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Saint-Bernard, dix ans après, le même mépris

Publie le mercredi 23 août 2006 par Open-Publishing
5 commentaires

Le 26 août 2006 à 14 h Manifestation nationale de l’Eglise Saint-Bernard à la Place de la République Paris

RDV pour Bellaciao 13h30

Immigration : des personnalités, au coeur du soutien à la lutte de 1996, livrent leur regard sur la situation actuelle des sans-papiers.

de Ludovic Tomas et Émilie Rive

Le 23 août 1996, la hache des CRS de Jean-Louis Debré, ministre de l’Intérieur de Jacques Chirac, attaque les portes de l’église Saint-Bernard, à Paris, pour en déloger des familles en situation irrégulière, grévistes de la faim. En trois mois, les "sans-papiers" étaient sortis de l’ombre. Ils refusent toujours aujourd’hui d’y rentrer. Ce 17 août 2006, les CRS de Nicolas Sarkozy évacuent, manu militari, les mille résidents du squat de Cachan. À dix ans d’intervalle, même brutalité, même cynisme, même aveuglement, remarque Albert Jacquard, généticien, co-président de Droits devant !, au coeur de la lutte en 1996 : "De voir ce qui s’est passé à Cachan la semaine dernière me fait dire que tout ce que l’on a fait n’a pas servi à grand-chose. Dix ans après Saint-Bernard, on retrouve la même attitude de refus, de mépris et de catégorisation des êtres humains. On continue à voir ces personnes à travers leur couleur de peau et leur origine."

Une différence, cependant : à Cachan, le cercle s’est élargi, toutes les victimes ne sont pas des sans-papiers. Les conséquences seront pourtant les mêmes qu’il y a dix ans pour ceux qui demandent leur régularisation : après les premiers passages en justice, les assignations à résidence sont rares, les retours en centre de rétention le lot le plus commun, la volonté d’expulsion est réitérée.

Autisme politique

Depuis trois ans, la chasse a pris un nouveau visage avec le retour aux expulsions groupées, mais surtout avec les arrestations d’enfants dans leur établissement scolaire, les maintiens de bébés en centre de rétention, les expulsions de jeunes majeurs qui n’ont pas terminé leur scolarité, une politique utilitariste de main-d’oeuvre légalisée. Mouloud Aounit, lui aussi sur la brèche en août 1996 : « Il y a une sorte d’autisme politique à tirer tous les enseignements de la façon dont a été gérée l’affaire de Saint-Bernard et de ce qu’elle a révélé de déchirure du monde, d’inégalité, d’absence de politique de codéveloppement. Tous ceux qui pensent que l’on peut régler la question des sans-papiers par des réponses brutales, sécuritaires, avec une vision rabougrie des droits de l’homme, ne génèrent que démagogie et laissent intacts les problèmes. »

Dès que les ministres chiraquiens parlent de régularisation, ils ont la même attitude, constate Stéphane Hessel, ambassadeur de France, ancien médiateur des sans-papiers de Saint-Bernard : « Alors que Jean-Louis Debré nous avait assuré qu’il tiendrait compte de nos suggestions, il a décidé de ne régulariser que 20 % des personnes quand nous en souhaitions 85 %. À présent Sarkozy détruit les progrès de la loi Chevènement (qui a régularisé 50 % des demandeurs - NDLR). Ne régulariser que 6 000 personnes est totalement arbitraire. S’il appliquait ses propres critères, il devrait régulariser 25 000 des 30 000 demandeurs avec enfants scolarisés. »

Pour Henri Leclerc, avocat, ancien président de la Ligue des droits de l’homme, « la position du gouvernement actuel est inquiétante et repose toujours sur des actions spectaculaires. Qui plus est, c’est une question électorale pour Nicolas Sarkozy ». À ses yeux, la gauche n’a pas non plus apporté de réponse globale au problème. « Je ne suis pas très optimiste pour l’avenir : en supposant que la personne qui accédera au pouvoir en 2007 soit issue des rangs de l’UMP ou du PS, aucune solution encourageante n’est proposée. » Pour Mouloud Aounit, il y a un réel décalage entre la perception des politiques et celle de la société : « Il n’y a qu’à voir la mobilisation sur la protection des enfants. L’opinion publique avance et les politiques ont des crampes mentales. »

