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SARHAROV , MENARD et LES DROITS DE L’HOMME

Publie le lundi 9 janvier 2006 par Open-Publishing
5 commentaires

de Françoise Lopez

L’attribution du prix Sakharov à RSF, l’officine de Robert Ménard et aux « Dames en Blanc », épouses de traîtres cubains stipendiés par les USA, fait couler beaucoup d’encre. Car le Prix Sakharov est, nous dit-on « un prix qui récompense une personne ou un groupe qui milite pour les Droits de l’Homme ». Soit. Nous sommes donc choqués que RSF, qui a soutenu le coup d’état manqué contre le président Hugo Chavez en avril 2002, et qui refuse de dénoncer les assassinats de journalistes en Irak ou ailleurs quand ils sont commis par les USA pour la bonne raison qu’une grande partie de ses financements lui viennent de ces mêmes USA, obtienne un prix censé récompensé son action dans le domaine des Droits de l’Homme. Depuis longtemps, nous avons constaté que nous, défenseurs de Cuba, n’avions pas, et de loin, la même conception des Droits de l’Homme que RSF. Peu nous importe, en effet, que la presse soit « libre » au sens où l’entend Robert Ménard, c’est à dire que l’état ne puisse exercer aucun contrôle sur elle, dans des pays où 90% de la population est analphabète. D’autant que cette sorte de liberté de la presse, nous le savons par expérience, débouche immanquablement sur une soumission absolue de ladite presse aux marchands de canons et autres groupes financiers. Liberté donc plus que relative mais qui aime ses chaînes se croit libre...

Ce qui nous importe beaucoup plus, et n’intéresse aucunement Robert Ménard, c’est la liberté de faire son travail sans se faire tirer comme un lapin. Ca, pour nous, ça fait partie des Droits de l’Homme. Et contre les assassinats de journalistes en Colombie, quotidiens, contre les assassinats de journalistes en Irak (« bavures », « dégâts collatéraux », etc) RSF est muet...

Donc, RSF ne mérite pas un prix qui récompense un défenseur des Droits de l’Homme. Mais il s’agit là du Prix Sakharov, pas de n’importe quel prix. Souvenez-vous de Sakharov :

Voici ce que nous dit sur lui le site http://www.nobel-paix.ch/bio/sakhar... :

« A l’âge de 17 ans, il entame des études de physique à l’Université de Moscou. Ses talents intellectuels lui permettent d’être exempté du service militaire lors de l’invasion de l’Allemagne en 1941. En 1942, il obtient sa licence puis son doctorat. En 1948, il collabore avec le physicien Tamm (Prix Nobel de physique) et se lance dans les recherches en matière d’armes nucléaires. En 1949, un groupe de chercheurs soviétiques développe la bombe atomique (4 ans après les Américains) et invente, en 1953, la bombe à hydrogène. Sous l’influence de Schweitzer et de Linus Pauling, il dénonce les dangers de la radioactivité et tente de persuader les autorités soviétiques de supprimer une série de tests.

Il obtient un succès partiel à travers la signature du Traité contre les essais nucléaires en 1963. En 1966, il critique publiquement une lettre ouverte d’intellectuels qui visait à la réhabilitation de Staline et proteste contre les mesures prises par Brejnev contre les dissidents. En 1968, il publie : « Réflexions sur le progrès, la coexistence et la liberté intellectuelle. » Il est ensuite obligé d’abandonner les recherches secrètes et est réintégré dans l’Institut de physique avec une baisse de salaire et des conditions de vie dégradées. Il perd sa femme. Avec deux autres collègues, il crée un comité des droits de l’homme en 1970. C’est alors qu’il rencontre Elena Bonner qu’il épousera en 1971. En novembre 1975, le gouvernement soviétique refuse de lui donner le visa qui lui permettrait de se rendre à Oslo pour retirer le Prix Nobel de la Paix. C’est Elena Bonner qui le remplacera et qui prononcera le discours de réception à sa place. »

