affirmation.

Dire qu’on a gonflé le nombre d’adhérents pour faire face à une difficulté politique présumée équivaut à alimenter le soupçon, et même plus, que la campagne d’adhésions, au moins en partie, est fausse et que, par cette opération, quelqu’un, à savoir la majorité, entend vaincre par la ruse la compétition du congrès. S’il s’agit là de l’anticipation d’une justification pour leur débâcle au congrès, c’est un problème qui concerne les minorités.

Mais ici, il y a un problème qui concerne tout le parti et les modalités mêmes d’y être ensemble.

Une accusation de ce genre est d’une exceptionnelle gravité justement à cause de la culture du soupçon qu’elle introduit. C’est la crédibilité politique et morale du groupe dirigeant du parti, depuis le secrétaire national jusqu’aux secrétaires des fédérations et des cercles qui est mise en discussion. C’est la raison pour laquelle nous pensons que lorsque l’on dit une chose, il faut bien évaluer les conséquences qu’elle détermine.

Pour soutenir leur thèse, les camarades des minorités se plaignent que le Bureau de l’Organisation n’ a pas mis à leur disposition les instruments pour vérifier.

En réalité, toutes les questions d’éclaircissement et toutes les réclamations pour chaque fait ou circonstance signalé demandant une décision ont été soumises à la commission du congrès. Ou bien les camarades des minorités pensent-ils qu’on leur ait soustrait ou qu’on ne leur ait pas présenté quelque signalement ? En ce cas qu’ils le disent clairement. Autre chose est une idée du parti qui alimente, précisément, la culture du soupçon, en soutenant la nécessité de contrôle préventif ou par échantillon.

Ainsi, à cause de l’intérêt d’une partie, on offense l’engagement militant de milliers et milliers de camarades qui se sont engagés, comme toujours, au maximum pour renforcer le parti, du point de vue de sa capacité d’organisation aussi. Voilà de quoi il est question !

Mais venons-en aussi au détail des chiffres des adhésions qui ont déjà été illustrés le jour de la publication des données. L’augmentation du nombre des adhérents par rapport à 2003 est de 13,5 % mais par rapport au nombre de délégués du congrès d’il y a trois ans, elle est beaucoup plus modeste (5%).

Est-il si surprenant que, comme au cours de ces années il n’y a eu aucune scission interne ou d’autres évènements minant l’unité du parti et qu’il y a même eu indubitablement une croissance, on arrive à on arrive à un tel nombre de délégués ?

L’augmentation des adhérents ne suit aucune logique de tendance interne ; les adhérents augmentent dans toutes les régions, indépendamment de la majorité interne au parti dans chaque réalité.

L’augmentation des adhérents est différente selon les régions, elle est faible au Nord et atteint des pics plus élevés dans le Mezzogiorno. Mais là aussi, les adhérents augmentent indifféremment, que ce soit dans les fédérations dirigées par la majorité nationale du parti ou dans celles où l’une des minorités internes a la majorité.

Le fait que se produise cet essor dans le Mezzogiorno n’a-t-il rien à faire avec tout ce qui est arrivé de fécond dans cette réalité ? N’a-t-il rien à voir avec les extraordinaires mouvements (Scanzano, Melfi, Acerra et d’autres encore) qui nous ont tous fait parler d’un nouveau vent chaud du Sud ? N’a-t-il rien à voir avec l’extraordinaire augmentation des voix aux élections européennes qu’a eu le parti justement dans le Mezzogiorno ou avec l’extraordinaire succès de la candidature de Vendola ? Ou quelqu’un des minorités internes pense-t-il que même ce succès a été "gonflé" ?

Les opérations d’investissement et de renouveau politique qu’a faites le parti, en particulier dans certaines réalités névralgiques du Mezzogiorno avec de nouveaux cadres provenant des jeunes communistes, des mouvements, d’expériences politiques qui découlent des problématiques du Mezzogiorno n’ont-elles rien à y voir ? En somme, la politique n’y est-elle pour rien dans l’augmentation des adhérents, en particulier dans le Mezzogiorno ? L’augmentation des voix, des consensus, la présence du parti dans les mouvements n’y sont-ils pour rien ?

Des choix aussi importants et réussis que la Gauche Européenne qui a fait descendre sur le terrain, aux côtés du parti, de nombreuses expressions du monde politique et intellectuel qui nous regardaient jusqu’à hier avec quelque méfiance, n’y sont-ils pour rien ? La recherche d’innovation de la culture politique que ce parti a pratiquée et qui est attentivement considérée par des mondes si vastes et si différents n’y est-elle pour rien ?

Il s’agit de choix qui ont tous été combattus par les minorités internes et qui les empêchent peut-être de relier aussi les données des adhésions avec la politique.

Il n’échappe naturellement à personne que l’évènement du Congrès a aussi contribué aux données des adhésions. Mais, à part la circonstance démontrée de façon indiscutable par les chiffres que l’augmentation des adhérents est indépendante de la majorité qui dirige localement le Parti, qu’y a-t-il de négatif à ce qu’une partie des camarades qui ont connu et apprécié le Parti ces dernières années décident d’adhérer pour contribuer au débat en tant que protagonistes ? Le Congrès aussi est une occasion importante pour activer du consensus et de la participation.

Il y a une dernière question.

Les camarades des minorités avancent la proposition que dans les congrès de cercle on limite le droit de vote en empêchant de facto la plus large participation des inscrits. On le fait en disant de ne pas utiliser l’espace de deux heures après le débat pour voter les documents du Congrès. Selon eux, le vote devrait être enregistré seulement par un unique appel nominal au terme des interventions, ce qui signifie que ceux qui ne sont pas présents à ce moment précis ne voteraient pas.

