Accueil > Réfugié italien : comité des familles

Réfugié italien : comité des familles

Publie le jeudi 21 avril 2005 par Open-Publishing
2 commentaires

Paolo Persichetti, depuis presque trois ans dans les prisons italiennes après une extradition marquée par l’iniquité de son agencement ; Cesare Battisti, en fuite sous le coup d’un décret d’extradition définitivement avalisé par arrêt du Conseil d’Etat ; des menaces d’extraditions ultérieures qui planent dans une ambiance apparemment immobile et au silence assourdissant... Voilà les fils qui trament aujourd’hui le microcosme des réfugiés italiens et de leurs familles.

Pourtant, au milieu de cette accalmie fictive, une voix relance un cri, un corps se met en jeu. Oreste Scalzone, si l’on veut le réfugié italien par antonomase, est en grève de la faim depuis le 8 avril dernier pour dénoncer l’ivresse pénale-punitive qui pollue l’entendement de nos gouvernants.

Ainsi, de par ce cri, qui se veut d’ailleurs expression d’un malaise qui va bien au-delà du petit cercle d’anciens militants italiens d’extrême gauche emprisonnés ou exilés, Oreste relance le thème de l’amnistie et de la moratoire sur les extraditions. Amnistie, pour en finir avec un passé qui ne passe jamais, avec l’interminable et obtuse solution politique par peine interposé du conflit social qui a gravé sur la Péninsule pendant les quinze ans qui ont suivi mai 68 ; moratoire sur les extraditions, pour arrêter l’effacement de ce futur que la France avait ouvert aux réfugiés italiens dès le début des années 80.

Oreste et nous ayant sans cesse œuvré en syntonie sur ces thèmes, notre solidarité avec son initiative est une donnée acquise par avance. Et nous nous tâcherons de faire tout le possible pour nous unir efficacement à sa lutte, pour en être une bruyante caisse de résonance. Voire pour se poser en relais qui lui permettrait d’interrompre sa mise en danger vitale.

Or, il parait qu’il vaudrait mieux se taire, garder un « profil bas » pour ne pas remuer des eaux qui, pour le moment, paraissent calmes. Enfin, d’atteindre notre tour, le « moment » qui serait le nôtre dans le défilé commandé des malheurs. Patience, qu’ils prônent. Nous pourrons peut-être trouver place dans l’écran médiatique des doléances juste après le référendum ou juste avant les grandes vacances. Ou encore après, qui sait ?

Mais c’est justement ce « moment bénit » qui nous préoccupe. Car, suivant ces suggestions attentistes, deux sont les seuls scénarios prévisibles : « momifier » le corps d’Oreste jusqu’à ce que le « bon moment » voudra bien se manifester, ou se confronter directement avec de nouveaux écrous extraditionnels.

C’est pourquoi, pour l’amitié que nous vouons à Oreste et pour prévenir des tragédies annoncées, que nous nous rangeons dès maintenant à côté du notre ami en grève de la faim.

Comité des familles des réfugiés italiens

www.paroledonnee.info

Messages

  • antonomase : "prendre un nom commun pour un nom propre, ou un nom propre pour un nom commun"(Littré).Exemples donnés par Littré : " l’orateur romain" pour Ciceron, un "Zoïle" pour un critique envieux.
    Remarque : (Bernard Dupriez : Gradus, les procédés littéraires) "L’antonomase agrémentait le style : à l’époque d’Auguste, le siècle de Péricles, le roi soleil, la Vierge, la Diva. Elle correspond, dit Barthes, à quelque chose de mythique "l’incarnation d’une vertu dans une figure"(cf. communication, t.16, p.201) : Caton pour la vertu, Amyclas pour la pauvreté ; de nos jours Churchill pour le courage, jean XXIII pour la bonté.(...)"