Edifiant... « Ses talents intellectuels, dit-on, lui permettent d’être exempté du service militaire lors de l’invasion de l’Allemagne en 1941 ». Que ne fait-on pas dire aux mots ? Remplacer « il échappe à la mobilisation » par « il est exempté de service militaire » constitue un véritable trait de génie. Bien sûr, en France également, enseignants et autres intellectuels n’ont pas été mobilisés au début de la guerre mais réquisitionnés à leur poste. Reste que la plupart d’entre eux a trouvé moyen de défendre autrement la liberté menacée, en entrant dans la Résistance par exemple. Rien de tel chez le jeune Andreï. De ce vide pouvons-nous conclure qu’il a déjà choisi son camp ? Peut-être pas car il travaille sur les armes nucléaires, ce qui semble indiquer qu’il ne manifeste publiquement aucun désaccord avec le gouvernement de son pays. Mais, et c’est peut-être là le hic, ce n’est pas lui qui met au point la bombe atomique en 1949 mais « un groupe de chercheurs soviétiques ». S’il avait fait partie de ce groupe, nul doute que l’article nous le dirait. Non, lui , il dénonce « les dangers de la radioactivité » et ce au moment précis où l’URSS peut enfin traiter avec les USA à armes égales. Car, nous précise-t-on, les USA ont déjà la bombe depuis qu’ils s’en étaient déjà servis. Et qu’à fait notre jeune Sakharov lorsque les USA ont largué la bombe sur Hiroshima et Nagasaki faisant en un instant des millions de morts ? A-t-il alors dénoncé « les dangers de la radioactivité » ? Certes non, pas plus que pendant la période où il travaillait lui-même sur les armes nucléaires... c’est à la mise au point de ladite bombe. Non, il ne dénonce ces dangers que lorsque la bombe est soviétique et qu’une autre équipe de chercheurs a réussi...

Mais ce raisonnement nous le connaissons bien, nous, défenseurs de Cuba. Car c’est ce qu’on nous dit à propos de la « Crise des Missiles » : c’est la bombe soviétique qui est dangereuse, pas la bombe étasunienne et Kennedy menaçant de l’utiliser passera pendant des années et passe encore aux yeux de certains, pour celui qui a « sauvé le monde de la menace soviétique »... Même raisonnement ici, mais c’est un soviétique qui le tient ! Certes, on a appelé cette situation « équilibre de la terreur ». Mais que se serait-il passé si les USA avaient été les seuls à posséder une telle arme ? Les Rosenberg sont morts d’avoir voulu donner à d’autres peuples une chance de survie... Pour Sakharov, pas de problème : la survie de son peuple ne l’angoisse pas.

Continuons : « Il est ensuite obligé d’abandonner les recherches secrètes et est réintégré à l’Institut de Physique avec une baisse de salaire et des conditions de vie dégradées ». Là, je me pose une question : qu’adviendrait-il en France, si un chercheur du Centre Atomique de Cadarache, par exemple, prenait publiquement de telles positions ? Conserverait-il son poste et les privilèges qui s’y attachent ? Je ne crois pas. Dans tous les pays , certains postes sont assortis de conditions particulières, la principale étant le « devoir de réserve » et trahir ce devoir est toujours lourd de conséquences. Une baisse de salaire et des « conditions de vie dégradées » ne sont donc dans ce cas aucunement une brimade, seulement une conséquence de la rupture par l’intéressé du contrat qui faisait de lui un privilégié. Et naturellement, cela n’a rien à voir avec les « droits de l’Homme »... seulement avec la manipulation.

Mais souvenons nous : dans les années soixante-dix, Soljenitsine, autre grand défenseur des « droits de l’Homme », nous conte dans « Le Premier Cercle », l’histoire d’un personnage « arrêté juste parce qu’il téléphonait ». Lisez le livre et vous constaterez que ce triste individu téléphonait à l’ambassade des USA : donc, en clair, il livrait des secrets d’état à une puissance étrangère ! Etre arrêté pour ça ? Intolérable pour Soljenitsine et ses pareils. Seule une dictature est capable de ça... Mais encore une fois, que se passerait-il en France en pareil cas ? Ou aux USA ? C’est justement de ça que les Rosenberg ont été accusés...et ils ont été condamnés à mort et exécutés !

