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Scandale à l’hôpital, système bancal (presse belge)

Publie le samedi 8 septembre 2007 par Open-Publishing
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Scandale à l’hôpital, système bancal
BERNARD DELATTRE CORRESPONDANT PERMANENT A PARIS
Mis en ligne le 07/09/2007

Plus de 700 malades surirradiés et 4 500 patients rappelés en urgence à Epinal. Une affaire "hors normes", admettent les autorités, mais qui n’est pas isolée. Et qui illustre les failles d’un système de santé à la réputation surfaite.

D.R.

Même éclipsé par le tohu-bohu médiatique autour du Mondial de rugby, c’est un énorme scandale qui a éclaté vendredi en France. "Une affaire sanitaire d’une ampleur rarissime" et qui "prend des proportions hors normes", de l’aveu de la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot. Une des affaires "les plus graves qui aient jamais éclaté dans le domaine de la santé publique en France", selon l’avocat d’une des centaines de victimes.

Depuis vendredi, en effet, la liste des patients victimes ces vingt dernières années de surdoses lors de séances de radiothérapies à l’hôpital d’Epinal s’est dramatiquement allongée. Plus de 300 nouveaux cas ont été identifiés, s’ajoutant aux 397 déjà connus et aux 24 patients très gravement irradiés. Cinq de ses 721 malades directement contaminés sont déjà décédés. Et ce total n’est probablement pas définitif. Le ministère de la Santé a demandé à 4 500 autres patients susceptibles d’avoir eux aussi été contaminés de consulter d’urgence. Selon les rapports d’enquête, "des erreurs gravissimes" auraient été commises par les responsables du service de radiothérapie dans le réglage des dosages des rayons X.

Ce n’est pas un cas isolé. Ces deux dernières années, déjà, 146 patients avaient pareillement été victimes de surirradiations au centre hospitalier de Toulouse. A Tours également, une enquête administrative et sanitaire sur des cas suspects est en cours. Même le très réputé hôpital Georges Pompidou à Paris a été le théâtre d’un accident dû à un nouveau logiciel de radiothérapie défectueux.

Un déficit historique

Cette série noire jette évidemment une lumière crue sur le fonctionnement au quotidien d’un système de soins de santé que les dirigeants français, depuis des générations, présentent pourtant comme étant un des meilleurs au monde. Un jugement d’ailleurs partagé par 83 pc des Français, selon une enquête réalisée en octobre 2006 - même si 80 pc trouvent aussi ce système inégalitaire.

Ces dernières années, au demeurant, les failles du dispositif sont apparues au grand jour. Les quelque 15 000 décès déplorés lors de la canicule de l’été 2003 ont montré les graves carences frappant les services d’urgences dans les hôpitaux. Les 4 200 morts causées chaque année par les infections nosocomiales (qui frappent 5 à 12 pc des personnes hospitalisées) constituent un autre problème récurrent qui tarde à être résolu. Tandis que certaines régions du pays sont chroniquement frappées par des épidémies de légionellose - deux cas ont encore été diagnostiqués vendredi dans le Nord-Pas-de-Calais, où une vingtaine de personnes sont décédées de cette maladie ces dernières années.

Sur ces dysfonctionnements sanitaires préoccupants se greffe une situation financière historiquement catastrophique. Le déficit prévisionnel pour l’assurance-maladie est fixé à 6,4 milliards d’euros en 2007, sur un déficit global de 12 milliards d’euros pour la Sécurité sociale.

Pour juguler ce déficit, le gouvernement entend principalement "responsabiliser" les malades, en continuant, comme ces dernières années, à réduire la quote-part des soins prise en charge par l’assurance-maladie. L’instauration d’une franchise médicale - un des rares projets de réforme sarkozystes qui soit très impopulaire - est déjà programmée. A cet égard, le drame d’Epinal et ses avatars sont assez gênants pour le pouvoir en place. Car ils montrent bien l’urgence de mener des réformes qualitatives et non plus seulement comptables, et la nécessité de responsabiliser d’autres usagers du système de soins que le grand public.

© La Libre Belgique 2007

Messages

  • Article très interressant, les autorités de sureté et de qualification des hopitaux avait publié en son temps une hériarchie mettant en évidence les bons et moins bons (maladie neuso-hygiène etc etc ...) Ou était rangé le CH d’Epinal ? L’ ASN qui campagne de presse par hasard dans OF du 7/09/07, et peut etre ailleurs ?

    Faut il y voir la fin d’une médecine démocratique, ou le commencement d’une politique de soins à accès limité pour la majorité (c’est un peu pareil ! ) Skapad