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Rifondazione Comunista : Bertinotti (avec la ligne la plus difficile) l’emporte...

Publie le jeudi 10 mars 2005 par Open-Publishing

Refondation est plus forte et plus divisée.

de Stefano Bocconetti traduit de l’italien par karl&rosa

La métaphore est très simple. Toute prête pour ceux qui sont encore en quête de notes de couleur liées au congrès de Venise. Hier matin - après une très longue, interminable séance, passée à voter des documents, des ordres du jour, le secrétaire et les organismes dirigeants - en quelques heures deux équipes d’ouvriers avaient déjà démantelé la "scénographie" du Palais du cinéma du Lido.

Seul restait l’échafaudage extérieur. Cette bâche qui enveloppait le congrès, où était écrite la longue séquence de mots suggérés par Sanguineti. Le congrès est donc fini. Et restent les mots. Les tout derniers, approuvés quand les invités étaient déjà presque tous dans leurs villes, dans leurs maisons, usent même d’un langage unitaire. Ils parlent d’une série d’engagements d’ici à juin : pour gagner les élections régionales, pour faire gagner Nichi Vendola dans les Pouilles.

Pour que réussisse la grève chez Fiat, dans l’école. Pour que Refondation soit parmi les promoteurs de la grande journée pacifiste du 19 mars, de la rencontre de Bruxelles. Pour que Refondation soit aux prochains rendez-vous des forums sociaux, en commençant par celui d’Ecosse.

Et auparavant encore, quelques instants auparavant, il y avait eu très peu d’autres mots unitaires. Ces deux lignes qui établissaient un renvoi du choix des noms pour la direction. Un peu de temps encore, pas beaucoup. Pour savoir si et comment les minorités entreront dans l’organisme dirigeant.

Des mots unitaires, des gestes d’attente, conciliants d’une certaine façon. Mais ils étaient les seuls dans un congrès d’un parti jamais aussi fort, mais jamais aussi divisé.

Parce que sur le reste, sur tout le reste, ces six cent quatre vingt dix délégués ont voté différemment. Sur le Statut, qui introduit un nouvel organisme, l’exécutif - en quelque sorte une coordination opérationnelle entre les dirigeants des réalités métropolitaines les plus importantes et les responsables des secteurs de travail et qui donc entrera en vigueur quand l’organigramme sera complet, et sur le secrétaire. Elu, toujours dimanche après-midi, par le Comité politique national (qui se compose maintenant de 260 personnes et en comptait auparavant 135) : 143 ont voté pour Fausto Bertinotti, 85 étaient contre, et 2 se sont abstenus. Un pourcentage légèrement supérieur aux 60% obtenus par sa motion dans les congrès de cercle. Ces presque 60% qui ont enfin approuvé la première partie du document politique. Oui, la première partie. Parce qu’on a décidé, sur proposition de la motion Malabarba-Cannavo’, de diviser par deux le document. Sur la première partie, le choix de la ligne politique, c’était le comptage. Sur la deuxième partie, notamment celle qui établit les engagements de travail, la presque unanimité a été enregistrée. Presque, parce qu’en ce cas aussi on a enregistrée une poignée de voix contraires.

Et maintenant, le rideau descend vraiment sur le congrès le plus douloureux. Pour reprendre les mots de Paolo Ferrero, qui a présidé durant ces journées la commission politique, c’est "la ligne la plus difficile" qui a gagné. La ligne risquée, qui renonce à quelques certitudes pour plonger dans la recherche. Plus, peut-être. La ligne qui essaye de refonder la politique. "En récupérant les fondamentaux, passe moi l’expression, en récupérant le marxisme en tant que sociologie et humanisme - l’idée de la non violence, pour se comprendre - en en laissant le social, les conflits sociaux faire irruption dans la politique. Dans la sphère de la politique, séparée jusqu’à hier. Je crois que c’est la façon la plus intelligente pour essayer de forcer la cage du bipolarisme mais aussi, je te le répète, la façon la plus difficile".

