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Séropos co-infecté-e-s, Douste-Blazy vous préfère mort-e-s !
Publie le dimanche 2 mai 2004 par Open-PublishingVendredi 23 avril 2004, à la Direction Générale de la Santé, le TRT-5
(groupe inter-associatif Traitement et Recherche Thérapeutique) et le CHV
(Collectif Hépatites Virales) ont organisé une journée de réflexion sur la
co-infection VIH/hépatites virales. L’objectif principal de cette journée
était de faire entendre les besoins des personnes co-infectées. Philippe
Douste-Blazy, le nouveau ministre de la santé, avait été invité à venir nous
parler des politiques publiques en matière de co-infection (la coordination
des soins entre infectiologie et hépatologie ; le financement de la
recherche ; le financement de la prise en charge de l’hépatite C) en clôture
de la journée, vers 17h30.
Le matin, Philippe Douste-Blazy nous avait dit, dans les locaux de la DGS,
qu’il ne pourrait pas répondre favorablement à notre invitation.
Nous apprendrons le lendemain, qu’il avait mieux à faire en inaugurant, vers
18h, un salon de la moto dans la ville rose (pour un ministre de la santé,
ça c’est de l’action de terrain !). Puis, dans la soirée, le ministre trouva
quand même le temps de rentrer à Paris, afin de rendre visite au service des
urgences de l’Hôpital St Antoine, si emblématique de la mobilisation des
soignants durant la canicule de l’été 2003.
Encore une fois, c’est par ses actes et son absence que le ministre de la
santé a montré son mépris pour les associations de malades travaillant sur
le VIH/Sida et les hépatites virales .
En remplacement du ministre de la santé, c’est le nouveau directeur de la
DGS, William Dab qui a répondu aux questions des personnes présentes dans la
salle. Nous n’avons pas été « déçus par sa prestation ».
Voici, par exemple, quelques extraits des questions -réponses entre le
directeur et l’assistance composée de malades, d’acteurs associatifs et de
personnels soignants :
– sur la nouvelle codification des actes
hospitaliers (la tarification à l’activité, T2A) qui inquiète les médecins
présents dans la salle, Mr Dab n’a pu répondre parce qu’il ne « connaît pas
ce dossier-là ».
– Sur le manque de personnel soignant, ne
permettant pas une prise en charge pluridisciplinaire des patient-e-s, son
analyse est que « ce n’est pas d’un déficit de moyens dont nous souffrons
mais d’un déficit de méthode de travail et d’organisation ». Par ailleurs, le
manque de personnel soignant serait cantonné aux hôpitaux parisiens ; tout
irait donc pour le mieux dans le reste de la France.
– Sur la baisse des subventions alloués aux
associations (de lutte contre le sida), il maintient que les budgets
associatifs « n’ont pas baissé ».
– Sur les multiples difficultés rencontrés par les
personnes précaires, dénoncées par une animatrice de prévention dans la rue,
le directeur de la DGS répond que, pour éviter de « bricoler » des solutions
au cas par cas, et à la place de donner aux acteurs de terrain « beaucoup
d’argent et beaucoup de personnel », il faut faire l’inventaire « des
besoins au niveau populationnel ». Ainsi, les acteurs de terrain seront «
plus à l’aise pour résoudre ces problèmes ».
En conclusion, sur l’ensemble des réponses que nous a donné Mr Dab, nous
avons eu le sentiment de ne pas vivre dans le même monde. Nous avons du mal
à croire le directeur de la DGS quand il nous affirme qu’il ne connaît pas
le dossier sur le nouveau mode de financement des hôpitaux (projet Hôpital
2007) qui va aggraver les déficits dans lesquels plusieurs établissements se
trouvent et amplifier le manque de personnel soignant et privilégier la
rentabilité à la qualité des soins et au respect des malades.
Nous ne cessons de dénoncer l’augmentation des problèmes dont
sont victimes en priorité les personnes précaires et le manque de moyens
alloué aux associations par l’état. Ce sont les conséquences de cette
politique qui nous obligent, de plus en plus, « à bricoler » et souvent de
ne plus pouvoir répondre aux situations auxquelles nous sommes confrontés.
Et pendant que la DGS réfléchit à la mise en place de son « inventaire des
besoins » (peut-être aura-t-elle l’idée de consulter les rapports d’activité
que rédigent toutes les associations), ce sont des milliers de personnes,
comme cet été pour la canicule, qui seront victimes d’une nouvelle
catastrophe sanitaire et de l’attentisme des pouvoirs publics.
Act Up Toulouse exige du ministre de la santé :
– qu’il rencontre, rapidement, les associations de lutte contre le sida
et contre les hépatites ;
– qu’il écoute, et surtout, qu’il tienne compte de ce que ces associations
ont à lui dire concernant la réalité du terrain vécue par les malades et les
personnes précaires ;
– qu’il s’explique, auprès des malades, des acteurs associatifs et des
personnels soignants sur les propos tenus par Mr Dab lors de la journée
TRT-5/CHV sur le thème de la co-infection VIH- hépatites virales ;
– qu’il s’engage, non pas à une démarche de « comptabilisation » et de «
programmation », mais à mener des actions en direction des malades et des
personnes précaires.
Contact presse : Guy MOLINIER : 06 18 41 20 99