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Ségolène Royal, entre "blairisme" et pragmatisme

Publie le dimanche 4 juin 2006 par Open-Publishing
2 commentaires

par Laure Bretton

Attaquée par l’aile gauche du Parti socialiste pour ses positions "blairistes", Ségolène Royal s’est de nouveau placée dans le sillage du Premier ministre britannique en prônant la manière forte contre la délinquance.

Nicolas Sarkozy, que les rivaux socialistes de la présidente de Poitou-Charente accusent de copier, ne s’y est pas trompé. "M. Blair est enfoncé !", a-t-il ironisé, interrogé sur le discours musclé de sa rivale potentielle en 2007.

Mêlant valeurs morales, droits et devoirs des individus, le chef du gouvernement travailliste britannique a fait de la lutte contre les "nuisances sociales" son principal cheval de bataille.

But affiché : l’avènement d’une "respectful society", une "société du respect", à laquelle fait écho la "République du respect" que Ségolène Royal appelle de ses voeux.

Dans la même veine, elle a prôné mercredi à Bondy une "reprise en main lourde" des familles et de l’école afin de "mettre un coup d’arrêt à la production massive de délinquance".

En imposant un discours de fermeté, comme le fit Jean-Pierre Chevènement lors de son passage au ministère de l’Intérieur, et en important certaines solutions britanniques, la "présidentiable" préférée des sondages fait-elle un pari risqué dans un PS où le "blairisme" fait figure d’épouvantail ?

"C’est une petite révolution qu’elle tente, pas moins", estime le politologue Dominique Reynié. La sécurité, "c’est quasiment l’élément culturel qui fait exploser le socialisme à la Française".

En se rapprochant des positions des grands partis sociaux-démocrates européens sur la répression, Ségolène Royal pourrait contraindre le PS à "revoir tout son logiciel idéologique" basé sur l’éducation et la prévention.

Ni "Blairisme", qu’il estime "caricaturé à l’extrême" en France, ni "Sarkozysme", ni "Ségolisme", la candidate à l’investiture socialiste fait à ses yeux "du pragmatisme".

DU BLAIR "VERSION LIGHT" ?

La stratégie peut s’avérer payante dans un PS qui se rajeunit, à la faveur d’une grande vague d’adhésions pré-2007, et dans l’opinion publique qui considère que la sécurité reste le point faible du PS malgré le coup de semonce de 2002.

"Blairiste" ou "pas blairiste", ces bisbilles sémantiques font sourire Jon Henley, ancien correspondant du quotidien britannique The Guardian en France.

"La plupart des dirigeants socialistes français sont plus ou moins blairistes mais n’osent pas le dire. Aujourd’hui, cela reviendrait à un suicide électoral", s’amuse ce fin connaisseur des arcanes politiques hexagonaux.

"Avec beaucoup de précautions", Ségolène Royal peut réussir en adoptant une "version light" des politiques de Tony Blair, ajoute le journaliste.

Après avoir créé les "Anti-Social Behaviour Order" (Asbo), sorte d’avertissement officiel aux auteurs de nuisances sociales, Tony Blair a instauré des amendes pour les parents d’enfants faisant l’école buissonnière à répétition.

"L’école des parents", l’une des mesures "ségolistes" pour "recadrer" les familles "dès les premières incivilités", apparaît comme un calque de la future "Académie nationale parentale" voulue par Tony Blair.

Cependant, à tous ces bâtons correspond une carotte budgétaire Outre-Manche, un volet que l’ancienne ministre déléguée à l’Enseignement scolaire élude pour l’instant.

Le budget britannique pour 2006-2007 prévoit en effet une hausse des crédits de 585 millions de livres, près de 900 millions d’euros, pour les écoles primaires et secondaires.

Au zénith des sondages depuis plus de six mois, Ségolène Royal refuse de se laisser enfermer dans un carcan 100% blairiste, se déclarant au-delà des "scléroses idéologiques".

La compagne de François Hollande a pris soin de louer les réussites économiques et sociales de Tony Blair, notamment sur l’emploi des jeunes, qui trouvent une oreille attentive au sein de la gauche française.

En revanche, elle se démarque le plus ouvertement possible des positions du leader travailliste sur la guerre en Irak ou la lutte contre le terrorisme.

"Elle a réussi jusqu’à présent dans son entreprise de non-diabolisation de Blair", se réjouit le sénateur-maire de Mulhouse, Jean-Marie Bockel, qui a longtemps été le "blairiste de service" au sein du PS.

En tenant un "discours équilibré", "loin du prêchi-prêcha socialiste" et "sans états d’âme" sur la sécurité, l’aspirante présidentielle n’aura selon lui "aucun problème" à se faire adouber par les militants "qui vivent dans la vraie vie". (Reuters)

http://www.boursier.com/vals/all/se...

Messages

  • L’actualité du Blairisme actuellement, c’est la chasse au terroriste du bangladesh.
    Scotchland-Yard ne trouve pas de bombe dans les locaux des deux personnes arrêtés, malgrè une enquête, et pour justification, il se dit que justement le fait que la bombe n’a pas été trouvée prouve que c’est très inquiétant (c’est à dire qu’il sont plus fort que prévu).
    Normal que Royal apprécie Blair :
    Blair arrête des étrangers sans preuve, après les avoir surveillé. Suspicion de culpabilité.
    Royal propose d’encadrer les jeunes , supposés futurs délinquants. Suspicion de culpabilité.

  • Royal en propagande,
    ne serait -il pas plus juste ?