On n’affirme pas seulement, ainsi, une hiérarchie parmi les adhérents, on exprime une conception du parti qui regarde en arrière, même avant Togliatti et le Parti de masse, il y a là-derrière l’idée que le Parti se limite au groupe dirigeant et aux activistes et qu’il regarde avec une aristocratique supériorité ceux qui choisissent d’autres pratiques et modalités de militantisme et d’adhésion. C’est évident : on a peur d’un vote large des adhérents au parti qui est au contraire le véritable objectif de n’importe quelle consultation démocratique.

Mais nous espérons et nous croyons que les adhérents sauront déjouer cette manœuvre par une participation et une implication assez ample pour rendre vraiment mesquines toutes les spéculations sur la réalité démocratique du Parti.

Pour la motion 1 "L’alternative de société" (premier signataire Fausto Bertinotti)

Francesco Ferrara, Erminia Emprin

Traduit de l’italien par Karl & Rosa de Bellaciao


Liberazione, 9 janvier 2005

Déclaration à la Commission nationale du Congrès

Les soussignés, représentants des motions 2,3,4 et 5 dans la Commission nationale du Congrès du Prc entendent attirer l’attention de tout le parti sur la situation qui s’est déterminée dans la campagne d’adhésion au parti.

Des données communiquées à la Commission publiées hier sur Liberazione sans aucune confrontation avec les données 2003, résulte une croissance des adhésions qui ne nous semble pas pouvoir être attribuée uniquement à une augmentation positive de l’influence du parti, comme l’a soutenu le responsable national des adhésions mais, étant données les caractéristiques des augmentations, mais liée en grande partie à une course aux adhésions dans le but du Congrès, une course qui atteint dans certains cas des niveaux hors normes.

Au mois d’août, on discutait encore d’un parti en difficulté précisément à cause des adhésions, des difficultés confirmées par la modeste capacité de mobilisation montrée lors de la manifestation nationale du 25 septembre ; nous voyons aujourd’hui un véritable bond en avant qui porte à plus de 97 000 le nombre total d’adhérents pour 2004, chiffre qui n’a pas été atteint depuis plusieurs années et qui dépasse de beaucoup les 85 770 de 2003. Une telle croissance (de 13,5 %) n’est en aucune façon comparable à la croissance imitée (+ 1500 adhérents environ) qu’on a eu à l’occasion du dernier congrès.

L’examen des chiffres montre comment le phénomène se présente, en particulier dans certaines fédérations et cercles, avec des pics négatifs d’un comportement qui est pourtant largement répandu et qui plutôt qu’être combattu est politiquement légitimé et même promu par le groupe dirigeant national de la majorité fortement préoccupé par le fait que la ligne assumée par le secrétaire national est en train de rencontrer, déjà dans cette première phase du Congrès, de fortes perplexités et une opposition de plus en plus large.

A la lumière de ces considérations, nous avons proposé que la Commission nationale du Congrès mette en oeuvre des instruments spécifiques d’intervention pour suivre de près, en accord avec les commissions provinciales et les organismes dirigeants locaux les situations dans lesquelles les données des adhésions excèdent de beaucoup les chiffres moyens. Nous avons également demandé que l’on nous fournisse les instruments pour vérifier que le processus de remise et de vérification des cartes par les fédérations se soit déroulé selon les règles.

A ces demandes, la majorité de la Commission a opposé un refus qui nous semble une déclaration de disponibilité à se servir de "n’importe quel moyen" pour gagner le Congrès sans aucune considération pour les conséquences qu’une telle pratique aura (et a déjà) sur la vie interne du parti : il s’agit, à notre avis, de la pire façon de répondre aux critiques et aux dissensions largement répandues qui traversent le corps du Parti vis-à-vis de la ligne proposée par la majorité.

Nous manifestons notre dissension radicale face à une pratique qui jette une ombre sur notre Congrès et mortifie la passion avec laquelle des milliers de camarades s’apprêtent à débattre au cours des prochaines semaines. Nous renouvelons notre engagement à nous battre dans le Congrès et au-delà avec tous les instruments politiques adaptés afin d’inverser cette direction de marche.

Pour éviter que les congrès dans les cercles se transforment de moments de confrontation en décomptes de cartes indépendamment du débat, nous invitons les structures dirigeantes des cercles - en interprétant sans le violer le règlement - à élargir le plus possible la partie du Congrès consacrée à la discussion en prévoyant dans les convocations aux congrès que les votes sur les documents aient lieu à l’horaire prévu avec un unique appel parmi les camarades présents à la fin du débat, évitant ainsi la modalité de la "tranche horaire" qui, d’autant plus dans cette situation, risque de dénaturer le sens politique du Congrès.

Nous sommes certains que cet appel sera pris sérieusement en considération par tous les camarades, quelque soit leur positionnement dans ce congrès, qui ont à cœur la qualité des relations mutuelles, la sauvegarde de la moralité au sein du parti et le développement d’une réelle démocratie interne, basée sur le débat, la confrontation et la participation active et militante loin de la pratique minable des "paquets" de cartes ou de votes.

Beatrice Giavazzi, Alessandro Valentini Motion 2
Franco Grisolia, Francesco Ricci Motion 3
Salvatore Cannavò, Flavia D’Angeli Motion 4
Claudio Bellotti, Alessandro Giardiello Motion 5
Traduit de l’italien par karl&rosa

Traduit de l’italien par Karl & Rosa de Bellaciao