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SNCM : "Nous voulons éviter le dépôt de bilan" (interview dans le Nouvel Obs du 10/10)

Publie le mardi 11 octobre 2005 par Open-Publishing

par Jean-Claude Grazziani,
secrétaire général du comité régional de la CGT pour la Corse


"Nous voulons éviter le dépôt de bilan"

L’exigence d’une participation de l’Etat à 51% dans le capital de la SNCM ne figure pas dans la demande d’une "reprise des discussions" de la CGT. Comment expliquez-vous une telle concession ?

 Il y a eu une réunion ce week-end entre les sections de la CGT de Corse et de PACA, les syndicats marins, et la fédération maritime, et vu la hausse des tensions en Corse, il a été décidé de faire un appel au gouvernement en montrant que la CGT avait fait quelques pas. Cela pour relancer les discussions sur le plan social. Mais nous pensons toujours que la participation doit rester majoritaire. Le mot "Etat" ne figurait effectivement pas dans la demande d’une reprise des discussions, mais cela ne signifie pas que l’entreprise ne doit pas rester publique à 51%. La caisse des dépôts et consignations a fait des propositions ainsi que le président du conseil général des Bouches du Rhône. Nous maintenons l’idée d’une participation majoritaire.

Le schéma mis en œuvre pour sauver la SNCM prévoit toujours une participation de l’Etat à hauteur de 25%, est-ce que les dernières garanties de Dominique de Villepin, notamment sur le fait qu’il n’y aura pas de licenciements secs, peuvent permettre aux négociations de trouver une issue, malgré l’échec de la réunion entre les syndicats et les ministres aujourd’hui ?

 Nous avons lancé un message pour revenir à la table des négociations, mais il semble que le gouvernement n’en ait pas tenu compte. Les propositions de Villepin notamment sur les licenciements secs possèdent des contradictions internes. Le fond du problème c’est que le dossier a été mal préparé par le gouvernement. D’ici un an ,l’opérateur (ndlr : Butler) pourra faire ce qu’il veut. Il rentre avec une participation de 35 millions d’euros, ce qui est un cadeau, les actifs de la SNCM représentant 440 millions d’euros. En un an il va doubler sa participation, et après avoir réalisé une belle opération financière il pourra quitter le navire. Je ne pense pas qu’il soit très concerné par le service que propose la SNCM. 

Il semble aujourd’hui que soit le plan de privatisation du gouvernement entrera en application soit la procédure du dépôt de bilan sera engagée. Y a-t-il une troisième alternative ?

 Il y a encore un conseil d’administration cet après-midi, et un comité d’entreprise mardi. Nous, ce que l’on veut éviter, c’est le dépôt de bilan. Le gouvernement doit être prudent, car ce serait une première dans l’histoire qu’une entreprise publique à 100% dépose le bilan. Le conseil d’administration n’arrive pas par hasard, après trois semaines de crise, le PDG de la SNCM doit expliquer la situation de l’entreprise. Mais pour l’instant je n’ai pas d’éléments nouveaux. Ce qui est certain, c’est qu’à partir du moment où le dossier sera transmis au tribunal de commerce de Marseille (ndlr : si la procédure du dépôt de bilan est lancée), ni les salariés, ni le gouvernement ne pourront plus intervenir. Les conséquences pour la région seraient catastrophiques, peut-être pires qu’avec la sidérurgie dans d’autres régions. En Corse, la SNCM représente 860 emplois directs, 1.200 emplois induits, la masse salariale est de 50 millions d’euros et 140 entreprises sous-traitantes sont concernées. Ca serait une catastrophe économique pour la région.

Propos recueillis par Simon Piel
(le lundi 10 octobre 2005, NOUVELOBS.COM | 10.10.05 | 15:21)