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Royaume-Uni : La télé réussit-elle à l’extrême droite ?

Publie le mardi 27 octobre 2009 par Open-Publishing
3 commentaires

La première participation de Nick Griffin, chef du Parti national britannique, à une émission politique de la BBC, le 22 octobre fait couler beaucoup d’encre. Marquera-t-elle le début de son ascension ou de son déclin ?

de Ben Macintyre

La prestation télévisée de Nick Griffin, chef du British National Party (BNP), invité de l’émission Question Time [le 22 octobre] sur la BBC , pourrait susciter une vague de sympathie pour l’extrême droite ou, au contraire, marquer le début de la fin pour ce parti extrémiste qui s’est peut-être montré sous son véritable jour avant de disparaître à jamais. Si l’histoire du fascisme au Royaume-Uni montre que l’extrême droite gagne du terrain en faisant parler d’elle, grâce à la médiatisation et à la controverse, l’expérience politique révèle toutefois également que plus les Britanniques examinent de près les idées de ce mouvement plus ils les rejettent.

Lors d’un entretien sur ITV News, Griffin a déclaré que si Churchill était encore de ce monde, “sa place serait au sein du Parti national britannique”. Le chef du BNP s’est pourtant aussi placé dans la lignée d’Oswald Mosley, leader de l’Union des fascistes britanniques (BUF), en déclarant : “Il existe un lien fort et direct entre Mosley et moi.” L’exemple de cet aîné n’est toutefois pas des plus heureux : si l’Histoire n’est qu’un éternel recommencement, le BNP pourrait très bien emboîter le pas à Mosley et à ses Chemises noires pour atterrir dans ses oubliettes.

En 1934, les Chemises noires semblaient en pleine ascension. Le 7 juin de cette année-là, des milliers de personnes étaient venues écouter le discours de Mosley à Olympia, dans l’ouest de Londres, à l’occasion d’une grande parade raciste et fasciste. Les opposants antifascistes avaient été brutalement attaqués par les Chemises noires et violemment refoulés. Un an plus tard, le vent avait tourné. Le nombre d’adhérents à la BUF chuta brutalement à 5 000. Comme ses successeurs aujourd’hui, Mosley avait su utiliser les médias pour paraître plus important qu’il ne l’était. En réalité, si la BUF a connu quelque succès auprès de certains milieux aisés, elle n’a jamais constitué une force politique majeure.

Si l’expérience de Mosley et de ses Chemises noires semble indiquer que l’extrême droite périclite quand elle est exposée en pleine lumière, un précédent plus récent montre que la télévision peut toutefois lui conférer une forme de respectabilité.

En 1984, Jean-Marie Le Pen était l’invité de l’émission L’Heure de vérité. A l’époque, le Front national (FN) était largement boycotté par les grands médias français et n’avait aucune influence dans le jeu politique.

L’apparition de Le Pen à la télévision avait suscité une forte vague d’indignation mais, plus tard, l’intéressé avait déclaré que c’était “le moment qui avait tout changé”. Le Pen a fait ce soir-là une belle prestation, faisant tout pour se débarrasser de son image de vieux néonazi écumant. L’émission a battu des records d’audience et le FN a par la suite indiqué avoir enregistré près de 30 000 nouvelles adhésions. Lors des élections européennes de l’année suivante, le FN récolta 2,2 millions de voix.

La prestation de Griffin à Question Time et la réaction du public britannique nous diront si cette émission aura été un “tremplin” pour lui, comme pour Le Pen, ou si l’Histoire se souviendra de Nick Griffin comme d’un dictateur d’opérette.

http://www.courrierinternational.com/article/2009/10/27/la-tele-reussit-elle-a-l-extreme-droite

Messages

  • Un certain nombre d’organisations de gauche en grande-bretagne font circuler des pétitions pour interdire les extrémistes d’antenne, le problème c’est que leurs arguments sont du type "les fachos se servent de la démocratie pour avancer leurs intérêts anti-démocratiques".

    C’est bien gentil, mais si on est révolutionnaire, on est pour une société très différente de la démocratie actuelle, donc c’est un argument qu’on pourrait se reprendre dans la geule...

    Ca rappelle cette loi contre "l’usurpation de l’autorité publique" passé à l’époque de Mosley, bien acceuillie par les anti-fascistes et qui fut en fait utilisée bien plus largement contre les mouvements ouvriers que contre la droite fasciste.

    perso, je pense qu’il vaut mieux les battre en montrant qu’ils sont au servive de la grande-bourgeoisie plutôt que d’essayer de balayer le problème sous le tapis.

    • Et bien bon courage... :)

      On n’arrive déjà pas à le faire avec la droite lambda incarnée par des gros barbons en costard 3 pièces roulant Jaguar, alors avec l’X Dte qui se la joue prolo-populo et solidaire des "petits" sans complexe...

      L’un n’empêche pas l’autre par ailleurs.

    • oui, c’est pas facile...

      mon expérience c’est qu’on peut toujours partir de quelques questions simples genre :

       d’ou viens l’argent du parti XD avec si peu d’adhérents ?
       pourquoi les étrangers acceptent-ils des boulot moins cher ou au noir ? est-ce que c’est pas d’abord parce qu’ils n’ont pas autant de droits qu’un national et que la police les harasse tout le temps ?

      ca suffit souvent à désamorcer quelqu’un qui penche vers l’XD, même si ça suffis pas à le faire changer pour de bon, il va rester neutre.