La plus difficile. Et c’est peut-être aussi comme cela que s’explique le dur, l’ âpre affrontement, qui a été enregistré dans les plus de cent interventions qui se sont succédées à la tribune pendant les quatre jours de congrès. Ou plutôt de la "tour" du congrès, puisque ceux qui parlaient devaient le faire à presque deux mètres du parterre, sur ce podium très haut avec microphone, une idée scénographique que certains ont aimée, d’autres non. Âpre à tel point que dans les conclusions le secrétaire (l’ancien et le nouveau secrétaire) Bertinotti ressentira le besoin de demander à tous un "effort de tendresse". Il demandera à tous de mettre de côté les offenses, les insultes que pourtant on a écouté dans ces assises. Et ce débat - qui a souvent fait recours même les jours de la libération de Sgrena et du meurtre de Calipari aux métaphores militaires, méprisantes - Bertinotti a dit l’avoir vécu "comme une défaite". Le face-à-face, même le plus âpre, est autre chose. D’ailleurs, dans ses conclusions il a lui-même mis ensemble la défense d’un style de travail qui doit être paisible dans la communauté parti et une dure réprimande des positions des minorités. Il a frappé dur, en somme, comme l’ont remarqué tous - mais vraiment tous - les observateurs du congrès. Avec une dureté inhabituelle chez lui. Pas exactement avec toutes les minorités, si on veut pinailler, pas exactement avec la même dureté envers toutes les minorités. Ainsi, toujours dans ses conclusions, il a repoussé de facto du podium les démissions de chef du groupe de Refondation au Sénat de Gigi Malabarba, et il a confirmé de facto Salvatore Cannavo’ vice-directeur de Liberazione. Il a été plus intransigeant - les commentaires ont été unanimes sur ce point aussi - vis-à-vis de la deuxième motion. Celle qui a semblé à tout le monde la plus lointaine sur le plan de la culture politique. Et il leur a reproché d’avoir rendu la confrontation vulgaire, ne se privant pas ensuite d’ajouter la demande d’une gestion unitaire qui résonne aujourd’hui comme "instrumentale". Il leur a même reproché d’être indifférents à l’adhésion de Pietro Ingrao au parti ("Il y en a même qui ne se sont pas levés quand nous lisions la lettre du personnage le plus influent de la gauche italienne"), mais, surtout, il a répondu indigné aux accusations d’être gouvernemental : "Excusez-moi, qui a rompu avec Prodi il y a sept ans ? Gouvernemental à qui ?"), jusqu’aux réflexions sur Gênes.

Sur 2001, sur ces journées dramatiques qui accompagnèrent le G8, que beaucoup considèrent comme un nouveau début pour Refondation. "Vous parlez aujourd’hui de mouvements, mais je n’ai pas entendu un seul mot de réflexion de la part de ceux qui à l’époque, dans le parti, nous invitaient à être circonspects, à la prudence, à être presque soupçonneux".

Des cultures politiques différentes. Qui font prononcer au secrétaire - ancien et nouveau - la phrase sur laquelle se sont mesurés hier tous les éditorialistes : "Plutôt que raconter des sornettes sur la volonté présumée de la majorité de changer le nom du parti, demandons nous ce que nous serions devenus si nous n’avions pas fait les choix que nous avons faits. Souvenons-nous qu’en Italie il existe un autre parti, qui porte lui aussi le nom communiste dans sa dénomination et qui est pourtant tellement, tellement différent de nous".

Pour certains, cette phrase a même semblé être la sanction d’une scission. Lui, le secrétaire, exclura que cette hypothèse soit dans l’air et, encore moins, qu’il ait invité à la faire. Claudio Grassi, qui a signé la deuxième motion, a confirmé hier encore que son groupe était et resterait dans Refondation. "J’ai même lu que nous aurions eu des contacts avec des représentants d’autres partis - dit-il à notre journal - Il en est vraiment rien. Nous sommes en minorité mais nous allons travailler pour faire grandir Refondation, comme tout le reste du parti".

Mais les deux cultures politiques restent. En commençant par le passage-clé de la non violence. Qui devient dans les paroles de Bertinotti l’angle visuel à partir duquel analyser aujourd’hui le monde. "Le soldat israélien qui refuse de tirer sur des Palestiniens sans défense ne sera pas communiste mais il est un camarade à moi". Ce soldat et Bertinotti sont du même côté. Et de ce "côté" il n’y a pas de place pour ceux qui ont enlevé Giuliana.

Mais la différence n’existe pas seulement au niveau des philosophies. Il y aussi la traduction politique de ces différentes positions. La fameuse questions des "piquets". La minorité avait demandé et demande qu’avant de se jeter dans les bras de Prodi soient fixés, écrits les point du programme. Bertinotti répond que le programme pensé ainsi peut tranquilliser certains - de nouveau l’ancrage aux vieilles certitudes qui n’aiderait pas aujourd’hui - mais ne change rien. Le programme est celui qu’on élabore dans les conflits sociaux. L’intervention publique sollicitée par les travailleurs Fiat, le salaire social demandé par les chômeurs napolitains, une nouvelle organisation du territoire dessinée par les batailles d’Acerra contre l’incinérateur : c’est ainsi qu’on écrit un programme, martèle-t-il.

Et c’est ainsi qu’on écrit- plutôt : on a déjà écrit ainsi - le point du programme concernant la paix : avec l’engagement au retrait des troupes qui est devenu la position la plus forte du centre gauche. Et qui deviendra la position du prochain gouvernement de l’Union. Où, de toute façon, quelle que soit l’issue, , Bertinotti, lui, ne sera pas.

Le congrès, la partie publique du congrès, s’achève ainsi. On arrive encore à remarquer que dans la cohue émue qui embrasse Bertinotti, dans la foule qui chante l’Internationale, Bandiera Rossa et qui, c’est incroyable, connaît par cœur "Song of Freedom" - ou en connaît au moins le refrain - quelques représentants de la minorité ne bougent pas. A l’écart. Assis. Mais ça, c’était il y a deux jours. Aujourd’hui il y a déjà le calendrier d’engagements que tous ont voté.