Une honte nationale

Revoir les fondements même de la politique d’immigration revient en leitmotiv : « La seule issue possible est d’aborder les causes profondes de l’immigration, c’est-à-dire les déséquilibres mondiaux entre les pays du Nord et ceux du Sud », précise Henri Leclerc. Stéphane Hessel est très pragmatique : « Il faut admettre le fait que de nombreux jeunes quittent leur pays d’origine. Cela contribue d’ailleurs au développement économique de la France. Mais il faut transformer complètement l’aide au développement, autant quantitativement que qualitativement. La France est au 18e rang sur 21 pays européens... »

Jack Ralite, sénateur (PCF) de Seine-Saint-Denis passait, chaque jour d’août, à Saint-Bernard : « Un article, hier dans le Monde, révèle que, dix ans après, la vie française de Moussa Sissoko n’est toujours pas reconnue. C’est un symbole. Non seulement la situation posée par ce mouvement extraordinaire, avec ses personnalités - Ariane Mnouchkine, le père Coindé, Madjiguène Cissé, le professeur Schwarzenberg, pour ne citer que quelques-unes -, n’a pas été réglée mais a même régressé. Expulsions, répressions ont une réalité plus lourde aujourd’hui. La dernière opération du ministre de l’Intérieur à Cachan est une honte nationale. »

http://www.humanite.presse.fr/journ...

Messages

  • SANS PAPIERS UNIS ET INDIVISIBLE.
    CHEVENEMENT, PASQUA, SARKO, MEME LUTTE MEME COMBAT, LE CAS PAR CAS ON EN VEUX PAS.
    REGULARISATION GLOBALE DE TOUS LES SANS PAPIERS
    COMANCHE.

  • bonjours à tous
    Je ne sais plus quel ministre de l’UMP qui voulait, faire une journée du souvenirs pour les victimes du communisme, ferait mieux d’en faire une pour les pauvres gens de Cachan et pour cette maman qui a perdue son bébé (respect à vous madame).Egalement le fait d’empiler des gens dans des gymnases cela me rappele des évenements passés mais hélas toujour présents.
    et qui je pense se renouvelleront encore et encore au nom "d’une émigration maitrisée" tu ne me fait pas rire sarko et ta police m’attriste mais il est vrai qu’elle obéie aus ordres (ça me rappele aussi il y a quelques de 60ans...)
    rappelez moi donc comment il s’appelle ce ministre

    le mataf

  • Pendant qu’une trentaine de manifestants pacifiques écoutaient des orateurs devant Saint-Bernard, à l’orée d’un quartier verrouillé par des gardiens de la paix version Terminator, rue Stephenson, à la tête d’une armada de camionnettes de la gendarmerie, attendait un autobus (type RATP avec accés avant et central… et sans plate-forme arrière) aux vitres aveuglées de la police. J’ai pris la photo.

    Ce bus renvoyait tristement au passé encore récent et peu glorieux de la police française lors des raffles du Vél’ d’Hiv’. Après les juifs, les sans-papiers ! La République s’appuie sur les bonnes vieilles méthodes quand elle n’est plus capable de régler ses problèmes avec intelligence.

    Vichy avait ses camps de transit et ses camps de concentration (en France aussi). Après les bus et les trains de sans-papiers, à quand les camps d’internement de monsieur Sarkozy (dont les parents étrangers ont bien dû été régularisés en leur temps…). En France, il y a tout un électorat que cela devrait satisfaire.

    Je tiens aussi à signaler que dans le quartier de la Goutte d’or, beaucoup de gens vivaient sans papier. Depuis leur régularisation, beaucoup ont enfin pu rentrer dans leur pays. Tous ne reviendront pas, ou alors dans quelques années., histoire de revoir les amis. La régularisation des sans-papiers, de tous les sans-papiers, ne mettra pas en danger la République française ou alors, c’est qu’elle ne vaut plus grand chose.

    J’ai longtemps vécu en Afrique. J’y ai passé un quart de siècle dont, à l’instar de beaucoup de Français "de souche", quelques années sans cartes de séjour. Personne ne m’a jamais inquiété là-bas. Il y a des leçons d’hospitalité qui se perdent.

  • La lutte des sans-papiers, la lutte des expulsés continue. Au squat de Cachan 10 ans après, 200 personnes dorment dans un gymnase dans un oubli politique complet, le préfet ne daigne même pas les recevoir.

    Signez la pétition pour leur relogement, et faites passer le message.

    http://www.fcpe94.ouvaton.org/

    Site d’information : http://www.squatcachan.ras.eu.org/

    Demain dimanche, session slam devant le gymnase à 15h. (RER ARCUEIL CACHAN)