De cela, naturellement, personne ne dit mot. Mais si, comme les exemples que nous venons d’ énumérer semblent le démontrer, trahir son pays et les intérêts supérieurs de l’Humanité constitue un droit de l’homme pour ces gens-là, alors oui, le Prix Sakharov remplit pleinement son office et les lauréats 2005 le méritent amplement...

Messages

  • Vous confondez Sakharov et l’association RSF, vous injuriez stupidement la mémoire d’un homme qui fit face à un moment de sa vie à la dictature installée à Moscou (dictature qui ne fut ni communiste, ni socialiste)...

    Vous vous imaginez peut-être que les énemis de nos énemis sont nos amis ? Dites-nous le pour rire !

    La question de la lutte contre l’arme nuclaire dans le monde fut une bataille mondiale, menée partout, et aux USA également, souvent dans des mouvements et associations dans lesquelles il y avait beaucoup de communistes (des vrais....pas des vieux sacripans pleutres en superbes uniformes bardés de médailles et terrorisant leurs peuples comme Brejnev, Podgorny, Kossyguine). Ces mouvements amples ont commencé avant la revolution cubaine, ont continué pendant la crise de 1962 et après cette période, du côté des pays de l’est comme du côté des pays capitalistes, contre les gouvernements bourgeois de l’ouest et contre les gouvernements anti-sociaux et dictatoriaux des pays de l’Est.

    Sakharov ne prit pleine opposition contre l’armement nucléaire qu’après la crise des missiles.

    Je vois que vous mobilisez à cette fin Solyenitsine... Vous mélangez tout. Peut-être après montrerez-vous que Lénine critiquant Staline affaiblissait à l’avance le peuple cubain ?

    Restez sur terre et sur les faits. RSF est ce qu’elle est et l’utilisation de la mémoire de Sakharov là dedans est indigne, tant de la part de l’association que de votre part.

    Copas

  • les critiques que vous formulez sont souvent fondées,mais Castro est un vieux tyran mythomane qui se maintient au pouvoir par la terreur afin d’éviter de tomber entre les mains de la justice - de son vivant - en cas de retour à la démocratie. Allez vous promener dans les rues de Cuba ,sans "guide" et vous comprendrez pourquoi de pauvres gens se lancent à la mer au péril de leur vie. Etrangement, il n’y a jamais d’américains qui tentent de gagner les cotes cubaines pour demander asile. Cela ne vous semble pas étrange ?
    Arnaldo Ochoa

    • Cuba est un pays pauvre. Les flux migratoires vont des pays pauvres vers les pays riches. Donc de Cuba vers les Etats-Unis. Comme du Mexique vers les Etats-Unis... comme du Salvador vers les Etats-Unis, comme du Guatemala vers les Etats-Unis... Ni’mporte quel pays du tiers monde, bénficiant de la loi Cuban Ajustement Act, verrait les mêmes flux - pires même - vers les Etats-Unis. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que ça, vous le saviez déjà, n’est-ce pas ?

  • et oui, c’est article qui ne fera pas plaisir à tout le monde. il dit simplement la vérité. et celui qui remet en question cette article il peut être considéré comme un agent de l’impérialisme américain.(la dernière phrase c’est pour me faire plaisir).

    pour coppa.
    de quel droit affirme tu que l’URSS n’a jamais été socialiste. d’accord c’était une dictature mais tu dois remettre les faits dans le contexte de l’histoire. tu aurais surement préféré que la Russie reste tsariste et que les peuples de toutes les Russies reste ignorant.
    sur Castro, si tu n’a que ça à faire ça te regarde.
    le prix Sakharov ne reste qu’un formidable outil de propagande des occidentaux.
    Explique moi comment cela ce fait que Cuba est loin derrière (selon la classification de RSF) des pays comme l’Arabie Saoudite, le Pakistan, certain pays africain et j’en passe.
    Je te rappelle aussi que RSF est trempé dans plusieurs histoires avec la CIA.

    Mathieu

  • désolé copas, j’ai écorché ton speudo

    Mathieu